« Rock me, rock me. » [en cours]

▷ Décrivez ici le physique de votre personnage. Un minimum de 10 lignes pleines est demandé.

▷ Je ne sais pas quoi dire, je ne sais pas ce que vous attendez de moi. Et c'est ainsi depuis des années, mes parents, mes professeurs, ma sœur, mes amis... Qu'attendaient-ils de moi ? Des bonnes notes ? Une fidélité digne d'un héros de roman ? La gentillesse d'une petite s'en allant naïvement au catéchisme ? Du courage ?

Je ne sais pas, je ne sais pas, je suis toujours ignorant...

J'ai toujours voulu apprécier ce que j'avais. Peut-être parce que ma mère me répétait souvent qu'il faut remercier Dieu pour ses nombreux cadeaux. Probablement. Mais je n'y arrive pas, il m'en faut toujours plus. Je suis le genre de gars qu'une fois qu'il a obtenu ce qu'il veut, il ne trouve plus aucun plaisir à continuer. Alors je cherche, toujours, parfois désespérément, quelque chose à quoi m’accrocher, quelque chose qui captiverait mon attention au point de me bouleverser. Je crois l'avoir trouvé. Probablement.

Je ne pense qu'à moi, je crois que ce genre de caractéristique a un nom, je ne sais pas, je ne sais plus. Je ne porte qu'une attention minime aux autres, ils ne m'intéressent pas vraiment. Je les vois comme un public jugeant ma prestation. Ai-je été drôle aujourd'hui ? Vous ai-je assez plu ? Je suis sur la scène et ils sont devant moi, comme toujours. Je grimace, je ris, je pleure, peu importe ce que je fais, le public reste toujours face à la scène. Oh, si seulement ils avaient, aujourd'hui le courage de monter me voir, je les accueillerais comme il le faut. Je crois que c'est ça mon problème, je ne laisse personne m'approcher, j'ai peur, peur qu'on se moque encore de moi. Alors je me protège en ne laissant personne venir près de moi. Finalement, le fossé entre le public et moi, cet énorme trou qui nous sépare, c'est ma création. C'est de ma faute. Allez, viens le briser, prouve-moi, qu'il n'est pas si profond que ça. Prouve-moi que toi, tu es le seul spectateur à me trouver intéressant.

Et je suis lassé, lassé d'être toujours considéré comme le faible, l'idiot. Les gens me voient comme le rigolo, mais ce qu'ils ne vous disent pas ce qu'ils me voient aussi comme le raté. Celui qui n'arrive à rien, celui qui peu importe ce qu'il fait ou fera dans sa vie ça sera toujours... Insuffisant.

Pourtant, même si je suis traité ainsi, j'ai besoin des autres. Je ne suis pas du genre solitaire, être accompagné est devenu une nécessité, même s'ils me considèrent comme débile, drôle ou même méchant. Je m'en moque de l'image qu'ils ont de moi, tant qu'ils sont là et que je ne retrouve plus seul. C'est assez paradoxal pour quelqu'un qui ne pense qu'à lui, je ne sais pas. J'ai besoin de me sentir exister. J'ai besoin de faire rire les autres, savoir qu'en me voyant, un sourire s'affichera sur leur visage.

Et c'est derrière l'ironie et le comique, que je me cache.

▷

« 

Une fois, tu nous avais déposés chez Mamie. Il faisait beau, très beau mais comme elle habitait dans un appartement elle refusait qu'on sorte jouer dehors et son corps ne lui permettait plus de faire grand-chose, elle était donc dans l'incapacité de nous surveiller. Alors j'étais resté, une, deux peut-être trois heures devant la télévision. Je regardais n'importe quoi, tant que cela me faisait oublier le beau temps. J'entendais Mamie parler avec Suzana . Elles parlaient souvent toutes les deux, me laissant la plupart du temps seul. Je me souviens mettre arrêter devant une émission, qui ne doit plus exister aujourd'hui. C'était un psychologue qui parlait, je crois. Je me souviens seulement de ses lunettes rouges et de son regard attendrissant. Il parlait des problèmes de famille, de choses que je ne comprenais pas ou que je ne voulais pas saisir, pas encore. Il répétait sans cesse : « si vous avez du mal à parler avec un membre de votre famille, écrivez-lui une lettre. Il comprendra à quel point, vos sentiments sont sincères. »


Certaines paroles, phrases, énoncés ne nous quittent pas. J'y ai pensé, ça m'a torturé l'esprit. Je n'avais pas le courage de le faire. Je ne sais pas ce qui m'a poussé aujourd'hui à te rédiger un si grand message. Peut-être mon départ.
Maman, tu peux donc entamer la deuxième lettre. 

»

«

Ma chère et tendre petite maman. Nous n'avons jamais pris le temps de parler, de discuter ou même de se connaître. Peut-être parce que tu ne t'es jamais vraiment concentré sur moi. Tu me voyais comme un cadre qu'on pose au-dessus d'une étagère. Tu venais parfois me voir, pour me dépoussiérer, voir si je correspondais bien à cette image que tu voulais que les autres aient de moi. Et une fois que tout était en ordre, tu me reposais à ma place. Loin de tous tes autres soucis et tracas.

Il serait ironique de raconter à ma propre mère mon enfance. Mais je suis tenté de le faire. Je veux que tu voies ce qui nous avons vécu du point de vue d'un enfant, d'un adolescent et sûrement aujourd'hui, d'un adulte.

Depuis toujours, j'ai eu la malchance d'avoir ce visage qui ressemble tant à celui de papa. Mais papa c'est qui ? C'est quoi ? Il n'a jamais été là. Je le voyais et je le vois toujours comme un inconnu. Il rentrait à la maison, sans rien dire, il se posait devant la télévision parfois ils nous regardaient avec Suzana pour nous faire des remarques désobligeantes.

« Arrête de faire l'imbécile Rui, tu m'énerves.»

Ah, ses mots, ses paroles, j'en avais peur. Mais tellement peur. J'étais effrayé à l'idée qu'il prononce « frapper, énerver, exaspérer. » Il n'était pas alcoolique, ni vraiment violent. Mais il avait ses humeurs et parfois sa main se retrouvait sur nos fesses, nos visages. Mais toi, tu ne disais rien. Peut-être pensais-tu qu'on méritait cette punition ? Je n'en sais rien et toute façon, la réponse ne m'intéresse pas.

En plus de perdre contact avec papa, je le perdais aussi avec Suzana et avec toi, maman.

Tu ne voyais que les plaintes de ta fille aînée. Tu ne voyais que ses pleurs, ses tristesses, ses malheurs. Alors pour toi comparé à tout ça, le reste du monde allait bien. Tu me voyais aussi, tu me souriais et puis tu me demandais ce que j'avais fait à ma sœur pour qu'elle soit dans cet état. C'était toujours de ma faute, comme on dit, les absents ont toujours tort. Je ne me plaignais jamais, je ne disais jamais rien, et quand Suzana jetait la faute sur moi, j'acceptais ce rôle qu'elle me donnait. C'était si pitoyable de toujours être l'accusé, mais j'acceptais toujours, sans rien dire. Tu te disais « Rui est fort, il n'a pas besoin de mon aide. »

Les gens ont commencé à ne voir que les lamentations de ma sœur, ils voyaient aussi ces accusations, ils ont commencé à me ranger dans la case du « méchant. » J'étais petit, j'avais... Quoi huit ans ? Et tout le monde disait que comparé à mon incroyable frangine, je n'irais pas très loin. Elle était parfaite : belle, intelligente, grande... Et moi ? Pourquoi jamais personne ne me complimentait ? Pourquoi on me rangeait dans la case « à examiner plus tard. » Vous n'aviez pas confiance en moi, toi, papa, Suzana... Vous me voyez comme le raté. Mais tout allait pour toi maman, il y avait au moins ta fille chérie qui sauverait l'honneur de la famille.

Je m'étais dit, que s'ils me voyaient comme le méchant, le raté alors c'est ce que je devais vraiment devenir. Ils auront au moins, une bonne raison de me voir ainsi.

»