• Histoire
—Hé, Prue. Prue, bouge ton cul. Il est quinze heures, bordel! T'as pas honte de pioncer encore à cette heure?
La seule réponse que Jenny a de ma part est un grommellement mécontent. Je me retourne pour rabattre les couvertures sur ma tête. En fait, ça fait quinze minutes que je pionce plus, mais elle s'en fout sûrement. Ça l'a toujours énervé que je traîne au lit. Le fait qu'on a dû partager une chambre pendant la majorité de notre enfance n'a pas dû aider ma cause. Je l'entends soupirer et monter l'escalier en traînant les pieds. Ça fait longtemps que quiconque dans la famille a abandonné tout espoir de ce côté.
Je finis par me lever péniblement du vieux futon pourri de mes parents. Ça fait déjà trois ans que je n'ai plus vraiment de chambre ici, et Jenn' fait son ado chiante qui défend férocement son territoire. Donc sa pauvre grande sœur hérite du sous-soul humide. Hourra pour moi. Après, j'avais qu'à pas perdre mon job. Et mon appart'. Mais ça, c'est un détail. J'enfile le premier truc potable que je vois — un t-shirt quelconque et un jean délavé, donc. Fuck les chaussettes. Mes cheveux? Bof. Je passe mes doigts dedans et le tour est joué.
Je me dirige vers la cuisine où mon père s'affaire déjà pour me faire une bonne tasse de café. Je n'entends pas un seul «bonjour». Je suis habituée. Je m'assois à l'îlot pour siroter mon breuvage en silence. J'écoute la télé qui joue en sourdine et les bruits secs du couteau sur la planche à découper. Ç'a toujours été papa qui fait à souper.
—Tu prépares quoi? que je lui lance.
—Un sauté de légumes à l'asiatique.
—Cool.
Je regarde mon newsfeed d'Instagram sur mon portable, encore à moitié endormie. On tape rarement la grosse discut' chez moi, mais c'est pas grave. L'important, c'est qu'on écoute quand on a un truc à dire, même si c'est que pour demander ce qu'on bouffe.
—Tu pensais faire quoi, Prudence? T'as un plan?
Une pointe d'inquiétude perce dans sa voix. Jusqu'à maintenant, lui et maman avaient évité la question. Mais faut bien la poser. C'est vrai que ça craint de crécher chez ses parents à vingt-trois ans. J'ai jamais été la plus sérieuse, la plus studieuse. Je cumule les petits boulots sans vraiment penser à autre chose que le moment présent. J'arrêter de fixer mon téléphone et reporte mon attention vers lui.
—Ouais. Je me suis inscrit en coiffure pour cet automne. J'aimerais bien être coloriste.
Il arrête de couper ses légumes et se tourne vers moi, les sourcils froncés.
—En coiffure? T'as pas l'impression que la majorité des filles qui ne savent pas trop quoi faire de leur vie se retrouvent là?
J'hausse les épaules. Franchement, même si c'était vrai, j'en ai rien à faire.
—Tant que j'aime ça, est-ce que ça fait une différence?
—Je suppose que non.
Il aurait peut-être aimé que je sois psychiatre comme maman, ou que j'aille en programmation comme Wanda. J'en sais rien. Au moins, il ne me fait pas trop chier avec ça. Je ne peux pas en dire autant pour ma mère, mais vu le stress que je lui cause, elle est pardonnée.
__________________________________________________________Je vérifie le niveau de couleur qu'ont atteint ses cheveux sous le décolorant en les massant légèrement avec mes pouces. Presque parfait. Ça valait la peine d'attendre autant de temps entre les deux traitements chimiques et d'hydrater sa tignasse malmenée, parce qu'avec un peu de toner, on pourra atteindre le blond platine.
—Alors docteur? qu'elle fait, à la fois taquine et fébrile.
—Tu vas être la parfaite dumb blonde, mon p'tit bouton d'or. Et tes cheveux s'en remettront avec des masques d'hydratation et de protéines.
Un grand sourire fend son joli minois. Je continue à m'affairer alors qu'on parle de tout et de rien. C'est pendant que je rince minutieusement le bleach qu'elle me pose la question qui fait mal. «Alors, avec ton mec?» J'essors ses cheveux et commence à y appliquer le toner d'une main habile. C'est seulement après avoir imbibé quelques mèches du produit que je réponds calmement.
—Mon ex, tu veux dire.
Ma cliente s'empresse de s'excuser, l'air mal à l'aise. Je ris, secouant la tête. C'est pas de sa faute. Habituellement, j'évite de parler de ma vie privée avec la clientèle, mais elle, je l'apprécie trop pour ça. Ce qui fait qu'elle connait, grosso-modo, mes péripéties amoureuses. C'est rien de bien fou, honnêtement.
—Bah, il a foutu le camp en me disant que s'il voulait sortir avec une frigide, il baiserait son congélo. Tu vois le type? C'était pas une grosse perte.
M'ouais, sauf que ça faisait un an qu'on était ensemble — un record pour moi. Les derniers mois ont gâché le début digne d'un conte de fées. C'est souvent ce qui arrive. Mon ego en a pris un coup, mais j'suis pas morte. Pas encore.
__________________________________________________________—Ça fait deux mois que tu ne m'as pas payée, Jeff. Je travaille comme une forcenée, je remplace tout le monde, je fais des clients de dernière minute et c'est comme ça que tu me remercies?
J'suis à deux doigts de gueuler, là. Je gueule jamais. Vous verrez jamais Prudence Vang s'époumoner, à moins que vous lui deviez deux putains de mois de salaire. Cet enfoiré perdrait son salon, si ce n'était pas de moi. Et il est là, plus relax que le pape, à m'offrir le sourire du parfait enculé hypocrite.
—Prue, t'es ma meilleure, et c'est pour ça que je t'ai engagé. Du calme, j'ai seulement perdu ton spécimen de chèque. Redonne-m'en un autre, tu seras payée cette semaine.
Il doit se fumer deux-trois pétards avant d'aller travailler pour être aussi zen. Ou alors il se fout complètement des droits de ses employés. Peut-être même que c'est les deux à la fois, on sait jamais. C'est la deuxième fois qu'il me la sort, celle-là. J'ouvre mon sac à main et sors rageusement ce spécimen à la con pour le déposer sur son bureau sans aucune délicatesse.
—Premièrement, je démissionne. Arrange-toi avec ton merdier. Deuxièmement, si j'ai pas mon fric jeudi, je fais une plainte.
—Prudence, voyons!
C'est ça, connard. Panique. J'suis calme, moi, tu vois? Je tourne les talons et sors de la pièce sans un regard en arrière. Ne me demandez pas comment j'ai fait pour ne pas claquer la porte de toutes mes forces.
• Caractère
XX Plus zen que le Dalai Lama et Gandhi réunis. Ça peut être énervant pour certains parce qu’à l’entendre, si t’es pas mort, il n’y a pas de problème. Ce n’est pas qu’elle se fout de tout, loin de là, mais plutôt qu’elle laisse aller les choses sur lesquelles elle n’a pas d’emprise.
XX A un grand sang-froid et n’aime pas montrer qu’elle est agacée.
XX Lente dans son travail, mais perfectionniste et méticuleuse au point d’en être exaspérante.
XX Aime prendre son temps pour un peu tout en général, finalement.
XX Tout a tendance à l’émerveiller pour un rien.
XX Facile à vivre.
Whatever rows your boat, sugar.
XX A confiance en elle et en ses compétences.
XX Déteste se faire dire quoi faire dans son travail.
XX A un mal fou à être à l’heure. C’est souvent dû à sa lenteur d’exécution et au fait qu’elle prend trois milles ans à se lever du lit.
XX Flemmarde comme pas possible.
XX Reine de la procrastination.
XX Horriblement bordélique et a un sens de l’organisation absolument terrible.
XX Compatissante et à l’écoute des gens. Prue aime conseiller les étudiants. Son calme est contagieux.
• Physique
XX Teint plutôt pâle.
XX Étonnamment, elle bronze bien et n’attrape pas trop de coups de soleil.
XX Petit visage triangulaire.
XX A un peu le nez en trompette et s’est pas mal fait embêter à cause de ça quand elle était gamine.
XX Grands yeux ronds et verts.
XX Lèvres plutôt minces.
XX Dents pas tout à fait droites, ce qui ne l’empêche pas de sourire comme elle le veut.
XX Un peu plus grande que la moyenne.
XX N’a pas beaucoup de formes.
XX A les clavicules légèrement saillantes, mais aime l’effet qu’elles font.
XX Front haut qu’elle cache avec une frange droite.
XX Cheveux marrons aux reflets cuivrés lui frôlant les épaules.
XX Malgré tout son talent, elle a largement trop la flemme pour se maquiller et se coiffer adéquatement. Le plus souvent, on la voit au naturel. C’est le full face makeup ou rien.
XX N’a pas de style particulier et porte ce qu’elle trouve joli. Elle aime jouer avec différentes couches de vêtements et différentes textures. Prue affectionne particulièrement les bijoux. Bagues, colliers, bracelets, mettez-en.