• Histoire
Née aux USA d'une PDG allemande et d'un artiste français, elle a passé son enfance a voyager entre plusieurs grandes villes des États-Unis, Berlin et Lyon. Ses parents ayant toujours fait passer leur travail avant toute chose, elle a appris très tôt à être autonome et à ne compter que sur elle-même. Cet aspect de sa personnalité et ses déménagements fréquents en ont fait une enfant assez solitaire à l'école primaire. Si elle en a souffert au départ, elle s'y est vite habituée et, dès qu'elle en a été capable, elle a découvert qu'il existait des amis qu'elle pouvait emporter partout où elle allait : les livres.
Lorsqu'elle est entrée au collège, ses parents se sont définitivement installés. Ils partaient toujours régulièrement en voyage d'affaire, mais ils ne l'emmenaient plus que pendant les vacances scolaires ou les week-end. Habituée à rester seule et à ne dépendre que d'elle même, Camille a d'abord continué à vivre comme avant. Cependant, au fur et à mesure des mois, elle s'est rendue compte que son attitude distante, son amour de la lecture, ses origines aisées et son excellence dans toutes les matières jouaient contre elle. La grande majorité des élèves lui étaient hostiles par jalousie et le reste était beaucoup trop intimidé pour oser lui parler.
À la rentrée de sa deuxième année, elle observa, sans y prendre part, les autres élèves se retrouver avec des effusions de joie et des récits plein la bouche. Elle se rendit compte avec étonnement qu'elle les enviait et décida par conséquent de changer d'attitude. Lors du premier cours de l'année, elle adressa la parole à son voisin de table. Il était roux, un peu rond, mais surtout couvert de tâches de rousseur. Il s'appelait David.
David n'était pas une flèche et en avait conscience, mais il avait de l'humour et avait soif d'apprendre. Camille ne lisait plus pendant les récréations.
Après David suivirent d'autres camarades de classes, intrigués par Camille ou tout simplement enthousiastes à l'idée de lier de nouvelles amitiés. Certains restèrent de simples camarades de classe avec qui il était agréable de discuter, d'autres devinrent des amis auxquels elle consacrait une grande partie de son temps libre. Ce n'était pas des amitiés profondes faites pour durer ; leur complicité restait limitée à l'enceinte du lycée ou à quelques sorties de groupe. Mais c'était suffisant.
Au début de sa troisième année de collège, Camille commença l'Aikido pour faire plaisir à Jamil, un de ses amis qui était très timide et n'osait pas aller s'inscrire tout seul. Ce qu'elle découvrit dans ce petit dojo l'émerveilla. Lorsque Jamil, à la fin de l'année, lui annonça qu'il arrêtait, elle s'était déjà inscrite pour l'année suivante.
Au Noël de cette année-là, ses parents l'emmenèrent en périphérie de Stockholm pour qu'elle rencontre ses grands-parents maternels. Camille découvrit la nuit, les étoiles et les aurores boréales. Elle leur écrivit des poèmes.
L'année suivante fut moins facile. David, Jamil et ses autres amis proches n'étaient pas dans son lycée. Au début, ils essayèrent de garder contact : ils s'envoyaient des sms, discutaient par skype, organisaient des sorties au cinéma… Mais très vite les sorties s'espacèrent, les messages se raréfièrent, jusqu'au moment où il n'y en eut plus du tout. Camille ne leur en voulut pas – ils avaient une place, de nouveaux amis, ils continuaient à avancer. La vie, après tout, était faite de rencontres et d'adieux. Elle fit la connaissance de nouvelles personnes et lia de nouvelles amitiés.
Elle retourna à Stockholm pour les vacances de Noël et apprit à lire une carte du ciel, à reconnaître certaines constellations. Ses grands-parents lui offrirent une platine vinyle avec l'album L.A. Woman des Doors.
Peu de temps après leur retour aux États-Unis, son grand-père mourut d'un infractus. Sa mère le lui annonça un soir alors qu'elle rentrait de l'Aikido. Elles ne pleurèrent ni l'un ni l'autre mais, pour la première fois depuis qu'elle avait quitté le Kindergarten, sa mère l'enlaça. Elles restèrent ainsi un long moment et, lorsqu'elle se séparèrent, sa mère souriait. Elle lui chuchota quelques mots à l'oreille d'une voix douce puis l'envoya faire ses devoirs. Une fois son travail finit, Camille plaça le bras de sa platine sur Riders on the Storm et s'allongea sur son lit, les mots de sa mère résonnant encore dans ses oreilles. Je suis fière de toi. Il lui semblait que ces cinq mots brillaient comme des étoiles.
À la rentrée de sa deuxième année de lycée, Camille rencontra Ellie. Elle était malentendante, venait d'emménager dans la région, était passionnée de poésie. Camille la prit sous son aile et apprit la langue des signes pour pouvoir communiquer avec elle plus facilement. Malgré leurs grandes différences de caractères, elles devinrent rapidement inséparables.
Les parents de Camille l'emmenèrent une fois de plus passer Noël en Suède. Sa grand-mère les accueillit avec le sourire lumineux et le regard voilé de tristesse. Elle offrit à Camille deux vinyles ayant appartenu à son défunt mari. Lorsqu'elle voulut protester, elle affirma que c'était ce qu'il aurait voulu. Camille écrivit un long mail à Ellie qu'elle termina par :
J'aurais aimé que tu le rencontres. Tu me manques. - Camille.Une semaine après son retour de Suède, elle se décida enfin à écouter les vinyles de son grand-père. C'était du Beethoven. Elle ne lâcha ni une larme, ni la main d'Ellie, qui ne fit aucun commentaire. Ses parents étaient à Paris pour une exposition de son père et leur grande maison paraissait encore plus vide que d'habitude. Ellie refusa de la laisser dîner toute seule, ajoutant que Camille avait promis de lui faire goûter sa cuisine. Une fois la tortilla engloutie, Camille raconta tout les moments qu'elle avait passé avec son grand-père, les histoires qu'il lui avait raconté, les étoiles qu'il avait nommé pour elle. Ellie écoutait ses mains et posait des questions, l'encourageant à continuer. Puis, lorsque les mains de Camille retombèrent, muettes, elle se leva et lui dit qu'elle devait rentrer. Camille la raccompagna jusqu'à la porte et la remercia en souriant. Ellie sourit aussi puis, un peu hésitante, s'avança vers elle. Et l'embrassa.
Environ un an plus tard, Camille présenta Ellie à ses parents. Il y eut d'abord un silence maladroit. Ensuite, sa mère s'excusa en prétextant une vidéo-conférence importante. Son père serra la main d'Ellie, un peu mal à l'aise, avant de partir travailler sur sa nouvelle œuvre. S'ils en discutèrent peut être tous les deux après cette déclaration, ils n'abordèrent jamais le sujet avec leur fille.
L'année suivante, Camille publia un recueil de poèmes. Le livre se vendit plutôt bien à son échelle et elle toucha des droits d'auteurs intéressants. Elle avait laissé un exemplaire sur la table du salon pour ses parents, au cas où, et il avait disparu le lendemain matin. Mais ni son père ni sa mère ne la félicitèrent – ils étaient bien trop occupés.
Ellie et Camille décidèrent de se séparer à la fin de l'année. Ce ne fut pas une décision facile, mais aujourd'hui encore, aucune d'elle ne la regrette. Elles avaient toutes les deux leurs projets, et ils ne concordaient pas. Camille voulait étudier les lettres et les sciences humaines dans une université réputée du sud de la Floride.
Ses parents s'opposèrent d'abord à son projet, puis cédèrent. Ils acceptèrent de payer ses études et son logement, mais elle devrait se débrouiller pour le reste. C'était plus que ce que Camille espérait.
Elle déménagea pendant l'été, le jour de sortie de son deuxième recueil de poésie. Elle envoya un exemplaire à Ellie, un autre à ses parents, et un dernier à sa grand-mère. Un mois plus tard, elle recevait un colis de Suède. C'était un stylo plume magnifique, fabriqué par une marque de luxe, et un billet d'avion pour Stockholm, daté au premier jour des vacances de Noël.
Camille ne se rendit compte d'à quel point l'hiver, le
véritable hiver lui avait manqué que lorsqu'elle posa son pied hors de l'aéroport. Froid polaire. Nuit. Flocons de neige. Bribes de conversations en suédois. Le visage ridé de sa grand-mère, encadré par des cheveux plus blancs que la neige. Son odeur de sapin et de cannelle lorsqu'elle l'enlace.
Son séjour fut magique.
Elles communiquaient dans un mélange d'allemand, d'anglais et de suédois. Les syllabes chantaient dans l'habitacle de la voiture, dans le grand salon, dans la cuisine, dans le jardin, sur le lac gelé. Malgré son âge avancé, sa grand-mère était toujours assez active. Elles faisaient du patin à glace et du ski, une lampe frontale collée sur le front. Elles préparaient des plats et des pâtisseries suédoises qu'elles mangeaient ensemble, assises face à la baie vitrée dans la salle à manger. Elles allaient en ville, au musée, au restaurant. Elles firent même une promenade sur un traîneau à chien.
Le soir, Camille écoutait sa grand-mère raconter des contes suédois au coin du feu, une tasse de thé brûlante dans les mains. Elle était heureuse.
Le jour de son départ, sa grand-mère l'amena à l'aéroport. Elle s'étreignirent un instant, puis elle sortit un paquet de son sac et le tendit à Camille. « Ouvre-le chez toi. » lui dit-elle d'une voix affectueuse. « Tu as bien grandi. Je suis fière d'être la grand-mère d'une jeune femme aussi merveilleuse que toi. »
Le paquet renfermait un livre de cuisine, un livre de contes suédois pour enfants, illustré et traduit en anglais, et une photo. On y voyait un petit bébé blond sur les genoux d'un homme âgé, assis dans un fauteuil, et à côté d'eux une femme, âgée elle aussi, qui souriait au bébé, une main posée sur l'épaule du vieil homme. Au dos de la photo, on pouvait lire : « Tu ne t'en souviens probablement pas. Moi, si. ». Camille acheta un beau cadre en bois et la posa sur sa bibliothèque, devant les tranches de ses livres les plus précieux, avant d'envoyer les poèmes qu'elle avait écrit en Suède à son éditeur. Son troisième recueil parut un mois plus tard. Sur la première page, on pouvait lire : « À ma grand-mère, qui aura toujours pour moi l'odeur de la cannelle. »
Passionnée par ses cours et plus que jamais plongée dans la lecture et l'écriture, Camille avait retrouvé ses habitudes de solitaire. Elle pensait toujours à Ellie, mais la douleur de leur séparation s'effaçait progressivement au profit du bonheur qu'elles avaient connu ensemble. Malgré son isolement et une routine rarement perturbée, Camille se sentait à sa place.
Elle ne rentra pas voir ses parents pendant les vacances d'été, préférant prendre un petit job dans la librairie du quartier et se consacrer à l'écriture et à l'Aikido le reste du temps. Son quatrième recueil contenait quelques nouvelles en plus des poèmes habituels.
En octobre, Camille fit la connaissance de Loïc, un nouvel inscrit au dojo et freshman de son université. Ils firent connaissance et Camille prit plaisir à lui montrer les environs tout en le questionnant sur ce qui l'avait amené ici, ce qui l'avait attiré dans l'Aikido et ce qu'il espérait accomplir plus tard.
Loïc avait été passionné de basket. Il était grand, avait commencé très jeune, avait remporté plusieurs compétitions avec son équipe au collège. Pour autant, il n'en restait pas moins un passionné de lecture et rêvait d'ouvrir sa propre maison d'édition. Il avait toujours vécu en Floride et c'était tout naturellement qu'il avait cherché un lycée adapté à ses désirs dans la région. Il l'avait trouvé et, débordant d'enthousiasme, avait réussi à convaincre ses parents de l'envoyer en internat à l'Académie Volfoni, bien plus au Sud que sa ville natale. Ce qu'il avait trouvé là-bas n'était pas ce qu'il imaginait mais, d'une certaine manière, il en était heureux : il avait rencontré des personnalités inoubliables et vécu des événements qui lui avaient ouvert les yeux. Il en était ressorti changé et avait abandonné le basket pour se consacrer pleinement à son avenir. L'Aikido n'était pour lui qu'un moyen d'entretenir son corps.
Intriguée par ce lycée apparemment hors normes, Camille posa plusieurs questions et, le soir venu, fit quelques recherches sur internet. À côté de ses recherches de petits jobs dans des bibliothèques ou des librairies, elle continua, sans se presser, à se renseigner sur son avenir tout au long de l'année. Elle s'intéressa aux métiers de documentaliste, d'éditrice, d'archiviste, de bibliothécaire – et toutes les autres professions auxquels elle pouvait rattacher une idée de contact avec les livres.
Elle publia un cinquième recueil de poèmes pendant la première semaine des vacances d'été.
Sa dernière année à l'université passa plus rapidement que les autres et se termina sans qu'elle ne se soit décidée. Comme chaque été, elle prit un petit job à la bibliothèque, continuant ses recherches en parallèle.
Le 13 Août, la bibliothèque reçut son lot habituel de brochures à destination des étudiants et Camille se porta volontaire pour les placer sur le présentoir qui leur était dédié. Le dernier paquet qu'elle sortit du carton vantait les avantages d'un établissement qui lui parut familier. En presque deux ans, elle avait oublié cette histoire d'Académie Volfoni. Profitant d'une heure creuse à la bibliothèque, elle se rendit sur le site et visita la partie dédiée aux archives et autres moyens de documentation mis à la disposition des élèves. Une note informait les internautes que l'académie avait besoin d'un documentaliste.
Camille passa la soirée à réfléchir, allongée sur son lit. Elle pesa le pour et le contre. Compara avec ses autres possibilités. Il était 23:56 lorsqu'elle prit sa décision.
Deux jours plus tard, elle apprit que sa grand-mère avait trouvé la mort cette même nuit du 13 au 14 Août. Elle profita de l'enterrement pour avoir un entretien avec ses parents le lendemain de la cérémonie. La conversation fut trouée de nombreux silences maladroits, preuve de la distance qui n'avait fait que grandir entre eux pendant toutes ces années. Une fois cette tâche terminée, Camille se sentit cependant plus légère.
Elle déménagea pour Arcadia dans la semaine qui suivit l'enterrement.
• Caractère
D'un tempérament calme, elle se laisse néanmoins emporter lorsque le sujet la passionne. Quand ça arrive, il est inutile d'essayer d'attirer son attention : son esprit est dans une autre dimension.
XX Indépendante et peu encline à parler d'elle-même, il est très difficile d'arriver à la connaître vraiment.
XX En digne suédoise, pénétrer sa bulle personnelle est quasiment impossible. Par conséquent, elle a tendance à régler ses problèmes seules, le plus souvent sans même que l'idée de demander de l'aide ne l'effleure, ce qui l'amène souvent à se contenter de son deuxième choix par manque de moyens.
XX Elle ne se plaint pas. Jamais. Et ceux qui le font pour des choses qu'elle considère futiles ont tendance à l'agacer.
XX La plupart du temps, elle respecte les règles de politesse. Sauf quand elle les oublie - ce qui est généralement lié, de près ou de loin, à un livre.
XX Elle respecte ceux qui font des efforts et/ou ne reculent pas face à l'adversité. En revanche, elle pense qu'un but doit être atteint par ses propres moyens et non pas grâce à l'aide des autres, donc elle n'offre généralement aucun soutien.
XX Les contacts physiques amicaux la mettent mal à l'aise.
XX Elle manque de spontanéité, surtout dans les démonstrations d'amitié - ou de quelque forme d'affection que ce soit, en fait.
XX Compréhensive et patiente, elle sait écouter et prendre du recul sur une situation, mais elle manque un peu d'empathie et n'est pas franchement douée pour consoler les gens.
XX Confiante, elle connaît ses capacités et ne se laisse pas dénigrer, ce qui peut la faire paraître prétentieuse.
XX Si elle est parfaitement capable de mentir ou de tenir une poker face sans flancher, elle réserve ces capacités pour des situations d'urgence ou, à l'inverse, simplement pour se moquer un peu. Elle a donc tendance à donner son opinion honnêtement, sans l'enrober de sucre ni se soucier de l'amour propre de son interlocuteur. En revanche, dans le cas où elle fait un compliment, on peut la croire sur parole.
XX Lorsqu'elle est de mauvaise humeur, ironie et sarcasme deviennent ses principaux moyens de communication.
XX Ouverte d'esprit et adepte de l'apprentissage permanent, il n'est pas difficile d'attirer son intérêt.
XX Mais si, elle apprécie la compagnie et l'agitation autant que le silence et la solitude. Juste pas aux mêmes moments.
XX Efficace et précise dans son travail, voire limite perfectionniste sur les bords. Le classement des livres par ordre alphabétique des auteurs est ce qui se rapproche le plus d'une pratique religieuse chez elle.
XX Étonnamment, cette obsession ne s'applique qu'aux livres, et le rangement de quoi que ce soit d'autre est une tâche qu'elle a tendance, non pas à repousser, mais plutôt à ignorer totalement.