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 Sacré Charlemagne [Kate Forrester & Emile J. B. Evans]

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Sacré Charlemagne

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Perdre son temps pour attendre.


Deux heures. Ça fait deux heures que je suis ici. À mes côtés, il y a environ 3 tasses en carton vides qui traînaient. J'étais tannée, en fait. Si on me demande qu'est-ce que j'avais voulu faire de ma journée, je n'aurais certainement pas dis que j'aimerais la passer à être assise ici, dans un hall d'hôpital, à attendre pour quelque chose qui ne nécessite pas autant de temps. Les magazines, je les ai tous lu, l'horloge, je connais son tic-tac par cœur, j'en ai presque fais un rythme. Soupirant, je regardais autour. À la réception, la secrétaire s'affaire à ses dossiers. Elle a l'air débordée, elle n'a même pas le temps de placer la petite mèche de cheveux qui lui tombe devant les yeux. Détournant le regard de l'autre côté, il y a un grand hall de portes. Derrière ces portes se trouvent sûrement des patients et parmi ces patients se trouvent mon père. Il était venu faire son test mensuel de prises de sang, calculs diverses et pesage. Pour dire vrai, j'ignorais totalement ce qui se passait dans ce petit local. Le médecin ne voulait pas que j'entre, ce sont des trucs privés qu'il dit, toujours avec un ton naïf. D'ailleurs dans les hôpitaux, étrangement, on se sent souvent comme des gamins. Les gens, peu importe notre âge, nous parle sans arrêt comme si nous avions six ans, que papa allait revenir de son examen et qu'en attendant, je pouvais aller jouer.

Croisant les bras, je remis mon regard devant moi. Un grand mur blanc, fade, avec une horloge dont les aiguilles me donnaient le tournis. Parfois, j'avais même l'impression que les secondes cessaient d'avancer. C'est à chaque fois que j'avais cette illusion que j'allais me cherche un café. J'en suis rendu à trois, bientôt quatre, je le sens. Le clac-clac des touches de clavier de la secrétaire vont me rendre folle, car le rythme ne correspond pas à celui de l'horloge et encore moins à celui de la musique constamment interrompue par des messages vocaux tels que "Docteur Whelm est demandé à la réception". Non seulement la secrétaire était énervante à distance, mais j'ai maintenant la certitude qu'elle a aussi une voix plus que détestable. Nasillarde, légèrement trop haute pour les hauts-parleur, ce qui crée un crissement désagréable dans le creux de mes oreilles qui souffrent déjà trop. Et dire que j'ai oubliée mon iPod. Le regret me ronge et jamais je n'avais réalisée à quel point attendre pouvait être long sans passe-temps. Les sudoku, tous fait. Les puzzle, c'est trop enfantin et en plus ils sont sur une petite table ronde, dans le coin, pas loin des coloriages. Les mots-croisés, je suis nulle. Les mots-cachés, trop facile. Franchement, j'ignore si c'est la situation qui fait pitié ou mon incapacité à faire de simples petits jeux dans des magazines de potins pourris.

Appuyant ma tête au mur, je fixais maintenant le plafond. Tiens, je viens de me rendre compte que le mur était plus agréable à regarder que le plafond. En voilà une découverte importante. Je soupirais de nouveau, plus longtemps cette fois. J'imagine que c'était un défi inconscient et personnel que je me faisais; de soupirer pour perdre du temps. Respirer... Pour perdre du temps... J'en étais rendu là. Sans grande envie, je redressais la tête et, lascivement, je me levais de ma chaise, m'étirant. Le dos qui craque, les jambes engourdies et les bras lourds. Pas la forme, je me demande si l'une des salles est encore libre. Craquer comme un squelette, c'est sans doute pas normal pour mon âge. En évitant de foncer dans la plante, comme plus tôt, avant mon premier café, je me dirigeait vers la machine distributrice. Sérieusement, que des trucs santés. Il fallait s'y en attendre. Les gens viennent ici pour se guérir de l'obésité, pas pour s'empoisonner davantage. Regardant les choix piteux, je retournais à mon idée de base : une bonne tasse de café chaud pour me revigorer l'esprit. Après tout, j'avais cette impression d'avoir dormi assise pendant deux heures, même après trois café déjà. Prenant la tasse avec prudence, même si je me trouve dans un endroit propice pour un accident, et retournais m'asseoir. Toutefois, à mon retour, qui est-ce que je vois, assit sur le deuxième banc du fond? Un mec. Un grand mec aux cheveux rouges. Un mec un peu punk quoi. Rien de bien compliqué, merde, c'était juste un mec. J'allais donc rejoindre mon fauteuil, café en main. Une fois assise, je fixais l'horloge. Oh yeah, dix minutes se sont écoulées! Le sarcasme tue... Mais je suis pas mal sûre qu'ils ont une morgue ici, alors pas de soucis.

Le temps est long, surtout quand une autre personne vient d'entrer dans l'univers spacio-temporel de l'hôpital. Ce mec, qui me dit quelque chose, est là, assit. Aller savoir pourquoi il est ici. Quand les gens sont assis, c'est difficile de savoir s'ils sont ici pour un bras cassé, une jambe tordue, un mal de tête ou simplement pour, comme mon père, des prises de sang. Si c'est le cas, il est parti pour de longues heures ce type, car mon paternel est toujours pas sorti de là lui. Le regardant du coin de l'œil, j'essayais de me souvenir où j'avais bien pu le voir... Je crois me rappeler l'avoir entrevu dans un match de quelconque sport. Ce serait donc un sportif, bien que son apparence est trompeuse. Ah mais oui! Je sais où je l'ai vu! Il était le mec devant moi à la cafétéria. Spaghetti boulettes de viande cette journée là, il m'avait passé devant, comme si je n'existais pas, et avait prit la dernière portion de boulettes. J'ai donc du manger un spaghetti, sans boulettes, fade et sans personnalité. Sans rien dire, ni même faire, je tournais la tête sur le mur d'en face. Fichue horloge, pensais-je.

Ouvrant un magazine, pour me distraire, je me retrouvais, allez savoir comment, dans les derniers pages, à faire, et oui, un maudit mot-croisé. Ridicule, ce jeu est ridicule. Allons, même les génies ne pourraient pas répondre à certaines de ces questions! Ok, les faciles, c'est simple. "Mammifère marin vivant en haute mer" indice "Flipper". Jeu d'enfant, c'est un dauphin. Toutefois, la fichue question "Père de l'Europe" indice "École". Je soupirais. Non mais c'est pas vrai. Vous allez me dire qu'il y a des gens qui arrivent vraiment à finir ces jeux en claquant des doigts? Putain, ils doivent être vachement cultivés. Je balayais mes cheveux vers l'arrière, réfléchissant en rongeant l'ongle de mon pouce. 11 lettres... 11 lettres... 11 lettres! Merde! Sans vouloir me taper la tête sur les murs, je me risquais. Me penchais légèrement, je toussotais, question d'attirer l'attention. « Euhm... Tu serais pas, toi, qui est le "Père de l'Europe", dont, par hasard, le mot "école" serait en lien avec lui? Genre, un truc de 11 lettres » demandais-je avec la subtilité d'une tache noire sur une toile blanche. J'ai toujours eu de la difficulté à choisir mon public cible. Si ça n'avait pas été lui, je me serais sûrement adressé au gamin qui jouait avec son avion en plastique, plus loin, près des portes. Cependant, qui sait, peut-être que ce punk était un être très cultivé qui saurait la réponse à ma question et qui saurait, par le fait même, la réponse aux... 13 autres questions dont j'ignore les réponses.


Il veut peut-être rien savoir.
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La tête entre les mains, il essayait vainement de retrouver son calme.
Sa jambe droite s'agitait nerveusement et il finit par renoncer en soupirant, abandonnant son fauteuil pour se remettre à faire les cents pas dans le hall de l'hôpital. Ce n'était pas possible, se disait-il en mordillant l'ongle de son pouce, il n'était pas possible que cela soit arrivé. Et surtout pas si tôt. On était en Octobre, bordel, l'année avait à peine commencé, il n'y avait eu aucun match important. C'était arrivé bêtement le veille, pendant un entraînement. Zack s'était vautré. Il ne savait pas comment il avait pu s'y prendre, mais il était tombé. C'était con. Emile savait qu'il était fragile, tout le monde le savait à Volfoni, et ce n'était pas la première fois qu'il se blessait, il était habitué à ce que son coéquipier soit absent, convalescent. Mais c'était la première fois que la chose avait autant d'importance. L'infirmière venait de lui apprendre qu'il s'était brisé trois côtes et que l'une d'elles lui avait perforé le poumon gauche, il avait du être opéré d'urgence à peine arrivé ici, et il serait bientôt transféré dans un établissement mieux équipés pour les cas aussi grave. L'hôpital d'Aitkin n'avait ni le personnel ni le matériel nécessaire pour gérer des blessés de ce type. Non, il n'avait pas pu le voir, il était encore assommé par les effets de l'anesthésie, cela n'aurait servi à rien. L'infirmière l'avait juste autorisé à regarder un peu, depuis le seuil de sa chambre, son corps immobile, blanc et perfusé. Quand pourrait-il reprendre le basket ? Elle avait pincé les lèvres à sa question, l'avait toisé du regard avant de lui répondre sèchement qu'elle n'en savait rien, qu'il avait un organisme fragile qui serait certainement extrêmement fatigué par cet accident et que, même si l'opération s'était déroulée sans accrocs et qu'il semblait maintenant à peu près hors de danger, il lui faudrait du temps pour s'en remettre complètement. Il ne participerait certainement aux prochaines compétition, et si c'était tout ce qu'il voulait savoir, il pouvait s'en aller.
Alors il était resté dans le hall, parce qu'il ne pouvait pas le voir mais qu'il était incapable de partir. Il savait bien que cela ne servait à rien d'attendre ici, et même d'attendre tout court. Le temps que mettrait Zackary à se réveiller, à se remettre, ne se comptait pas à l'échelle d'une journée. Il n'avait rien à faire ici, il gênait, il le sentait, mais il savait qu'il n'aurait sûrement pas mieux employé son temps ailleurs. Il n'aurait pas pu s'empêcher d'ici penser. Tout ça pour une bête maladresse, c'était tellement stupide, tellement grotesque. Tant de conséquences pour quoi déjà ? Une perte d'équilibre ? Une marche loupée ? Trois fois rien en somme, et on en était là. Il se laissa de nouveau tomber sur son fauteuil inconfortable, se passa une main sur le visage en soupirant. Il pouvait partir, rien ne le retenait. Pourquoi restait-il là, à goûter douloureusement son impuissance alors qu'il aurait pu être n'importe où ailleurs ? Il devait prévenir Elyas et Zenko aussi, et même Adam. C'est vrai que c'était son camarade de chambre. Quoi que, la nouvelle avait du se répandre, ou alors le dirlo en avait déjà parlé... Hm, non on était samedi après tout. Il recommença à s'agiter, incapable de rester en place, une autre des conséquences à l'accident de Zack commençant à poindre dans son esprit.

Il faudrait le remplacer.
Il repoussa cette idée de toute ses forces. Il ne voulait même pas y penser. En ce moment, il avait juste envie qu'il revienne, qu'il soit là, parce qu'il n'arrivait plus à imaginer son équipe sans lui. Il en avait pourtant vu, des joueurs, en huit ans qu'il avait passés dans l'équipe de Volfoni, mais outre ses préférences personnelles, certains étaient, comme Zackary... symbolique. Il était le premier membre a avoir intégré l'équipe après qu'il soit devenu capitaine. L'année même en fait. Avec les autres gars de l'équipe, qui l'avaient toujours connu comme simple joueur, il n'avait pas eu les mêmes relations qu'avec lui. Il s'était évertué à être un bon capitaine pendant que ses potes le charriaient, parce qu'ils le connaissaient. Zack ne le connaissait pas, et même si certaines de ses décisions l'avaient fait sourire, il ne l'avait jamais considéré comme un pote dont on pouvait se moquer, et même si Emile ne le lui avait jamais dit, il avait toujours apprécié son soutient silencieux. Bon, ok, on ne pouvait pas dire qu'il soit son meilleur pote, tout simplement parce que... et bien ils ne se ressemblaient pas. Pas du tout. Ils n'avaient rien en commun en dehors du basket et de leur équipe, mais ça n'en faisait ps moins mal de le perdre comme cela.
Estimant, qu'il s'était assez lamenté sur son sort pour cette demie heure, Emile se releva encore une fois et décida de rompre temporairement sa solitaire et spirituelle retraite. Il avait besoin de compagnie, il n'était pas fait pour déprimer seul dans son coin comme un emo de treize ans. Il y avait plus d'animation vers le centre du hall que près des baies vitrées, il fallait croire que les gens aimaient bien s'entasser pour déprimer ou se faire chier en coeur, comme ça ils pouvaient médire mentalement de leur voisin aussi, ça les occupait. Emile aimait bien cette activité, mais la pratiquait plutôt à voix haute. Pas foule tout de même en ce samedi. Une gamin qui parlait tout seul en s'amusant avec les vieux jouets crados de l'hôpital qu'au moins tous les autres gosses venus attendre avant lui avaient foutu dans leur bouche, malades ou pas, une vieille qui se cultivait aux magazines people et une autre meuf plutôt jeune qui faisait des sudokus ou des mots croisés ou... des trucs de vieux quoi. En général, c'était plutôt les mamies qui faisaient ça, et les filles de quinze piges qui se documentaient sur la vie de leurs idoles, m'enfin, ce n'était pas ses affaires. Sa gueule lui disait quelque chose d'ailleurs, peut-être une nana de son quartier ou du bahut, il n'était pas trop sûr. Si il pensait l'avoir déjà vue, il était au moins certain d'une chose : il n'avait certainement jamais adressé la parole à une fille aussi quelconque. Il s'assit non loin et, après quelques instants, il croisa son regard morne lorsqu'elle le promena sur la grandiose assemblée. Il était encore plus certain qu'elle pensait la même chose de lui.
Ah non.

_ Nan.

Quelle réponse civilisée. Même lui était impressionné par sa galanterie aujourd'hui. Peut-être était-ce parce qu'il était tracassé, et même carrément inquiet, mais il s'en voulu un peu de lui avoir répondu aussi sèchement. Après tout, pour faire ces trucs, il devait faire se faire chier autant que lui, et alors que les autres clampins poirotaient chacun dans leur coin, elle avait eu le courage de tenter un dialogue. Un bel effort, dans un endroit pareil. Il se devait de le saluer. Il se leva encore une fois, il avait renoncé à les compter, et s'assit à côté d'elle, se penchant un peu sur son ouvrage pour examiner le jeu de lui-même. Il fallait vraiment être maso pour faire un truc aussi emmerdant alors qu'on se faisait déjà chier. Putain, ça l'aurait achevé.

_ J'en sais rien, c'est pas un mec genre Clovis ? Nan, ça fait pas onze lettres...

Belle tentative, elle l'avait même réussie. Belle réussite, donc. Il avait besoin de compagnie bon sang. D'une compagnie réconfortante, à défaut de pouvoir se rassurer lui-même. Il renifla un peu et attrapa les épaules de la fille pour la serrer contre lui, comme il l'aurait fait avec une pote. Après tout quelle importance ? C'était une fille de son quartier ou une fille du bahut dont il ne connaissait que vaguement le visage. Quelqu'un de passager dans sa vie, qui serait bientôt de nouveau perdu dans la masse avec les autres figurants, oui. Alors qu'elle importance, vraiment ?

_ Bah...bah. Ça va aller, c'est pas grave. C'est pas grave, hein ? Tu vas l'retrouver ton mot.

Un figurant, quelqu'un qui n'aurait jamais l'idée de témoigner de sa faiblesse, qui s'en fichait de sa vie comme il se fichait de la sienne. C'était... elle était juste ce dont il avait besoin.

_ Il va r'venir. T'en fais pas.
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Sacré Charlemagne
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Notre génération d'incultes.

Allons, ça prenait quand même pas milles ans pour comprendre que ce mec n'était pas un cent watts. Je suis le genre de neuf qui juge sur le physique. Honnêtement, je me balance un peu du caractère réel des gens puisque, généralement, ils se comportent tous comme ils s'habillent. Du moins, une grosse majorité des gens que je connaissent vivent sous la règle du je suis ce que je porte. Le reflet qu'on veut voir dans le miroir, c'est nous, ou du moins c'est ce qu'on veut que les gens perçoivent de nous. Ce gars, de toute évidence, avait envie qu'on le voit comme l'un de ces petits punk cons qu'on retrouve à trainer dans les recoins les plus sombres des ruelles. Franchement, je ne peux pas le blâmer. Le meilleur système de défense est encore celui de l'offensive. Si on fait peur le premier, peu de gens oseront s'avancer et confronter. Cependant, ça m'indiffère complètement. En fait, ses cheveux rouges, sont air de dur à cuir et son regard perçant, ils me passent dix pieds au-dessus de la tête. On est dans un hôpital, y'a un môme qui joue, une vieille qui lit et une infirmière stressée, qui est-ce qu'on pourrait bien vouloir impressionner ici? À mon avis, personne, mais bon, ce n'est probablement pas l'avis de tout le monde. J'arrive pas à le piger, mais si je garde en tête que l'important c'est ma réussite de ce mot croisé, il pourrait m'être utile.

« Nan. » Et voilà! Mes espoirs envers lui sont maintenant déchus. Qu'on m'emporte la serpillère et un balais que ce ramasse tous ces éclats de lamentations. J'ignore si je devrais être complètement choquée par le fait qu'il ignore la réponse, ou simplement absurdement désolée de ma propre ignorance. Quoiqu'il en soit, le mot croisé qui semblait à prime abord assez complexe devint soudainement aussi compliqué qu'un jeu de majong. Pourquoi m'obstiner à croire que j'y arriverait. Soyons raisonnable, je n'ai jamais rien réussie dans la vie, il est clair que je ne serais pas la personne incroyablement cultivée qui va commencer à résoudre tous les mots croisés sur cette fichue planète. Mes connaissances iront donc servir à autre chose... Comme à pointer un laser sur un cible ou faire fondre un glaçon sur un four. Bref des trucs simples qui me requièrent aucune logique apparente et rendent parfaitement honneur à mon intelligence de bas étage. Dois-je blâmer quelqu'un pour mon manque de culture ou simplement avoir pitié pour tous les professeurs qui ont tentés en vint de me rentrer quelque chose dans la tête. Mémoire débile ou manque de concentration grave, reste quand même que je n'ai rien appris et que j'ai l'impression de faire du sur-place en apprentissage depuis quelques années. Est-ce que ça devrais devenir un problème préoccupant pour moi? À ce stade-ci, j'envisage faire carrière comme éboueurs. Après tout, ça prend quelqu'un pour faire des jobs que personne ne veut, des jobs de merde quoi.

« J'en sais rien, c'est pas un mec genre Clovis ? Nan, ça fait pas onze lettres...» Ouais bon, c'est pas une carrière de médecin qui l'attend, mais disons qu'avec une détermination pareil et une tentative aussi pitoyable, il pourrait se voir gérant d'une épicerie. Clovis? Non mais sérieusement. Il sait pas compter ou quoi? À moi que ça ne soit pas qui ne sais pas parler... M'étais-je mal exprimée? Bon, c'est facile de me faire douter maintenant, c'est nouveau tient. Je clignais rapidement des yeux, réalisant la débilité de son réponse et les baissais rapidement sur le mot croisé. Je n'avais pas l'intention de répondre et maintenant j'allais arrêter. Par orgueil? Ouais, mais aussi parce que je vais éviter de provoquer une surcharge à mon pauvre cerveau minable. Il était loin lui avec son "Clovis". Mais putain, qui est Clovis à la fin? Ça a le potentiel pour me troubler.

Je savais que dans les hôpitaux, comme dans les églises ou les mortuaires, les gens étaient fragiles. Ce mioche qui joue depuis tantôt, tu lui enlève son jouet et il va commencer à chialer et revenir au stade de nouveau né. La vieille mémé, une seule poussée et la voilà sur un civière pour une hanche cassée. C'est pas dur d'ébranler quelqu'un dans un endroit pareil. Tout le monde a une raison d'être ici. Quant à moi, mon père est en post-dépression et j'essaie du mieux que je peux d'être présente près de lui le plus possible. Avec l'école, ça devient chiant, mais j'arrive quand même à avoir quelques conversations brèves avec lui, avant qu'il ne commence à fixer le vide et soupirer longuement. Ça explique pourquoi je suis ici, pourquoi je me tape tout cet ennui : je dois être là quand il va sortir de cette salle. On va souper ensemble ce soir, de quoi lui remonter le moral... Enfin, je crois. Il est tellement déprimé ces derniers temps qu'il marche lentement, mange peu et regarder beaucoup trop la télé. Son patron lui a donné une semaine de congé, le temps qu'il se remette sur pied, aller savoir si ça va aider, mais l'important c'est que je le supporte. C'est mon rôle en tant que fille. Je l'a pas voulu, ce rôle, mais c'est toujours que de devoir supporter Bill, le copain de ma mère.

Tout ça pour dire que j'avais bien vu dans le regard du punk qu'il y avait quelque chose qui clochait. Chacun ses problèmes et ses emmerdes et elle est loin de moi l'idée de lui demander la cause de ses malheurs, mais quand il me serra dans ses bras, je compris qu'il avait probablement besoin de quelqu'un. Juste quelqu'un. Ça arrive à tout le monde de vouloir du réconfort. Certain sont plus explicites que d'autres alors que plusieurs en abusent, mais celui-là, j'ai pas l'impression qu'il est le genre de mec qui fait ça souvent. Alors je me suis tût, j'ai rien dis. Je me suis laissée prendre, en espérant quand même qu'il me lâche un de ces quatre, et je tentais de respirer le moins fort possible. Dans des cas comme ça, on sait juste pas trop comment agir. Pour plusieurs raisons je ressentais un certain malaise à cette situation. Premièrement, je ne le connaissais pas, deuxièmement, j'ignorais la raison de sa présence à l'hôpital et pour tout ce que je sais il pourrait être malade comme le chien, puis pour conclure, je n'ai pas été serrée ainsi depuis ma rupture avec mon ex petit-ami. Ça rend un certain inconfort à la situation, mais je comprenais que ça lui fasse du bien à lui. « Bah...bah. Ça va aller, c'est pas grave. C'est pas grave, hein ? Tu vas l'retrouver ton mot. » Attend, on parle encore de ça là? J'avais comme l'impression que, métaphoriquement, il parlait pas vraiment d'un mot, ce type. Bizarre, mais je me faisais.

« Il va r'venir. T'en fais pas. » Je souriais en coin maladroitement. Ok... Ça devenait étrange. J'ai ce pressentiment qu'on ne parlait plus d'un mot là... Sans nécessairement le repousser, je me reculais doucement et lui fis face « Bah là, on va se calmer, c'est quand même juste un mot... » L'étendu de mes pouvoirs de réconfort s'arrête exactemeeeeeent... Ici. Je n'ai tellement pas l'habitude de dire des trucs qui remontent le moral qu'il m'arrive d'oublier comment se mettre à la place des autres. « Mais je vais le retrouver! Il va me revenir en tête, crois-moi! » ajoutais-je rapidement, pour rattraper le coup. Je posais doucement ma main sur son épaule et je soufflais, gentiment « Les mots, on les oublie jamais. Ils sont toujours là, creux dans nos têtes » en mettant mon index sur ma tempe. « Faut juste pas paniquer et se dire que ça arrive à tout le monde d'oublier des trucs. » En fait, j'ignorais ce que je disais. Est-ce que c'était bon, est-ce que c'était mauvais? J'essayais d'y aller avec métaphore, comme lui, mais quand on a aucune idée des sous-entendus de l'autre, c'est un peu la galère. Heureusement, juste à temps, une infirmière, un dossier en main, arrivait dans le hall. Tout de blanc vêtue, elle était assez élégante, mais affichait cet air incertain. Elle appela, d'une voix assez mielleuse « Emile J. B. Evans? » Le punk a mes côtés se senti interpellé. Emile? Ça sonne vieux comme nom, non? Il se leva assez précipitamment et alla la rejoindre. Elle l'emmena plus loin pour discuter. De trucs sérieux j'imagine et comme avec le médecin qui s'occupe de mon père, j'étais laissée de côté. Je me levais et, allant jeter mes déchets, je m'achetais de nouveau un café. Du coin de l'œil, je voyais cette expression alternée entre la surprise et le choc dans les yeux de "Emile". Je manquais de me brûler avec le café qui débordait de ma tasse. Les problèmes des autres ne m'intéressent que guère, mais il me semblait jeune pour avoir des problèmes aussi névrotiques. J'achetais un autre café, pour le coup, et revint m'asseoir à côté de lui. Son air dépité en disait long. Cependant, cet air ne devait pas parler clairement, car je n'avais toujours aucun indice sur sa condition. Je pinçais les lèvres et lui tendis le café. « Tiens, Emile. Attention la tasse est chaude » je croisais les jambes, balançant nerveusement mon pied. Et maintenant quoi? Je détournais les yeux une seconde et me lançais finalement à parler pour briser ce silence de malaise. « Les infirmiers savent jamais vraiment ce qu'ils disent... Ma mère était infirmière avant et ça lui arrivait de dire des pronostiques faux... Pour pas trop froisser les gens ou éviter de créer des paniques prématurées sur des trucs qui en valent pas le coup... » C'était vrai. Ma mère détestait mentir, mais ça faisait partie de leur métier et puis, de toute manière, rien n'était à cent pour cent sûr avant que la première poignée de terre ne soit lancée sur la tombe.


Après, allez savoir ce qui peut arriver.
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Elle était toute chaude.
C'était confortable. Faut dire qu'il n'avait pas souvent l'occasion de serrer une nana dans ses bras sans arrière pensée sexuelle, mais en ce moment et à cet endroit précis, cette nana n'en était pas vraiment une, c'était plutôt une sorte de... peluche. Oui, une peluche douillette à qui il mendiait du réconfort et qui essayait de lui en donner un peu maladroitement. Y'avait que dans ce genre de situation aussi qu'il pouvait écouter sans se mettre à rire une phrase se prenant autant au sérieux que la sienne. "Les mots on les oublie jamais". Ça faisait philosophie de bistrot, phrase grandiloquente balancée le plus sérieusement du monde dans un moment débile et même un peu pitoyable. Un moment comme celui là quoi, mais ça faisait du bien d'écouter cette petite meuf essayer de le dédramatiser. Franchement, elle faisait bien. Il aurait pu jouer dans une mauvaise série avec un comportement aussi niais. Il se serait même fait un peu peur, mais il ne savait pas trop comment quitter cette posture qu'il trouvait de plus en plus embarrassante à mesure que les secondes s'écoulaient lentement, trop lentement. C'était gênant pour lui, mais ça devait être gênant pour elle, cependant il se voyait mal la lâcher aussi soudainement qu'il l'avait prise contre lui, comme ça, un peu par caprice. C'est presque avec soulagement qu'il entendit l'infirmière qui l'avait conduit à la chambre de Zack l'appeler, et il sauta sur cette occasion pour se détacher de la jeune fille en adoptant un air le plus détaché du monde. Que les gens n'aillent pas s'imaginer des trucs, premièrement, et ensuite, il aurait eu du mal à justifier son étreinte compulsive si il s'en était défait sans un bon prétexte. Du moins lui semblait-il. Son répit ne fut que de courte durée cependant car si l'infirmière l'avait appelé, ce n'était pas pour de bonnes nouvelles. Encore. L'accident avait révélé l'origine de la fragilité osseuse de Zackary qui n'était autre qu'une forme légère mais réelle de la maladie des os de verre. Il n'avait jamais eu de blessures si graves jusqu'à présent, aussi elle était restée inconnue des médecins mais à présent, il serait plus prudent qu'il arrête définitivement les compétitions et qu'il réduise ses activités sportives au maximum ou il ne pourrait qu'enchaîner les opérations.

Elle lui avait balancé ça dans une tirade froide et complètement morne, comme si cela ne l'atteignait en aucune manière. Certes, elle devait en voir passer des malades et des blessés et des brûlés et des mourants, mais Emile lui en voulu beaucoup de ne pas partager ne serait-ce qu'un peu de son désarroi. Il lui lança un regard noir en serrant les poings mais même cette provocation silencieuse ne reçut pour toute réponse qu'un haussement de sourcils avant qu'elle ne reparte en direction des chambres, ses chaussons en plastique couinant dans le couloir au rythme de ses pas. Dégoûté. Pas vraiment d'autre mot, ou peut-être que Révolté aurait pu convenir aussi. Cette simple visite à son camarade prenait des accents irréels à chaque fois que cette insupportable bonne femme ouvrait la bouche. Non, les médecins étaient toujours trop pessimistes, après tout, ils disaient bien aux mômes qui se râpaient le genou qu'il allait falloir leur couper la jambe non ? Et pourquoi d'ailleurs ? Pour rire ? Il n'y avait pas un gosse que ça fasse rire, et surtout pas lui. Il avait tellement eut peur la première fois que c'était arrivé, parce que c'était en jouant avec le skate de l'un de ses copains alors que ça mère le lui avait interdit, parce qu'elle l'avait prévenu qu'il pouvait se casser un bras ou une jambe. Il avait pleuré chez le docteur, s'était débattu, avait essayé de s'échapper en hurlant qu'il ne voulait pas qu'on lui coupe la jambe, qu'il pouvait marcher, qu'il aimait mieux avoir une jambe cassée que coupée. Jusqu'à ce que ce connard se mette à rire, très fier de lui, en lui disant qu'avec ce qu'il gigotait, il n'était pas prêt de la perdre sa jambe et depuis, Emile haïssait les hôpitaux. Il en avait peur même, car le jour où il s'y retrouverait, ce serait qu'il ne pourrait plu jouer. Il n'allait jamais à l'hosto pour des broutilles, en général ça passait tout seul, au pire le kiné, mais pas l'hôpital. C'était une usine à réparer, une sorte de laboratoire de la mort où les gens étaient branchés à des machines, pissaient dans des poches en plastiques et étaient nourris par des aiguilles et en plus de ça, c'était propre et légal.

Il cracha par terre pour salir un peu, histoire qu'au moins ce ne soit plus si propre, mais aucun membre du personnel n'y prêta vraiment attention, trop occupés qu'ils étaient à promener les gâteux en fauteuil roulant jusqu'aux blocs. Berk. Il n'avait plus le courage de rester là, c'était un peu trop pour lui, pour ses nerfs et pour son nez. Parce que l'hôpital, ça puait, c'était pas un mythe, l'hôpital, ça sentait vraiment l'hôpital. Il fourra ses mains dans ses poches, senti quelques billets au fond. Il avait complètement oublié qu'il avait pris de quoi s'acheter son repas sur le chemin du retour. De toutes façons il n'avait pas faim là, cet endroit minait son moral et lui coupait l'appétit, il n'y avait qu'une seule chose dont il avait envie, et il 'avait pas envie de se retrouver seul. La fille était là, elle lui tendait un café. Bien gentille la nénette. Il tiqua lorsqu'elle l'appela Emile mais ne releva pas. Tant pis, elle pouvait pas savoir, puis c'était pas comme si c'était très important, ici et maintenant, qu'une nana addict au café l'appelle Jordan plutôt qu'Emile. Vraiment sans importance. Vite fait, un remerciement silencieux d'un hochement de tête et il trempa ses lèvres dans la tasse, se brûlant la langue en buvant, mais il estima que cela aussi était sans importance. Boire, elle avait tout suite compris, ils devaient être faits pour s'entendre. Sauf qu'Emile n'aimait pas vraiment le café.

_ Dis, t'as pas envie d'boire aut' chose ? Ça m'fout le cafard de rester ici, si t'as rien d'autre à foutre, on pourrait p'têtre aller boire un truc en ville.

Boire un truc en ville, c'était pas vraiment ce à quoi il pensait mais c'était un peu plus délicat que balancer ce dont il avait envie tout de suite. Quoi que, la délicatesse, quelle importance ?

_ Ou sinon je nous achète deux bouteilles et on s'pose dans un coin tranquille, ça t'dit plutôt ? Dans tous les cas j'dégage, mais bon, j'aimerais pas me r'trouver à picoler tout seul, ça fait trop clodo.

Allez accepte, en plus t'es mignonne. Si tu veux, j'te ferai un bisou.
Où tu voudras.
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