• Physique
Visage anguleux
XX Pommettes hautes
XX De face, son nez semble droit, mais de profil, on peut remarquer une petite bosse au milieu.
XX Lèvres pleines
XX Sourcils arqués
XX Yeux légèrement bridés et si noirs qu’on a peine à différencier la pupille de l’iris.
XX Peau très mate qui a tendance à être sèche.
XX A une tache de naissance pas vraiment subtile sur la nuque.
XX Est en léger sous-poids. Se trouve trop maigre.
XX Fait un mètre soixante-seize.
XX Sa consommation impressionnante de caféïne et cigarettes fait qu’il n’a pas les dents les plus blanches du monde. Du coup, il est un peu parano sur son hygiène buccale. C’est le brossage au moins trois fois par jour, la soie dentaire, le rince-bouche, les menthes et les bandes blanchissantes. Tout un attirail, je vous l’accorde.
XX Cheveux naturellement noirs, très droits et épais. Il les porte longs avec un undercut, quelques tresses et des dreads partiels.
XX Fait de la polydactylie postaxiale. Autrement dit, il a six orteils à chaque pied. Non, il n’a pas spécialement envie de se les faire enlever. Et vous ne le verrez jamais avec des sandales.
XX A, en tout, vingt-cinq piercings : un snake bite, un angel bite, un septum stretché à 3 millimètres de circonférence, une nose pin de chaque côté du nez, un bridge, un smiley, un piercing sublingual, un venom, deux industriels et trois écarteurs par oreille (les plus gros étant de 30 millimètres de diamètre), et ses mamelons ainsi que son nombril sont également percés.
(Désolée pour les gens qui ne s’y connaissent pas en piercings. Google est votre ami 8D) XX A pas mal de tatouages :
ça,
ça,
ça,
ça,
et ça.
XX A un tonguesplit.
XX Côté vestimentaire, on peut très bien voir qu’Adriel mélange le punk, le gothique et le grunge comme bon lui semble. Il s’associe un peu aux trois mouvements sans croire, par exemple, qu’il est spécifiquement punk.
• Caractère
Adriel est ce qu’on pourrait appeler un happy loner. Autrement dit, il préfère la tranquillité et il privilégie ses petits moments solitude sereine. Ça l’aide à réfléchir et à refaire le plein d’énergie.
XX N’est clairement pas du genre à s’entourer de beaucoup de personnes. Il a bien sûr une poignée d’amis ayant mérité son affection et sa confiance.
XX Ce qui n’est pas d’ailleurs vraiment pas aisé à acquérir. Il ne s’ouvre pas à n’importe qui et se méfie des mauvaises langues.
XX Déteste parler pour ne rien dire et a horreur de ces petits papotages du quotidien. Il n’en a vraiment rien à foutre de la météo.
XX Étonnamment bavard lorsqu’il apprécie son interlocuteur.
XX Ouvert d’esprit et fait de son mieux pour ne pas juger les gens. Adriel est toutefois humain et a tendance à porter des jugements un peu injustes sur certains types de personnes. Comme tout le monde, quoi.
XX Honnête et direct, voire cru. Ne vous ménage pas avec de jolis mensonges et aimerait qu’on fasse de même avec lui.
XX Ce serait stupide de confondre son calme habituel avec de la timidité. Il n’a pas peur de faire part de ses opinions tout en sachant qu’elles ne font pas l’unanimité.
XX Cynique et désabusé. La société telle qu’elle est le décourage tellement qu’il ne croit même plus qu’on puisse la changer complètement.
XX Essaie quand même d’apporter sa trace à ce monde de fous.
XX Cultivé côté arts et littérature (surtout québécoise et américaine) et s’implique dans la communauté artistique et alternative.
XX Lit pour s’informer, que ce soit utile ou non.
XX S’il ne donne pas l’impression d’être souriant, c’est qu’il ne distribue pas ses sourires à la pelletée. Il aime pourtant rire et plaisanter et a un humour tantôt noir, tantôt absurde.
XX Est un adepte du sarcasme.
XX Est souvent dans les nuages ou perdu dans ses pensées. Distrait, il oublie de ses trucs chez les autres, est souvent en train de chercher où il a bien pu mettre son foutu crayon et ne fait pas toujours attention à ce qu’il se passe autour de lui.
XX Fait preuve d’un manque flagrant de compassion, frôle parfois l’insensibilité. Il comprend objectivement les sentiments et les actions des autres, mais ça le touche rarement.
XX La plupart du temps calme et indifférent. Lorsqu’il pleure ou se met en colère, c’est généralement pour une bonne raison.
XX Est tellement habitué de se sentir vide qu’il ne sait pas comment contrôler ses émotions et a du mal à ne pas les réprimer jusqu’à ce que ça explose.
XX Tente quand même de s’améliorer sur ce point.
XX A tendance à trop penser, et pas nécessairement à des poneys et des arcs-en-ciel.
XX On ne dirait pas, mais a beaucoup de volonté.
XX S’auto-qualifie de nid à problèmes.
XX Est passionné dans ses études et son travail.
• Histoire
Le problème avec la vie, c’est qu’elle nous oblige à être vivant. Pas de contrat, pas de conditions. Tu existes, et c’est tout. La vie, elle n’aime pas négocier. Elle t’envoie le merdier dans lequel tu es, et tu prends tes décisions avec ce qu’elle te donne. Elles peuvent être merdiques, tes décisions. Même les génies arrivent parfois à tout faire chier. On dit que le bonheur dépend des choix qu’on fait. En fait, chacun y met son grain de sel, mais il n’y a pas de recette. Pas de cuillerées de sourires, pas de quarts de tasse de bonheur, pas de four à 180 degrés pour faire demi-tour. Pas de remuez, brassez, laissez reposer, servez et tout le monde sera heureux. Pas de magie. Pas de secret. Qui plus est, je n'ai jamais été doué en cuisine. On dirait que j’ai pris la recette du pouding à l’arsenic dans Astérix et Cléopâtre. J’en avale des bouchées entières, en plus. Le con. Mais j’espère que ça va changer. J’espère que cette dernière décision ne me mène pas à la dernière bouchée.
-T’es pas obligé de partir, hein. Tu l’sais, ça?
La voix de Jake me fait sursauter. Je cligne des yeux à répétition comme un débile léger. J’étais complètement perdu dans mes pensées. Je redirige mon attention vers lui.
-Quoi?
Il soupire et se répète. C’est que, pour la première fois de ma vie, mon meilleur ami ne me comprend pas du tout. Si, je suis obligé de partir. Mon cerveau a été configuré par le mauvais programmeur : pour moi, c’est tout ou rien. Noir ou blanc. Mes réactions sont souvent extrêmes face à beaucoup de situations. Et celle-ci est, je l’avoue, un peu exagérée. Je pourrais simplement me prendre un appartement ici, rester au Canada. Mais comme on dit si bien, j’en ai plein l’cul. Voyant que je ne réponds pas, Jake continue son sermon.
-Je sais que c’est vraiment la goutte d’eau qui a fait déborder le vase avec ta mère, mais pourquoi aller au States? J’sais que tu te sens responsable d’elle, mais va vivre ta vie. Tu pourrais juste venir habiter dans mon appart’, pis tu pourrais t’inscrire dans un préuniversitaire en arts plastiques. Tu te compliques tellement la vie, c’est décourageant. T’as dix-neuf ans, ça devrait faire deux ans que t’es aux études, Adriel.
Je sais, je sais. À la fin de l'école secondaire, je n'ai pas voulu commencer des études supérieures pour rester à la maison et garder un oeil sur ma mère. Je me suis mis à travailler à temps plein pour être sûr qu’on ne manque de rien à cause de ses conneries. C’est bien beau un frigo rempli de bière, mais reste qu'on doit bouffer quelque chose de plus tangible. Jake a raison : je m’empêche de vivre pour elle. Quelque part, même si elle me fait royalement chier, je veux lui faire plaisir. Allez-y, dites-le. J’suis con.
-Ouais, c’est justement entre autres à cause de ça que j’en ai ma claque.
Jake me lance un regard qui signifie clairement «t’es le pire des imbéciles».
-Ben pourquoi tu continues de faire ça, alors?
-Je continue rien. Je m’en vais. T’es bouché?
-Tu t’en vas? Juste comme ça? Tu décides d’aller chez ton père américain que tu connais à peine parce que t’en a assez de ta mère dépressive? Mais tu lui en veux à mort, Adri’.
Dit comme ça, ç’a vraiment l’air du pire des plans. Mais j’ai mes raisons, j’ai presque tout prévu. Presque. C’est à mon tour de lui lancer un regard qui crie «t’es un crétin».
-Et où est-ce que tu voudrais que j’aille? Tu veux que j'sois hobo? Oui, j’ai économisé de l’argent, mais pas au point de pouvoir me payer seul un endroit où habiter. Et sincèrement, tant qu’à faire des études en arts plastiques, je préfère en faire dans une bonne université américaine que dans un Cégep no-name du Québec. En plus, un préuni, ça sert à rien. Je vais rester chez lui en attendant. Si j’ai envie de lui arracher la jugulaire avec mes dents, j’irai en internat.
Jake se tait. Il sait que j’ai raison là-dessus. Oh, il pense toujours que je n’ai pas besoin de partir. Il pense qu’on pourrait simplement habiter ensemble, que je pourrais continuer à travailler dans son salon de tatouage, finaliser mon apprentissage. Je dois l’avouer, tout ça, c’est alléchant. C’est tentant. Vivre avec mon meilleur ami. Être à tous les jours avec la seule personne qui compte pour moi. Passer mes journées à tatouer et à piercer. C'est mon happy ending de princesse de Disney. Pourquoi je ne fais pas ce choix, alors? On dirait que je continue à bouffer mon pouding à l’arsenic. Parfois, une petite voix me souffle dans ma tête de faire ceci ou de faire cela. La plupart du temps, je l’ignore. Et la plupart du temps, je le regrette. Au fond, peut-être que je suis schizophrène, mais que les voix ne me disent pas de tuer des gens ou que je suis le nouveau messie. Aujourd’hui, cette petite voix me dit de vivre pour moi-même
pour de vrai. De ne pas faire semblant. Faire quelque chose de démesuré, quelque chose qui va changer ma vie dont je suis tant las. Si je déménage aux States, j’ai le pouvoir de tout changer, de recommencer à neuf.
-Et ta mère, comment elle va?
Changement de sujet. Jake se sent mal. Il fait toujours ça, lorsqu’il se sent mal. Il essaie de me comprendre, mais il n’y est pas encore tout à fait.
-Franchement? Mal. Elle est encore dans l’aile psychiatrique de l’hôpital. Elle aura peut-être besoin d’une nouvelle désintoxication. J’suis allé la voir ce matin pour lui annoncer que je partais. Elle a piqué la pire crise de larmes de l’existence.
C’est que je la quitte pour habiter chez l’homme qui a causé sa dépression chronique. C’est quand même pas rien. Et puis, de sa façon très douteuse, elle m’aime. Je sais que sa maladie l’a toujours empêchée d’être une véritable mère pour moi. J’en suis désolé, je le comprends totalement, mais ça ne m’empêche pas de lui en vouloir, d’avoir envie de la secouer. Je ne peux pas m’empêcher de penser que ça m’a pourri la vie. Ça m'a donné l'impression d'être complètement isolé. Personne n’a été là pour me donner des conseils, pour m’expliquer comment ce monde de fous marche. J’ai tout appris par moi-même, par mes expériences, par mes conneries. J’étais là pour tenir les cheveux de ma mère lorsqu’elle dégueulait d’avoir trop bu. J’étais là pour lui glisser un oreiller derrière la tête, les nombreuses fois où elle s’endormait sur le canapé. Elle était rarement là pour me border, pour me préparer des bons plats, pour m’aider à faire mes devoirs au primaire, pour m’encourager. J’ai fait tout cela seul, en plus de veiller sur elle. Et elle m’a refilé ses démons. Ma tête est un labyrinthe de problèmes qui me noient et ce, en grosse partie par sa faute. Moi aussi, j’ai voulu oublier. Moi aussi j’ai souvent dégueulé d’avoir trop bu, mais elle n'a clairement jamais été là pour me tenir les cheveux. Moi aussi je me suis endormi sur le canapé d’innombrables fois, trop défoncé pour faire quoi que ce soit. J’ai tout encaissé, et c’est terminé.
Je crois que j’en veux plus encore à mon père. C’est lui qui a fait en sorte que ma mère tombe éperdument amoureuse de lui, lorsqu’il est venu au Québec apprendre le français. C’est lui qui l’a mise enceinte, qui ne voulait pas avoir d’enfant immédiatement, et qui est reparti dans son pays. C’est de lui que tout part, c’est lui qui a tout déclenché. Peut-être suis-je trop amer, mais j’ai du mal à lui pardonner. J’ai du mal à leur pardonner à tous les deux. Parfois, je me dis qu’on devrait inventer l’adoption inversée. Les enfants devraient choisir leurs parents pour éviter d’être dans le même merdier que moi, ou pire. Mais comme je l’ai déjà mentionné, la vie choisit pour nous.
-Je comprends que la dernière tentative de suicide de ta mère t’aie fait péter les plombs, Adriel, mais c’est pas une raison pour foutre le camp.
Je lui lance un regard noir, cette fois-ci. J’en ai assez de devoir m’expliquer. Il est le seul qui ne m’a jamais questionné, pourquoi est-ce qu’il faut qu’il le fasse maintenant? J’aurais besoin du soutien de la seule personne qui ne m’en a jamais offert.
-Criss Jake, tu penses vraiment que j’ai envie de te laisser derrière? T’es la seule personne qui compte à mes yeux, tu devrais savoir combien ça me coûte. Ça me fait chier, t’es la seule attache qu’il me reste. Mais j’pars, c’est non négociable. Il faut que je vive ma vie, comme tu le dis. Pas pour ma mère, pas pour toi, mais pour moi. Mais tu comprend pas. J’ai besoin de fuir. Pas dans ma tête, pas avec des livres, pas avec des dessins, pas avec de la dope ou de l’alcool. Pas comme d’habitude. Pas avec des illusions. J’ai besoin de fuir tout ce que j’ai connu.
Il me regarde fixement, et je vois déjà les larmes poindre dans ses grands yeux verts. Ça veut dire qu’il a enfin compris, qu’il a arrêté d’être fâché contre moi et mes décisions bipolaires. Ça veut dire qu’il est en train de réaliser que je vais vraiment partir. Je l’ai connu alors que j’avais treize ans – il en avait quinze. Je faisais partie des rebus de notre école secondaire. J’étais le gars bizarre qu’on ignorait du mieux qu’on pouvait. C'est que pas grand monde a envie de parler à un ado amérindien turbo gay. Racisme et homophobie oblige. Je me suis donc dit très jeune que tant qu’à être né différent, j’allais l’être jusqu’au bout de mes six orteils. Et Jake est arrivé. Il m’a parlé. Il m’a fait sentir accepté. Sa maison était comme mon deuxième foyer : j’y passais le clair de mon temps. Il a eu la chance de naître dans une famille normale, avec un père et une mère qui s’aiment. Chez lui, tout me semblait chaleureux. Et quand il s’est loué un appartement, je me suis mis à quasiment l’habiter.
-Hey, commence pas ça, ok? Pleure pas, j’vais pas mourir. C’est pas l’apocalypse.
Il aurait voulu l'avoir, le happy ending. L’intégrale, celui où tu finis avec la personne que tu aimes. La personne qu’il aime, c’est moi. Mais on dirait qu’on a passé mon cerveau et mon cœur au broyeur. Je ne sais même pas ce que je veux. Je ne sais même pas comment aimer. J’aime mal. Lui, il sait comment faire. Il a la famille aimante, la bonne éducation et les tapes dans le dos. Ça vient souvent tout seul chez les gens qui ont eu cette chance. Je n’ai pas envie d’aimer, je n’ai envie de rien. Parfois, je me sens mal d’être à l’envers. C’est le sang qui me monte au cerveau. C’est mes organes qui me remontent dans la gorge. C'est dommage, je l'avoue. Jake aurait fait une fabuleuse princesse.
-T’es pas obligé de prendre cet avion-là. T’es pas obligé de partir tout de suite.
Je lui fais mon sourire le plus triste, le plus désolé.
-Ouais, t’as raison. Mais c’est trop tard, je changerai pas d'avis.
Il acquiesce avant de sortir de la voiture et de commencer à dégager mes bagages du coffre. Je reste assis quelques secondes, encore sonné. On n’a pas dit grand-chose, mais tellement de pensées tournoyaient dans nos têtes que c’en était étourdissant. J’ouvre enfin la portière et je le suis. À partir d’aujourd’hui, tout va changer. J’ai changé ma recette. Je crois que j’ai appris à faire autre chose que du pouding à l’arsenic.
