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 Bakardadea.

Sloan De La Forêt-Blanche
Monsieur❧ ℓ'Ꭿrchiduc
Sloan De La Forêt-Blanche
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Monsieur❧ ℓ'Ꭿrchiduc

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Bakardadea
La petite lampe de ton bureau s’allume avec un « clic » satisfaisant lorsque tu presses l’interrupteur. Le jour commence à s’estomper et la pile de copies sur ton bureau a bien diminué. Beaucoup de 11/20 dans cette classe-là, et tu désespères de remonter un jour leur niveau. Tu es un habitué de l’excellence. Ce qui ne te semble pas satisfaisant pourrait l’être pour d’autres professeurs, c’est vrai. Le soir apporte sa fraîcheur et tu te lèves pour fermer la fenêtre de ta chambre, souple dans ton vêtement beige et ample et dans ton jean à peine trop serré. La lumière tamisée part du coin de la table et envahit la pièce sans parvenir à manger les bords de l’ombre, là-bas, au coin de ton lit et sous ton armoire.

Icarus qui sommeillait à tes pieds est réveillé par le bruit que tu fais en retournant t’asseoir et tu le gratifies d’une ou deux caresses. Une ou deux, puis trois, puis quatre… tu souris à ton chien comme tu sourirais à un gamin, le gratte sous le cou, fais mine d’attraper ses oreilles pointues pour finalement céder et le soulever pour le poser sur tes genoux, ravi de sentir le poids d’un autre être vivant.

« J’ai encore du travail tu saiiiis… »

Tes yeux te font mal, un peu. Tu enlèves tes lunettes et les dépose précieusement sur ton bureau d’un blanc immaculé. Le tiroir du haut coulisse agréablement lorsque tu tires sur la poignée, et tu y déposes le paquet de copies non corrigées, remettant tes obligations à un autre jour. Pour l’instant, tu enfouis ton nez dans la fourrure du chien que tu as sorti quelques heures plus tôt, et qui sent encore un peu le frais, le dehors, l’herbe et la poussière.

Tu aurais dû faire tes courses à ce moment-là. Tu commences à manquer des bons légumes bio du vendeur au coin de la rue, et puis il te faut de la viande rouge pour ton chien, et puis ça fait longtemps que tu ne t’es pas octroyé le plaisir d’une bouteille de vin, en tête à tête avec ton MacBook, et aussi ta dernière boite de préservatifs a été vidée par Sarah et il t’en faut d’autres ou tu sais que tu ne laisseras plus jamais personne t’approcher.

Tu n’aurais pas dû penser à elle. Il reste encore chez toi un gel douche féminin presque vide que tu n’oses pas utiliser, un élastique ou deux sur une étagère et une bouteille de parfum bon marché qu’elle n’est pas revenue chercher. Tu ne sais pas quoi faire de tout ça, ça t’embarrasse. Tu n’as pas envie de les jeter mais ces trois ou quatre objets sont comme des excroissances verruqueuses dans ton petit cocon à toi – dès que tu poses les yeux dessus tu sais qu’elle a partagé ta vie quelques semaines et ça te rappelle son petit visage tout froissé au milieu de la salle de classe, tout froissé d’orgueil et de colère.

Ta main s’est figée dans la fourrure de ton chien.

Il est temps de manger.
Ça ne sera rien de plus que des nouilles instantanées, ce soir.

Te voilà à siroter et suçoter les nouilles dans leur bouillon brûlant, le pot en plastique posé sur le rebord de la table ; l’une de tes mains tient les baguettes avec dextérité pendant que l’autre appuie régulièrement sur une touche de ton ordinateur. Tu as remis tes lunettes pour pouvoir voir les derniers posts du nombre incalculable de blogs auxquels tu es abonné. De temps en temps, tu reblogues une image ou une citation qui te plaît. A voir tous ces dessins, tu as les doigts qui te démangent mais tu ne te sens pas la force de prendre tes fusains et tes pastels. Tu te contentes de noter des idées dans un coin de ta tête, et de visualiser un résultat que tu n’atteindras probablement jamais.

La sauce a éclaboussé le pourtour de ta bouche, que tu essuies rapidement. Tu prends toujours soin d’emporter une serviette en papier avec toi. Sur le canapé, Icarus dort et semble rêver. Une montre abandonnée distille les secondes quelque part dans la pièce. Les lumières de la ville endormie transforment ta petite baie vitrée en un décor urbain, les silhouettes des bâtiments se découpant dans la nuit claire de Floride. La pénombre a repris ses droits sur ton salon, comme le soir précédent, comme tous les soirs. Ne restent allumés que ton ordinateur et la chaîne Hi-Fi, d’où provient une berceuse vieille comme le monde mêlée à des bruits de mer.

Remous, relents, roulis. Cri des mouettes. Une voix de femme module des notes et des sons qui devraient te rendre nostalgique, mais personne ne chantait de berceuse pour toi, Sloan.
Et c’est là, entre le cliquetis d’un clavier, une odeur de curry, la rumeur de la ville en bas et des chants immémoriaux que la solitude t’étreint et resserre le nœud coulant autour de ta gorge.

Ton dernier bracelet brésilien vient d’être tâché par une éclaboussure et tu le contemples un instant sans le voir avant d’enlever délicatement tes lunettes et de fondre en larmes.
 
Bakardadea.
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