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 [PRÉPARATIFS] Guión [Dymas T. Aimilia & Tasnim Haddou & Robin Dubois]

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Guión

« C'est à nous de tout inventer. »

Y'a rien de mieux que la bouffe dans la vie. T'es content quand tu manges. Tu sais que c'est pas bien, parce que ça fait quand même le troisième bacon-fromage que tu t'enfiles, ouais, mais c'est tellement bon, ce serait un crime de pas en reprendre un second. Et puis un troisième. Et un quatrième, plus tard. Mais c'est tellement bon sérieux.
Ça dégouline carrément partout, j'suis un gros porc quand je veux, mais ça fait tellement du bien. J'me sens plein comme ça, mais tu sais, plein de partout. Pas juste dans le ventre. Je suis en forme, j'suis content, je souris, je chantonne, et je prends plaisir à étudier cette daube cosmique qu'ils m'ont pondu, les deux autres clampins qui sont en histoire de la musique. Vu que j'dois arrondir mes fins de mois en ce moment, j'ai une dette envers un pote qui m'a filé un peu de sa beu, j'ai décidé de donner deux-trois cours en plus aux élèves qui pouvaient me payer un peu pour un extra. J'leur ai demandé de me faire un dossier sur l'autre, là, Arcangelo Corelli, j'devais travailler dessus mais j'ai eu la flemme alors j'me suis dis qu'ils m'avanceraient un peu le travail mais que dalle, c'est des vraies bites. Et du coup ça me les casse, ouais. Putain, heureusement que j'ai mon sandwich au bacon avec moi.

J'me lève, j'prends mon tabac et mes feuilles, et j'vais ouvrir la fenêtre. Flemme de sortir, j'ai juste besoin de me dégourdir les jambes. J'ai rendez-vous avez deux gonzesses pour bosser le bal de Volfoni. Quelle connerie d'ailleurs, un bal. J'ai jamais assisté à ces trucs, je trouve ça d'une stupidité astronomique. Une occasion de resserrer les liens entre les élèves, et mon cul c'est Anne de Bretagne ? Y'a pas d'alcool, ou alors si, cet espèce de jus de chaussettes dégueulasse qu'ils appellent punch, alcoolisé autant que du coca que t'as juste envie de vomir sur ta partenaire pile au moment où tu lui roules un patin. Si ça c'est pas de la connerie. Non, moi j'aime les bals de village, là où t'as tous les alcooliques, moi inclus, qui peuvent toucher les culs sans se manger de tartes puisque les filles savent qu'on est pas dans notre état normal. Elles pardonnent tout, elles sont cool. Puis surtout tu as de la musique, genre, de la bonne musique. T'as des slows, ouais, ça va un moment. Mais quand on te passe, j'sais pas moi, Heavy Young Heathen par exemple, moi j'dis oui, j'dis oui direct même, j'suis le premier à pogotter. T'as vu ma face ? Pour un peu que j'ai mangé trois sandwich bacon-fromage avant, j'suis un fou, tu me tiens plus.
D'ailleurs, fuck, laisse-moi rouler s'te plaît... Voilà, j'tiens la roulée entre mes lèvres et j'allume mon ordi. Un peu de musique, ça fera du bien. Techniquement, j'ai ni le droit d'écouter trop fort mes documents audios ou vidéos personnels, ni de fumer. Surtout pas d'ailleurs. Pour fumer, il faut sortir, et aller minimum sur le parking. Sauf que ces cons d'architectes, ils ont foutu le parking à l'autre bout de la cour et que, manque de bol, je suis un putain de branleur. Tant pis pour eux, au moins j'ouvre la fenêtre, et j'ai du déo dans mon sac j'crois. Je sais pas ce qu'il fout là, mais temps qu'à faire, ça couvrira les preuves de mon crime odieux.

Mon briquet est en fin de vie. Je le sais, il met dix plombes à allumer le bout de ma clope. Faudra que j'en rachète un. Normalement les filles devraient pas tarder à arriver. J'ai laissé la porte ouverte. Quoi ? Y'a personne, c'est une heure de cours durant laquelle elles avaient toutes les deux un trou. Prof absent, cours reporté ou j'en sais foutrement rien. Ça nous arrangeait tous les trois, on a chopé les deux heures, faut qu'elles soient productives. À la rigueur, même si elles étaient occupées, j'aurai pu leur faire des dispenses. Alors ça, c'est bien un truc formidable, les dispenses. J'peux en faire autant que je veux, pour tous les motifs du monde. J'aurai pu mettre "kidnappé par des extra-terrestres", je suis sûr que tout le monde serait passé à côté. C'est juste magnifique d'être prof des fois.
Y'a quelqu'un dans l'encadrement de la porte. Je sais pas comment, mais j'ai toujours su sentir ce genre de truc. Comme une présence derrière mon dos, tu sais. Un truc, tu te sens épié. Ça, même quand tu bouffes, c'est gênant. Alors imagine là, pendant que je fume dans la salle des profs en ayant mis au taqué Feeder. Montrer l'exemple, ils ont bien choisi leur poulain, les mecs. J'te jure.

- Une des deux demoiselles pour le thème du bal ? Tu t'es pas trompée d'endroit, t'inquiète. Si t'es gênée par la fumée, j'finis vite, t'en fais pas.

Bon. Je sais pas qui c'est, ni à quoi elle ressemble. Ni même si c'est l'une de celles que j'attends. J'aurai pas l'air con, comme ça, tiens.
Je me retourne, ou pas... ?

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On se croirait dans un film, dans un de ces moments étranges, pseudos-mélancoliques et en même temps, assez envoûtants. Il faut avouer que la scène a du charme. Un homme beaucoup trop jeune, beaucoup trop punk, beaucoup trop fascinant pour être professeur, accoudé nonchalamment à la fenêtre, à fumer une clope, sous un air languissant de Feeder dont même les paroles s’accordent au quasi-tragique de la scène.

And how will you be when rain clouds come and pull you down again?
How will you feel when there's no one?


Ah, on va encore dire que je suis poétique.

Non, en vérité, je suis surtout perplexe. Ce rendez-vous à la salle des profs était sensé aboutir à la rencontre avec un… prof, sans grande surprise. M.Aimilia pour être plus précise. Personne ne me fera croire que ce personnage complètement invraisemblable juste sous mes yeux est professeur. Le seul entretien d’embauche qu’il aurait pu passer sans se faire recaler d’emblée, c’est un poste pour un groupe de métal, punk, ou autre barbarie, peut-être. Sérieusement, un gars troué comme ça, on ne le laisse pas passer le portail d’une école, si ?

- Une des deux demoiselles pour le thème du bal ? Tu t'es pas trompée d'endroit, t'inquiète. Si t'es gênée par la fumée, j'finis vite, t'en fais pas.

Peut-être que si, finalement. Notons la voix éraillée par la cigarette, pour parfaire le personnage.

« Vous… Vous êtes M.Aimilia ? »

Pardon mais j’ai encore du mal à y croire. Je n’ose pas trop m’avancer, quelques pas seulement dans ce temple sacré qu’est la salle des professeurs. Je n’ai jamais compris pourquoi elle était si farouchement interdite aux élèves. Le moindre coup d’œil à l’intérieur nous vaut des regards suspicieux et dissuasifs, comme si on était forcément malintentionnés. En comparaison, étrangement, cet homme me tourne mollement le dos, tout concentré qu’il est sur sa cigarette, je pourrais voler les sujets des prochains examens qu’il ne me verrait même pas. D’ailleurs, je ne suis pas sûre qu’il ait le droit de fumer à l’intérieur de l’établissement, mais ce n’est pas à moi de le lui faire remarquer. C’est la règle tacite du fonctionnement hiérarchique, le droit à ouvrir sa gueule pour protester n’est pas le même.

« Ca va aller pour la fumée, ça ne me dérange pas. »

Mensonge. Je déteste l’odeur de cigarette. Ca me rappelle certains coins de Rabat où on ne pouvait pas faire un pas sans respirer du goudron et entendre des rires gras d’hommes qui n’avaient rien à faire de leurs journées mis à part boire et interpeller deux ou trois femmes qui passaient. Des odeurs de fumée, de transpiration, de pollution. C’était sur mon chemin pour le collège, je courais presque pour me débarrasser de ces senteurs immondes et cette ambiance malsaine.

Je m’assois sur une chaise déjà tirée et m’accoude à la table, en rabattant mine de rien mon écharpe sur la moitié de mon visage, mains sur les joues, pour me protéger discrètement de l’odeur.

« Je suis bien venue pour le thème. Une autre fille est sensée venir aussi, elle m’a demandé de vous prévenir qu’elle aurait du retard. »

Jambes croisées, je bats machinalement du pied le rythme de la musique qui emplit encore la pièce. Gretel, viens vite, parce que là, je suis un peu mal à l’aise.



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« C'est à nous de tout inventer. »

Il me faudrait une fleur.

Une pâquerette, une connerie, pour pouvoir l'éplucher et savoir si je me retourne ou pas. Si le nombre de pétales est impair et que je commence par "je me retourne", peu importe le nombre je devrais me retourner. Si c'est pair, je me retourne pas. Les arracher deux par deux changerait rien, c'est à partir de trois par trois que ça devient intéressant. J'ai que deux options, pas de trio donc, et c'est vachement long d'éplucher une fleur quand même. Surtout une rose par exemple. Ou alors un truc original, ce serait de prendre ces trucs, tu sais, que quand tu souffles dessus ça s'envole. J'les appelais les fleurs parachutes quand j'étais gamin. Bref tu les prends, tu souffles dessus, et si t'arrives à les souffler toute d'un coup c'est je me retourne. Ouais c'est pile ou face mais avec une fleur quoi. Mais tout est mathématique, y'a pas vraiment de hasard. Et même dans le hasard il y a les probabilités, alors est jamais sûr et puis merde, j'me retourne.

Oh putain. Une Fatma.
J'ai rien contre les Fatmas, qu'on soit d'accord. Mais... Je bouffe un bacon-fromage. Je bouffe du bacon quoi. Puis j'ai pas envie de me priver de mon bacon pour elle parce que... Parce que Fatma quoi. Bon, elle est pas voilée, c'est déjà ça. Quoique l'école est laïque, encore heureux, et puis elle aurait pas accepté de retirer le voile si elle était originaire d'Iran, d'Arabie Saoudite ou d'Afghanistan. J'y ai jamais mis les pieds, mais de voir comment les femmes sont traitées et de voir comment elles se traitent elles-même ça me tue. Non, non non, si elle est là c'est bien qu'elle a rien à voir avec ça, si ? J'en sais foutre rien putain, mais j'veux pas céder mon bacon. D'ailleurs j'étais persuadé que les Fatmas adoraient le maquillage, mais là... soit elle en porte pas, soit il est supra discret, parce qu'elle a pas l'air en plastique comme les autres. 'Fin ça me va bien de dire ça, j'me maquille les yeux des fois, mais quoi, un trait noir et on a fait l'tour. Là, 'fin peut-être que je dis de la merde hein, Capitaine Cliché en personne, je sais, mais j'ai l'image de la Fatma avec ses grands yeux de biche, ultra-maquillés mais toujours très beau, très précis, vu qu'on voit que ça avec leur niqab, ou burqa, j'confonds les deux. Non, t'as pas la grille devant les yeux avec le niqab, c'est ça ? J'sais plus.
On s'en fout.

Monsieur Aimilia, mais faut arrêter les gens, m'enterrez pas tout de suite. Monsieur, j'ai pas trente ans alors calme-toi, tout va bien. D'ailleurs je sais pas si c'est moi, mais elle fait toute jeunette Fatma. Elle doit être au lycée, en fin de lycée, début université. Putain ça remonte en fait, elle a raison, j'suis un vieux, ça craint. Je connais rien de ces filles, d'elle et de l'autre qui doit venir. Ma collègue qui m'en a rapidement parlé m'a dit qu'il y avait une tête de classe en informatique et une artiste peintre qui faisait aussi tutrice, mais elle m'a pas dit si c'était des Fatmas. Quoique j'm'en fous, c'est pas comme si ça allait changer grand-chose. Hé mais attends, j'suis con, peut-être qu'elle aura des idées pour le bal, genre un bal Mille et une nuits et tout. Chouette.
Elle me présente, comme si je savais pas qui j'étais, mais c'est pour se faire une idée de qui je suis. Normal, on s'est jamais vu avant. Je souris. Y'a de quoi, elle a l'air paumée la pauvre, j'vais pas la bouffer. Quoique ouais, j'conçois qu'avec mes piercings ça doit faire bizarre. Puis bon, c'est pas tous les jours qu'on croise un espèce de punk à bonnet en train de fumer dans la salle des profs, et qui en plus fait ça presque en toute légalité. Dit comme ça c'est très attractif.

- En personne.

Petite courbette, le bras tendu pour pas que la cendre de la clope tombe à l'intérieur de la salle. Je tire pendant qu'elle réplique que la fumée ne la dérange pas. Ce serait bien la première, tiens. J'connais pas grand-monde que ça ne dérange pas. Les camés H24, les drogués, et au final c'est tout. Même moi je pourrais pas vivre avec cette odeur de tabac incrustée partout. J'ai fait un aquarium une fois, c'était la seule et unique. Trop affreux. T'as juste l'impression d'étouffer.
Elle s'installe, elle fait bien, et moi je me presse pour pas qu'elle attende trop longtemps que l'adulte responsable que je suis finisse sa connerie. Le monde à l'envers, ça doit être elle l'intello.
J'adore sa peau. J'adore sa couleur plutôt. J'adore ces coins là, de toutes façons, tout ce qui est dans le soleil, tout ce qui dore, qui cuit, j'sais pas, j'aime ça. J'essaye de l'habiller avec un niqab mais j'y arrive pas, parce qu'elle est vraiment jolie et qu'elle a pas besoin de se cacher pour seulement montrer ses yeux maquillés. Pas besoin. Par contre si elle a vraiment vécu toute sa vie non-voilée dans un pays ou elles le sont toutes, elle a du en voir des vertes et des pas mûres avec tous les mâles en rut des environs. Tu penses, une gamine mignonne qui montre sa gueule c'est pas commun. Putain que j'aime pas ça.
L'autre fille à la bourre, mmh ? Ouais, c'est bien le propre des peintres d'arriver quand ils veulent. Ma foi on fera avec, c'est pas comme si j'avais jamais été à la bourre de toute ma vie. D'ailleurs si ça se trouve elle a une vraie raison d'être à la bourre, enfin, j'me renseignerai auprès de la Vie Scolaire si jamais elle tarde trop ou ne vient pas.

- Je finis, hein, pardon. Et pitié, appelles-moi... J'sais pas, Dymas, Thais si vraiment ça se fait pas d'appeler un prof par son prénom, mais pas monsieur, c'est moche.

Ah ça pour la mettre à l'aise, bravo mon vieux, tu reçois la palme. Ce que je peux être con moi des fois, cette pauvre gamine est toute seule face à un espèce de truc fumeur métalleux-punk je sais pas quoi et toi qu'est-ce que tu trouves à répliquer ? M'appelles pas monsieur. T'es sérieux, c'est bien le seul truc auquel elle peut se rattacher pour te prendre au sérieux. Non mais moi des fois, faudrait me battre pour que je capte.
La roulée se consume rapidement, en partie parce que je tire dessus comme un fumier, et j'arrive à la fin. Je sais pas où la jeter pas contre. Pas de cendrier, je jetterai pas non plus dehors, c'est dégueulasse, bon, ben j'vais la garder avec moi, je la jetterai dans la piaule. Je l'éteins en pressant le bout entre mes doigts et ferme la fenêtre. Direction sac, où j'attrape un mouchoir, première fois de ma vie que j'en ai un quand j'en ai besoin, et je cache le mégot dedans, le roule, et le fait disparaître dans ma poche. Très bien. Feeder se calme, j'éteins, qu'on puisse travailler. Si c'est une intello elle doit être branchée livres et silence total, ça va être marrant tiens. Boh comme ça j'aurai pas à réfléchir, elle fera tout le boulot. Cet esclavagisme, quand même.

- Deux secondes, réajuste ton masque à gaz.

Masque à gaz en référence à son écharpe. On dirait, un peu, quand même. À la façon dont elle l'a enroulée, tout ça. Et le déo est sorti. Ce sac me sauve la vie quand même, aujourd'hui, j'le remercierai en le lavant. Un jour. J'retourne près de la fenêtre, l'ouvre, asperge le coin, referme. Ça devrait aller. Je vais m'asseoir, tirant la chaise un peu n'importe comment et fermant le sac correctement par contre. L'ordi est face à moi, je le décale pour pouvoir avoir mon vis-à-vis dans mon champ de vision. Manquerait plus que je la regarde pas, tu sais, le mec qui en a vraiment rien à foutre.
Je sais pas aborder les gens. 'Fin, je suis pas sympathique. Et là, c'est pas faute de vouloir essayer, mais on n'est pas en cours et j'ai pas à être distant, ou agressif. Putain.

Le fichier ouvert sur l'écran me souffle que ça doit être elle, Tasnim Haddou. L'autre, Gretel, ça ne lui va pas. Je sais pas. J'en suis sûr. Me gratte la nuque pour la peine.

- J'ai un keffieh qui t'irait bien. Il est jaune orangé, mais très pastel. Ce serait joli avec ta peau.

Blanc, parce que t'es qu'un putain d'incompétent. En plus avec ton haleine de clopeur, j'te raconte pas comme elle doit aimer.

- On va attendre un peu... Gretel. Si jamais elle tarde trop, il faudra tout de même commencer, on doit rendre notre verdict au plus vite. L'administration, tout ça. Tu es Tasnim Haddou, c'est ça ? La prononciation, c'est pas trop catastrophique ? Pardon si j'écorche, j'ai du mal avec l'accent grec, et je suis pas bilingue arabe. Et puis... Ça te gêne si je finis mon sandwich ? Il y a du bacon dedans...

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Monsieur Aimilia, en personne et en courbette, même. Je ne me suis donc pas trompée, cet homme est bien un enseignant. Je sais qu’il ne faut pas juger les gens au premier coup d’œil, comme ça, sans les connaître, juste sur leur apparence, leur cigarette à la bouche ou leur bouteille de bière à la main, mais là tout de même, j’ai du mal. Ses élèves doivent le surnommer GTO entre eux, c’est sûr... Mais passons sur la référence discutable.

- Je finis, hein, pardon. Et pitié, appelles-moi... J'sais pas, Dymas, Thais si vraiment ça se fait pas d'appeler un prof par son prénom, mais pas monsieur, c'est moche.

Ah non, encore mieux, ils l’appellent par son prénom. A ce stade, avec toute la nonchalance et la coolitude qu’il dégage, ça ne m’étonnerait même pas de le croiser un jour dans le gymnase à se faire un match avec ses élèves, comme s’il était leur simple pote. Ou même derrière la cour à fumer un joint dans un coin en parlant gonzesses avec eux. Je parie mon prochain billet d’avion pour le Maroc que ce Monsieur Dymas Aimilia Thais ou je ne sais quoi a une horde de fans derrière lui. Des mecs qui le trouvent trop cool, des filles qui piaillent qu’il est canon… Ah oui, j’entends ça d’ici. Le pire –ou le meilleur ?- c’est que je suis également certaine que ses cours se passent pour le mieux du monde, tellement tout le monde l’aime et l’admire. Par contre, il doit se faire haïr chez les profs, avec autant de succès. C’est sans doute pour ça qu’il fume dans leur salle, sans scrupule. Un acte de rébellion, sans doute. Une façon de s’imposer, de marquer son territoire, comme un adolescent qui fait exactement le contraire de ce que ses parents lui interdisent. D’ailleurs, je parie qu’il était ce genre d’adolescent rebelle. Une ancienne racaille, même, comme on en trouve des masses dans cette académie, mais une racaille assagie, puisqu’il est devenu prof. Une façon de purger ses bêtises de jeunesse ? Peut-être qu’un jour il a compris que faire la racaille, c’était bien trente secondes, mais que ça n’allait jamais remplir son assiette. Ou peut-être qu’il a rencontré un homme, un énigmatique mais très charismatique renégat qui lui a ouvert les portes de la sagesse… Mais quel est donc ce mystérieux évènement dans sa vie qui l’a conduit à ce revirement soudain, cette brusque prise de conscience du véritable sens de la vie ?

Et je me rends compte qu’avec toutes ces divagations cérébrales tout autant stupides et clichées les unes que les autres, je n’ai pas encore répondu à sa remarque et je dois avoir l’air bien stupide.

« Euh… Vous êtes sûr ? Enfin je veux dire, j’ai pas l’habitude, mais… Ok. »

Je n'ai pas l’habitude et ça me met mal à l’aise, d’ailleurs, mais je ne me permettrais pas de contester un prof, par principe. Ce n’est pas le premier qui préfère être appelé par son prénom, mais à chaque fois, j’ai du mal. Peut-être parce qu’on m’a particulièrement bien inculqué le respect des enseignants, avec des méthodes qui feraient sans doute pâlir les plus tâtillons. Mais bon, si cet homme se fiche des classiques de politesse, soit. J’espère juste que mes automatiques « Monsieur » ne vont pas m’échapper, et que le vouvoiement ne le dérange pas, parce que ça va être difficile de me faire céder là-dessus.

Je le regarde faire son petit manège avec le déodorant, sans faire le moindre commentaire. A voix haute, du moins. C’est effarant de voir à quel point il agit comme un adolescent des plus classiques. Moi qui croyais naïvement qu’en devant adulte, on finissait par assumer nos conneries. Lui, en tout cas, n’assume visiblement pas de fumer ici, et pourtant, c’est pas la maison de ses parents, personne ne va surgir de derrière la porte en hurlant « J’en étais sûr, tu fumes en cachette ! »… Ceci dit, je me demande si un avertissement ou une menace de la direction n’est pas plus effrayant, ou du moins, plus lourd de conséquences.

Par contre, je me suis faite cramer pour l’écharpe, et ça, c’est gênant. Je le baisse légèrement, mine de rien. Un masque à gaz ? Non, je ne vois pas du tout de quoi vous parlez. Enfin, je suppose que c’est trop tard.

Puis vient la remarque du keffieh, et mon écharpe remonte aussitôt pour masquer mon embarras. Je suis sûre que je rougis. Non mais il est drôle à dire des trucs comme ça, lui, c’est gênant ! Et complètement inattendu, surtout. La première phrase qu’il me sort passé les politesses, c’est une remarque sur ma peau. Je sais pas comment je dois le prendre. Elle lui plaît, ma peau, peut-être ?

« Ah bah… Merci. Je veux bien le voir à l’occasion, alors. »

Mais y aura pas d’autre occasion, noooon, ce type est beaucoup trop bizarre !

J’essaye de me détendre, parce qu’après tout, objectivement, il n’y avait rien de louche dans sa phrase. C’est juste moi qui me fait vite des idées, stupide que je suis. Prends-le comme un compliment, Tasnim, voilà. Heureusement que je sais me contrôler devant les gens.

- On va attendre un peu... Gretel. Si jamais elle tarde trop, il faudra tout de même commencer, on doit rendre notre verdict au plus vite. L'administration, tout ça. Tu es Tasnim Haddou, c'est ça ? La prononciation, c'est pas trop catastrophique ? Pardon si j'écorche, j'ai du mal avec l'accent grec, et je suis pas bilingue arabe.

Je souris un peu. Je sais pas s’il a dit ça pour me détendre, mais ça fait déjà beaucoup plus effet que son histoire du keffieh. Je ne compte plus les gens qui m’ont demandé à mon arrivée à Volfoni comment se prononçait mon prénom, par souci de bien faire. Le problème, c’est que c’est difficilement prononçable pour quelqu’un qui n’a pas l’habitude des phonèmes arabes. Comment expliquer ça ? On dit « Tesnim » avec un t comme dans « tiens », un i allongé et « H’dou » avec un h expiré. Allez débrouille-toi avec ça, mon gars.
Au final, je réponds toujours la même chose, sur le même ton amusé, avec la bonne prononciation :

« On dit « Tesnim H’dou ». Mais Tasnim Haddou ira très bien, je n’exige pas de vous que vous vous mettiez à l’arabe. »

Ca serait un apprentissage de bien longue haleine, croyez-moi, même moi je n’ai pas terminé.

-Et puis... Ça te gêne si je finis mon sandwich ? Il y a du bacon dedans...

Là par contre, je ne peux retenir un rire, sous mon écharpe. En fait, il est plutôt drôle… Je réfléchis quelques secondes à ma réponse. Ca aurait été un élève, j’aurai hurlé « COMMENT ? MAIS TU MANGES DU PORC ? VADE RETRO SATANAS ! » avant d’éclater de rire par terre et de le rassurer un peu plus sérieusement. Ca va, quoi, je ne vais pas m’évanouir à la vue d’une tranche de bacon. Je ne suis pas allergique au porc, ou « porophobe » ou je ne sais quoi, sous prétexte que je suis musulmane. Enfin, pour ce détail religieux, théoriquement, il n’en sait rien, c’est pas écrit sur mon front. Il a juste pu deviner que j’étais arabe, l’un n’entraîne pas forcément l’autre. Mais bon, on a tous des préjugés.

« Tant que vous ne me touchez pas avec, ça va. Je fais un rejet massif au porc. Un simple contact ou une trop forte proximité, et c’est la catastrophe, vraiment pas beau à voir. Des éruptions cutanées, de l’asthme… C’est ce que vous attendiez comme réponse ? »

Je ne l’ai pas dit sur un ton méprisant, bien au contraire, mais j’aurais pu. Je connais des gens qui auraient mal pris ce genre de remarque. Moi, ça me fait plus rire qu’autre chose, je peux pas m’empêcher d’ironiser dans ces cas-là, j’espère qu’il ne le prendra pas mal.

Puis je me souviens d’un détail qu’il a évoqué précédemment, et je rajoute, histoire de poursuivre la conversation, puisque Gretel ne semble pas encore décidée à arriver :

« Vous parlez le grec, vous avez dit ? »



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« C'est à nous de tout inventer. »

Tesnim H’dou, alors. Rien que ça.

Elle aurait pas pu s'appeler Fatma ? Je maîtrise, ça, Fatma, c'est facile. Meuh non, mademoiselle elle peut pas m'épargner, elle peut pas être sympa, elle peut pas me mentir pour me faire plaisir, bien sûr que non. Ah, mon Dieu Dymas que tu es con. J'ai toujours été très reconnaissant envers le créateur de l'espèce humaine de ne pas l'avoir doté du don de télépathie. Ça aurait été vachement pratique à des moments, mais imagine que l'autre, s'il est ton égal, peut le faire aussi. T'imagines toutes les conneries qu'il pourrait savoir, qu'il pourrait entendre ? Ça craint quand même. Et en plus, la notion de secret serait impossible à concevoir, pas plus que celle de l'intimité, de transparence... La loose quoi. Donc finalement, la télépathie, c'est bien mais que quand c'est pour toi. Fatma par exemple, je sais pas comment elle réagirait en m'entendant l'appeler Fatma (d'ailleurs ouais, tu m'excuseras si tu m'entends, mais je peux décemment pas t'appeler autrement que Fatma avec un nom pareil) mais elle le prendrait sans doute super mal. 'Fin qu'est-ce que j'en sais, je la connais pas, et je lis pas dans ses pensées. En plus si ça se trouve elle s'en fout, elle me prend juste pour un rigolo qui a eu son poste en passant sous le bureau parce que vu ma gueule je peux pas être honnête, ou alors elle me trouve trop kiffant et tout. Ce serait bien la première tiens, j'fais pas partie des sex-symbols, ici. Tant mieux d'un côté.

Les gens me prennent pas au sérieux. Pas tout le monde du moins. J'ai réussi à me faire respecter sans problème. Je suis un gars dont la gueule inspire pas trop la sympathie, et si tu m'emmerdes tu sais très bien que je t'attendrai dans le parking pour te briser la nuque. C'est vrai que j'ai que ça à foutre. Mais bon, je comprends, la crête, les piercings, tout le reste, c'était pas fait pour faire joli, quoique moi j'me trouve super avec. Pas beau attention, j'm'appelle pas Narcisse, j'ai pas la prétention de me trouver irrésistible, ni même beau. Juste, je me plais comme ça, tout troué, tout piquant, tout moi finalement. Je ne me changerai pas, c'est pas possible, et puis j'ai pas envie. J'continuerai à faire peur aux gens du coup, tant pis pour eux s'ils arrivent pas à passer outre. Moi j'suis tellement gavé de stéréotypes que je regarde la personne, je commère dessus, et après j'apprends à la connaître, un peu comme tout le monde. Mais je reste pas longtemps sur mes préjugés. Je les connais, j'me marre en m'imaginant Fatma avec sa burqa, Rodrigo avec son sombrero et Chang avec sa calculette, et s'ils sont assez intelligents pour en rire et comprendre que je suis pas si con, ma foi, ce sont tous mes copains. Faut pas être coincés du cul non plus, c'est sûr.
Ouais en plus elle a pas tort, j'suis con, le porc va pas lui sauter à la gorge pour la contaminer. Pauvre Fatma, j'suis vraiment nul des fois, faudrait que je m'excuse. Mais ça craint, je sais même pas prononcer son prénom, et quoi qu'elle en dise, moi j'aime pas buter sur le nom des gens. Juste, ça se fait pas. Elle a très bien dit Aimilia, bon tu m'diras c'pas bien compliqué tout de même c'est tout bête, surtout quand c'est écrit dans l'alphabet latin, mais je veux pas buter sur son nom. Juste, c'est pas Tasnim son prénom, c'est pas Fatma non plus, on n'a pas gardé les cochons ensemble, j'me permettrai pas de l'appe... Mais pourquoi ils disent garder les cochons, ces cons, aussi ?!
N'empêche qu'elle est marrante cette fille, j'l'aime bien. Moi qui pensais que j'allais tomber sur des coincées complètement obsédées par le travail... Enfin ça fait trente secondes qu'elle est là mais au moins, elle a pas l'air trop pressée de sortir. Après t'être que je me fourvoie complètement et qu'elle prie de toute son âme pour que je ferme ma gueule ou pour qu'elle puisse sortir de là. Courage demoiselle, il reste encore une heure cinquante à passer avec la bête. La bête qui attaque le sandwich, du coup, hein, parce que c'est pas comme s'il avait faim mais presque. Allons bon. Je lui souris, je sais pas pourquoi, pour la remercier de me laisser manger peut-être. Et puis qu'est-ce que je m'en fous, j'ai pas de raison spéciale pour faire la gueule non plus, alors autant sourire.

- Lígo. Enfin, c'est ma langue maternelle, mais ça fait longtemps que je ne l'ai pas pratiqué finalement. Depuis que je suis en Amérique en fait, j'ai jamais rencontré d'autres grecs. Il doit y en avoir, oui, mais après je suis pas à chercher mes semblables partout où je vais. Disons qu'à Volfoni, je n'ai pas eu l'occasion de tomber sur autre chose que de l'anglais, puisque les cours se passent en anglais. Et il y a quand même une majorité d'élèves et de membres du personnel américains.

Mis à part ça, t'aurais pu te contenter de dire que t'étais tellement con que t'avais oublié de parler grec et que maintenant tu en chiais un max pour le faire. Ça aurait prit quoi, deux secondes, tu l'aurais pas emmerdé avec toute ta vie, bref que du bonheur. Bah ma foi, au moins elle s'est pas endormie, c'est déjà bien.
Quoique je dis ça mais en fait, j'ai pas vu tant d'arabes que ça par ici. Y'a bien le black de l'équipe de volley, mais il est pas arabe, lui, si ? Je le verrai plutôt originaire d'une île en fait, genre Comores, ou Seychelles, une truc dans ce genre. Après, T... Tas-, non, Tesniii- Fatma, c'est la première que je vois vraiment. 'Fin les autres sont pas invisibles, je sais, mais c'est la première à qui je cause en tous cas. Et elle a pas l'air méchante, ni chiante, ni merdeuse, ni agressive pour un sou. Non, j'l'aime bien, elle est cool. Quoi qu'il en soit ça rattrape un peu ma bourde avec le keffieh, bien que je maintienne qu'il lui irait super bien, alors je la choperai dans un couloir ou quoi et je lui filerai. Normalement il est propre, mais ça m'empêchera pas de le relaver si nécessaire. Il est dans ma piaule après tout, avec tout ce que je peux cloper à l'intérieur ça m'étonnerait pas qu'il soit encore imbibé de l'odeur du tabac froid. Dégueulasse. Et pourtant j'ouvre toujours la fenêtre quand je fume, justement parce que je déteste cette odeur, et pourtant on sait que j'en fume du bordel. Très sincèrement ça veut rien dire. Je pourrais pas vivre dans un intérieur qui sent la clope partout. D'une parce que tu morfles vraiment tout le temps, et de deux parce qu'on a beau dire tout ce qu'on veut, ça schlingue, un point c'est tout. Enfin bref.
Ouais, j'penserai à ce keffieh du coup.

- Au risque de paraître indiscret, je sais que l'arabe est différent selon le pays. Tu es plutôt... Wajdi Mouawad ? Kateb Yacine ? Tahar Ben Jelloun ? Mahmoud Darwich ? Nastradhin... Attends, j'vais y arriver, Nasreddin Hodja ? Quoique peu importe, ils sont tous cools. Tasnim H'doo. Non, toujours pas, désolé.

On dirait que je m'étouffe avec mon sandwich quand je parle arabe. Pourtant l'albanais ça ressemble à rien, crois-moi, j'pensais être rôdé mais en fait j'suis une quille. Franchement l'anglais à côté c'est rien du tout, et pourtant je suis arrivé aux Etats-Unis en parlant un espèce d'anglais-grec-espagnol chelou qui ressemblait à rien, en même pas six mois j'étais bilingue. Mais ils sont cons aussi, pourquoi ils peuvent pas se mettre d'accord sur leur langue ? C'est comme les espagnols, tu vais au Mexique c'est carrément le foutoir, et même en Espagne ils parlent pas tous l'espagnol pareil, non mais tuez-moi. En Grèce on parle le grec, et notre langue est tellement moche que personne nous la pique, et c'est très bien comme ça. Non mais j'te jure, ce bordel.
D'ailleurs c'est ma dernière bouchée. Fuh, j'aime pas spécialement manger, mais là c'était cool, c'était bon, enfin les bonnes choses comme les mauvaises ont une fin. J'engloutis le tout, m'étouffe à moitié, pas grave je survivrai. Et puis je la regarde avec de grands yeux. Enfin, je la regarde. J'ai pas l'air débile, tu sais.

- Tu... J'te fais pas trop peur ? 'Fin avec ma tronche, j'conçois que ce soit pas facile de me considérer comme un prof, ou comme quelqu'un de sérieux.

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Et il se jette sur sa cochonnaille, maintenant que je lui ai donné ma bénédiction. En même temps, qu’est-ce que je m’en fiche… C’est pas moi qui encaisse la désapprobation divine. Il ira régler ses comptes avec Dieu tout seul, quand le jour sera venu. S’Il nous a donné le libre-arbitre, ce n’est pas moi, petite mortelle, qui vais m’octroyer le droit de le retirer aux autres. Je peux bien en penser ce que je veux, mais en attendant, il fait ce qui lui semble juste, ce monsieur.

Je me garde de tout expliciter, bien entendu. Je me vois mal m’exclamer « Je t’en prie, mange du porc. Mais tu vas le payer un jour, hahaha ! ». Même si je le pense très sincèrement, c’est typiquement le genre de jugements gratuits que j’évite d’exprimer à voix haute. C’est l’exemple même de la pédagogie menaçante que beaucoup de parents utilisent, pour éduquer leurs enfants, du genre « Attention, si tu fais ça, tu iras en enfer », et qui se solde très souvent par un échec si l’enfant grandit sans explication supplémentaire. Moi j’ai eu la chance d’avoir eu une famille qui a préféré la méthode douce, celle du dialogue et de la réflexion. Les menaces ne nourrissent pas la foi, elles la rendent juste lourde à porter. Alors vous imaginez pour quelqu’un qui n’a pas la foi, à la base ? Ca serait ajouter des kilos sur une charge qu’il ne ressent pas. Absurde.

Je réponds machinalement à son sourire, en me recentrant sur la discussion. Je ne connais pas un seul mot de grec, je suis même complètement ignorante de cette culture. Je sais juste situer la Grèce géographiquement, et encore. Au Maroc, on connaît de l’Europe la France, principalement, héritage colonial oblige. L’Espagne, également, pour des raisons historiques. L’Angleterre, de langue et d’importance mondiale, disons. Le reste, c’est plus beaucoup plus flou et schématique.

« C’est vrai… Mais bon, l’origine américaine n’existe pas à proprement parler, ils viennent tous d’ailleurs. C’est un peu un melting pot de plusieurs nations différentes, en fait, avec une prédominance européenne, d’après ce que je vois… Ceci dit, je n’ai jamais vu de grecs par ici non plus, je pense qu’il ne doit pas y en avoir plus que des arabes, on est à peu près dans le même cas, en fait ! »

Eh oui, la population arabe se compte sur le bout des doigts, ici, elle a préféré se loger plutôt en Europe, ou au Canada. Au niveau religieux, c’est le même phénomène. J’ai lu un article à ce sujet, récemment, où j’ai appris que les musulmans étaient moins nombreux que les mormons sur le sol américain, c’est dire ! Ceci dit, ce qui est bien, c’est que même avec une telle diversité religieuse, personne n’embête personne, ici. Ils prennent très à cœur leurs amendements, dont ceux qui garantissent la liberté de culte. Tu peux te promener en burqa intégrale sans souci, l’Etat se fait un devoir de te donner le droit de le faire, au nom de la laïcité. Ce qui est drôle, c’est qu’au même nom, en Europe, certains pays l’ont interdit, apparemment ! J’ai du mal à saisir toutes les raisons de ces divergences entre deux continents qui défendent pourtant les mêmes valeurs. Un jour, peut-être que je me pencherai sur la question, mais la politique de façon générale, ce n’est pas trop ma tasse de thé.

« Mais c’est tout de même dommage que vous perdiez votre langue maternelle… » je rajoute, après quelques secondes de silence.

Après il ne va pas se mettre à parler à un mur pour garder le coup de langue, c’est sûr. Si je continue de parler arabe ou berbère, c’est essentiellement grâce à mes fréquents retours au bercail.

- Au risque de paraître indiscret, je sais que l'arabe est différent selon le pays. Tu es plutôt... Wajdi Mouawad ? Kateb Yacine ? Tahar Ben Jelloun ? Mahmoud Darwich ? Nastradhin... Attends, j'vais y arriver, Nasreddin Hodja ? Quoique peu importe, ils sont tous cools. Tasnim H'doo. Non, toujours pas, désolé.

Ouh la. Références littéraires, de toute évidence. J’ai reconnu quelques noms d’auteurs, mais pas tous. Il faut croire qu’il s’y connait mieux que moi en matière de littérature arabe, la honte, hahaha... Je n’en laisse rien paraître, heureusement pour moi, j’ai reconnu le marocain qui se cachait dans la liste. C’est étrange comme façon de poser la question, un simple « Tu viens d’où ? » m’aurait suffi, mais bon, ce gars est de toute évidence pas très commun.

« Haha, bizarre comme façon de demander… Je suis plutôt Tahar Ben Jelloun, alors. Enfin, si je devais vraiment être précise, je dirais aucun de ceux que vous avez cités. Je suis née de parents berbères. On est marocains aussi, du coup, mais comment dire… C’est un peu à part… Disons que c’est un peu la même chose qu’entre les corses et les français, je sais pas si vous voyez. Y a pas de vraies tensions nationalistes en soi, mais on a quand même des traditions différentes et une langue différente aussi. Je parle mieux le berbère que l’arabe, d’ailleurs, mais ça va, j’ai pas de problème à parler les deux couramment. Mais euh… On n’a pas de littérature, nous, le berbère ne s’écrit pas, c’est juste un dialecte, en fait. Mais, en vrai, même l’arabe dialectal marocain ne s’écrit pas, on écrit seulement en arabe littéral, c’est la langue qui est commune à tous les pays arabophones. Du coup, bah… Kateb Yacine et Tahar Ben Jelloun écrivent dans la même langue, en fait. »

Donc la question était d’autant plus bizarre. Et si avec tout ça, je ne l’ai pas embrouillé, on pourra me décerner une médaille. Dès que je commence à me lancer dans des explications à l’improviste, c’est toujours comme ça, je parle trop, je m’embrouille, alors que je sais au fond de moi ce que je veux dire. J’aurais du me contenter de dire « marocaine » et fermer ma gueule, ça aurait été plus simple.

Son effort pour tenter de prononcer mon nom m’arrache un sourire à la fois amusé et désolé pour lui. C’est dans ce genre de moment que je suis contente d’avoir eu la chance d’apprendre l’arabe au berceau, naturellement, sans faire trop d’efforts. Je n’imagine pas le calvaire que ça soit être pour les gens qui ne sont pas nés dedans, mine de rien, c’est l’une des langues les plus difficiles… Ils sont fous ceux qui veulent apprendre l’arabe pour le plaisir. Complètement masochistes.

« Pas grave, prononcez-le comme vous pouvez, c’est pas dramatique. Et puis c’est plus drôle comme ça. »

Non, je me fous absolument pas de votre gueule, je ne vois pas de quoi vous parlez… Bon ça va, j’ai la politesse de me retenir quand même.

- Tu... J'te fais pas trop peur ? 'Fin avec ma tronche, j'conçois que ce soit pas facile de me considérer comme un prof, ou comme quelqu'un de sérieux.

Oh bah tiens ! Je m’y attendais pas, celle-là ! Alors comme ça, il se rend compte qu’il fait flipper avec un accoutrement pareil ? C’est déjà ça. Reste à savoir s’il le fait délibérément ou non, maintenant.
Je reste silencieuse quelques secondes, le temps de réfléchir à une réponse pas trop abrupte ni trop hypocrite. Il m’a surprise, je dois le reconnaître. Je ne pensais pas qu’il me demanderait mon avis sur son apparence. Il est en pleine crise d’identité, peut-être, il doit avoir du mal à assumer son rôle de professeur, considérant son aspect juvénile et rebelle revendiqué, son irrespect des règlements -je tiens une cigarette pour preuve- et son attitude relativement cool. Je ne sais pas s’il arrive à se faire respecter pendant ses cours. Sans doute, mais sûrement pas de la façon dont un professeur classique le fait.

« Eh bien… C’est pas que ça fait peur, mais disons que ça surprend, au premier abord, et ça ne met pas trop en confiance, c’est sûr… Mais si vous êtes prof ici, c’est que vous devez en avoir les compétences, c’est pas une cravate en plus ou en moins qui va les changer. »

Prudente, la Tasnim, prudente.

« Pourquoi ? Vous pensez que j’ai peur ? »

Ca serait pas complètement faux, ceci dit. Enfin, mal à l’aise serait le meilleur terme, mais ça n’est pas spécialement de sa faute. Je suis comme ça avec les gens que je rencontre, en général, j’ai du mal à me sentir bien dès le départ, et plus encore si ce sont des adultes. Lui, en plus de tout ça, il est quand même un peu spécial, et comme je suis facilement déroutée, je produis très certainement une impression qui m’échappe… Du coup, c’est moi qui doute, maintenant.




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« C'est à nous de tout inventer. »

Elle est cool. C'est décidé.

J'sais pas pourquoi mais j'souris. Y'a pas de raison de tirer la gueule non plus, tu me diras. Mais les gens ont tendance à avoir les babines qui pendouillent, par ici et même ailleurs. Pourtant c'est plus sympa de discuter avec quelqu'un qui sourit, quelqu'un qui donne un minimum l'impression d'être heureux d'être là, en vie, à l'air ou pas, mais juste, quelqu'un de content. J'ai pas de problème majeur, j'ai pas de gênes, j'suis pas en deuil, je suis en présence d'une jolie fille intéressante avec qui partager des histoires, même si elles sont connes, j'ai pas de raison de tirer la tête. Décidément, non, j'suis content et elle est cool.
Elle réagit pas trop mal en me voyant. Elle a pas l'air trop, trooop dérangée. Elle est surprise, ma foi, c'est plausible. C'te question piège. Je sais que c'est la merde de répondre à ce genre de demande. J'suis un être humain, j'suis pas sensé faire aussi peur que ça, parce que dans le fond elle est moi, biologiquement, on est semblables. Et puis j'ai pris plaisir à me faire des trous partout, qu'est-ce que tu veux que je te dise. Tas... Tesnim, elle a pas l'air ni tatouée ni percée, et grand bien lui fasse, c'est normal de pas vouloir se charcuter la peau pour une notion d'esthétisme qui plaira pas à tout le monde. Puis elle en a pas besoin, sa peau est vraiment super jolie. D'ailleurs en parlant de ça, c'est complètement con que ce soit mal vu de sortir avec des élèves. En plus dans la puritaine Amérique, si tu fais un compliment à une gonzesse c'est forcément que tu veux la canner. Alors que non, les filles peuvent être jolies et se faire complimentées gratuitement, les lesbiennes elles peuvent le faire, un peu moins les mecs parce qu'ils sont genre avares en compliments, mais pourquoi les hétéros ils devraient fermer leur gueule devant une jolie fille ? C'est clair que si on parle d'agressions, de sifflements ou de conneries du genre faut pas l'faire, mais eh, ça va, y'a des mecs qui savent se tenir. 'Fin j'crois. J'espère, parce que c'est à cause des enculés qui savent pas le faire qu'on est tous considérés comme des connards. Et j'en fais partie, des gens considérés comme des connards, t'as vu ma gueule ? Y'a pas si longtemps les punks c'étaient les ennemis de la société, alors forcément qu'on peut pas être romantiques ou galants quand on a ma face, c'est bien connu. C'est vraiment l'foutoir, j'te jure.

Voilà pourquoi j'lui demande. Avec ma boulette de tout à l'heure, j'veux pas qu'elle pense que j'veux l'agresser ou quoi. Mais c'est un fait : sa peau elle est jolie, désolé, mais j'vais pas mentir. Mais là n'est pas la question, elle est plutôt Ben Jelloun, c'est forcément une gonzesse géniale. Déjà parce qu'elle connait de nom, au moins, en plus parce qu'elle vient de chez lui. Putain d'enfoiré, si ça c'est pas la classe. Bon, ça aurait été encore plus énorme si elle avait été libanaise, parce que Wajdi Mouawad c'est quand même le daron toutes catégories confondues, mais Ben Jelloun est pas mal dans son style, eh. J'suis content sérieux.

- Mmh... Je ne pense pas que tu ais peur. Tu es suffisamment grande pour savoir que c'est pas la tête qui fait la personne, mais pendant longtemps les mecs qui avaient mon style ont été considérés comme des moins que rien, des casseurs, des drogués... J'ignore s'il y en avait beaucoup chez toi, en Grèce pas des masses, mais quoi qu'il en soit je ne veux pas que tu es une mauvaise image. Surtout que je suis pas la personne la plus délicate du monde, je dis n'importe quoi des fois, alors bon...


Et je parle que de moi aussi, j'ai oublié de préciser. Quoi qu'il en soit, on doit écouter la discussion. J'avais pas vu l'heure, il est déjà dix, on a assez attendu l'autre, il faut absolument qu'on avance. Faut pondre des idées pour ce thème de bal.

- Et tu n'as pas tout à fait juste. Les ancêtres de Tahar Ben Jelloun étaient berbères. Enfin ! ...


Y'a un bruit dans le couloir. J'aime pas les bruits dans le couloir. C'est qui ? J'le vois pas. C'est t'être l'autre qui débarque à la bourre. Je lève le regard, la tête, j'perds mon sourire. J'aime pas les bruits dans le couloir.

- Timide ? Tu peux t'approcher, on te mangera pas.


À moins que ce soit un énorme beignet. Si c'est du cochon il a rien à craindre, sauf moi. Mais si c'est un beignet, je suis sûr qu'on sera deux sur le coup. Tout le monde aime les beignets.

[HS : Robin, c'est à toi donc, et Tasnim répondra à ta suite. Normalement ._.]

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Ça faisait longtemps que Robin n'avait pas eu d'heure de colle. Trop apparemment pour ses professeurs. L'un d'entre eux rectifia le problème en décrétant que Robin faisait définitivement n'importe quoi dans son cours et qu'une heure de plus à ne rien faire serait des plus appréciables pour lui remettre les idées en place. La grosse blague. Après on se demandait pourquoi il détestait les cours.
Mais la vraie grosse blague vint un tout petit peu plus tard, lorsqu'il reçu son billet gratuit pour une heure de détention. Il n'allait pas la passer comme d'habitude dans la salle prévue à cet effet, à se tourner les pouces et à compter les minutes qui le séparait de la fin. Non, il allait devoir aider un professeur à trouver un thème pour le bal en participation avec deux autres élèves. Pardon ? Un bal ? C'était quoi encore cette histoire ? Depuis quand Volfoni organisait des bals ? Le directeur avait fumé ou quoi ? Encore une idée stupide de fillettes en mal d'amour qui était certainement venu pleurer auprès de l'administration pour avoir cette faveur.
Encore une soirée qui finirait à vingt-trois heure avec tout le monde sur son trente-et-un. C'était ridicule de bien s'habiller pour ce genre de soirée, comme si tout le monde était riche et classe. Comme si tout le monde savait danser la valse. Pourquoi pas du foie gras sur des petits pains pendant qu'ils y étaient ? Ils allaient engager un orchestre aussi histoire de faire bien kitsch ? Quiiiiiiii veut valser sur du Mozaaaaart ? N'importe quoi. On savait tous que leurs soi-disant ''bals'' n'étaient rien d'autre que des booms pour adolescent en manque de fête ou de musique trop forte.
Par contre cette année il allait participer à trouver un thème pour la soirée. Ça aussi c'était une blague. Personne de sain d'esprit ne laisserait Robin trouver un thème pour un bal, ça risquait de finir en ''toutes les filles en pompom girls''. Le thème ''strip teaser'' était bien aussi remarque, pas besoin de payer cher en costume. À chaque demi-heure on retirait un vêtement. Ça ferait fureur pas de doute ! En tout cas il fallait pas qu'il y ai de DJ, Robin détestait les DJs. C'est vrai quoi ! On avait déjà des musiques pour danser, inutile de s'acharner à les gâcher en les coupant, faisant des répétitions sans intérêt ou bien de faire déraper la platine juste pour le plaisir de faire un petit scratch qui n'apportait strictement rien à la chanson.
Naaaaan mais on savait tous comment ça allait finir, le thème ça allait être les soirée chic, les papillons, les arcs en ciel, les poneys ou un autre truc de ce genre, fallait pas se leurrer. Surtout si les deux élèves avec qui il devrait trouver le thème était des filles. Et c'était qui le prof ? Aimilia ? Connaissait pas. Ou vaguement peut-être. Sans doute déjà entendu parlé, mais il ne s'occupait pas des sportifs en tout cas. Ça n'avait aucune importance. Il ne le verrait qu'une ou deux heure puis ne le recroiserait plus jamais de sa vie, comme ça aurait du être.
C'est dans cet état d'esprit qu'il alla jusqu'à la salle qu'on lui avait assigné sur la papier de sa colle, les pieds traînant vaguement par terre et la tête dans les nuages en s'imaginant ce qu'il pourrait faire au lieu d'aller à cette colle. Manger un sandwich au McDo, aller voir un film avec des potes ou une personne qui aurait bien voulu l'accompagner... Avant d'entrer dans la salle il s'arrête, hésitant. S'il voulait faire demi-tour c'était maintenant. Peut-être que Elyas était au terrain de basket et qu'il pourrait faire quelques shoot avec lui.
-Timide ? Tu peux t'approcher, on te mangera pas.
Trop tard. Retenant un soupire, Robin apparaît dans l'embrasure de la porte et fait quelques pas à l'intérieur. À l'intérieur se tenait le prof le plus atypique que Robin ai jamais vu accompagné d'une élève apparemment d'origine arabe. Avec lui ils formaient l'équipe de choc qui allait trouver un thème pour ce stupide bal. Le lycée était foutu.
-Euh... Salut. Je m'appelle Robin, on m'a demandé de venir vous aider pour le thème du bal.
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 - Mmh... Je ne pense pas que tu ais peur. Tu es suffisamment grande pour savoir que c'est pas la tête qui fait la personne, mais pendant longtemps les mecs qui avaient mon style ont été considérés comme des moins que rien, des casseurs, des drogués...


Je hoche la tête à ses paroles, plutôt mitigée. La vérité, c’est que j’ai un peu le même genre de préjugés. En rentrant, je ne me suis pas dit « Oh mais ça doit être un gars formidable, celui-là ! ». Non, je me suis sincèrement demandé comment il avait réussi à obtenir un poste de professeur, parce que oui, avec ses piercings de partout, il n’inspire pas vraiment confiance. On a tous en tête l’image du punk violent, pas forcément casseur ou drogué, mais pas très recommandable non plus. On n’y peut rien, c’est dans l’imaginaire collectif. Le tout est d’essayer de dépasser ces idées préconçues, et voir ce que vaut la personne. Souvent, tu tomberas effectivement sur le dangereux mec pas recommandable, mais parfois, on a l’agréable surprise de se tromper, et ma foi, tant mieux ! Il y a du bon et du mauvais partout, indépendamment du style vestimentaire des gens.  Ce prof en tout cas n’a pas l’air dangereux, finalement. Après je ne le connais pas plus que ça, mais s’il se préoccupe de son image et qu’il tente de combattre les préjugés, c’est déjà un bon point je trouve.

« Ca va, je suppose qu’on ne confie pas le poste de professeur à n’importe qui. Vous ne m’avez pas l’air d’être un casseur ou un drogué… Ou alors, seulement un drogué de la cigarette ! » j’ajoute, pour détendre l’atmosphère.

J'ignore s'il y en avait beaucoup chez toi, en Grèce pas des masses, mais quoi qu'il en soit je ne veux pas que tu es une mauvaise image. Surtout que je suis pas la personne la plus délicate du monde, je dis n'importe quoi des fois, alors bon...


Je hausse les épaules. Tiens, puisqu’on en parle, il a plutôt de la chance d’être dans un pays où ce style est quand même relativement accepté. Chez moi, il se serait senti bien exclu, et de façon claire et nette. On ne fait pas dans l’hypocrisie ou le politiquement correct.

- Et tu n'as pas tout à fait juste. Les ancêtres de Tahar Ben Jelloun étaient berbères. Enfin ! ...


Je hausse les sourcils de surprise. Ca, je ne le savais pas. Enfin, ça n’est pas si surprenant que  ça, au fond, la plupart des marocains ont des origines berbères plus ou moins lointaines. J’allais répondre, mais l’arrivée d’un autre élève m’interrompt. Je me retourne avec un sourire, avec l’espoir de voir Gretel se présenter enfin, mais… Non. Ca n’est pas elle.

-Euh... Salut. Je m'appelle Robin, on m'a demandé de venir vous aider pour le thème du bal.


Robin, Robin, Robin… Oui oui, je me rappelle, on est en même année. J’ai du le croiser pendant certains cours. Mais comment ça on lui a demandé de venir aider ? C’était Gretel  qui était sensé nous rejoindre ! A moins qu’on ait élargi le cercle sans prévenir ? Dans tous les cas, l’absence de Gretel me chiffonne. Je regarde discrètement mon portable pour voir si elle ne m’a pas envoyé de message d’annulation à la dernière minute. Déception, il n’y a rien… Je verrai ça avec elle plus tard.
Je relève la tête vers le nouvel arrivant et me présente brièvement :

« Tasnim, on est en même année, je crois. Bon, bah je pense qu’on peut commencer, tant pis pour Gretel, peut-être qu’elle nous rejoindra plus tard… »

Je jette un œil au prof, voir si j’ai son approbation, puis sort un papier et un stylo de mon sac. Comme la bonne élève organisée que je suis, j’écris en gros « Thème du bal » en entête, l’encadre proprement et reprend :

« Vous avez des idées ? Ca serait bien qu’on lâche toutes nos propositions, puis on choisira après par vote, par exemple. Ca vous va ? »

J’aime diriger les opérations dès qu’il s’agit d’un travail de groupe. J’ai tendance à stresser quand je délègue le travail aux autres. 
 



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« C'est à nous de tout inventer. »

Robin ? C'est qui ça Robin ? C'est un français, y'a qu'en français que ce prénom est potable. Je trouve. Puis je sais pas, il a un accent que je connais. Comme si ça m'était pas tout à faire inconnu, sans doute un coin que j'ai déjà visité. J'suis allé en France plusieurs fois, j'ai fait un peu tout le pays d'ailleurs, il est beau. Le Sud en été c'est le rêve, il fait beau, y'a de la flotte, des festivals et des concerts partout, c'est classe. Mais là, lui, Robin, peut-être qu'il vient de Nouvelle-Orléans, on parle un français assez peu répandu, cet espèce de français des bayous qui ressemble à rien, mais bon il paraît que c'est du français. Je sais pas trop, on va dire qu'on s'en fout.
J'avais pas prévu de Robin moi, j'sais pas d'où il sort. On m'a demandé de vous aider à trouver cette merde ouais, d'accord, mais c'est qui on ? C'est qui le connard qui m'a envoyé une grenouille pour nous aider ? Enfin bon, sachant que l'autre gonzesse s'est sans doute fait la malle -au grand désespoir de Ta... Tesmin, Machine quoi, ça se lit dans ses yeux- un cerveau supplémentaire ne sera pas de trop. Mais ça aurait été sympa de prévenir quoi, au moins pour lui rajouter une note de présence et de participation. Je laisse la fille se présenter, le convier à s'asseoir.

- Robin comment, si je peux me permettre... ? Pas contre toi, mais j'en ai besoin pour ma feuille de présence. Et vu qu'on ne se connait pas...

Fatma me lance un regard, me rappelant que c'st moi qui ai l'activité sous ma charge. Je lui réponds par un sourire sur lequel elle peut lire : "Mais oui, on va se mettre au boulot, heureusement que tu es la seule à t'en soucier réellement et merci du fond du coeur d'être là", et convie du menton le nouveau à prendre une chaise et à s'installer avec nous.

- Et tu me diras qui t'a envoyé participer à cette activité, s'il te plaît. Mais ne perdons pas de temps. Robin, je te conseille d'être motivé. Tasnim, tu notes ce que l'on dit en vrac, on fait comme tu as proposé.

J'aurai bien besoin d'un pétard pour m'aider à trouver des idées marrantes. Oh tiens.

- Je doute qu'un bal sur le thème de la ganja soit toléré, surtout s'il y a dégustation. Après, je doute que le reggae soit du goût de tous... Plutôt un thème sur un événement, un période de l'Histoire, plutôt que par rapport à la musique. La Renaissance c'est vu et revu, pourquoi pas le Burlesque ? Comme dans un cabaret, quoi. Ou les Mille et une Nuits, avec un conteur et tout ! Ou alors une soirée karaoké, pas besoin de s'emmerder avec les tenues du coup. Enfin pas trop. Ou alors par rapport à la bouffe ! Vous connaissez la raclette ? C'est français, c'est du fromage qu'on fait fondre, on pourrait faire une raclette géante. Tu connais Robin ?

Laisse-les un peu parler, quand même.

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La fille s'appelait Tasnim et prétendait être en même année que lui. Moui, c'était possible mais il ne s'en rappelait pas vraiment, elle ne devait pas être dans le même cursus que lui. Elle voulu se mettre au travail immédiatement et il faillit soupirer à cette idée. Elle et lui n'allaient pas s'entendre si elle commençait comme ça, il détestait travailler. Cependant il paraissait difficile de protester avec le prof dans la pièce, surtout qu'il venait ici pour une colle. Pendant qu'elle préparait ses affaires, le prof lui demanda la raison de sa présence ici et qui l'avait l'avait envoyé.

-Robin Dubois, je vous l'épelle pas, il est marqué sur mon papier.

Il lui tendit sa convocation d'heure de colle où toutes les informations qu'il souhaitait y étaient notées, y compris la raison de sa présence et le nom du professeur. Il répondit tout de même à la question par politesse et pour ne pas se faire mal voir dès le début par l'enseignant avec lequel il allait devoir passer une ou deux heures.

-C'est le professeur de physiologie qui m'a envoyé ici, M. Marsh.

Un professeur qu'il n'avait jamais pu apprécier de toute façon, et c'était bien réciproque. Les propositions d'Aimilia le firent sourire. Ce prof était un junkie, il n'y avait plus aucun doute là-dessus dans le cerveau plein de cliché de Robin. Lui-même était un gars cliché, ce n'était donc pas étonnant qu'il pense en cliché remarque. Les thèmes sur l'histoire ou les Mille et une Nuits lui plurent assez et le burlesque aussi, par contre la raclette était proprement ridicule, surtout en sachant que les Américains n'étaient pas vraiment de gros mangeurs de fromage en général. La soirée karaoké aurait pu être une idée, mais il doutait qu'elle plaise à tout le monde.

-Je connais oui, mais je préfère la fondue savoyarde ! Je suis pas sûr que ça soit une bonne idée pour un bal par contre, mais l'idée d'une période de l'Histoire ou les Mille et une Nuits me plaît bien. Pourquoi pas la guerre de sécession ? Ou bien la Grèce ou la Rome antique ? Les déguisements seraient sans doute moins galère à trouver que pour la renaissance ou le burlesque. Sinon on peut le faire sur le cinéma, cow boy et indien, un film en particulier, le japon antique aussi...

Tous les thèmes n'étaient pas des bonnes idées, mais il fallait en trouver le maximum au début pour avoir un assez large choix ensuite et pouvoir faire une sélection plus tard. C'est toujours comme ça que fonctionnait les choix de thème de toute façon, il fallait d'abord balancer le plus de trucs possible avant de choisir le bon, comme ça ils étaient sûrs d'avoir pensé à tout. Comme autre thème bateau il y avait les sports, les années soixante, soixante-dix et quatre-vingt, les travestis, Halloween, les bals masqués... mais il en laissait un peu aux autre aussi, il n'aimait pas être le seul à parler. Surtout pour travailler.

Il se trouva une chaise sur laquelle il s'assit, à côté de Tasmin pour voir ce qu'elle notait ou pas et pour le simple plaisir de poser ses fesses. Rester debout pendant une heure ne lui aurait pas plu, surtout pour un sujet pareil. Il n'était pas particulièrement motivé par ce bal, il n'était même pas sûr d'y aller malgré l'opportunité pour mettre la main sur une fille que ça représentait, ce genre de soirée n'était pas vraiment intéressante.

-Quelqu'un a une idée des horaires qu'aura ce bal ?

Tant qu'il y était, autant se renseigner un peu.
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