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 «A drawing is simply a line going for a walk» [Adriel Lespérance & Alexander Taylor]

Adriel Lespérance
c h a c o u i l l e n i n j a z o m b i e
Adriel Lespérance
Âge du perso : 22 ans
Activité : Arts plastiques
Spécialité : Dessin au plomb, fusain et encre de chine
Fonction : Universitaire
Poste spécial : Freak de service
Avatar : Nuvat - SirWendigo
Doubles-comptes : Prudence Vang
Messages : 1599
Date d'inscription : 13/04/2013
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J’suis con. Non mais, j’suis con. C’est simplement pour vous en avertir, comme ça, il n’y aura pas de surprise, hein. Toujours la tête en l’air, en train de tout oublier… Ouais, ça c’est moi. J’ai bien entendu la femme de mon père m’avertir avant que je parte pour l’académie me dire qu’ils ne seraient pas là, ce soir, donc que je ferais bien de ne pas oublier mes clés. Mais devinez un peu ce que j’ai oublié, ce matin? Pas ma passe de bus, ni mon lecteur mp3 ou mon téléphone, non, pas mon carnet de dessin ou mes crayons… mes clés. Mes putains de clés. On dirait que lorsqu’on me rappelle de ne pas oublier des trucs, mon cerveau prend ça pour de la psychologie inverse. «Ah ouais, Adriel, on t’a dit de ne pas oublier tes clés? Ben je vais faire en sorte que tu les oublies, ça risque d’être marrant.» Non! Non, cerveau, c’est pas marrant, parce que du coup, je ne peux pas retourner chez moi. Une véritable partie de plaisir! Et qu’est-ce que je fais, moi, là? J’imagine que je vais devoir rester un moment, en attendant que cette bande de piments revienne à la maison et que je puisse m’enfermer dans mon sous-sol. Et s’ils ne reviennent pas, je vais entrer chez moi par effraction et risquer que les voisins croient que je suis un serial killer en voyant ma tronche et appellent la police. Ouais. Super. C’est géant.

J’arpente donc les couloirs du lycée, la musique à fond dans les oreilles, me demandant ce que je peux bien foutre. Tiens, je pourrais aller à cet endroit, là, la morgue? On dit que c’est hanté, là-bas. Bien sûr, j’y crois pas, mais ça pourrait être intéressant à voir, glauque à souhait… Puis je me ravise. Bah, non, ça sert à quoi? Il va faire noir comme dans le cul d’une vache, là-bas, je pourrai même pas dessiner ce que je vois. Merdique, quoi. À la cafet’? Non. Je ficherais quoi, là-bas? Y’aura sûrement pas de sportif à brûler avec mon café, cette fois-ci. Je fais quoi, merde? J’vais rejoindre les autres casseroles dans leur salle commune? Nan, quand même, c’est impensable. Ouais, je les traite de casseroles. Casseroles parce qu’ils ont la tête vide et qu’ils sont bruyants. Alors bon, je continue à me creuser la tête. Les cours sont terminés, tout le monde a foutu le camp. Puis je me souviens que j’ai encore mon projet de dessin à terminer, dans la salle d’art. Ouais, ça pourrait être une idée. Dessiner en écoutant de la musique, quoi de mieux pour passer le temps? J’espère vraiment que la salle n’est pas encore verrouillée, y’a toujours bien des limites à ne pas avoir de bol.

Donc cap vers la salle d’arts, au deuxième étage du lycée. Je tourne la poignée, qui ne semble pas verrouillée, et j’entre dans la pièce. Vide. Un sourire victorieux étire mon visage. Eh ben voilà, maintenant, attendre ne sera pas un calvaire! Je me dirige directement vers l’endroit où les profs entreposent nos travaux en construction, et je mets la main sur mon dessin, qui représente une créature humanoïde vomissant des fils électriques, ses yeux cachés. Ma propre vision de l’humain régurgitant tout ce qu’il voit à la télé, et aveugle à toute pensée ou action autonome. Bon, c’est peut-être pas clair au premier abord, mais c’est ce que j’ai voulu représenter, et je me fiche des commentaires négatifs. Je l’aime, ce projet, et le prof de dessin m’a dit que j’avais un concept intéressant et criant de vérité et d’émotions intenses. Ça m’a motivé. Je m’assois donc à une table – n’importe laquelle – sort de mon sac mes crayons et commence à dessiner, hypnotisé par les mouvements de ma propre main et par la musique jouant dans mes oreilles. Mais… Un bruit. Un seul malheureux bruit, me fait sursauter, faisait déraper mon crayon sur ma feuille. Un trait de travers, un trait laid... Je soupire, irrité.

-Ah, fuck!

Je ne suis pas très subtil. Ce juron, je le dis bien haut, en effaçant la partie de mon dessin qui a été endommagée par de trait merdique. Trait merdique qui a été causé par un bruit soudain. Je me retourne, les écouteurs toujours sur mes oreilles, pour voir qu’une personne est entrée dans la salle. Eh bien, je ne suis pas le seul gars qui s’enferme seul dans des locaux à des heures où tout le monde est censé être ensemble. Ouais… ensemble… bande de casseroles.


Spoiler:
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✖ La journée n'est pas encore finie, il me reste encore une heure devant moi, et malgré le fait que je n'ai pas du tout envie d'y aller, je reste raisonnable et décide de terminer ma semaine en parfait étudiant sérieux. J'attends de prendre des repères dans ce bahut qui est plus grand que le dernier établissement que j'ai fréquenté avant de faire le malin à sécher les cours et me balader dans un bâtiment que je ne connais pas bien. Fort heureusement pour moi, je suis passé du nouveau paumé, au petit nouveau mignon que l'on aime bien aider. Je suis passé d'inconnu à très populaire en l'espace d'une semaine, et bien que j'aime qu'on me regarde, être autant entouré en si peu de temps est assez fatiguant. Mais qui suis-je pour me plaindre, c'est dans ma nature d'aimer être remarqué. D'ailleurs, j'ai pris quelques marques depuis mon arrivée grâce aux gentilles jeunes demoiselles qui m'ont grandement aidé en m'indiquant sur le plan, les salles avec leurs noms, et leurs professeurs en supplément. Je sais également quelques petites choses sur les professeurs que je serais susceptible d'avoir dans mes matières. Mais ça, c'était en début de semaine, maintenant, j'apprends plus à retenir le nom des demoiselles qui me fournissent un coup de main que les prénoms des gens de ma section. Je n'ai pas envie de me confondre avec eux, j'aime tout de même garder une certaine distance avec les personnes de mon entourage, même les jolies poules qui me tournent autour. En général, les gars ne me parlent pas beaucoup, je suis sans doute trop bizarre, trop imbu de ma personne de leur point de vue pour qu'ils osent m'approcher, alors que je ne pense pas être quelqu'un de bien superficiel. Ce n'est qu'un masque que je porte, et il me va si bien qu'il est difficile pour moi de l'enlever.

Je suis assis en tailleur sur ma chaise, alors que le cours se déroule à une vitesse de tortue. Le paysage me donne envie de le dessiner, avec quelque chose de trop irréel. Je prends une feuille et sors mon crayon de la poche de mon pull violet aux quelques rayures couleur poussin, pour ensuite remarquer qu'il serait temps que je change mon fidèle partenaire de dessin car à force de le tailler, il commence à être petit. Je continue de regarder par la fenêtre, alternant celle-ci et la feuille devant moi. J'en oublie que je suis en histoire – géographie mais ce n'est pas bien grave, je ne trouve pas ça bien intéressant. Les traits de mon crayon commencent à fondre sur le papier immaculé de blanc, tandis que de mon autre main, libre, je desserre ma cravate noire de ma chemise blanche à gros points cyan. Geste que je fais machinalement, qui signifie que je suis concentré. Qui signifie que j'ai oublié l'endroit dans lequel je suis actuellement. Une main claque sur ma table et un gros trait gris foncé déforme mon dessin, pourtant bien commencé. La mine de mon crayon rend l'âme alors que le professeur me fusille de paroles que je n'entends même pas. Ma mine de crayon est cassée … Je suis entre la crise de nerfs : péter un plomb, foutre la table par terre, et sortir du cours en insultant cet abruti qui a cassé la précieuse mine de mon crayon ; et rester calme : attendre qu'il finisse son caca boudin en fermant gentiment ma bouche. J'opte pour la deuxième solution qui est, je pense, la plus judicieuse pour une première semaine.

Son engueulade terminée, je regarde mon pauvre petit crayon qui vient de se faire décapiter à cause de mon précédent sursaut et un soupire désabusé passe la barrière de mes lèvres. Le professeur n'a pas le temps de rajouter quelque chose que la sonnerie retentit : je m'en vais déjà, le sac sous le coude, avant que ça ne finisse mal. S'il y a bien un truc que je ne supporte pas, que je déteste, c'est qu'on m'interrompe dans un moment de concentration comme celui que j'ai eu, que la mine de mon dernier crayon en vie se casse, et que mon dessin soit fichu à cause d'un professeur qui exige le silence dans son cours, mais qui n'est encore pas content que l'on s'occupe autrement. EN SILENCE. Un autre soupire soulève ma poitrine alors que je marche le long des couloirs vitrés de l'académie, pensif. Je gardes mes lunettes à monture noire et à carreaux carrés sur mon nez, puisque de toute façon je compte bien continuer de dessiner, une fois que j'aurai trouvé un nouveau crayon. Je ne pouvais même plus tailler le précédent défunt car il était vraiment petit, et je n'aurais jamais pu le prendre entre mes doigts ensuite. C'est avec une lueur d'espoir que je quitte alors les couloirs en direction du dortoir de la gente masculine et que j'entre dans ma chambre sans prendre le soin de regarder si mon roommate est présent. Je regarde dans mon tiroir : rien. Dans mon armoire : rien. Dans mes différentes vestes : rien. Dans le fin fond de mon sac : rien. Je désespère alors que l'envie de dessiner envahit tout mon être. Je n'ai qu'une idée en tête : dessiner, coûte que coûte.

C'est alors que la salle la plus appropriée aux arts plastiques fait surface dans ma tête d'oiseau. Pourquoi suis-je aussi bête ? Il y a des crayons là-bas, et je pourrais en emprunter un le temps que je fasse passer mon irrésistible envie de dessin. Avec le sourire aux lèvres, je retourne dans le bâtiment principal pour chercher la salle des arts. Je réfléchis quelques minutes, puis arrête un groupe de filles passant pour leur demander où se trouve cette cachette à trésors. Elles sourient et me répondent poliment que c'est au deuxième étage. De mon plus beau sourire, je les remercie et d'une marche rapide, je me dépêche de gagner ma destination. Je croise quelques visages quelques fois déjà croisés et les salue d'un signe de la main, sans m'arrêter, précisant que je suis pressé. Ce qui n'est pas totalement faux, je deviens fou lorsque je ne peux pas dessiner. J'ai même décider de terminer mon projet puisqu'il est resté dans la dite salle, je ferais d'une pierre deux coups comme ça. Je soupire, soulagé par cette idée soudaine, et ouvre la porte afin d'entrer dans la pièce. Je me surprends à ne pas regarder autour de moi, presque obsédé par le fait de trouver un crayon valide, quand j'entends un « Ah, fuck!  » qui résonne dans l'espace que je croyais vide.

Je m'arrête dans mes gestes, et confus, j'adresse un sourire rapide à la personne que j'ai dérangé. Je retourne à mes occupations, cherchant le fameux crayon tant désiré, et cherche mon dessin parmi les autres, dans un silence religieux. Je le sors et le pose sur un pupitre assez loin de la personne déjà présente et réfléchis quelques instants en fixant les traits fins sur le blanc de la feuille. Je suis sur le point de finir la bête représentée mais quelque chose ne me plaît pas : c'est trop réel. Il manque quelque chose, ma touche personnelle, LE truc qui fait ma particularité. L'élément si propre à ma personnalité décalée n'est pas présent, et c'est ce qui me gêne. Assis sur le tabouret, en face de ce dessin presque achevé, je n'ai toujours pas bougé, complètement parti ailleurs, à la recherche de quelque chose qui pourrait le rendre unique. Et puis une idée me vient. Je prends mon crayon en main, joue un peu avec avant d'effacer les traits qui ne vont pas, l'image de MA perfection en tête.
Adriel Lespérance
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Je fixe la partie de mon dessin que j’ai dû effacer, légèrement excédé. Non, je ne vais pas me mettre à gueuler après le malheureux qui est entré dans la salle pour la même raison que moi, apparemment. Après tout, je n’avais qu’à être légèrement moins concentré sur ce fichu dessin. Non, je suis en beau pétard contre moi-même. First, j’oublie mes clés, me retrouvant donc dans l’obligation de rester dans cette putain d’académie, et second, j’ai dû effacer la partie la plus ardue de mon dessin. Et tout ça à cause de ma tête en l’air. D’habitude, j’assume cette propension à être dans la lune, mais là, elle me fait chier royalement. Je soupire bruyamment, passant ma main dans mes cheveux et augmentant le volume de mon lecteur mp3. Allez, Adri’, au boulot, et fais en sorte que ce soit encore meilleur que ton premier essai. Fais pas ta tapette et dessine-moi ça. Oui, je me traite moi-même de tapette, mais j’suis gay, alors j’ai complètement le droit de traiter qui je veux de tapette, y compris moi. Surtout moi, en fait. Y’a personne à part moi-même qui va me traiter ainsi sans de lourdes conséquences.
Je me mets donc au travail, un peu plus motivé qu’il y a trente secondes, et j’oublie tout. Non, ce n’est pas comme oublier mes clés : c’est un oubli tout à fait sain. J’oublie que je suis forcé à rester dans cette établissement pour un temps indéterminé, j’en oublie jusqu’à la présence du mec qui est entré et qui m’a fait rater une partie de mon dessin. Il faut dire qu’il se fait plutôt discret, et c’est tant mieux. C’est ce qui fait que j’aime tant dessiner : je plonge dans mon univers, dans mes pensées, je suis concentré à reproduire mon imaginaire sur papier et toutes mes préoccupations se volatilisent. Heureusement que c’est comme ça. Oui, heureusement. Parce que je ne sais pas comment j’aurais pu vivre jusqu’à présent, et j’exagère à peine. Si je n’avais pas hérité de ce talent, de cet attrait à tout ce qui touche de près ou de loin à l’art, comment me serais-je évadé de ce que je vivais à chaque jour? Comment me serais-je échappé de ma réalité, celle de ma mère dépressive, alcoolique et droguée, ma mère qui se fiche de tout et qui m’a fait vivre dans une relative pauvreté? Oui, je sais comment j’aurais pu oublier : de la même manière que je le faisais occasionnellement. En me droguant et en me saoulant. Donc on dit un grand merci au dessin.
Je devrais peut-être arrêter l’alcool, la drogue et les cigarettes, d’ailleurs. Mais… mais quoi? Moi-même, j’en sais rien. Mais quoi, Adri’? T’es déjà accro? Ça, c’est une réponse que je ne veux pas envisager. Non, parce que ça signifierais que ma mère a réussi à me rendre comme elle. J’veux pas être comme elle… j’veux pas. Non. Je secoue imperceptiblement la tête, augmente à nouveau le volume de ma musique et dessine un peu plus frénétiquement. Dessine, Adriel. Ne pense pas. Tu penses déjà trop. Je m’active donc sur mon dessin, et après un moment, je me rends compte que la partie que j’avais effacée est complètement remise à neuf. Encore plus frappante que la première version. Je regarde le résultat, un sourire victorieux au visage. J’irais presque remercier ce mec de m’avoir fait sursauter : grâce à lui, j’ai su améliorer mon dessin. Mais quand même, c’est un projet : il n’est pas terminé, ce n’était que le croquis au plomb. Je dois le continuer à l’encre de chine. Je me retourne donc dans le but d’aller chercher de l’encre et des plumes de différentes grosseurs, mais je me rends compte que le gars, là, il est assis tout près des fournitures, et ne je n’ai pas tellement envie d’avoir des foutues interactions sociales. Je soupire, me levant tout de même. J’ai besoin de cette putain d’encre de chine, de toute manière. Je me dirige donc vers lui – ou plutôt vers l’armoire où le prof cache ces pots – et choisis mon encre et mes plumes. Malgré moi, je me peux m’empêcher de jeter un œil à la personne assise près de moi et à son projet artistique.
Première chose que je remarque : ce mec, c’est un original. En tout cas, il est plus coloré que moi, avec un style tout à fait différent du mien. Si je favorise les divers t-shirts affichant les logos de mes groupes préférés, mon vieux jean complètement usé et taché d’encre et de peinture et mes fidèles Doc Martens, pour ce gars-là, c’est tout autre chose. Des lunettes carrées à monture noire, une cravate noire, une chemise blanche à gros poids cyans… Ça lui va pas mal. Je ne porterais pas ça, mais ça lui va pas mal. Et puis, ce qui me frappe le plus, ce sont ses cheveux blonds. Exactement le même blond que celui des cheveux de Jake, mon meilleur ami et amant, étant également la personne que j’ai le plus aimée de toute ma vie. Cette couleur me fait automatiquement figer, les pots d’encre et les plumes encore dans mes mains. J’ai sûrement l’air con : vu mon apparence, je ne suis pas du genre à rester surpris devant quelqu’un se démarquant de la masse. Mais c’est ce blond, ce fichu blond! Je ne veux pas trop avoir l’air du pire des imbéciles, alors je pose les yeux sur son dessin, l’air «bah non, j’ai figé parce que je te regardais? Moi? Bah non, tu m’as vu, deux secondes? À quoi tu pensais, mec? J’analysais ton dessin.» Et c’est tout de même ce que je fais : j’analyse, en quelque sorte, ce qu’il fait.
Son style de dessin est également très éloigné du mien, mais j’y retrouve aussi de moi-même, quelque chose qui me ressemble. Tout comme moi, il ne fait pas comme tout le monde. Il s’éloigne de façon inimaginable de la masse, et contrairement aux autres, y met vraiment du sien. C’est le trait de la personne qui vit pour le dessin, ou du moins, qui dessine pour survire. Et ça, je m’y connais parfaitement. Oui, c’est surtout pour ce petit détail que je me retrouve dans son dessin. Je me décrispe et souris.
-Tu mets beaucoup du tiens dans ton dessin. On y retrouve quelque chose qu’on ne verra jamais ailleurs, même pas dans mes propres dessins, et ça, c’est plutôt rare. Faire profondément ressentir sa façon d’être dans une œuvre, c’est tellement important, et je crois que tu l’as parfaitement capté…
C’est sorti tout seul, je crois. Je comprends un peu ce qu’Enora a ressenti, lorsqu’elle a posé, un peu malgré elle, ses yeux sur mon dessin et n’a pu s’empêcher de commenter ce qu’elle a vu. Lorsque notre âme d’artiste croise quelque chose qui la fait vibrer, on ne peut se taire. Je cesse de regarder le dessin du mec et le regarde dans les yeux. Celui-là, il porte des lentilles de couleur. J’ai toujours voulu en porter moi-même, mais mes yeux si noirs qu’on ne peut presque pas différencier ma pupille de mon iris m’en empêchent. Les couleurs ne ressortent pas sur la noirceur de mes yeux. Je remarque également quelques piercings. Pas autant que moi, mais tout de même. J’vais lui donner une chance, le pauvre : seulement au visage, j’en ai cinq, sans compter mes trois écarteurs et mes deux industriels dans chaque oreille. Ouais, je vais lui donner une chance : moi, je suis tout simplement accro aux modifications corporelles. Mais ceux qu’il a lui vont bien, et je suis toujours heureux d’avoir un amoureux des piercings devant moi. Mis à part sa couleur de cheveux, il est totalement différent de Jake… heureusement. Je crois que j’en aurais pété une crise cardiaque.
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✖ Je continue d'effacer quelques zones qui ne vont pas du tout, ressentant un étrange sentiment au fond de mon être. Bizarrement, je n'avais pas vraiment envie de me faire remarquer lorsque je suis entré dans cette pièce. En fait, si j'avais su que quelqu'un était là, je ne serais certainement pas resté. Non pas qu'une présence me dérange mais j'avais envie de me retrouver un peu seul pour savourer pleinement ce début de week-end qui s'annonçait « reposant ». La plupart des élèves rentrent chez eux, et le campus est un peu plus vide que la semaine. Ce qui fait cette ambiance plus apaisante et calme. Seulement, je n'allais pas entrer dans la salle puis repartir aussitôt, sans même avoir pris un crayon ! J'en avais besoin de ce bout de bois, réellement besoin. Je suis peut être obsédé par le dessin, mais c'est ce qui me permet de vivre, et de sortir un peu de ma vie, d'oublier que mon frère aîné est à l'hôpital, alors que moi, je peux marcher, parler, manger, et voir l'extérieur. Lui, il est juste alité, peut être qu'il n'entend pas ce que les médecins peuvent dire sur lui, ou ce que notre mère peut bien lui raconter lors de ses visites régulières. Peut être que j'irai le voir d'ici quelques temps, mais j'ai promis à la maternelle que je ferai tout pour être indépendant rapidement, afin que je m'en sorte tout seul, sans son aide. Si c'était si facile …

Je m'apprête à pousser un soupire, mais me ravise, parce que je ne suis pas tout seul dans ce lieu que j'aime beaucoup. Les odeurs de papiers, de peintures, de feutres, de crayons, et de tout ce qui concerne l'art, emprisonnent l'air présent autour de nous, et je trouve cela vraiment agréable. Je fixe mon dessin qui me paraît trop banal, et indécis, je ne sais plus ce que je dois faire. Pourquoi un animal et pas un humain ? La connerie est humaine, dira-t-on, moi je préfère me dire que l'humain est une connerie. Cette espèce est la plus inférieure jamais connue, et empile les erreurs, comme des cadavres pendant une guerre. Pas franchement joyeux cette image, mais c'est tout à fait ce qu'il se passe depuis qu'ils ont appris la technologie, les armes, mais surtout le nucléaire. Remarque, si tout le monde s'y mettait, on pourrait tous mourir sans rien demander d'autre. Je pense que ce serait un bon moyen pour faire le ménage et reconstruire quelque chose de nouveau. Je fronce les sourcils. Je suis encore parti dans mes pensées, oubliant l'endroit où je suis, détestant toujours autant le genre humain. C'est pour cette raison que mes dessins ne représentent qu'une partie de la réalité. Je prends toujours une base de vérité pour ensuite en faire une totalement fantastique. Par exemple, cette panthère rousse tachetée de points noirs dessinée au crayon sur ma feuille, elle a l'air tout à fait normale. Mais je n'ai tout simplement pas fini de la créer. Une fois que j'aurai apporté mes modifications personnelles, elle ressemblera à tout autre chose. Un animal surnaturel, qui sort d'on ne sait où, d'on ne sait quel monde. Peut être le mien …

Un soupire grossièrement désabusé rempli la pièce précédemment calme, brisant l'air paisible et le silence du lieu. Ce bruit me permet de sortir de mes pensées, mais peut être n'est-ce pas la meilleure des choses ? Je commençais à peine à être concentré sur mon dessin, ou plutôt à ce que les gens pourraient voir de mon interprétation. Juste un fou qui dessine des choses pas très logiques. Un garçon arrivé il y a une semaine, qui est populaire, mais avec un côté artistique complètement décalé. Oui, oui, c'est bien moi, mais je ne m'en vante pas. Le crayon qui tourne autour de mes doigts fins, je réfléchis encore à ce que je vais bien pouvoir ajouté de dément. Hm … Des ailes ? Pas trop mal cette idée. Je regarde la panthère inachevée : il lui manque un œil et une patte. Hm … C'est parti pour les ailes d'abord. Je ferme les yeux le temps d'une seconde et les traits se font d'eux-mêmes dans ma tête blonde. Je fixe de nouveau la feuille blanche, tâchée de traits grisâtres, et pose enfin la mine de mon nouveau crayon sur le papier. Mon but est de faire une aile à plumes rousse, comme la couleur de la robe de l'animal, et d'en faire une autre complètement différente. Si l'une est rousse alors l'autre sera noire. Mais aucune plume ne la couvrira, ce sera sur une base d'ailes de chauve-souris. Bizarre, hein ? Mais c'est tout moi ça. Je dessine donc la base grossièrement, pour donner une forme à l'aile qui sera noire dans le futur. Une fois fait, mes yeux vont se poser sur l’œil manquant. Je n'ai pas besoin de réfléchir quelques secondes pour commencer à dessiner un contour robotisé, au milieu de ce « presque cercle » se trouvera une lueur rouge, en guise d'un deuxième organe visuel. La patte avant sera dans le même style, mécanique, grise.

Absorbé par mon travail, alors qu'il y a encore une vingtaine de minutes je divaguais sur l'espère humaine, je ne remarque même pas les mouvements de l'autre personne dans la salle. Autant dire que je ne suis même plus dans la pièce utilisée pour les cours d'art, je suis ailleurs, je ne vois plus autour de moi, tel un cheval avec des œillères. Pause. Là, c'est vraiment embarrassant. Je me sens comme … Observé, détaillé, fixé. Je tente de faire abstraction de ça, je ne veux surtout pas avoir l'air bête, ou carrément taré. Me retourner, et ne voir personne, pour commencer à me demander si je ne suis pas fou. Je me sens vraiment gêné, c'est un peu désagréable, sans pour autant l'être vraiment. Étrange … Comme si des yeux d'un noir de jais me traversaient le corps, me déshabillaient sans en avoir vraiment l'air. Et puis des mots planent dans la pièce. Une voix passe la barrière de lèvres pourtant fermées la seconde précédente. J'écoute, me figeant sur place. Alors je n'avais pas totalement rêvé. Il y a bien quelqu'un derrière moi, mais depuis combien de minutes ? Me sentant un peu mal à l'aise de l'attention que le porteur de cette voix m'accorde, je me permets de me tourner légèrement pour faire face à cet homme. Autant être poli, et lui répondre.

Si je n'avais aucun contrôle sur moi-même, j'aurai sûrement laissé ma bouche s'ouvrir de surprise. Une agréable surprise tempétueuse. Je ne saurai vraiment dire ce que je ressens en cet instant présent, mais c'est étrange. Comme si je voulais qu'il reste là, qu'on parle, mais d'un autre côté, je voulais juste qu'il s'en aille. Ce sentiment a le don de m'effrayer, je ne sais pas ce que c'est et je n'aime pas vraiment ça. Dans un sens. Le souffle presque coupé devant cette personne au charisme imposant, un « merci » passe mes lèvres avec difficulté, malgré le fait que je parvienne à le cacher avec un sourire, et mon air toujours sûr de moi.
Image qu'il représente, mais sans la femme :
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Je détaille un peu plus le dessin de la personne devant moi. Oui, son style est définitivement très loin du mien : je n’ai jamais fait dans le réaliste. Enfin, ce n’est pas comme si une panthère rousse pouvait avoir des ailes, mais mis à part ce détail, l’animal est d’un réalisme plutôt surprenant. Mes œuvres à moi sont toujours plutôt tordues, représentant un univers décadent totalement imaginaire. Mes peintures, quant à elles, sont surtout abstraites. Je dois bien lui accorder ceci : je ne serais jamais capable de dessiner un animal avec autant de réalisme. Deuxième point que je lui accorde, il ne se contente pas de reproduire la réalité sur papier : il la modifie à sa façon. Peut-être pas de façon aussi drastique que moi, mais on voit bien son univers personnel s’étaler sur cette feuille. Je sais que chaque personne reproduit plusieurs types de dessins, et je me demande à quoi ressemblent les dessins sur lesquels il fait sa catharsis, l’exorcisme de ses sentiments. Ou peut-être ne fait-il pas ça. Peut-être suis-je trop émotif? Jake m’a souvent dit que je vivais mes émotions trop intensément, et que lorsqu’il s’agissait des autres personnes, je m’en fichais comme d’un cadavre de putois qui gisant sur le côté de l’autoroute depuis trois jours. Et là, on me dit que je suis trop insensible… Ces émotions, ou ce manque d’émotion, je dois bien les vomir à quelque part, alors je le fais sur des feuilles et des toiles.
Alors que je fixe son dessin comme une espèce de stalker artistique, je l’entends me dire «merci». Je crois déceler une légère hésitation dans sa voix. Je lève les yeux vers lui, les plantant dans les siens. Je pense l’avoir pris par surprise, tout comme il l’a fait avec moi en entrant dans la salle. Il affiche un air confiant qui contraste avec l’incertitude qui pointait dans sa voix. Cette voix était celle d’une personne quelque peu déstabilisée. Je suis assez habitué d’entendre ce ton sortir de la bouche des gens qui m’aperçoivent pour la première fois. Si son apparence n’est pas très habituelle, la mienne l’est encore moins, alors je peux comprendre son étonnement. En fait, il me donne plutôt l’impression de soigner son apparence physique – beaucoup plus que moi, en tout cas. Personnellement, à part teindre mes cheveux à toutes les deux ou trois semaines, je ne fais pas grand-chose de particulier. Je ne choisis pas mes vêtements avec un soin énorme et, malgré ma coiffure extravagante, tout ce que j’ai à faire de mes cheveux en me levant, c’est de les brosser. Ce mec semble bien aimer agencer ses vêtements, aussi, alors que moi… Aujourd’hui, j’ai moins l’air d’un clochard : j’ai fait exception et je porte un jean noir un peu délavé au lieu de mon fidèle pantalon en lambeaux. J’arbore également un vieux t-shirt vert affichant un zombie laissant voir mes bras recouverts de tatouages. Et mes Doc Martens vertes. Ne jamais oublier mes Docs. Ce gars me donne l’impression d’être un original sans réellement être marginal. Ouais, c’est exactement : original, mais pas un rebus de la société. Ce qui ne peut pas nécessairement l’empêcher d’être sympa. J’ai décidé d’arrêter ces putains de préjugés après avoir rencontré Heather. Je suis devenu ami avec la fille la plus populaire de Volfoni. Qui l’eût cru? Je refrène donc ces foutues arrières pensées et réponds à son sourire en lui souriant en retour de façon toute aussi confiante. Un autre coup d’œil rapide à ses cheveux si semblables à ceux de mon plus cher ami. Quoique les longs dreadlocks de Jake font beaucoup plus négligé, et ça lui va particulièrement bien. C’est bon, leurs putains de cheveux sont différents, je peux arrêter de faire une foutue fixation là-dessus.
-De rien. Au fait, je peux m’asseoir? fais-je tout en tirant tout de même la chaise à côté de lui, m’essayant nonchalamment dessus.
C’est tout moi, ça. Je demande la permission en le faisant. «M’man, je peux prendre ta voiture?» Et je pars en claquant la porte, les clés dans mon poing, n’attendant même pas sa réponse – réponse qu’elle ne pouvait même pas me donner, la plupart du temps, de toute façon. Et puis, je n’ai pas vraiment besoin de sa permission pour m’asseoir là, si? C’est pas comme si cette chaise lui appartenait, et s’il veut que je retourne illico à mon dessin, il a une gueule : il n’a qu’à l’ouvrir et me le dire. Je me demande si je l’ai déjà vu avant, le fixant toujours… Fixer les gens à qui je parle, c’est une manie que j’ai qu’on m’a maintes fois reprochée. On me dit souvent que mes profonds yeux noirs scrutant les visages pendant qu’on s’adresse à moi sont dérangeants. On me dit que mon regard a quelque chose d’étrange, comme si je savais décortiquer leur être entier. La vérité, c’est que je ne suis pas aussi spécial que cela. Je ne peux pas mettre les gens à nu simplement en les regardant. C’est vrai, je suis du genre à analyser chaque parole qu’on me dit, en tirer des déductions, observer le comportement de mon interlocuteur, mais je ne suis pas un médium. Est-ce qu’on me dirait que mon regard est dérangeant, si j’avais les yeux bleus, et non noir d’encre? Aucune idée. Ai-je déjà vu ce mec? La vérité, c’est que, comme beaucoup d’élèves, je l’ai sûrement croisé, mais je ne l’ai jamais remarqué. Je remarque rarement qui que ce soit, sauf si je suis seul avec quelques personnes. Je ne prête aucune attention aux êtres qui m’entourent, je m’en balance totalement. Je suis dans ma bulle, dans mon imaginaire. J’ignore délibérément les autres, c’est clairement meilleur pour ma santé. D’où le fait que je ne connais personne mais que tout le monde m’a déjà remarqué. Même si on ne connaît pas mon nom, on sait souvent – de vue, du moins – qui je suis. Alors le gars, là, devant moi, pourrait tout aussi bien être à Volfoni depuis des lustres que je ne saurais même pas qui il est.
-Je me suis permis de m’introduire dans ta bulle, puisque tu me l’as déjà fait en entrant dans la pièce. Une douce vengeance, quoi, fais-je avec un sourire malicieux aux lèvres.Plus sérieusement, c’est plutôt que, bien que je ne sois définitivement pas le seul à dessiner ici, je ressens rarement que les dessins des autres peuvent se rapprocher de ma vision artistique disons… particulière. Personnellement, le dessin est ma manière de survivre à tout, à moi-même.
Ce n’est pas parce que je vis plus dans la même merde qu’avant que je n’ai plus besoin de dessiner. Mon profond désordre émotionnel que ma mère a laissé en moi en m’élevant de cette façon se fait toujours sentir, j’en suis conscient. Je repousse l’aide qu’on m’offre parfois, j’en suis également conscient. J’essaie toujours de tout arranger par moi-même, de replacer ce qui est tordu. Je sais que je ne fais que tourner en rond, en fait, mais j’sais pas… après une période intense en émotions négatives, je finis par tout oublier. Pendant un moment, tout va bien, je crois avoir vaincu mes démons, et c’est là qu’ils reviennent me hanter. C’est, en quelque sorte, un cercle vicieux. Heureusement que j’ai le dessin… Je reporte mon attention sur l’inconnu, laissant mes yeux se promener fugacement sur son visage. Il n’est pas mal du tout, en fait… Son dessin attire de nouveau mon regard.
-T’es assez doué, en fait. Ta panthère est plutôt réaliste. Moi, je n’ai jamais fait dans le réaliste, pas une seule seconde. J’suis trop tordu pour ça, j’imagine, que j’ajoute en riant.
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✖ Et ses yeux repartent de nouveau sur mon dessin. Tandis que les miens n'arrivent plus vraiment à regarder autre chose que lui. Qu'est-ce que c'est ? Une sorte de malaise, mélangé à autre chose, comme si ... Je ne sais pas, je ne parviens même plus à décrire ce que je ressens en ce moment même. Je ne l'ai jamais vu, c'est certain, on ne peut pas le louper, et vu comment je réagis en sa présence, il n'aurait pas pu me passer sous le nez sans que je sois aussi fasciné par son physique. Enfin ... Peut être que ça aurait été différent ? Je ne ressemble pas vraiment à un populaire, mais plus à un voyou, malgré ça je traîne souvent avec les plus célèbres du bahut. Il est tout à fait possible que l'on soit passé à côté sans qu'on ne se voit. Oui, possible, non, pas vraiment. Il ne peut pas passer inaperçu. Et pourquoi je cherche tant à savoir si oui ou non, je l'aurai remarqué en dehors de cette salle, aujourd'hui ? Bizarre, ça ne me ressemble pas ce genre de sentiments confus. Sans doute la fatigue d'une première semaine de cours dans un établissement rempli de monde inconnu, de salles inconnues, de couloirs inconnus, bref d'une univers totalement nouveau pour moi. Mais avec l'aide de plusieurs personnes, je m'y suis retrouvé, et assez facilement. Je fronce les sourcils lorsqu'un bruit me sort de mes pensées. Il tire une chaise en me demandant s'il peut s'asseoir à côté de moi. Pourquoi demandé si l'action se fait en même temps. Remarque, je le comprends, avec ma mère, je faisais pareil quand j'étais gosse. Je lui demandais quelque chose, en lui criant merci juste après, sans lui donner le temps de me donner une réponse.

Je reviens de nouveau dans la réalité, j'observe ses yeux si sauvages, si vifs et remarque qu'il a tout de même l'air perdu dans ses pensées. Où est-il en ce moment ? Lorsqu'il me fixe, je trouve un intérêt soudain pour mon dessin, et essaie de me concentré dessus une nouvelle fois. En fait, je n'en suis pas tout à fait capable, puisque son regard me déstabilise. Ce genre de choses m'ont toujours gêné pour dessiner, je n'aime pas qu'on me regarde faire, et c'est un peu égoïste de ma part de vouloir garder mon style. Je ne veux en aucun cas qu'on me copie, bien que je pense cela impossible, j'ai une imagination débordante de bizarreries. En général, quand je montre mes œuvres, elles sont bel et bien finies, et dans ce cas, ce n'est pas vraiment un calvaire de les faire découvrir aux autres. Je me suis encore évadé alors que j'essayais de me remettre dans mon dessin. Mais comment se concentré quand un regard insistant vous fixe sans défaillir une seule fois ? Et une voix coupe le silence. Le même son que précédemment avec un sourire dessiné sur les lèvres. Oh pas besoin de le regarder pour le savoir, en fait quand une personne converse en souriant, ça s'entend, ça se ressent, inutile d'avoir les yeux collés sur le visage de l'autre.

Il n'a pas tout à fait tord dans ce qu'il me dit, je me suis introduit dans sa bulle bien que je ne fasse pas de bruit. Une présence dans la même pièce nous fait sentir moins seul. Ceci en dérange certain, moi tant qu'on reste loin de ce que je fais, tout va bien dans le meilleur des mondes. Ensuite des compliments sur ma façon de faire me sont adressés et un tel sentiment dans sa voix me fait plaisir. C'est d'ailleurs pour cette raison que je me mets à le fixer d'une façon plus qu'insistante, avec un sourire collé sur le visage. Pas le sourire forcé ou hypocrite que j'ai l’habitude d'afficher, non, celui-ci est sincère. "Le dessin est ma manière de survivre à tout, à moi-même". Qu'entend-il par là ? Aurait-il des choses dont il ne veut pas penser ? Des événements passés qu'il voudrait oublier ? Alors le dessin est juste une passion pour certain, pour d'autres, sans cet art, on se serait sans doute tué en sautant d'une fenêtre, en se bourrant de mauvais cachets, ou en passant volontairement sous une voiture. Mais nous avons survécu et c'est grâce à l'art de dessiner qui nous permet de mener une existence presque normale. Mes yeux se perdent sur les traits grisâtres de la feuilles blanche devant moi et la lueur habituellement joyeuse de mes yeux s'éteint face aux mauvais souvenirs qui refont surface.

"_ Le dessin n'est pas seulement une manière de passer le temps, ou une simple passion passagère. Pour moi, la réalité représentée sur mes feuilles est effrayante, c'est pour cette raison que je la modifie. Pour oublier, pour survivre comme tu dis, pour parvenir à avancer sans penser aux remords que chacun pourrait avoir. Voilà ce que représente le dessin pour moi, ce n'est pas la peinture, ni le feutre, mais tout simplement le crayon gris, qui de mon point de vue est aussi triste que la vie, elle-même."

Étranges propos venant de moi, jamais je pensais pouvoir sortir ce genre de choses à quelqu'un que je ne connais pas. Je pouffe de rire devant ce jeune homme qui doit presque me prendre pour un fanatique du diable, venu dans ce bahut pour diabolisé tout le monde.
Adriel Lespérance
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Adriel Lespérance
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Activité : Arts plastiques
Spécialité : Dessin au plomb, fusain et encre de chine
Fonction : Universitaire
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J’ai l’impression que moi et ce mec, nous nous observons mutuellement. Il fait le même manège que moi, à me fixer alors que je détaille son dessin, analyse ses techniques. Puisque j’ai un énorme problème de confiance envers les gens, j’aime à les détailler, tenter de deviner leur nature, les disséquer des yeux. Je ne m’ouvre que très rarement aux autres ; peut-être est-il comme moi, sur ce plan? Détailler à ce point quelqu’un n’est pas une marque d’ouverture réellement naturelle envers les gens. Ça peut également être un signe d’une nature manipulatrice, mais bon, je ne commencerai pas à paranoïer non plus. Et puis, j’ai nettement l’impression que mes observations sur sa personne et sur son dessin l’intimident un peu, que mon regard le déstabilise. Comme je le croyais, l’assurance qu’il semble montrer est sûrement fausse, mais ce n’est pas nouveau pour moi : la plupart du temps, l’assurance n’est qu’une carapace pour les gens. Moi-même, je ne fais pas exception à la règle, à la différence près que je ne crois pas afficher une assurance particulière. Ma froideur et mon indifférence envers les humains en général font très bien le travail. Souvent, l’assurance que l’on peut déceler chez nous n’est qu’un énorme je-m’en-foutisme. J’ai une carapace glaciale, j’en suis conscient.
Pourtant, si l’on peut percer mon indifférence, après maints efforts, on peut découvrir ce que je tente désespérément de cacher : je suis bel et bien gentil, ouais… très gentil, je crois, mais surtout incroyablement instable émotionnellement. Et cette instabilité, je ne la montre pas facilement. Non, je préfère qu’on croie que je suis indifférent à tout. D’où le dessin. Ouais, encore le dessin. Ils représentent tout : ma haine de l’être humain, de moi-même, mes doutes, ma violence comme ma douceur… Mes dessins sont la tempête d’émotions instables qui me donnent l’impression qu’ils vont bientôt me faire exploser. Lorsque je lève les yeux vers ce gars, là, devant moi, il m’offre un sourire. J’ai sûrement touché quelque chose lorsque j’ai parlé. Son sourire est sincère et monte jusqu’à ses yeux. Un point pour lui : j’en ai assez des sourires d’hypocrites ; j’aime bien qu’on soit sincère, de temps à autre. Je crois avoir rencontré quelqu’un qui, une fois de plus, peut comprendre mon art et ma vision du monde. Bon, j’avoue qu’Enora est unique : ses dessins se rapprochent incroyablement des miens, tout autant que ses goûts pour la littérature et sa vision des gens en général. Ce gars est complètement différent d’elle, et de moi également… tout en étant similaire. De toute façon, ça prend toutes sortes de personnes pour faire un monde, non?
Je me concentre de nouveau sur la couleur de ses cheveux alors qu’il me parle. Sont-ils naturels? Peut-être que cette couleur est due à une teinture, mais quoi qu’il en soit, je ne trouve aucune différente entre cette couleur et celle qu’avaient les cheveux de Jake. Et croyez-moi, je sais de quoi je parle lorsque je mentionne ses cheveux. Je les regardais souvent, je les trouvais particulièrement jolis. Et lui, il aurait voulu avoir mes cheveux de jais complètement lisses d’Amérindien. Comme quoi, on est humains, on envie toujours l’autre. Lorsque je l’écoute parler, ses propos me font penser à ceux de Jake. Comme quoi, ils n’ont pas que leur couleur de cheveux en commun. Je plante mon regard dans le sien. À mon tour de lui sourire sincèrement, sans malice, sans raillerie. Il vient de tout bonnement résumer ce que je pense à propos du dessin. J’en déduis également qu’il préfère dessiner au plomb, comme moi. Je ne fais que dans le plomb et l’encre de chine, préférant mes dessins en gris ou en noir. Je ne peux m’empêcher de me dire que ses paroles sont légèrement poétiques, comme celles de Jake. Les miennes ne sont souvent que trop crues. Je le vois éclater de rire, et ça me fait un peu de bien. Je continue de sourire, jouant inconsciemment avec les piercings de ma lèvre inférieure, passant ma langue sectionnée dessus. Puis je penche la tête, un peu pensif, avant de revenir à la personne devant moi.

-C’est carrément ça, en fait. Ce n’est pas qu’un passe-temps, ni pour les apparences. En fait, si ce n’était que pour les apparences, je n’irais sûrement pas dessiner ce que je dessine habituellement, parce que normalement, ça effraie un peu les gens. C’est de la survie, une catharsis du monde extérieur et de notre monde intérieur. Pour moi, c’est en quelque sorte l’exorcisme de mes démons intérieurs.
J’éclate de rire à mon tour, les yeux pétillant, avant de passer ma main dans mes longs cheveux.

-À dire des trucs pareils, on passerait facilement pour des mecs quasi-sataniques. En fait, je n’ai même pas besoin de parler pour passer pour un psychopathe sataniste, que j’ajoute en riant de plus belle.
Je sais pertinemment que mon apparence physique ne laisse personne indifférent, et je m’en amuse. Je sais également qu’on me prend souvent pour une racaille, ou pour un gothique psychopathe qui pourrait entrer dans l’académie et tuer tout le monde à coups de mitraillette. La vérité, c’est que je me fiche trop des gens pour faire ça. Non, je préfère les laisser vivre leur petite vie pathétique et, de mon côté, vivre la mienne – qui n’est pas tellement moins pathétique, à bien y penser. Bien sûr, mon apparence ne laisse pas non plus ce gars indifférent, mais cela ne semble pas le repousser, au contraire. Après les paroles que nous avons échangées, je sens même une certaine proximité. Ce que j’ai dit à propos de mes dessins et de mes démons intérieurs me fait presque automatiquement penser à un passage d’une chanson – comme beaucoup de choses, d’ailleurs. «I’m scared to get close, and I hate being alone/ I long for that feeling to not feel at all/ The higher I get, the lower I’ll sink/ I cant’ drown my demons, they know how to swim.» En fait, je crois que ces paroles définissent en quelque sorte la plupart de mes problèmes émotionnels, le fait que je me contredis sans cesse dans ces putains de sentiments que je ressens. Ces paroles me définissent sans que j’aie besoin de parler.
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