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 Fissures. [Adriel Lespérance & Salvatore Kimimichi]

Salvatore Kimimichi
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Salvatore Kimimichi
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Fissures.
Il était par là.
Il avait demandé à une fille de sa classe qu'il avait croisé dans un couloir parce qu'il voulait le trouver. Elle lui a assuré qu'il n'avait pas cours à cette heure, et qu'il devait traîner en attendant l'heure suivante. Certes, ça lui ressemblait assez. Puis elle avait voulu être bavarde en lui demandant s'il n'avait pas cours, lui, et Salvatore fut obligé de hausser les épaules. Si, mais qu'importe. Adriel valait bien toutes les heures de cours de la journée. Et puis, ça faisait un moment.
L'orangeraie. Sans doute qu'une farandole de cons s'y était rassemblée, surtout ceux qui débarquaient du Minnesota. C'est qu'il neigeait toujours, là-bas, le soleil de Floride devait les faire revivre et Adriel, fut-il emo ou pas, avait besoin de soleil pour vivre autant que n'importe quel être humain. Attends voir. Non, pas emo. Gothique ? Bah. Pas d'importance. Entre eux, il l'appelait le serpent.

Va savoir.
L'orangeraie, donc, et le chemin parsemé de groupes, de couples ou de branleurs. Les bosquets seraient pris d'assaut, il avait du trouver un coin tranquille, un peu excentré, où il se serait assis pour suer sang et eau sur ses dessins à l'encre. Le pire, c'était qu'il dessinait bien et qu'il avait l'air de n'en avoir rien à foutre. Lui, ça le faisait enrager. Être aussi doué et ne rien faire d'un talent pareil par soi-même, c'était du gâchis. Un gâchis presque aussi gros que s'il avait été hétéro mais ça, pour son bonheur, il n'en était pas question. Et quand bien même il en serait question un jour, il serait là pour l'étrangler avant qu'il commette la pire erreur de son existence.

Mais non, il était juste là.
Dos au chemin, bien évidemment, et ses gènes asiatiques lui conféraient la discrétion d'un ninja. Il n'aurait vent de sa présence qu'une fois qu'il lui aurait mis le grappin dessus. Il s'en faisait un défi personnel.
À pas de loup, jeter un œil au-dessus de son épaule sans un bruit. Un bonhomme. De ce qu'il pensait voir. Adriel lui expliquerait bien qu'il s'agissait d'une critique de la société moderne qui emprisonne l'esprit dans une manière de pensée unique qui annihile l'imagination et la créativité pour contraindre le peuple au conformisme et à la surinformation médiatique, Salvatore ne lui laisserait pas le temps de finir de râler qu'il enroulerait déjà sa langue autour de sa queue.
Critique de la société ou pas, c'était aussi beau que lui. Et il s'agenouilla derrière lui, et ses deux bras fondirent autour de son cou, et ses lèvres vinrent souffler à son oreille combien les siennes lui manquaient.

- Lui aussi, il a une double langue ?

Il lui ressemblait un peu, à dire vrai.
Adriel Lespérance
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Adriel Lespérance
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Aujourd’hui, j’ai eu la force d’aller en cours. J’suis misérable, j’ai honte, c’est pas beau à voir. Ça m’arrive, des fois. Je suis encore instable. Je n’ai toujours pas le complet contrôle de moi-même. C’est bon, ça fait un an que j’ai foutu le camp. Ça fait quelques mois que j’ai arrêté de consommer. Mon état n’est même pas comparable à il y a, par exemple, deux ans. Mais parfois, l’insomnie me rentre dedans comme un prisonnier qui en aurait vu un autre se pencher pour ramasser le savon. Ça fait  mal – peut-être pas au cul, mais ça fait mal quand même. Je repense à une panoplie de choses, insignifiantes ou pas. Et je suis paralysé, incapable de sortir du lit. J’ai squatté l’appart de Kai pendant deux jours. J’avais franchement pas envie que Jiang et Crimson assistent à ma zombification.

Faudrait que je remercie mon grand gaillard au banjo, d’ailleurs. C’était sûrement pas une partie de plaisir pour lui, et encore moins une partie de jambes en l’air. J’ai pu péter un câble tout seul, en paix. Enfin, dans la mesure que flipper, c’est être en paix. J’suis là, assis à l’ombre et à l'abri des regards, profitant de mon temps libre pour dessiner. J’ai déjà l’impression d’être un peu plus vivant qu’hier. J’ai l’air d’un déterré, mais ça va. Je gère. J’suis habitué. Je n’ai même pas pris la peine de brosser mes cheveux, je les ai juste attachés en une masse infâme. Mes yeux sont cernés et bouffis. Disons que j’ai déjà eu l’air moins pitoyable. J’ai retrouvé mon calme habituel. Il me revient peu à peu, et dessiner m’aide grandement.

Je ne vois que mon cahier et mon stylo. Je ne fais rien de bien extraordinaire. Un croquis que je détaillerai plus tard s’il me plait suffisamment. Je marque une pause, fronçant les sourcils. Je me mets à mâchouiller le bout du crayon en examinant longuement mon travail. L’expression du visage n’est pas un peu fade? Est-ce que le jeu d’ombre est bon? C’est pile à cet instant que je sens une paire de bras s’enrouler autour de mon cou, un souffle dans mon oreille. Je ne me retourne même pas, puisque je reconnais aisément la voix de Salvatore. Normal que je l’aie pas entendu, c’est dans les ses gènes de ninja. Pas le choix, il est Japonais. Il peut disparaître et réapparaître à volonté, et moi, je fume le calumet de la paix en tuant un orignal avec un canif avant de bouffer ses entrailles. Chacun sa spécialité.

-Si ça te plait à l’imaginer, on peut dire qu’il en a une.

Ma voix est un peu rauque. Je n’ai pas beaucoup parlé, ces deux derniers jours, et j’ai fumé comme une cheminée. J’ajoute à mon personnage une langue fourchue qui darde entre ses lèvres, un sourire s’épanouissant sur les miennes. Au moins, ç’a le mérite d’ajouter une particularité à son expression. Je rehausse encore un peu les ombres à l’aide de quelques coups de crayons distraits. Ça faisait un moment que je n’avais pas vu la jolie petite gueule de Salva. Plus que les deux jours que j’ai disparu de la population de Volfo’ pour m’enfoncer dans ma décrépitude.

-Maint’nant, il en a une. C’est sûrement moins satisfaisant qu’une vraie, mais voilà.
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Fissures.
... Quoi ?
Lui qui s'attendait à être tabassé, repoussé dans le meilleur des cas, engueulé au moins, pour une surprise, c'était une surprise. Pas qu'il s'en plaigne, mais les yeux exorbités et le sourire fondu disparurent en même temps que sa surprise. Si Adriel était dans un bon jour et n'avait pas envie de lui enfoncer la tête entre ses jambes pour qu'il la ferme, il n'allait pas râler. Quoiqu'on ne pouvait pas dire que les deux soient un manque de respect cruel et que ça le dérange particulièrement mais bref
BREF
BREF.
Oui. Voilà.
Il se contenta de resserrer son étreinte et de s'armer de l'un de ses plis de bouche les plus sincères. Pli de bouche, pas sourire. Il avait trop l'habitude des sourires de son caprice, de son orgueil, de son désir ou de son mensonge pour les utiliser autrement. Alors un pli de bouche, le nez légèrement écrasé contre son épaule, le crâne lové dans le creux de sa nuque. Il aurait presque eu envie de bouger pour l'embrasser. Presque.

- Il faudrait qu'il ait un plan cul, on lui demandera si le papier aussi est agréable.

Il était exténué. Ce n'était même plus de la fatigue, à ce stade-là, on aurait presque dit qu'il était défoncé. Mais Adriel défoncé, ça ne donnait sans doute pas ça. Salvatore n'avait aucune foutre idée de ce que ça donnait, ne lui donnerait pas l'occasion de lui montrer non plus, mais il savait qu'on n'en tirerait rien de bon. Et certainement pas autant de patience. Bah, pour ce qu'il en savait.
Il perdit son sourire un instant et le retrouva dès qu'il eut quitté des yeux son dessin pour essayer de voir autre chose que le menton en contre-plongée de son emo-métalleux préféré. Son seul à vrai dire. Ce n'était pas très concluant.

- 'Paraît que t'as séché les cours pendant deux jours.

C'est mon petit doigt qui me l'a dit.

- T'es pas obligé de me dire pourquoi t'as une gueule de cadavre, ça me regarde pas. Tant que ton pote en deux dimensions n'est pas meilleur que toi au pieu...

N'empêche que j'adore tout savoir. Et que je finirais bien par savoir un jour ou l'autre. Tout se sait, à Arcadia, surtout quand on sait à qui demander les infos.
Ses bras coincés glissèrent le long des siens jusqu'à les empêcher de lever son crayon. Peut-être que comme ça il l'enverrait chier, et il serait rassuré. Adriel irait bien.

- T'es mignon. Même quand t'es déguisé en Zombie Boy.
Adriel Lespérance
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Je tente tant bien que mal d’améliorer mon esquisse au plomb, mais premièrement, je ne suis toujours pas satisfait. Sa très courte existence va sans doute se terminer dans le fond d’une corbeille, mais peu importe. Ça passe le temps. Deuxièmement, j’ai un Salvatore sauvage qui me colle au cul – non, pas au cul. Au dos, plutôt. Sinon, disons que notre position serait complètement différente. Je sens son étreinte se resserrer, et je réprime un soupir exaspéré. Sérieux, mec? T’as jamais entendu parler d’un truc qui s’appelle l’espace personnel? Je souris presque lorsque je l’entends débiter une nouvelle connerie. Presque. Faut pas trop l’encourager dans sa violation de ma tranquillité.  

-Si tu y tiens vraiment, on pourrait lui éviter la corbeille. T’aurais qu’à l’afficher au-dessus de ton lit, comme ça, quand j’te manque, tu pourras te branler en le regardant. Et venir dessus en imaginant que c’est moi.

Non, je n’ai pas perdu mon calme. Pas encore. Ouais, c’est vrai, j’ai tendance à être plus irritable lorsque je manque plus de sommeil que d’habitude. Je réagis mal aux intrusions de mon espace personnel. Mais aujourd’hui, économiser le peu d’énergie que j’ai en réserve prime sur tout le reste. Lorsqu’il mentionne mon absence, j’hausse les épaules. Je me doutais qu’il allait m’en parler, mais ça ne m’a  pas empêché d’espérer le contraire.

-C’pas faux. Donc j’t’ai manqué?

Cette fois-ci, je ne retiens pas mon soupir agacé. Bien sûr que je ne suis pas obligé de m’expliquer. Bien sûr que ça ne le regarde pas. Je l’apprécie et il baise bien, mais ma vie privée ne regarde personne. Malgré tout, il veut savoir, sinon il n’aurait même pas abordé le sujet. Et puis, merde, on parle de Salvatore, ici. Il veut toujours savoir, et c’est pourquoi je m’applique à lui en dire le moins possible.

-J’ai eu une crise d’insomnie. Pas dormi pendant deux jours.

Je fais comme d’habitude. Je reste vague. À moins que Kai aille lui raconter le  peu qu’il sait, ça n’ira pas tellement plus loin. Bien sûr, mon congé forcé n’était pas seulement lié à mon état de mort-vivant. J’y suis habitué, ça va. Ce qui ne va pas, c’est lorsque la bombe à retardement que je suis explose. Ça arrive, parfois. J’imagine que c’est vital. C’est pour évacuer, que je puisse continuer à faire semblant. J’arrive à rester quasiment imperturbable jusqu’à ce que je sente ses bras immobiliser les miens, m’empêchant de dessiner. Là, j’inspire profondément et je me dégage en me levant. Je me tourne vers lui, les sourcils froncés.

-Si j’étais un zombie, t’aurais déjà au moins deux bras arrachés, que je lance sèchement.

Je sors nerveusement une clope du paquet dissimulé dans ma poche et l’allume. On dira bien ce qu’on veut, mais s’encrasser les poumons, ça fait du bien.
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Fissures.
Bien.
C'était confortable. Vain, éphémère, mais au moins c'était agréable. Pour un peu il se serait lové contre lui, tout contre lui. S'il n'avait pas été Adriel. S'il n'avait pas été aussi distant. Il ne lui en voulait pas, loin de lui cette idée. S'il l'avait choisi c'était aussi pour sa discrétion, ses manières, son caractère, sa langue.
Seigneur sa langue.
Il l'avait choisi et Adriel s'était laissé faire ou avait accepté, il n'en savait trop rien. Salvatore était trop insistant pour être laissé de côté, trop imposant pour être sans ressources. Ce qu'il voulait il l'obtenait, il avait voulu Adriel et il l'avait eu. Quant à savoir si Adriel avait eu son mot à dire ou s'il s'était laissé faire, ce n'était pas son problème. Il l'avait pour lui quand il le voulait. Quand ils se voulaient. Adriel ne le faisait pas mendier souvent.
Il fallait qu'il s'en détache, ça devenait dangereux.

- C'est ta langue qui m'a manqué, 坊や.

Comme si quelqu'un pouvait manquer à Salvatore Kimimichi.
Comme si c'était possible.
Légère toux.

Crise d'insomnie.
Tu m'en diras tant.

Il s'était passé quelque chose, pendant ses deux jours. Pas quelque chose de grave, mais quelque chose qui l'avait affaibli. Pas que physiquement. Il n'avait pas besoin d'être au top de sa forme pour le repousser, et puis il ne s'accrocha pas tant que ça. Un peu, pour la beauté du geste, l'amant qui se défait à l'étreinte de l'autre, trop lourde à porter. Un peu seulement. Adriel ne supportait aucune étreinte. Encore moins quand il était travaillé par un quelque chose dont il ne voulait pas parler.
Parce qu'il ne voulait pas, c'est évident. Quand bien même il n'aurait pas ouvert la bouche, son regard aurait été suffisamment loquace pour s'en rendre compte. Mais Adriel ne veut jamais rien dire. Pas même pendant la baise. Si ça c'était pas triste.

- Rabat-joie.

Rien que ça.
Il s'était retrouvé assis sans grande classe, les yeux hauts pour pouvoir les garder contre les siens. En appui sur les coudes pour ne pas être allongé et le voir disparaître, juste ça. Le regarder. Lui sourire à peine, fatigué de son absence. De ses bras. De ses caresses. Fatigué de toujours faire semblant mais tu le sais Salva, c'est pour ton bien.
C'est pour ton bien.
Légère toux, à nouveau.
Inspire.

- Parle-moi en canadien. Pardon, en québécois.

Joli sourire.
S'il te plaît.
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Bien sûr que c’est ma langue qui lui a manqué. Et pas que, aussi. Enfin, j’ose espérer pour lui qu’il ne me supporte pas seulement pour ma modification corporelle la plus singulière. J’avoue que mon tongue split est génial, mais ce serait un peu pathétique de sa part. Moi aussi, je peux être exaspérant, donc j’espère que ma double langue en vaut sacrément la peine. J’suis pas dupe. À quelque part, Salva doit bien être intéressé par autre chose chez moi. Mais c’est l’orgueil – et j’suis pas mieux, au fond. Si je ne pouvais même pas le sentir, à la base, je ne lui aurais jamais accordé un seul regard. Je ne coucherais pas avec. Je ne le déteste pas, le Japogay. Et les baises sont bonnes, alors bon, j’me plains pas.

-Bien sûr qu’elle t’a manqué, mec.

Je souris brièvement, et je me retourne juste assez pour qu’il voie que je lui tire la langue, faisant jouer ses deux parties sectionnées. Ouais, j’fais mon agace. Et lui, il m’agace tout court. Je le sens s’accrocher à moi lorsque je me lève, et lorsqu’il lâche prise, il ne se gêne pas pour me traiter de rabat-joie. Ce con. J’hausse un sourcil en prenant une longue bouffée de ma cigarette, lui recrachant la fumée au visage. En tout cas, sa joie n’est pas difficile à rabattre. Elle est surtout amusante à rabatte, ouais.

Je continue à fumer ma clope sans rien dire, expirant maintenant à quelque part d’autre que sur lui. Je l’observe du coin de l’œil. Il me fixe. Étonnamment, lorsqu’il ouvre la bouche, ce n’est pas pour me harceler à propos de ces deux derniers jours. Un bon point pour lui. Ça lui vaudra peut-être une pipe, qui sait. Du moins, s’il se ferme la gueule pendant. Je rive mon regard vers le sien, gardant le silence. Salva aime bien m’entendre parler français, encore plus avec mon fameux accent québécois.

-Mâ! Ukashtueu*.

Je soupire longuement, jette mon mégot par terre et l’écrase. Il peut bien me lancer tous les sourires faussement innocents du monde, je ne parlerai pas québécois juste pour l’ennuyer ne serait-ce qu’un tout petit peu.

-J’te rappelle que la première fois que t’as entendu cet accent, tu t’es pas gêné pour te foutre de ma gueule.

Malgré tout, je ne peux m’empêcher de sourire légèrement en disant ça. Au fond, faut pas le prendre personnel. Salva adore se foutre de la gueule de tout le monde, et ça me permet de m’amuser à le larguer allègrement. Je finis par m’allonger par terre non loin de lui – mais pas trop près, non plus. Aujourd’hui, j’suis franchement pas d’humeur.



*Raaah, tu m'agaces! en montagnais (innu-aimun)
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Putain de langue franchement.
Il se serait bien jeté sur lui avant qu'il n'allume cette saloperie de clope, il l'aurait bien étouffé avec la sienne, de langue, il aurait bien agi s'il n'y avait pas eu la cigarette et Adriel. Qu'il était frustrant, c'était une horreur. Et va-y qu'il lui souffle dessus, en plus de cela, très bien. Certainement qu'il détourna le regard, c'était jamais agréable de se faire souffler (littéralement) à la fumée de clope. D'autant plus quand on avait soi-même envie de fumer. Ça faisait un moment qu'il n'y avait pas touché. Pas d'occasion particulière à ça, pas envie, pas besoin. Il le tentait, en plus de cela. Il le tentait ce fou.
Oui c'est ça, insulte-moi dans ta langue bizarre, installe-toi tranquillement, prends tes aises. Enfoiré.

- C'est parce que c'est mignon, voyons. T'as pas l'habitude d'être mignon, pour une fois qu'il y a quelque chose qui trahit ton côté kawai, tu pourrais me comprendre franchement.

Un sourire, et de quoi étendre légèrement ses jambes, les croiser. On était bien, pour la saison. Il ne faisait pas trop chaud, il ne pleuvait pas non plus, ça devait le changer du Canada et du Minnesota. Quelle idée, franchement, quelle idée de ramener ces petits cons du Nord au Sud. Ils n'en foutaient pas une, du coup.
Mais là n'était pas le souci.
Adriel.
Même son nom glissait dans la bouche. Adriel. C'est doux et affirmé, c'est légèrement poivré mais harmonieux, fondant, simple. Il y avait d'autres prénoms aussi plaisants à l'oreille, Adriel n'était pas une exception. Mais c'était encore celui qu'il portait et il lui allait très bien. Sans surprise, tout lui allait bien. Même le crâne rasé à moitié, la mèche bleue, les piercings et la langue coupée. Il en fallait.

- Et toi rien ne t'empêche de te foutre de mon superbe accent américano-japonais quand je me lâche.

Adriel.
Il imagina son père prononcer son nom, sourit sans expliquer pourquoi. Ridicule. Arrangea une mèche de ses cheveux en imaginant sa langue parcourir son torse, lissa sa joue en pensant à la tension de ses cuisses s'il avait le malheur de glisser trop bas. C'était fou, comme il ne pouvait pas s'en défaire. Ils avaient sans doute raison, c'était maladif. C'était pathologique, voilà.

- À moins qu'il n'y ait pas de quoi rire ou que tu ais oublié comment faire mais ça... Tu veux que je parte ? Je te gêne visiblement.

De toutes façons je sais où te trouver.
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À moitié avachis dans l’herbe, je lève les yeux vers le ciel. On est en quoi, là, en mars? Difficile de se rappeler quel mois on est ici, la température est presque toujours la même. Dans mon pays, le ciel est encore gris. On commence à voir le bout du nez du printemps, là-bas. Il doit faire environ moins vingt. En attendant que tout commence à fondre en avril, c’est encore gelé et enterré sous plusieurs pieds de neige. Mais quand même. Moins vingt. Y’a de l’espoir. Je soupire. J’ai envie d’une autre clope. Je fume trop, je dépense une fortune en cigarettes. J’ai remplacé une dépendance par une autre, comme on dit. Oh, je fumais déjà avant mon sevrage. Mais moins. L’odeur me levait un peu le cœur à cause du smog de fumée dans lequel je vivais en permanence. On ne dirait pas, mais à quelque part dans toutes ces réflexions, j’écoute Salva. Mes lèvres s’étirent d’un sourire  franc. Là, c’est mieux.

-Moi? Kawai? J’ai beau savoir que c’est le même mot que «mignon», j’ai l’impression qu’en japonais, l’expression est saturée grosses boucles roses et de cupcakes. Sugar, spice and everything nice, quoi.

J’ai peut-être écouté trop d’animés japonais. Ouais, c’est sûrement ça. Je passe presque autant de temps devant l’écran de mon ordi que devant mes dessins ou mes livres. Surtout depuis que je suis à Volfoni. Faut bien se créer d’autres manières d’oublier. De passer le temps. Je finis par sortir deux cigarettes de ma poche et en tendre une à Salva.

-J’ai bien vu la gueule que tu tirais pendant que j’te soufflais ma fumée à la figure. Tiens.

Salvatore Kimimichi. Pas le genre de mec que j’aurais pensé me taper un jour. Quoique Jiang non plus, en fait. Comme quoi, on finit par changer. Il est pas laid, Salva. Il est même très agréable à regarder. C’est un bon coup, en plus. Y’a bien pire que lui. J’imagine que je choisis mes partenaires de baise avec moins de soin qu’avant. Je découvre de nouvelles personnes, et c’est en quelque sorte un pas en avant, non? On dirait presque que j’ai un fétichisme sur les Asiatiques dû à nos très lointaines racines communes.

-Oh, tu sais que j’me gêne pas de me foutre de ta gueule. J’suis simplement fatigué, là, je manque d’inspiration pour mes vannes.

Et c’est pas une blague. J’ai plus de jus. Je lâche un nouveau soupire avant d’allumer ma smoke et de tendre le feu à Salva. La première bouffée d’une cigarette est ma préférée. Tout comme la première bouffée de n’importe quoi qui se fume. Je me retourne vers mon Japonais favori et me mets à rire doucement. Comme si le fait qu’il m’importune ou pas l’inquiétait réellement!

-Bah. Pas plus que d’habitude. J’ai eu deux jours loin de tout le monde, tu peux rester.

Ça, c’est ma façon à moi de dire que j’apprécie quand même sa présence. Que j’ai peut-être besoin qu’un être humain reste à côté de moi, pour une fois.
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Ces francophones, alors, toujours le mot pour rire. Salva esquissa un rictus moqueur à la réplique caricaturale d'Adriel, le genre de sourire à rendre coup par coup chacune des jolies références qu'on lui envoyait sans pour autant le faire par méchanceté. Lui aussi en avait dit sur les québécois, à commencer par les considérer comme une colonie de bouffeurs de grenouilles à part entière, il aurait été criminel pour l'emo de ne pas sauter sur l'occasion de cracher allègrement sur les japonais avec une telle perche. Et son ton tout à fait sincère et à peine pincé lui plu particulièrement. Parce qu'Adriel, de base, lui plaisait. Il était maladroit et bourrin, mais jamais méchant. Contrairement à tout ce que l'on pouvait dire sur lui, d'ailleurs.

- Les boucles sont blondes. Ce sont les nœuds qui sont roses, espèce d'inculte.

De quoi remettre une mèche de cheveux en place, étendre ses jambes un peu plus et finir par tomber dans l'herbe et s'allonger sur le flanc. Une erreur monumental lorsqu'on portait une chemise blanche, mais tant que ce n'était pas du sang, il pouvait tout justifier auprès de la Reine Mère qui s'occupait de laver son linge.

- Mais c'est l'idée qu'on a du Japon dans vos pays de merde. T'sais que, j'ai l'habitude en fait, mais quand c'est ta langue tu vois pas les choses sous cet angle. Disons que c'est un mot comme un autre. Mais pour paraître normal aux yeux des bouffeurs de mangas occidentaux, faut pas prononcer ni kawai, ni hentai. Tu devrais voir ces bandes de cons d'hétéros incultes chercher « yaoi » sur Google, c'est à pleurer de rire.

Lui-même s'étonna de parler autant pour ne rien dire, et de le faire avec si peu de réussite. Il avait l'habitude d'être plus redoutable que cela et il n'était pas particulièrement fatigué, il souffrait peut-être du manque de sexe mais là encore tout était relatif. Non non, il était juste mauvais aujourd'hui. Mauvais, et borné. Parce qu'il savait exactement où il voulait en venir, savait qu'il n'y parviendrait pas proprement, et son soupir fendit l'air au même titre que la cigarette qu'Adriel lui tendit, que Salvatore dévisagea, avant de s'en emparer du bout des doigts comme pour ne pas se brûler.

- T'es un amour.

C'était sincère.
Il l'aimait, Adriel. Quoi qu'on en disait et tout en sachant très bien qu'on l'interpréterait n'importe comment, mais il était quelque peu déçu de se faire discret sur un tel amour. Déjà parce que personne n'avait à savoir cela, pas tant pour lui que pour les intérêts dudit partenaire qui risquerait de finir avec tout le clan de Volfoni sur le dos, mais aussi parce qu'Adriel ne l'aimait que comme un plan cul et certainement pas pour autre chose. Plus le temps passait, plus Salvatore se disait qu'il était dangereux de rester aussi près de lui aussi longtemps. Il lui plaisait, c'était un fait, mais suffisamment pour qu'il lui manque et pas assez pour se foutre des qu'en dira-t-on et agir autrement que comme le connard qu'il était. Déplaisant. Franchement déplaisant.

- Mmh, et préviens-moi quand tu te fous de ma gueule. Si tu l'as déjà fait devant moi t'as été tellement discret que j'ai pas pu te sauter dessus. C'est frustrant.

Il mit la cigarette entre ses lèvres et profita du feu pour l'allumer, tirer sa bouffée, lever les yeux au ciel avant de laisser tomber ses paupières un instant. Ça faisait bien deux mois qu'il n'y avait pas touché. Une de temps en temps, ce n'était pas un mal qu'il prenait au sérieux. Il ne lui dit pas merci, parce qu'Adriel savait qu'il ne remerciait qu'avec des mots qui n'étaient pas des remerciements à l'origine. Tu es un amour. Ça voulait tout dire.

- Tu as un très beau sourire Adriel. J'aimerai pouvoir le voir plus souvent.

Ça aussi.
Un temps qu'il passa dans le silence, à appréhender sa demande. Il était aussi venu pour ça. Il venait toujours pour quelque chose. C'était sans doute pour cela qu'il n'avait pas d'amis.
Une latte et il captura la clope entre son index et son majeur.

- Tu ne me préviendrais pas, si tu avais des problèmes.

Question rhétorique. Ce n'était même pas une question à vrai dire, plus une affirmation de vérité générale.

- Ne t'inquiète pas, je sais. Et je comprends.

Il n'y avait rien d'étonnant là-dedans. Lui non plus ne se serait jamais fait confiance.

- Tu sais que j'ai horreur de Jiang. Je te passe les détails qui m'horripile chez cette... personne, ce n'est pas très important et tu dois en connaître au moins une partie, mais je ne lui pourris pas la vie pour deux raisons. Déjà, parce que ça ne me rapporterait rien, et ensuite parce que je sais que tu l'apprécies et que je n'aime pas toucher aux amis de ses amis et que, si je peux l'éviter, je le fais. Pas de tu sois un ami, évidemment, mais mes amants me sont un tantinet précieux. Tu vois le genre.

Pause cigarette.

- Je sais pour lui et Robin, et je sais pour toi et Robin. Je fais sans doute une erreur en étant si bavard, mais... Bah, crois-le ou non, tu sais que ce petit con m'insupporte au moins autant que ton pote Jiang et qu'il est difficile pour les gangs d'Arcadia de ne pas l'avoir en ligne de mire étant donné sa côte de popularité. Sauf que je n'ai pas envie que cela te cause du tort. Et le fait est que tu es un peu au milieu de ses micmacs sexuels.

Pause cigarette à nouveau. Un temps pour toussoter, attendre que quelque chose lui tombe dessus. Adriel, par exemple.

- Tu... As quelque chose à dire en particulier ? Tu peux frapper si tu veux, attends juste que j'aie fini ta clope.
Adriel Lespérance
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Je tire une nouvelle bouffée de ma cigarette qui se consume trop vite à mon goût. Mais j’vais quand même pas en prendre une troisième, y’a une limite à tout, même aux bonnes choses. Je ne peux m’empêcher de rire tout bas en expirant la fumée de ma clope. J’adore dire des conneries juste pour entendre ce que Salvatore va répliquer. Juste écouter ce mec parler est un show.

-Ah ouais, pardon. Les nœuds sont roses. J’l’oublierai pas.

Je commence à détacher mes cheveux lorsque je me rappelle que je ne les ai même pas brossés et qu’il sont pleins d’horribles nœuds. Je les remets donc péniblement en place en écoutant mon amant. Dis donc, il est bavard, aujourd’hui. Ça ne lui prend pas souvent, mais je ne me plains pas. J’aime bien lui parler, connaître son opinion sur une panoplie de choses pas toujours utiles. C’est vrai que chaque nationalité a son lot de stéréotypes cons, et je suis loin d’en être à l’abri. Je suis Canadien et Amérindien – innu, plus précisément.  Je viens du Pôle Nord, je monte des ours polaires, je chasse le phoque et je bouffe de la viande crue. Mais du coup, est-ce que je vis dans une cabane en bois rond, dans un igloo ou dans un tipi? J’suis un bûcheron ou un chaman? Ça me rend confus.

-Oh, m’en parle pas. Au Canada, j’avais une amie yaoi fangirl qui, parce que je suis gay, a décidé de me montrer ces trucs en croyant que j’allais aimer. J’pense que je l’ai vexée en mourant de rire devant son ordi. Après, essaie d’expliquer à une gonzesse hétéro pourquoi ce qu’elle lit c’est de la merde. J’ai abandonné après deux minutes.

Le silence retombe assez rapidement. Je jette mon mégot au loin, luttant contre l’envie de sortir le paquet de ma poche. Je finis par compenser en mâchouillant mes piercings. J’ai changé mes anneaux de métal pour des tiges droites en plastiques. Avec ça, aucun risque de massacrer mes dents et franchement, deux billes noires de chaque côté de ma lèvre, c’est moins encombrant. Salvatore me tire de mes réflexions en prenant la parole une fois de plus. Je me retourne vers lui. Je lui offre un sourire en hochant la tête d’un air entendu, mais ne dis rien. Bien sûr que je me fous surtout de sa gueule dans ma tête. Je suis passé maître dans l’art de me fermer la gueule et d’assassiner les gens dans mon imagination pour me calmer. De toute façon, je le nargue seulement en pensées et jamais devant qui que ce soit. J’ai de nombreux défauts, mais je ne suis pas hypocrite. Si j’avais un problème avec lui, il le saurait. J’hausse un sourcil, légèrement amusé, lorsqu’il me complimente. Ça m’arrive tellement rarement que je ne sais jamais comment y réagir, donc je décide de plaisanter.

-C’est pas comme si j’faisais sans cesse la gueule, mais si tu l’aimes tant, tes désirs sont des ordres.

Mais c’est ce qu’il dit ensuite qui me prend réellement au dépourvu. Est-il en train de sous-entendre qu’il me viendrait en aide pour mes problèmes à la con? Ah. Non. Ouais, il veut sûrement parler des racailles. Ce n’est pas comme si quiconque pouvait m’aider à gérer ma tête et son incroyable bordel. Jusqu’à maintenant, on m’a toujours fiché la paix, mais même l’ermite que je suis remarque que les choses commencent à se gâter à Volfoni. Ces guéguerres stupides et puériles me tombent réellement sur le système. Ils pourraient pas juste fermer leur putain de gueule et calmer leur tempérament d’enfants gâtés? C’est une académie, pas un champ de batailles. Bordel. J’ai déjà eu affaire à des tas de crétins de ce genre, je sais comment gérer. Seulement, je n’ai pas envie d’attirer l’attention sur moi plus que nécessaire. Je me contente d’hausser les épaules.

-Mmh, ça dépend. J’suis pas suicidaire, si j’ai vraiment besoin d’aide, je demande. Mais t’inquiète, j’sais me démerder.

Et il continue sur sa lancée. Je devine aisément que s’il m’a rejoint ici, c’était précisément pour me parler, mais la conversation prend une tournure étrange. Pourquoi est-il question de Jiang, là? Salva connait mon opinion sur le sujet, à savoir que travestissement de Jiang n’est pas lié à son homosexualité et que même si c’était le cas, ce n’est pas un problème contribuant aux stéréotypes sur les gays. Le problème, c’est l’intolérance horrible de la société. On a tous le droit de s’habiller comme on le veut sans se faire cracher dessus. Mais ça, je lui ai déjà dit, ce n’est pas ça qui va le faire changer d’avis au sujet du Chinois. Donc je la boucle.

-Ouais, où tu veux en venir?

Oh putain. Pas Robin. Pas cette raclure.  Je dissimule à peine un air dégoûté et un soupir agacé. Il sait pour «moi et Robin»? Ça veut dire quoi, ça? Je lui ai parlé deux ou trois fois, y’a jamais eu de «moi et Robin». Y’a pas d’histoire entre nous sinon le fait que je répare ses pots cassés. Qu’est-ce que Salvatore a entendu, encore? On croit quand même pas que j’ai baisé cette merde? J’suis au milieu de rien. Je veux juste que Jiang arrête d’être un foutu maso émotionnel. Les gens sont des moutons d’une imbécilité frustrante.


-Je peux savoir c’est quoi cette connerie? Tu sais pour «moi et Robin»? Y’a jamais eu une telle chose ; je peux compter sur une seule main le nombre de fois que je lui ai adressé la parole. J’essaie juste d’aider Jiang avec sa prétendue peine d’amour parce qu’il chiale à chaque fois qu’il aperçoit de con prétentieux. J’ai aucune idée de ce qui se dit à mon propos, mais tout ce que je fais de mal, c’est être trop gentil et supporter mon ami comme je le peux. Y’a pas de triangle amoureux ou sexuel, y’a rien. Robin peut bien se faire défigurer par tout Arcadia, j’en rirais de bon cœur.

En parlant, je me rends compte que je suis en train de l’attaquer alors que tout ce qu’il a fait, c’est me faire part de son inquiétude. Je soupire en sort une nouvelle cigarette. Shit, tant pis. J’ai besoin de nicotine quand je m’énerve.

-Désolé, j’te gueule dessus et t’as rien dit de mal. C’est juste que j’ai pas demandé à être dans ce merdier, j’essaie simplement d’être un bon ami. Je n’affectionne pas plus Robin que toi. J’pense même que je le méprise encore plus.
Salvatore Kimimichi
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Fissures.
Je sais, je sais.
Moi aussi, j'ai horreur des gens qui ne savent pas s'exprimer correctement.
Une latte. Expire.
Ouais.
Diplomate mais pas psychologue. Des mots et pas de sentiments. Il sonnait creux. Il le savait au-delà du possible.
Un instant il réussit à se convaincre qu'il lui aurait été plus salutaire de la fermer. Pour lui comme pour Adriel, et Dieu savait qu'il en avait sans doute besoin. Jiang était un pompeur, et pas seulement de bites mais aussi d'énergie vitale. Ce qu'il faisait subir à Adriel s'apparentait à s'y méprendre à de la torture psychologique et là, pas besoin de sortir de Harvard pour se rendre compte qu'Adriel n'était pas forcément le mieux placé des hommes pour accéder à ses requêtes égoïstes. Il y avait bon ami et bonne poire, il y avait être généreux, donner de son temps, et être un imbécile sacrifié sur l'autel de la cause humaine, déjà perdue depuis longtemps. On perdait toujours à se donner entièrement, il imaginait Adriel plus raisonnable que cela. Sans doute un rapport avec ces deux jours d'absence, indirectement ou non. Tout était lié.
Deux lattes. Expire, laisse tomber son crâne entre ses mains, esquive habilement le mégot pour ne pas se brûler le front. C'aurait été difficile à cacher en rentrant à la maison.

- C'est de ça dont j'avais peur.

Un temps pour se redresser, à peine, flirter avec la très légère brise et la fumée de la clope d'Adriel, toute nouvelle. Un sourire à la fois confus et mal avisé, il le savait, mais il savait aussi qu'un sourire guérissait nombre de plaies.

- J'ai été maladroit, pardon. Ta réaction se comprend, et je devrais arrêter de jouer au psy avec toi. T'es grand, tu fais bien ce que tu veux. Rassure-toi, aussi, personne ne dit rien à propos de tes relations, tu fais trop peur pour cela. C'est moi qui finis par savoir. Tu n'imagines pas à quel point cela peut être embarrassant, des fois.

Une enflure. Quand bien même il n'avait aucunement dans l'idée d'en paraître, il avait tout de l'enflure. Le sourire tellement peu confiant qu'il en devenait narquois, les intonations de sa voix, légèrement railleuses, ses mots, tous les mots choisis, harmonieux et maîtrisés, sobres mais élégants, clairs et efficaces. Un politicard, à n'en pas douter. Un pervers manipulateur sans même le vouloir. Pour cela, il se portait en horreur.

- Il y a un triangle émotionnel, et ça tout le monde le sait. Jiang a fait n'importe quoi avec Robin qui le lui a bien rendu et te demande d'arrondir les angles. Robin ne s'en est pas caché, lui, et Jiang a quelques amis qui apprécient autant son bourreau que toi et moi. Quelques amis mal renseignés et trop cons pour en changer.

Un ou deux gangs d'Arcadia, en somme. Sous la coupelle de Salva. Ils lui obéissaient dans l'ensemble, mais leurs actions isolées le restaient et il n'avait pas grande influence dessus. Et quand bien même ce ne serait pas Arcadia, Robin trouverait le moyen de se constituer une garde qui n'apprécierait pas de voir leur pote se faire cracher dessus par un pauvre et misérable petit solitaire qui traînait avec la tante drag queen de service.

- J'ai pas envie que ta gentillesse te bouffe. Ni qu'on puisse s'en prendre à toi alors que dans les faits tu étais le plus innocent de tous, ni que Jiang profite de toi pour régler ses problèmes à sa place. Je veux bien que ça n'aille pas fort, mais assumer ses torts et chercher les régler en arrêtant de pleurer à tout va, c'est ça aussi être adulte. Et si je perds mon temps à penser à lui c'est qu'il est assez intelligent pour comprendre ça. Pas Robin.

Sinon tu penses bien que j'en baverais un peu plus sur Gueule d'Amour plutôt que sur Priscilla Folle du Désert. C'est un connard, certes, mais un beau connard.
Trois lattes, expire.

- Pourquoi il a couché avec ce con, très franchement ? Il ne savait pas ce qui allait se passer ? Il a vraiment cru que Robin pourrait tomber amoureux de qui que ce soit ? C'est un sadique, un salopard, et il changera que quand il aura cinquante piges et qu'il attirera plus personne qui lui convienne, et encore c'est vite dit. Ça change pas, ce genre de cons, pourquoi il a décidé de tomber amoureux de ça ?

Parce que ça ne se commande pas vraiment. T'es bien placé pour le savoir.
Ouais, ouais. Bon.
Quatre lattes et plus rien. Des cendres sur la terre, son mégot contre la semelle de sa chaussure.

- Je hais ce con. Mais toi...

Difficile à dire, hein ?
Sa main dans ses cheveux et ses sourcils froncés parlèrent pour lui.

- Tu n'as juste pas intérêt à en pâtir. C'est pas à toi de souffrir ces conneries. Ta générosité vaut mieux que ça Adriel, tes sourires aussi. Tu vaux mieux que ça putain.

Et là, il n'était pas question que d'une langue coupée.
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J’fais trop peur, hein? Pfft. J’en pleurerais presque si ça ne m’arrangeais pas autant. Je n’ai même pas besoin de casser des gueules, j’ai juste à afficher un look bizarre et dessiner des trucs glauques. Si au moins j’avais une attitude agressive, mais je suis seulement blasé. Fatigué. Écoeuré. Et en ce moment, je le suis plus que jamais. Nouveau soupir. Très profond, celui-là. Pourquoi est-ce que j’aide autant Jiang, au fait? J’ai commencé par arranger les portraits de mecs qui l’agressaient dans une rue, au Minnesota, et là, je me tape sa peine d’amour. D’ailleurs, ce n’est franchement pas mon domaine. Tout ce que j’ai pu accomplir en amour, jusque-là, c’est blesser sans même m’en rendre compte. J’aime mal. Je suis une catastrophe. Faut pas me demander de conseils, je n’y connais rien. Je déteste l’avouer, mais cette foutue histoire me draine de l’énergie dont j’aurais besoin. Salva a raison. Depuis quand suis-je aussi gentil? Il n’y a pas si longtemps, je n’aurais même pas levé le petit doigt pour ces conneries. À quelque part, j’ai surtout envie que tout se termine au plus vite, donc je ferme ma gueule. Je me suis déjà énervé contre Jiang quelques fois – ce qui n’a pas donné grand-chose à part un torrent de larmes et d’excuses. Je ne peux qu’acquiescer en écoutant Salvatore. Ouais, ouais, il a raison sur toute la ligne. Il énonce mes propres pensées, mais qu’est-ce que tu veux bien que j’fasse?

-C’est ce que je n’arrête pas de me demander. C’est pas comme si Jiang ne connaissait pas la réputation de Robin. Le cliché du mec qui ne croit pas en l’amour et qui objectifie sexuellement tout le monde changeant grâce à l’amour véritable, ça existe seulement dans les films. Dans la vraie vie, ces gars ne changeront jamais, croient qu’ils sont les meilleurs et qu’ils ont absolument raison. Ça m’fait bouillir. Cette ordure de Français n’a même pas la capacité de respecter qui que ce soit. C’est dégueulasse. T’sais qu’il y a pas si longtemps, j’aurais envoyé chier Jiang? Assomme-moi, on m’a lavé le cerveau.

Peut-être que t’en as assez de repousser chaque personne à qui tu pourrais t’attacher. Que t’en peux plus d’en vouloir au monde entier. Que tu ne sais plus quoi faire de toute cette colère dirigée vers tout et rien à la fois. Peut-être que tu dois avouer que t’es seulement humain. J’ai comme l’impression qu’une bouteille de whisky ne me ferait pas de mal. Avec quelques joints, idéalement. Ouais, je veux seulement me faire croire que j’ai changé, et c’est pas très efficace. Au moins, j’ai arrêté les drogues fortes. Youpi pour moi.

-Il m’semble qu’avant, je choisissais mieux mes amis.


M’ouais. C’est ça. T’as jamais eu des tonnes d’amis non plus. Il a suffi de franchir la frontière pour qu’ils t’oublient aussi. Tous sauf Jake, et lui reparler me fait plus mal qu’autre chose. Surtout depuis que j’ai appris qu’il s’est fiancé. Fiancé, putain. Et son mec est tellement sexy que je le boufferais tout cru. Je suis hypocrite, égoïste. Au lieu de me réjouir pour lui, je me suis senti blessé et c’est limite si j’ai été odieux. C’est du Adriel tout craché, ça. J’suis juste en pétard parce qu’il a mieux réussi à continuer sa vie que moi. Vive l’égoïsme. Décidément, je suis toujours le même. Une fois qu’il a fini de parler, je fixe longuement Salvatore. Manifestement, il s’inquiète pour moi. Ses paroles ne sont pas celles d’un mec qui ne me voit que pour le cul – elles dégagent une certaine affection, et curieusement, ça fait du bien. C’est pour ça que je couche avec lui et pas avec cette enflure de Robin. Le Japonais a beau avoir des milliers de défauts, à commencer par le simple fait que c’est un chieur, il me respecte et me traite comme un être humain doit l’être. Il est nettement moins superficiel et a pas mal plus de jugeote. Il me tape sur les nerfs, mais je n’ai pas envie de le défigurer à coups de brique.

Je vaux mieux que ça, qu’il dit. D’habitude, je sais exactement ce que je vaux, c’est-à-dire pas moins que n’importe qui et sûrement plus que le Français. Mais quand je m’analyse, je me trouve pathétique. Je ricane amèrement en secouant légèrement ma tête. Mes cheveux emmêlés et mal attachés retombent mollement sur mes épaules. Je presse mes mains contre mon front. L’épuisement me fout un mal de crâne du tonnerre de Zeus.

-Tout ce que je sais faire, c’est fuir, figurativement ou littéralement parlant. La drogue, l’alcool, l’art, changer de pays, changer d’État… tout ça pour me rendre compte que pendant tout ce temps, c’est à moi-même que j’ai tenté d’échapper, que je murmure de façon presque imperceptible.

Je ferme les yeux. Ça fait du bien. Ma tête cesse de vouloir exploser.

-Bordel, j’en ai marre de tout le monde, mais marre!

Surtout de moi, en fait.
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Fissures.
Et voilà.
Facile, vraiment. Tellement facile qu'il en eut presque honte.
Il s'en voulait. Il s'en voulait horriblement de penser ainsi et se haïssait d'être comme cela à chaque instant passé en vie, il s'en voulait, mais il avait réussi. Encore. Pousser les gens à bout, leur faire dire ce qui n'allait pas. C'était un don, un cadeau. Des gens étaient payés pour faire de cela une thérapie, lui était né avec cette faculté, en usait à loisir, et piégeait les gens avec. Tous ceux qui n'étaient pas assez forts pour tenir le coup finissaient par craquer sous sa pression et il obtenait ce qu'il cherchait. De quoi porter préjudice. De quoi détruire une réputation. De quoi détruire quelqu'un, parfois définitivement, parfois pas. Un don, se persuadait-il, un don qu'il utilisait à des fins personnelles et à mauvais escient, mais un don. C'était lui qui en faisait n'importe quoi. C'était lui le fautif, il en était convaincu. Il était comme ça, ce n'était pas sa faute. Il était comme ça et Adriel venait de craquer. Il venait de faucher Adriel Lespérance, pour le meilleur et pour le pire, il avait de quoi le faire chanter, il avait de quoi l'enterrer vivant, il avait toutes les cartes en main et il n'en tira aucune satisfaction. Juste une honte immense et une question, une seule.
Qu'est-ce que je dois faire.
Tout un petit univers réduit en cendres et une voix dans sa tête, pas même la sienne, qui pleurait une position bien trop inconfortable. C'était comme se retrouver face à quelqu'un qui pleure sans savoir quoi faire parce qu'il n'y a rien à faire. Rien à dire. Il était là et c'était tout. Il n'aimait pas être touché, n'aimerait pas plus l'être en cet instant, il n'aimait pas quand il parlait, du moins sérieusement, et le lui avait suffisamment fait comprendre, il n'aimait pas Salvatore et Salvatore le savait. Il ne l'aimait pas, pas assez pour accepter ds mots venant de lui, du soutien, du réconfort. Il l'avait poussé ici et maintenant était incapable de le retenir pour, au moins, amortir sa chute. Il n'avait pas même conscience de souhaiter le rattraper, il était trop un salopard manipulateur pour se rendre compte d'une gentillesse désintéressée même lorsqu'elle avait lieu dans sa tête. Il était là, Adriel était là, et il n'avait aucune idée de quoi faire. Quoi dire.
Quoi dire.

- ... Adriel ?

Une question. La plus sincère qu'il puisse poser, et il s'agissait de l'appeler. Prendre conscience de la réalité et oui, oui, Adriel est bien là, devant toi, désœuvré, et tu es suffisamment intelligent pour comprendre qu'il a besoin de soutien. Oui oui. De soutien.
Son mégot tomba au sol et il regretta de ne plus rien avoir entre les doigts pour le divertir. Pour le faire fuir, lui aussi. Mais non. Leur fusée s'était écrasée très loin de leurs repères et de leurs habitudes et les voilà bloqués, tous les deux, côte à côte. Même l'espace était petit. L'arrière-goût de tabac entre ses lèvres lui donna presque la nausée.

- Maintenant tu sais ce que c'est d'aimer. D'avoir des gens pour lesquels s'inquiéter. Et de ne pas en avoir simplement un mais plusieurs parce qu'on a beau dire mais le cœur humain est polygame. Tu sais ce que c'est d'avoir des amis.

Et tu es qui, toi, pour parler d'amitié ?
Qu'est-ce que tu connais de l'amour, au juste ?

- Navré. Vraiment.

Ne le touche pas.
Reste à bonne distance et essaye de ne pas croiser son regard. Sa tête basse aide, mais il n'est pas idiot et il remarquera bien vite que ses yeux ne tiennent pas en place. Il n'est pas idiot. Quelle merde.
La main dans sa mèche lui fait se rappeler des caresses reçues, ses doigts sur son crâne rasé révèle le souvenir d'étreintes dont il ne restait qu'un désert. Immense désert de son corps, de son esprit. Il aurait aimé savoir aider les gens plutôt que les détruire.

- Je ne suis pas aussi fort que toi, moi. J'arriverai pas à aider comme tu le fais. Ton attitude n'a pas de prix tu sais. Tu es quelqu'un de bien qui mériterait autant d'attention que celle que tu emploies à soutenir les autres. Ce serait bien que tu t'en rendes compte. Ce serait bien qu'on te fasse comprendre que tu es loin d'être une ordure comme tu sembles l'imaginer.

Il ne bougeait pas. Pas du tout.
Une toux fausse, parce que le silence le mettait autrement plus mal à l'aise que la parole.

- Tu as le droit de penser à toi Adriel. Ce n'est pas être égoïste. Pas quand on s'emploie à ce point à éponger les peines de cœur insensées des cas sociaux de Volfoni.

Il se demanda si c'était sincère, supposa que oui. Qu'il ne se mettrait pas à s'arracher les cheveux simplement pour paraître crédible.
Il s'arrachait les cheveux pour Adriel. Littéralement.
Il ne l'avait sans doute pas remarquer et il fit mine s'essuyer sa main sur son pantalon pour les lâcher plus discrètement. Supposait-il. C'était gênant. Affreusement gênant. Alors il se leva et fut incapable de bouger davantage. N'osa pas se rasseoir de peur de faire indécis. Salvatore Kimimichi sait toujours quoi faire. Toujours.

- ... Tu veux que j'appelle Kai ?

Je sais que tu l'apprécies. Je le sais. Et il te sera toujours plus utile que moi.
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Je sens son malaise.
Je n’ai même pas besoin de le regarder. Je fixe le sol. Je n’ai qu’à écouter le silence. Je l’entends bouger et respirer, et je ne lui en veux pas de ne pas savoir quoi dire. Comme si on s’attendait à ce qu’Adriel Lespérance s’écroule. Comme si on s’attendait à le voir détruit et impuissant. Seulement, Salvatore n’a même pas la moindre idée que c’est mon monde entier qui semble s’envoler morceau par morceau. Que ce sont des années de douleur encaissée qui me reviennent en pleine face à cents milles à l’heure. Il ne connaît même pas le dixième de ce qui fait de moi qui je suis. À quelque part, j’aurais presque envie qu’il sache à quel point je suis misérable. J’ai quasiment envie de le regarder en pleine face, mes yeux dans les siens, et lui dire :«ma mère est peut-être morte en ce moment-même». Observer l’expression de son visage changer. Mais je ne le ferai pas, non. Kimimichi ne me déteste pas pour l’instant, mais on ne sait jamais ce qui peut arriver. Je n’ai aucun moyen de savoir quand il me tournera enfin le dos. Je me suis juré que le bruit ne se répandrait jamais au sujet de mes parents. On peut dire tout ce qu’on veut sur moi, tant que ce n’est pas la vérité. Tant que c’est que des conneries. Tant que je peux en rire.

Pourtant, je l’aime bien, Salva. Et je n’aime pas cacher des choses aux gens que j’aime bien, même si c’est ce que j’ai toujours fait. Je me dis que c’est nécessaire. J’ai déjà échappé des trucs que peu savent. Maintenant, il tient un bout de moi. C’est assez. C’est trop. Ces petits bouts, il faut que je les garde jalousement pour essayer de me reconstruire. Je dois éviter de continuer à péter mon câble, mais c’est comme retenir une pressante envie de chier.  Les deux jours que j’ai passés chez Kai m’ont définitivement aidé, mais ça ne suffit pas. Loin s’en faut. Je ferme les yeux une nouvelle fois, la tête toujours baissée. Je la relève légèrement lorsqu’il m’appelle par mon prénom. Qu’est-ce qu’il va me demander, encore?

-Ouais, quoi?

Je l’écoute sans rien dire. S’il savait comme il se trompe... j’aime mal. Je fais mal. Mon amour et mon amitié finissent toujours par devenir aussi brûlants que l’acide.  Une fois qu’on me connait, qu’on sait exactement ce pour quoi on doit me soutenir, le bagage qu’on a à traîner avec moi, on se décourage rapidement. Et lorsqu’on reste avec moi, qu'on a décidé d’ouvrir mon placard et de regarder les cadavres qui s’y trouvent, l’odeur finit par étouffer. Mon mal-être empoisonne. Et moi, moi le con, je m’accroche au malheureux qui a eu le courage de me dire qu’il allait porter une partie de mon fardeau. Et je l’étrangle avec mon espoir et mon affection tordus. Je l’ai dit. J’aime mal. Non, vraiment, il ne sait même pas de quoi il est navré. Il croit être navré pour un mec qui en a assez qu’on l’embête avec des peines d’amour. Non. La réalité est infiniment plus dure que ça.  Mais bien sûr, je ne dis rien. Je ferme ma gueule. Je ravale tout et je fais le mort. Je ne l’interromps pas. Au contraire. Je n’aurais même pas imaginé que lui, Salvatore Kimimichi, essaie de réconforter qui que ce soit, et encore moins moi. Je dois bien avouer que ses mots me touchent. J’ai l’air complètement zombifié, mais je reste attentif à chaque syllabe qu’il prononce.

-Justement. Là, j’en peux plus d’être supposément fort. J’sais même pas comment j’ai fait pour me lever et aller en cours. De la force, j’en ai plus. Même pas une once.

J’aurais voulu continuer à m’écrouler, à devenir un cadavre vivant, échoué sur le lit de Kai. Pour une fois, pour une criss de fois, ça devrait être moi qui se laisse aller à la douleur. Jiang pète son câble. Summer aussi. Crimson est limite dépressif. Autour de moi, tout le monde se laisse aller, et moi, je les regarde faire et je continue de vivre. Parce que je suis sensé être celui qui est froid, fort, insensible. Seulement, certaines choses peuvent briser ma frigidité émotionnelle comme s’il ne s’agissait de rien de plus qu’une fine couche de glace. Il n’y a que Jake et ma propre mère pour me mettre dans cet état. Et ils ont magnifiquement réussi. C’est aussi ça, aimer. C’est finir par être blessé. Je ne peux quand même pas m’empêcher d’être attaché à Neka*, et ce, malgré sa dépression chronique qui m’a rendu la vie impossible. Quant à Jake… j’ai moi-même tout gâché. Je le sais. Je l’ai rejeté. Je me suis enfui. Je suis toujours amoureux de ce mec, et l’avouer est douloureux.

-De toute façon, j’ai plus rien à donner. Pas l’choix de penser à moi.

Je lève enfin la tête vers le Japonais. Voilà. Vas-y. Chicken out. File.  Tu peux pas supporter de me voir réduit à la moitié de moi-même. Et encore, t’as rien vu mon pauvre. T’as pas vu à quoi je ressemblais, chez Kai. Kai… pour l’instant, je l’ai assez importuné. Il a été admirable, vraiment. Il a observé ma décrépitude et n’a pas bronché. Il m’a aidé comme seulement Jake l’a fait pour moi, jusqu’à maintenant. Je peux le laisser se reposer, penser à autre chose que des problèmes qui ne sont même pas les siens. Mais j’ai envie – non, j’ai besoin – que quelqu’un reste à mes côtés. Ouais, même si c’est Salvatore. Je cherche son regard, le trouve et y plante le mien, rempli d’émotions à l’état brut. De cette souffrance que je lutte pour qu’elle reste emprisonnée à l’intérieur de moi. Si les yeux sont les fenêtres de l’âme, les miens expriment ce que je ressens beaucoup mieux que tous les mots du monde. De toute façon, je ne peux les empêcher de me trahir.

-Pas besoin. Reste.

Reste. Quelque chose que je ne me serais jamais imaginé lui demander.





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Salvatore Kimimichi
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- ... Mais qu'est-ce que tu fais... ?

C'était sorti tout seul. Il ne bougea pas. Il resta droit comme il l'était toujours, fronça les sourcils comme il les fronçait toujours, il resta égal à lui-même malgré la tempête dans son crâne. Malgré ce qu'Adriel venait de dire. De lui faire. Sauf que Salvatore savait toujours comment réagir. Salvatore avait de l'avance sur tout un chacun, une bonne avance, il savait comment gérer ce genre de situation il le savait au-delà de tout il ne pouvait pas être prit au dépourvu il ne le pouvait tout simplement pas.
Ses yeux arrachèrent les siens quand il s'y plantèrent. Il saignait du cœur et s'imaginait éventré. Adriel aimait les trucs gores, à ce qu'il paraissait.

- Qu'est-ce que tu essayes de me dire ? Tu n'as plus de force, sinon celle de m'ordonner de rester ? Plus de force sinon celle que me contraindre à rester ? Ce n'est pas moi, ça, ce n'est pas moi.

Terminer sa phrase dans un soupir, renifler dans le vide, croiser les bras pour se protéger. Il ne lui restait plus grand chose maintenant qu'Adriel avait rasé la plaine de toutes ses belles avancées.

- Moi j'achève les gens. Quand ils sont dans ton état, c'est moi qui les y ai mis. Je ne reste pas à leurs côtés. Je sers mes intérêts et ce n'est pas mon intérêt que te veiller les gens brisés, que veux-tu que je fasse ?

Non tu ne te baisseras pas. Tu resteras bien debout sur tes deux appuis, plus solide que lui, plus solide.

- Tout ce que je sais faire pour consoler, c'est baiser. Et c'est pas baiser qu'il te faut, c'est parler. Et tu ne me dis rien.

Tu fais bien. Tu fais bien, vraiment, ce n'est pas ce que je voulais dire.
Ses mains tombèrent sur ses épaules pour les bloquer. Non pas dix doigts, mais deux serres.

- Tu veux que je te montre comment je fais ? Ecoute bien.

Respire. Caresser ses cheveux, rien qu'un peu, et retomber sur ses épaules.

- Je me prends comme base. Il n'y a que deux personnes qui seraient capables de me mettre dans ton état : Pénélope, et l'homme que j'aime. Pénélope parce qu'il lui serait arrivé quelque chose. Quelque chose de grave. Une maladie, un accident, quelque chose de très grave, qu'elle serait en danger, ou qu'elle ait des ennuis par ma faute. L'homme que j'aime parce qu'il m'a trahi, et seulement parce qu'il m'a trahi. Et cette base, je l'applique à tout le monde. Tu n'as ni frère ni sœur, pas à ma connaissance. Tu ne parles jamais de ton père, ni de ta mère, mais c'est ta mère qui est amérindienne et tu parles suffisamment bien ta langue bizarre pour supposer que tu l'as entendu, donc que tu as vécu avec ta mère et que ton père a toujours été discret dans ton paysage familial. Et vu tes performances, ça m'étonnerait que je sois ton premier coup. Tu viens de me dire que tu as changé de pays, à supposer que tu ais quitté ton pays natal, c'est-à-dire le Canada, tu y as laissé famille, amis - si tu en as jamais eu - et amants. Ça doit être dur de quitter tout ça, le manque du pays doit te jouer des tours parfois. Tu te piquais ? Tu fumes autant pour te sevrer de la weed, ou d'autre chose ? J'ai jamais remarqué de trous de piqûres sur toi, tu te débrouilles plutôt bien pour cacher les trucs aux autres. Dans tous les cas il t'en faut pour te mettre dans cet état, ça veut dire que tu traînes ces merdes depuis longtemps sans en parler à personne ou, comme tu le fais maintenant, tu lâches des bribes à droite et à gauche pour avoir l'impression de ne pas dire grand chose alors qu'au final il suffirait de retrouver tous tes proches pour recoller les morceaux, ce que je devrais faire pour avoir la moindre idée sur ce que tu vis. Ou ce que Kai devrait faire.

Mais avec moi ça ne prend pas.

- Où est-ce que j'ai tort ? À moins que je ne t'ai vexé ? Je ne sais pas réconforter les gens Adriel. J'ai essayé, je t'assure, mais je ne sais pas faire. Pardonne-moi.

Sincèrement.
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Non, toi, qu’est-ce que tu fous? Toi, qu’est-ce que tu essaie de me dire depuis le début? Moi? J’fais rien, c’est pas assez clair? Je dis n’importe quoi, ça ne parait donc pas? Je ne sais plus quoi faire, tellement que je te demande à toi de rester pour endurer ma face à claques de gars perdu, de gars pathétique, complètement fucked up. Je m’en câlice-tu ben que tu ne sais pas consoler. C’est pas c’est que j’veux. C’est pas ça, t’es con ou quoi? Au point où j’en suis, y’a pas de consolation. Fuck, je lui ai pas demandé le ciel, non plus. Il se serait assis à côté de moi pendant deux minutes sans rien dire, et ça m’aurait suffi. Ça m’aurait largement suffit. Ce qu’il peut être imbécile.

Et ce reproche. Ce reproche qui me fait tiquer. Qui me donne envie de hurler à chaque fois. Tu ne me dis rien. Bien sûr. Tu ne parles pas assez, Adriel. Oh, tu parles, mais pas des choses vraiment importantes. Pas de tes sentiments. Chaque personne dont j’ai été un tant soit peu proche me l’ont dit. Mes parents, pour commencer. Jake. À peu près tous mes amis. Non, non j’ai pas envie de t’écouter. Pas plus que j’ai envie de parler. Ta gueule. Ta gueule. Ta gueule, tabarnak. Ta gueule. Tes mains, j’ai envie de les prendre pis de te les fourrer profondément dans le cul. Ne me touche pas. Tout ça, je le pense comme si je le beuglais, comme s’il pouvait entendre mes pensées. Mais je dis rien. Je bouge pas. Je le laisse faire. Je le laisse parler. Mes yeux sont plantés dans les siens. Ils ne dévient pas une seule fois.

Je sens l’expression de mon visage changer au fur et à mesure de son monologue. Mais surtout, je sens les fissures se former à l’intérieur de moi. Peu à peu, tout éclate, tout tombe en morceau. Je me débrouille bien pour tout cacher, hein? Apparemment, pas assez. Pas encore assez. Je me rends compte que je suis horriblement transparent pour qui sait réfléchir, chercher, creuser tous les mots que je prononce. Chaque information à propos de moi, aussi banale soit-elle. Même si on ne lui dit rien, à ce mec, il finit par tout savoir. Par tout deviner. C’est une vraie plaie. Il aurait pu s’arrêter aux apparences, comme tout le monde. Se dire que je suis simplement un peu freak. Je perds aussitôt mon calme. C’est une panique froide qui m’envahit. Pas de coups, pas de cri, juste ces morceaux de moi-même éparpillés partout et cette sensation aussi glaciale que dégueulasse à l’intérieur de moi. Comme s’il fouillait dans mes entrailles pour sortir tout ce que je cachais et l’agiter joyeusement sous  mon nez. C’est dans un mélange de québécois et de montagnais que je lui crache les premiers mots de mon propre monologue. Lui qui voulait tellement entendre mon accent, je le gâte.

-T’es vraiment un p’tit criss, toi hein? T’sais que j’te hais, ostie que j’te hais d’avoir tout deviné comme si c'était rien. Matshenimeu. Uinenimeu*. T’aimes ça toute décâlisser. Tu veux que je te parle? J’vais te parler, que j’ajoute en anglais.

Ça change quoi que je dise tout, là? Je pourrais lui dire qu’il s’est trompé sur toute la ligne, mais il est pas stupide. Il sait qu’il a raison, le salopard. Je le lui ai déjà fait sentir  avec mon visage, avec mes mots – même s’il ne les a pas compris. Tant qu’à être limpide, tant qu’à être un putain de livre ouvert, on fera pas les choses à moitié, hein. Avec moi, c’est tout ou rien. J’crois l’avoir déjà dit à quelque part.

-Tu t’es trompé nulle part. Ou presque. Bravo, tu réfléchis encore plus que moi. Faut vraiment que tu grattes jusqu’à ce que ça saigne et que le pus sorte, hein? Tout ce que t’as faux, c’est que moi aussi, j’ai une petite sœur – demi sœur. La grosse différence entre elle et moi, à part nos mères, c’est qu’elle était désirée. Oh, et mon père n’est pas «discret dans mon milieu familial» comme tu l’as si bien dit. Il a juste foutu le camp avant que je naisse. C’est cool, hein? C’est beau, la famille, hein? Ouais, j’ai vécu avec ma mère. J’ai été élevé par elle, si on peut dire que j’ai vraiment été élevé, parce que hey, attends, ça devient encore meilleur. De mieux en mieux. Elle est dépressive chronique. Alcoolique. Junkie. J’ai grandi dans la merde. Tu sais c’est comment, les réserves au Canada? Allez, j’vais être gentil, j’te fais un résumé : on a le record de pauvreté, de violence, de suicides, d’alcoolisme et de dépendance aux drogues. Charmant, pas vrai? Un véritable conte de fées. Et t’as raison, je fume comme une cheminée pour me sevrer. Du weed? La bonne blague, j’ai jamais pu arrêté. Tu verras pas de cicatrices de piqûres. C’est surtout du speed. Parfois, je sniffe. Pourtant, depuis que j’suis parti, j’ai l’impression de me prendre en main. J’suis un ange, comparé à l’année passée. La dernière fois que j’ai consommé, c’était en décembre. Je me ferme la gueule, je reste tranquille, je reste dans mon coin. Qu’est-ce qui me fait péter un câble, maintenant, hein? C’est ça que tu te demandes? Ça commence par l’homme que j’aime qui s’est fiancé. Ça continue avec ce même con qui donne mon numéro de téléphone à ma mère, même si je lui ai dit que c’était interdit. Puis, ma mère qui m’appelle cette semaine pour me dire adieu. Non, elle ne part pas en voyage. Elle va essayer de se suicider. Encore une fois. Et j’espère qu’elle va crever pour que tout finisse enfin. Pour que je puisse tourner la page. Je l’aime mais… mais. Ouais, c’est ça. Juste «mais».

J’humecte mes lèvres avec ma langue sectionnée. Elles sont sèches. J’ai tout débité dans une colère froide, sans jamais hausser le ton. Tout le long, je ne l’ai pas quitté des yeux. D’ailleurs, je l’observe toujours.

-Tu peux tout raconter, si t’en as envie. Tout retourner contre moi. Fuck it. Je m’en branle. Au pire, ça me fera une raison pour foutre le camp une nouvelle fois.






*«Je te déteste. Tu me dégoûtes» en montagnais.
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C'est toi qui m'a obligé à parler connard. C'est toi qui m'y a forcé, je déteste le silence et tu le sais. Je déteste quand on prend le temps de se regarder, yeux dans les yeux, pour sonder nos pensées et se poser des questions l'un sur l'autre qui resteront sans réponse parce que c'est ce que tu aurais fait, tout le monde le fait, tu l'aurais fait aussi. Je déteste quand on prend le temps de penser à qui je suis et il n'y a rien de pire que le silence pour se focaliser sur la personne qu'il y a à côté de soi. Tu aurais voulu que je la ferme ? Il fallait me révoquer. Tu voulais de la compagnie ? T'avais qu'à rester chez Kai. T'as voulu que je reste ? Tu le payes. Tu le payes.

Les paupières lourdes d'un poids qu'il sentait bien trop lourd à porter et il refusait d'être comme tous les autres. Si Adriel en venait à lui vomir ça à lui, c'était bien que ça n'allait pas. C'était bien qu'il y avait un problème, pas qu'un petit, et que personne, personne autour de lui n'était prêt à assumer ce poids-là. Salvatore Kimimichi n'était pas comme tout le monde. À vingt-et-un ans il avait tous les merdeux banlieusards d'une ville à ses pieds, il avait été renvoyé de deux établissements scolaires, bientôt trois si ses plans de chanvre n'étaient pas suffisamment discrets, il était une célébrité à Arcadia parce qu'on connaissait les Kimimichi, Salvatore n'était pas n'importe qui. Alors il porterait ce fardeau sans en perdre un traître mot. Même s'ils faisaient douloureusement écho à des plaies rongées par l'acide mais ce n'était rien, ce n'était rien. Il n'en montrait rien. C'était ça aussi, la force de Salvatore Kimimichi.
Il devait reconnaître que ça faisait mal de le voir ainsi. D'entendre ça.
Et pire que tout, il n'y avait rien à dire. Rien à ajouter.
Le silence était horrible et ses ongles se plantèrent dans la peau brune. Il se sentait comme un roi à être aussi pâle.

- 貴様...

Uénimeu toi-même salopard.

- Comme si j'avais que ça à foutre, cracher ta vie à qui veut l'entendre. Je suis pas conteur.

Ça va bien, de se cacher derrière des monologues qui laissent sans voix. Ça lui allait bien.
Il glissa tout seul contre lui, ne le quitta pas des yeux. C'était fou. Comme s'ils étaient greffés entre eux. Ses mains pivotèrent à peine, capturèrent ses joues. Qu'il essaye donc de s'en défaire et il lui briserait la nuque. Ses doigts tremblaient rien qu'un peu.

- Et donc tu as raté ta vie.

T'aurais jamais du dire ça. Mais pourquoi fallait-il qu'il soit aussi gauche pour aider, nom de Dieu, c'était pourtant pas si compliqué ! Il arrivait très bien à détruire, c'était simplement l'inverse, faire l'inverse de ce qu'il faisait d'habitude. Se taire ? C'était ridicule ! Il y avait bien une recette, une alchimie, quelque chose pour garantir l'apaisement, l'auxiliaire, et lui lisait la notice à l'envers et marchait sur les ruines des châteaux pour les enfouir dans le sol et ne plus jamais les retrouver, et dans mille ans quand il ne resterait que des cendres d'eux des taupes viendraient creuser là et verrait à quel point l'architecte était un incompétent qui s'était enterré avec sa tour.
Un idiot, il le savait. Et ses doigts tremblaient.

- Si tu n'avais pas été souhaité, si tu n'avais pas réellement été désiré, tu ne serais pas là aujourd'hui à pleurer une femme qui te fait confiance pour prendre le relais et un homme qui n'a pas su t'aider quand tu en as eu besoin - et ne me dis pas qu'il t'a aidé, n'aies pas ce culot là, s'il avait été vraiment là pour toi tu ne serais même pas en train de me parler. Ne me parle pas de souhait parce qu'à partir du moment où la femme qui t'a chié s'est pas empressée de se débarrasser de toi à peine né c'est qu'elle tenait à toi autant qu'elle t'aimait. Et c'est normal de dire au revoir quand on s'en va.

J'ai horreur de dire ça.

- Elle a attendu que tu sois prêt mais on n'est jamais prêt à perdre quelqu'un qui nous a appris à parler. Elle a attendu autant que possible et maintenant elle sait que tu es prêt à assurer ta vie, qu'elle n'a plus rien à t'apporter. Tu es grand et elle est fatiguée, accepte son au revoir et laisse-la partir. Si elle ne sent plus rien autant lui faire confiance, elle aura eu la force de prévenir, au moins. Elle est pas partie comme une voleuse.

Les suicidés sont des lâches. Se pendre, se taillader les veines, c'est pas une preuve de courage. Faut être un putain d'égoïste pour abandonner ainsi. Dans la vie t'es pas tout seul. Dans la vie t'es jamais seul. Jamais. Mais Adriel n'avait pas besoin d'entendre ça et l'étau de ses mains se resserra. Il voulut se retirer, sincèrement. Tous ses muscles étaient bloqués.

- Bordel 坊や, tu t'appelles Adriel Lespérance, et tu sais que j'y comprends rien au français mais tu entends ? Lespérance. Te fous pas de mon accent et écoute bien. L'espérance. C'est pas dans un rail ni dans un joint que tu la trouveras, la force de continuer. Morfonds-toi si tu veux te morfondre, complais-toi dans ta vie de merde et surtout bouge pas. Tout le monde se laisse aller autour de toi et imite-les, oui, t'as le droit, t'as le droit. Va te bourrer la gueule si tu préfères ton silence à mes bons mots, j'comprendrai, t'inquiète pas pour ça.

La gifle partit sans prévenir. Tellement qu'il perdit l'équilibre de son accroupi et qu'il se laissa tomber sur les fesses.

- Mais je t'interdis - tu entends ? je t'interdis de me demander à moi de garder le silence. Si tu viens vers moi c'est pour cracher ce que t'as là-dedans, Adriel Lespérance. Sinon tu peux rester dans ton aquarium à attendre que t'aies plus rien à fumer et te dire que ça va mieux.

Et je t'interdis de penser un seul instant que je pourrais répéter ça. À qui que ce soit.
Mais ça faisait peut-être beaucoup trop d'un coup.
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Je sens le calme m’envahir lentement mais sûrement pendant le silence qui suit mes paroles. C’est la deuxième fois que j’explique la merde que j’ai mangée en l’espace de deux jours. Sauf qu’à Kai, je ne l’ai pas craché comme je viens de le faire. D’une certaine manière, je n’ai que révélé la pointe de l’iceberg. Ce serait impossible de mentionner chaque situation foireuse dans laquelle je me suis fourré. Toutes les crasses que j’ai faites pour avoir l’impression d’être vivant. Pour oublier. Pour avoir ma dose. Ça me soulage d’être devenu si tranquille… Oh, je consomme encore, parfois. Je bois. J’ai des amants. Mais je n’ai pas l’impression que ma vie ne se résume qu’à ça. Malgré tout, je ne crois pas me tromper en me disant que je ne suis jamais senti aussi bien. Je commence à m’accomplir en tant qu’artiste, et ça, c’est ce que j’ai fait de mieux jusqu’à maintenant. Comme on dit, tout n’est pas à jeter. J’imagine que je vais tout simplement finir par faire la paix avec mon passé.

Je sens les doigts de Salvatore se planter dans mes épaules qu’ils n’ont toujours pas lâchées. Ils tremblent très légèrement. Moi, je suis immobile. Je le regarde. Il n’a jamais aimé le silence, mais il traîne quand même avec moi. Il baise quand même avec moi, qui préfère me taire. Je dois lui donner des envies de meurtre avec mes longs et insupportables silences, mais je suis comme ça. Même si je suis sûr qu’il ne vient pas de ne dire un mot doux en japonais, je le prends presque comme tel et mon expression s’adoucit tranquillement. Je hoche la tête, ne dis rien. Étrangement, je le crois. Il n’ira rien raconter. Pas besoin de paranoïer pour des conneries. Ses mains tremblotantes se déplacent jusque sur mes joues et, l’espace d’un instant, je pense à me dégager. Je me ravise. Pour une fois, je vais le laisser me toucher à part pour me sucer. Contre ma peau mate, la sienne a l’air cadavérique. Sa prochaine phrase me fait froncer les sourcils. Ma vie? Ratée? Merci pour le magnifique tact. J’essaie de faire taire la colère qui se lève d’un bond en moi. Qui me donne envie de le repousser furieusement. Je ferme les yeux et soupire.

-En quoi j’ai raté ma vie? Je la commence à peine, t’es encore plus déprimant que moi, que je lâche froidement.

Si c’est ça sa conclusion, je préfère me lever et foutre le camp. Peut-être retourner chez Kai. Je n’ai vraiment plus envie de voir qui que ce soit d’autre que lui. Je laisse l’idée germer dans ma tête et dans mon corps tellement fatigué qu’il me semble rouillé. Pourtant, la suite du flot de paroles qui coule sans cesse de la bouche de Salvatore me cloue sur place beaucoup plus sûrement que ses mains sur mon visage. Je trouve la force de lui offrir un sourire – infiniment triste, mais un sourire quand même. Je vis ma propre vie sans trop de mal, contrairement à Neka. Elle désirait s’assurer que je me débrouillais bien. J’ai senti sa fierté dans sa petite voix brisée lorsque je lui ai parlé de mes œuvres, de mes expositions et de mon nouveau job de tatoueur. Ouais, je l’aime en grosse partie pour cette raison : elle m’a toujours accepté tel que je suis. C’est pas qu’elle s’en branle, non. Elle m’accepte vraiment. Salva a raison. Elle m’a fait ses adieux, m’a prévenu. Je râle comme le con que je suis, mais si j’avais appris sa mort par après, j’aurais été bourré de regrets. J’aurais regretté de ne pas avoir pu lui parler une dernière fois. Regretté de ne pas lui avoir dit que je lui pardonnais. Et ça, ça aurait été douloureux. Atroce. Je me déteste déjà d’avoir été rancunier et de ne pas l’avoir visitée cet hiver.

J’attends que la haine et la colère aillent kicker mon calme suite à ces mots. Après tout, qui il est pour essayer de la comprendre, celle qui m’a chié, hein? Pour me dire d’accepter sa décision? De la laisser partir? Mais y’a rien qui vient. Au lieu de me foutre en rogne, il m’apaise presque. Aucun son ne franchit mes lèvres, je garde une expression neutre et j’écoute. Je n’ai même pas envie de me foutre de lui et de sa prononciation française très foireuse. Non, c’est de ça dont j’avais besoin. Que quelqu’un me dise de me bouger le cul et de m’empresser de vivre. Pas de la compassion. Juste la vérité. Après tout, je ménage rarement les gens, pourquoi est-ce qu’on le ferait pour moi? Non, vraiment, je serais aussi lâche que pitoyable de me complaire dans ma douleur. Je peux souffrir, me le permettre, mais pas me rouler dedans. Pas m’étouffer dedans. Pas me plaindre en ne levant même pas le petit doigt pour aller mieux.

C’est sa gifle qui me tire finalement une réaction. D’abord, c’est l’étonnement. Attends, il vient vraiment de me frapper, ce salopard? Il tient vraiment pas à sa jolie petite gueule, hein? Je m’attends moi-même à gueuler, à être furieux, à le frapper en retour, mais je n’en fais rien. Non, au lieu de ça, j’éclate de rire. J’sais même pas pourquoi, mais je ris. Ma joue chauffe un peu, mais je ris. Rien ne va vraiment, mais je ris quand même.

-Toi? Garder le silence? Tu peux jamais te la fermer. C’est pour ça que j’te demande tout le temps de me sucer, que j’ajoute en essuyant les larmes au coin de mes yeux.

Je reprends mon souffle ainsi que mon sérieux que j’ai perdu l’espace d’une minute.

-Plus sérieusement, je… J’te remercie de me secouer un peu. Ouais, j’ai mes problèmes qui sont assez lourds. Ouais, j’ai pas eu une vie facile. Mais c’est ce qui a fait qui j’suis aujourd’hui, et même si parfois je me hais, j’crois sincèrement être une bonne personne. T’inquiète pas pour moi. T’arrache pas les cheveux pour moi. J’me suis morfondu pendant deux jours. J’ai eu mon quota. J’dis pas que ça va être la grosse joie pour les prochaines semaines. Que ça va pas m’arriver de craquer. Si je sèche des cours, te demande même pas pourquoi. Ça va faire mal, mais ça va passer. J’vais la laisser partir et vivre ma vie. Ça va pas aller, mais ça va passer.

C’est la première fois que je le remercie pour autre chose qu’une bonne baise, je l’avoue. C’est un peu con. C’est surtout la première fois que je me rends compte que je compte un tant soit peu pour lui. Et soyons sincères, pour une fois : à ma manière, je tiens à lui. Ouais, lui, ce mec manipulateur, un peu louche et nympho sur les bords que peu de gens semblent apprécier. Mais j’m’en crisse, des gens. Moi, je l’aime bien, Salva. Je sors une nouvelle cigarette de mon paquet presque vide – non, j’ai pas honte de m’encrasser les poumons à ce point – et l’allume avant de tirer une latte.

-J’suis pénible, hein?

Mais tu l’es tout autant, donc tu me pardonnes.
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Fissures.
... Attends quoi ? Adriel qui rit ?
C'est possible, seulement ?
Sa fierté s'en sentit vexée et comblée à la fois. On ne rit pas des conseils de Salvatore, c'était déjà suffisamment compliqué pour lui de les prodiguer, mais c'était Adriel qui riait, Adriel qui au mieux souriait, esquissait un tout petit pli de bouche quand il était amusé, qui riait jaune parfois, qui se moquait de temps à autre mais là non, il riait. De bon cœur il riait. Et Salvatore ne savait pas trop où se mettre alors il décida de froncer les sourcils et de garder son sourire de Joconde. Accompagné d'une brève expiration contrariée, mais brève. Adriel riait trop rarement pour lui en vouloir. Du moins trop rarement devant lui. Une main dans la nuque et l'autre l'aidant à se mettre à genoux pour retrouver un semblant d'équilibre et sentir l'herbe et ses cheveux courts, autre chose qu'Adriel qui prenait beaucoup trop de place tout de suite. Beaucoup trop à son goût.

- Si tu me demandes de te sucer tout le temps c'est parce que t'adores ça. Te cherches pas d'excuses.

Y'a des trucs qu'on ne pardonne pas, peu importe le nom qu'on arbore. Faut pas déconner non plus.
Son sourire par contre, il excusait tout. C'en devenait presque handicapant, à force.
Des remerciements qui lui semblèrent à peine bienvenue, et étrangement superflus. Lui qui se serait attendu à se sentir empli de fierté à accepter, à daigner accepter la gratitude d'un inébranlable comme ce mec là, lui qui se serait cru si enorgueilli par un merci de Lespérance se sentait étrangement vide. Quelque chose qui ne lui était pas du, en vérité, qu'on lui donnait et qu'il acceptait sans cérémonie. Il venait de décrocher la lune et ça ne lui faisait rien. C'était normal. C'était juste normal. Consoler quelqu'un sans rien attendre en retour, c'était normal.
Salvatore en frissonna à peine. Garda la main bien protégée derrière son crâne.
T'arraches pas les cheveux.
Il ferma les yeux pour mieux encaisser et s'empêcher de blêmir.

Evidemment qu'il l'avait remarqué, il n'était pas idiot.
Evidemment qu'il l'avait vu. Et sa honte n'en fut que plus grande. Il aurait préféré se ronger les ongles jusqu'au sang ou se gratter la peau à se l'irriter, largement. Mais non. Mais non.

- Ça ira Adriel. Ça passera, mais ça finira par aller aussi.

J'aimerais que ça finisse, maintenant. Si tu le permets.
Une cigarette, qu'il lui laissa entamer. Même la peau de son pouce rongée par la molette du briquet, du zippo, lui semblait plus tolérable que ses cheveux. Il les serra, vola la clope lorsqu'il eut fini de tirer sa première latte.

- T'es pas pénible. Tu es autrement plus casse-couilles. En toute amitié.

Il aurait pu le dire avec le sourire s'il n'était pas si occupé à engluer ses poumons avec cette merde. Il aurait pu lui rendre ne serait-ce que l'ombre d'un regard s'il n'était pas si soudainement préoccupé par ses cheveux. Des cheveux qu'il finit par lâcher au même titre que son butin qu'il rendit, les doigts coupables. C'était pas la sienne, de clope. C'était pas à lui.

- Entre nous, si cette histoire de cheveux pouvait rester sous silence, je t'en serais reconnaissant. Et sachant que tu es plutôt doué pour ne rien dire...

Tu n'as aucun intérêt à balancer ça. Mais non Salva, il n'y a que toi de suffisamment mauvais pour jouer avec les faiblesses des autres. Adriel, lui, attend au moins d'avoir son adversaire en face pour le frapper.

- S'il te plaît.

Tu veux pas verser une petite larme, non plus ? Histoire de bien l'apitoyer ?
Adriel Lespérance
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Adriel Lespérance
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La tête qu’il tire.
La gueule de Salvatore lorsqu’il se rend compte de l’effet que sa fameuse gifle a sur moi. Les sourcils froncés, les lèvres pincées. Légèrement vexé. Il me file l’envie de me foutre allègrement de lui pour me donner l’impression qu’il n’y a aucun trou noir à l’intérieur de moi qui grandit sans cesse et qui menace de m’avaler tout rond. Mais je ne le fais pas. Je me contente d’afficher un large sourire désagréable. C’est mieux que les larmes. C’est mieux que les cris. C’est mieux que la dope. Mieux que l’autodestruction. Même moi, je ne comprends pas tellement ma soudaine hilarité, mais j’en profite. Le temps que je n’ai pas envie de me morfondre, j’en profite. Nouvelle bouffée de cigarette suivie d’un regard en coin. En sortant des cours, j’irai m’acheter un nouveau paquet, en supposant que j’assiste à ceux qui me restent pour la journée. La fatigue aura très bientôt raison de moi. En ce moment, on doit remarquer mes cernes avant même mes tatouages. Je ris tout bas en entendant la remarque de Salva.

-Tu crois que je le demanderais si j’aimais pas ça? Non, que tu te taises, c’est juste un bonus qui ajoute du plaisir.

Et j’exagère à peine. Heureusement qu’il y a le cul, parce que nous ne sommes pas faits pour nous entendre. Loin de là. Et pourtant nous voilà côte à côte, à l’ombre des bosquets. Désormais, il fait partie des rares personnes à Volfoni qui savent à peu près par quoi je suis passé. Maintenant, il y en a trois. Ça ne m’enchante pas particulièrement d’avoir pété un câble devant ce mec, mais ce qui est fait est fait. Si je n’avais pas voulu l’inquiéter outre mesure, je serais resté chez Kai un jour de plus. Juste pour rattraper mon sommeil perdu. Me reposer après ces deux jours de déprime condensée. Perdu dans mes pensées, je laisse distraitement Salvatore me prendre ma clope sans même m’en rendre compte. Lorsque je capte enfin qu’il me l’a piquée, je me retourne vivement vers lui, les sourcils froncés. Il n’a même pas un regard pour moi. J’abandonne presque aussitôt ma smoke en soupirant. J’ai tellement englué mes poumons de cette merde que ça ne m’étonnerait même pas de me découvrir un cancer dans un an.

-T’es pas moins casse-couilles. En toute amitié.

Je fixe tout de même ma cigarette qui se consume lentement entre ses doigts. Je me dis que je n’en ai pas besoin, mais l’envie de la fumer me démange. Le soupir soulagé que je pousse lorsqu’il me la rend me tape moi-même sur les nerfs. Je déteste être dépendant, et pourtant, la nicotine est loin d’être ma seule addiction.  Je tire tout de même une latte. Putain, j’suis pathétique. Je la finis assez rapidement, tentant d’établir un contact visuel avec mon amant qui fuit mon regard depuis au moins une minute. Mais qu’est-ce qu’il lui prend, à lui? Pis pourquoi il me supplie, là? C’est pas moi qui devrais le presser de ne rien répéter, encore et encore? Parce qu’il en sait plus long sur moi que l’inverse. J’écrase mon mégot en lâchant un claquement de langue agacé. Lorsque je réponds, je reprends ses propres mots, ceux qu’il m’a dit il y a à peine quelques minutes.

-Ouais. Ne rien dire, ça fait partie de mes nombreux talents. Pas la peine de me supplier. J’suis pas conteur.

Je pousse ce qu’il me semble être mon millième soupir depuis tout à l’heure et tente de dégager mes cheveux de mon visage.

-En supposant que je dise quoi que ce soit à quiconque, de quoi t’as peur, hein? Qu’on raconte que tu vas voir le freak de Volfoni pour autre chose que pour profiter de sa double langue? Que tu tiens à quelqu’un d’autre qu’à ta petite personne? Ce serait une véritable tragédie, hein?

Ouais, j’suis énervé. Je me sens insulté alors que Salva n’a rien dit de particulier. Sa gifle ne m’a rien fait, mais ses mots presque nonchalants m’ont piqué à vif. Je n’ai jamais dit que j’étais logique.
Salvatore Kimimichi
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Fissures.
Mais c'est pas vrai, franchement.
Une seule réplique et il se sentit partir. Une seule phrase, un seul mot d'Adriel et il comprit qu'il n'était pas fait pour le social pas plus que pour l'aide désintéressée. Ce n'était tout simplement pas pour lui et plus que cela, ce n'était pas bon pour lui. Il s'était imaginé différent, avait commencé à se dire que peut-être, peut-être il valait mieux que ce qu'il avait toujours vu de lui, et Adriel et son honnêteté malhabile avaient fait le reste. Ce n'était même plus lui couper les ailes, à ce stade. C'était le choper par la cheville en plein décollage, l'écraser au sol, lui arracher plume par plume les ailettes naissantes et arracher sa colonne vertébrale au passage, juste pour être sûr qu'il ne fasse plus de conneries à l'avenir. C'était radical mais ça fonctionnait. Ça ne fonctionnait que trop bien.
Salvatore partit au quart de tour.

- Ce dont j'ai peur ? Qu'on sache que le freak de Volfoni ne craint pas la pute japonaise et qu'ils parlent ensemble sans que rien ne leur arrive. Que le freak soit en sécurité en présence de cette même pute donc qu'il soit un traître à Volfoni au mieux, un indic' pour Arcadia, ou un de ses proches. Tu sais ce qu'on y fait, aux proches de la pute ? On s'en sert contre lui. Moins il a de proches connus mieux c'est. Pour tout le monde.

Adriel ne comprendrait pas.
Lui n'était pas au cœur du conflit et n'était pas connu dans toute la ville, il ne pouvait pas comprendre. Pas grand-monde le pouvait mais ce n'était rien, il faisait avec. Question d'habitude. Adriel ne comprendrait pas et lui n'avait pas la foi de lui expliquer. Il n'y arriverait pas de toutes façons. Lui, il se contentait de protéger son cul et ceux des gens qui acceptaient de traîner avec lui. Adriel ne savait pas qu'il surveillait ses arrières et Salvatore en avait déjà trop dit. Il en avait tellement dit qu'il se retrouva très con en s'avouant n'avoir plus rien à lui dire.

- Ça te ferait plaisir qu'on sache que Salvatore Kimimichi s'arrache les cheveux pour toi ? Ça flatterait ton ego ?

Ça par contre c'était mesquin. Dispensable, malhonnête et mesquin.
Comme s'il n'avait pas compris ce qu'Adriel voulait dire, comme s'il n'avait pas compris sa réaction, comme s'il ne pouvait pas lui accorder le crédit de la tristesse et du mal-être. C'était mauvais, juste mauvais, et Salvatore se consola en se disant qu'il n'avait pas à retourner ses propres mots contre lui, que ça non plus ça ne se faisait pas. Ils n'étaient plus en train de parler, ils étaient en pleine joute verbale. C'était idiot, Adriel le comprendrait tôt ou tard et sans doute pas maintenant qu'il était non seulement à bout de forces mais aussi irrité et anxieux, mais c'était ridicule. De la part de l'un comme de l'autre.
Le vibreur de son téléphone sembla lui sauver la vie.

« T'as du courrier. »

Juste avant de la lui retirer.

- Je suppose que tu n'as plus besoin de moi Adriel.

Je dois rentrer maintenant.
Un frisson le parcourut et il se releva trop vite, se sentit partir en arrière une seconde et chercha à ne pas voir les points noirs et blancs de sa petite baisse de tension. Cette fois son regard se planta dans le sien, et c'était bizarre de le voir ainsi.

- Bon rétablissement.

Et c'en fut assez.
Du moins pour lui.
Adriel Lespérance
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Et voilà. C’était le mot de trop. Ça m’arrive tout le temps. C’est pour ça que je suis insupportable. Je me la ferme quand ce n’est pas le temps, et je parle quand je devrais définitivement ne rien dire. J’suis à bout de nerfs. J’aurais juste dû rester seul. Enfermé. Fuck mes cours. Fuck tout le monde. La dernière personne que j’aurais dû laisser m’approcher dans cet état, c’était clairement cette crevure de Salvatore. Et moi qui pensais aller un peu mieux. Un peu mieux mon cul, il suffit d’un mot mal placé pour que je grimpe dans les rideaux. D’habitude, j’suis pas aussi susceptible. D’habitude, j’suis imperméable à pas mal de conneries qu’on pourrait me sortir. J’suis pas aussi ridiculement faible. Je me sens terriblement las, tout d’un coup. Je n’ai pas envie de me disputer, loin de là. Et pourtant, c’est moi qui ai tout déclenché. C’est pathétique.

Je pose ma tête entre mes mains et ferme les yeux en attendant qu’il me crache son venin. Je veux seulement en finir avec cette merde et m’en aller. Essayer de décompresser et échouer lamentablement. La colère me quitte aussi vite qu’elle m’a gagné, ne laissant que ce vide effrayant que j’essaie de combler depuis des années avec toutes les ordures que je peux trouver sur mon chemin. Je tente d’écouter Salva par-dessus le boucan que ma propre tête fait. J’ai l’impression de sentir le soleil percer entre mes doigts pour aller poignarder mes yeux, mon crâne, mes pensées désordonnées. J’ai besoin de pénombre. J’ai besoin de calme. Pas de Salvatore Kimimichi. Pas de  quiconque. Je prends une longue respiration sifflante.

Ses mots sont brûlants. Je sens son indignation même sous les épaisses couches de mon mal être. Ce mal être, la vie elle-même a même pris la peine d’étendre du primer avant de le peindre. En noir, qu’elle l’a peint. Pour être sûre que j’aie tout le mal du monde à la cacher sous mes longs cheveux noirs, sous mes tatouages, sous mes piercings, sous mon air farouche. Ouais, même sous toutes ces couches, je vois ce que mon Japonais préféré veut dire. Et je ne ressens rien. Même pas la satisfaction de savoir qu’il tient beaucoup plus à moi que ce qu’il croit. Qu’il tient à ce qu’on me fiche la paix. Que je continue à chercher mon souffle sans qu’on agrippe ma tête et qu’on me l’enfonce dans l’eau. À quelque part dans cette indifférence dans laquelle je m’abrite, je lui suis reconnaissant.

Je finis par dégager mon visage enfoui dans mes bras. Lui lancer un regard exempt de toute émotion. Mon ego n’a pas besoin d’être flatté, et tu le sais. Tu ne dis ça que pour ton propre plaisir. Parce que je t’ai piqué à vif juste en étant honnête, et que tu détestes ça. Tu me détestes autant que tu m’aimes, et crois-moi mon pauvre, c’est réciproque. Qu’est-ce que j’adorerais te râper la face contre l’asphalte brûlante du parking, parfois. Mais je n’en fais rien. Je ne suis pas quelqu’un de violent, de toute façon. Enfin, pas tant qu’on ne me pousse pas dans mes derniers retranchements. Avec toi, je compense par de violents coups de bassin. Avec mes dents contre ton cou, tes tétons, ton ventre, chaque parcelle de ta peau. Avec mes ongles qui griffent ton dos sans vergogne. Et ça, c’est encore meilleur qu’un visage en lambeaux. Je penche la tête de côté, comme si ces pensées n’avaient jamais franchi mon esprit.

-Non. Je me dis seulement que t’es bien plus seul que moi, Salvatore.

Et ça me fait un peu de peine. Moi qui suis tellement peu empathique, il me fait de la peine. Je garde les yeux fixés sur lui lorsqu’il se lève, comme appelé par la sonnerie de son téléphone.

«Je n’ai jamais eu besoin de toi», que j’ai envie de lui répondre. Mais je me tais. Ce serait seulement puéril. Bravo, Adriel. Brave garçon.

Bon rétablissement. Je hoche la tête, l’air absent. Je me demande si c’est quelque chose dont on finit par réellement se rétablir, le suicide de sa mère.
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