Mesure 2,04m XX Teint mat, couvert de tâches de rousseur XX Cheveux très très longs, bruns, coiffés en dreadlocks et en chignon ou en queue de cheval, jamais lâchés (parce que trop lourds) XX Visage de poupée XX Grands yeux en amande marrons XX Petit nez retroussé XX Lèvres charnues XX Sourcils épais, pas épilés XX Ne se maquille pas XX Musclée, mais toujours assez fine XX Style vestimentaire très simple, souvent reprisé ou chiné, entre le hipster et le hippie XX Ne porte pas de robes ni de jupes parce qu'elle considère qu'elles ne lui vont pas XX Très bien dans ses baskets XX Coquette XX Ne s'épile pas.

Réagit quand on l'appelle Lee, Girafe, la Grande Saucisse, Hippie, Hipster, Champignon, l'Immigrée et autres XX Super zen XX Ne s'énerve pas, et n'aime pas ça XX Très attachée à ses idéaux, un peu rêveuse XX Un peu trop rêveuse parfois, beaucoup de mal à se concentrer mentalement XX Très impliquée physiquement dans tout ce qu'elle fait, préfère les activités manuelles aux cérébrales XX Intimide beaucoup à cause de sa taille et de ses muscles XX Sourit et rigole tout le temps XX Pas timide, mais étonnamment discrète quand elle est en groupe XX Très bavarde une fois en tête-à-tête XX N'aime pas le conflit qui règne à Volfoni et essaye d'y mettre fin comme elle le peut XX Attentive et bonne oreille XX Assez maladroite XX Très humble, n'aime pas du tout être sur le devant de la scène quand elle n'a pas besoin de l'être XX Ne parle pas beaucoup d'elle, surtout parce qu'elle ne sait jamais quoi dire et pas tant parce qu'elle joue la mystérieuse XX Mature XX Part du principe que tout le monde a droit au respect, au pardon et à l'aide, ce qui fait que bon nombre des gens qui la fréquentent découvrent son étrange façon de vivre à force de la fréquenter.

Mon premier fils deviendra champion de boxe, et le second m'aidera au garage.
C'est ce que mon père a toujours dit à ma mère, c'est ce qu'il lui disait quand son ventre était encore plat et c'est ce qu'il a arrêté de dire quand l'échographie a fini de briser ses rêves. Pas qu'avoir une fille en aînée ne lui faisait pas plaisir, mais son aîné devait être un mec, déjà, et serait champion de boxe. Ma mère sourit encore de revoir son visage déconfit à l'annonce fatidique et de son silence éloquent quant à sa déception évidente. Il paraît même qu'il lui a demandé si elle voulait avorter, mais j'imagine que c'était une blague, parce qu'il n'y a pas plus croyant que mon papa.

C'est alors que la crevette vit le jour. Une saucisse de plus de cinquante centimètres qui pesait pas un gramme, à la peau mate et au caillou déjà bien garni de ce qu'il fallait comme cheveux. La crevette s'est très vite appelé Leeroy, un nom mixte, parce que papa avait besoin d'au moins ça pour oublier. De ça, et d'une blonde. Moi ça m'a jamais dérangé comme nom. C'est joli, c'est pas spécialement rare mais pas complètement bizarre, et quand on s'appelle Augusto et Iona, Leeroy j'trouve que ça va.
Deux ans plus tard, nouvelle grossesse. La vie de mon père défile devant ses yeux, son cadet sera champion de boxe à défaut de l'aider au garage, il y croit, il suffira d'en pondre un troisième et le compte sera bon. En pondre un second est déjà éprouvant pour maman mais ça va, c'est une maman on va dire, et pour le crapaud qu'elle a donné à mon père il fallait bien souffrir un peu. Au moins ça avait le mérite d'être drôle.
Yolandi était une jolie poupée, à sa naissance. Blond vénitien et toute tachetée du roux de maman. Et Augusto crut mourir une seconde fois.

Il renonça vite à ses espoirs de mâles dominants et dut faire face à la cruelle réalité féminine, non sans y apporter sa touche de machisme qui nous aurait franchement manqué. Ça allait, et j'ai pas grand-chose à reprocher à ma famille en général. Sans rouler sur l'or on avait ce qu'il nous fallait, quitte à se serrer un peu la ceinture, mais papa était un mécano génial et maman une pasteur très appréciée à Gallup, même si bons nombres de chrétiens étaient cathos. Au moins ils étaient pas cons, et on n'a jamais eu d'emmerdes avec personne. Au contraire.
Yolandi et moi étions un peu les princesses du Nouveau Mexique, allez savoir pourquoi. On s'est toujours fait remarqué en bien, parce qu'on n'a jamais été des fouteuses de merde ou des gamines rebelles. On avait nos caractères parce qu'on avait nos parents, mais après, rien à signaler. Et comme on passait notre temps libre à aller voir les voisins pour leur proposer notre aide pour n'importe quel travail, les gens sont finit par s'attacher à nous les enfants du pays, les gamines Gallaghan, les mignonnes.

À l'école, on se talonnait pour la plus mauvaise note. Des fois c'était elle, des fois c'était moi, mais on a toujours été plus ou moins à égalité et c'est sans doute ce qui déprimait le plus maman. Papa lui s'en foutait, je deviendrai championne de boxe et Yolandi l'aiderait au garage, Jack Johnson avait pas besoin d'études pour poutrer tout le monde et être le précurseur d'Ali, et lui-même n'avait pas de diplôme alors pas besoin. Iona voulait qu'on continue, sans doute à raison, mais on passait vachement plus de temps à jouer dehors et à rêver dans le désert qu'à travailler des cours théoriques qui nous ont toujours saoulé, l'une comme l'autre. Yolandi a bien essayé pendant un temps, moi jamais, et finalement il s'est avéré qu'aucune de nous deux n'étaient faite pour les études.
Ce qui rendit notre père très fier de nous, quelque part.

Sauf quand on a voulu que je me mette au basket. Mon père a pété les plombs, cette fois-là, juste parce qu'on m'avait proposé un poste de pivot dans l'équipe du lycée, en même temps près de deux mètres de gonzesse à l'époque il y avait de quoi baver, mais que lui vivant jamais sa fille ne serait pivot dans une misérable équipe de basket fédérale. Que sa fille, elle serait championne de boxe. Sa fille. C'est la première fois que je l'entendait dire sa fille, et pas son gamin. Et ça m'a rendu fière de mon père.
Le coach m'a inscrit à mon premier tournoi quand j'avais treize ans. J'ai pas gagné, l'autre en face était une brute, mais mon père ne m'en a pas voulu. Treize ans, j'avais le temps. Il avait raison, parce qu'à quatorze ans j'ai gagné. Et après j'ai pas arrêté de gagner. Yolandi trempait ses mains dans le cambouis tandis que je les cachais sous des gants sans doigts. Papa voulait nous accorder autant de temps à toutes les deux mais ma sœur et sa formation lui prenait beaucoup de temps et c'est ma mère qui supportait mon régime, mes instructions, les déplacements, les frais, les supporteurs, et au fur et à mesure ma carrière. Pas mal de gens à Gallup était derrière moi et déjà que je ne manquais pas d'amis, j'ai eu masse de copains autour de moi pour me porter et m'encourager. J'ai eu pas mal de cons, aussi, mais ça c'est comme partout. J'ai été déçue plusieurs fois, c'est vrai, j'm'attendais pas vraiment à ce que les gens soient aussi intéressés, mais Iona est une super maman et je m'en suis remise rapidement.

Somme toute, j'ai bien profité. J'ai pu passer mon permis et acheter ma camionnette ; j'ai pu sortir et faire un tour dans le désert ; offrir un voyage à mes parents ; casser la gueule à tous les mecs qui s'approchaient un peu trop de Yolandi. Enfin, je me suis débrouillée pour pas prendre la grosse tête, ça a été un peu plus dur que je l'aurai cru à la base, mais finalement ça s'est bien passé et ça continuera de bien se passer. J'avais envie de faire une petite pause. La ceinture me va pour le moment, et j'ai très envie de tester autre chose, comme sport de combat. Volfoni s'est rapprochée. J'en avais entendu parlé il y a quelques années, quand ma mère espérait encore que je fasse des études traditionnelles. Un bon compromis entre les études et le sport, elle avait raison. Aujourd'hui je ne suis pas de cours qui n'ont pas de rapport avec le sport, mais c'est intéressant et le niveau est pas mauvais du tout. Si je peux aider certaines personnes à trouver des coach et à démarrer une carrière, j'aurai vraiment servi à quelque chose, c'est cool.
Enfin, voilà. Pas plus, hein, j'suis plutôt simple comme gonzesse.