Je n'ai jamais voyagé. Je n'ai jamais plantée d'arbre. Je ne donne pas de sang. Je n'ai jamais pris un bébé koala dans mes bras. Je n'ai pas des réunions de famille à n'en plus finir ainsi qu'une chambre avec la vue sur la mer. Je n'ai pas de yacht. Je ne joue pas au golf tous les samedis. Je travaille tous les samedis, dans une pizzeria. J'ai un salaire médiocre. Je n'ai jamais gagnée de prit ou été nominée pour quoique ce soit. J'ai de la chance, de la chance d'être en santé, d'avoir des parents et un petit frère que je supporte, malheureusement, une semaine sur deux. Franchement, si je mourrais demain, personne ne se souviendrait de mon nom, ni même de ma vie, tout s'effacerait quand mon nom sera gravé sur une pierre tombale. Sous ma photo de graduation, j'ai eu la vaine de ne pas avoir eu comme commentaire "La plus passable de ne rien accomplir dans la vie".

Mes parents, quant à eux, sont fiers de moi. Ils sont fiers que je passe mes soirées à flâner à la maison plutôt qu'à faire la débauche dans les rues. Ils sont fiers que je ne ramène pas des mecs différents à tous les soirs. Ils sont fiers d'avoir une belle grande fille intelligente et posée. À vrai dire, ils sont fiers pour rien. Ils ont aussi un fils, après tout, qui est tout aussi bien que moi. Tout aussi hypocrites en fait. On sait tous dans la famille que le mensonge court et ce depuis le divorce de mes parents. Parfois, l'amour, ça marche, d'autre fois on se rend compte que ce n'était qu'un mot de l'histoire de la vie qui avait été à moitié effacé, laissant lire "amour" au lieu de "amitié". Mes parents se sont mariés près de 4 ans après qu'ils se connaissent. Ils étaient de bons potes, très proches, assez pour aller visiter le lit de l'autre une fois par semaine. Rapidement, ça a et été la demande en mariage, puis la maison, puis les gosses. Bizarrement, cette histoire est belle. Mais les belles histoires, sérieusement, on ne sait jamais vraiment comme elle finit. C'est ce qui fait d'une histoire une histoire. Si ça s'appelait "la vie", au lieu "d'histoire", on ne saurait pas la fin. Ce pourquoi personne dans ma famille n'aurait pensé que mes parents divorceraient. Du jour au lendemain, ils habitaient à des milliers de kilomètres l'un de l'autre. Ma mère garda la ferme, au Dakota du Nord, et mon père, surtout pour le travail, parti s'installer au Minnesota. Vous comprendrez que de passer d'un état à l'autre toutes les semaines, ça serait le massacre pour la vie scolaire. Alors je résidais en permanence chez ma mère. Après environ un ou deux ans, je ne me souviens plus exactement, elle s'est trouvé un nouveau mec. Bill qu'il s'appelle. Inutile de vous dire qu'à partir du moment exact où j'ai rencontré cet homme pour la première fois, je savais que tout allait changer.

Toutefois, rien ne changeait, sauf ma mère. Elle devint cette femme obsédée par son nouvel amour naissant. À chaque moments de silence, elle soupirait et commençait chacune de ses phrases avec "Tu sais, Bill il...", automatiquement, je parlais pour couper cette phrase que je ne voulais pas entendre. Mes parents avaient été ensemble depuis ma naissance, il me semblait impensable qu'ils soient maintenant séparés, qu'elle vive le bonheur, sur une ferme, avec un nouvel amour, alors que mon père, lui, vivait seul dans un appartement en ville, loin. Je crois même que ma mère avait presque oublié mon père, complètement. Elle ne me demandait jamais comment il allait quand je partais lui rendre visite.

Le plus ironique, dans tout cela, c'est que Bill, présent comme une poussière collée sur un manteau de velours, était sûrement le mec le plus... Adorable au monde. C'était justement ce qui m'énervait chez lui; ses efforts incessants pour essayer de se faire passer pour mon père. Essayer de remplacer mon père n'est pas une bonne technique pour créer des liens avec moi, Bill, merci d'en prendre note. Il est sympathique, souriant, rieur, d'une agréable compagnie, mais trop de gentillesse tue la gentillesse. Il me frustre tellement il est chouette, ça le rend détestable. Quoiqu'il en soit, je comprends que ma mère l'aime bien, elle a ses raisons, mais vivre avec lui, je n'a serais pas capable. Car, oui, à l'âge où ils sont rendus, vivre ensemble, ce n'est pas un problème. Je n'étais pas la seule surprise quand ils nous annoncèrent que Bill allait aménager avec nous. Mon frère TJ, a aussi été surprit, mais d'une façon heureuse. Du genre "Yeah, je vais avoir un père avec qui jouer au baseball". Ah oui, parlant de cela, Bill, ce con, aime ce sport comme un fou et s'obstine à vouloir le pratiquer avec moi.

Bref, oui, ma mère commença, avec le temps, à me trouver désagréable avec Bill. "Il est un bon homme, Katie, laisses-lui une chance". Je détestais ce surnom, c'était le surnom que ma mère utilisait pour me convaincre de quelque chose. Non, il n’était pas question que je laisse une chance à ce grand idiot, beau gosse et trop sympathique. M'enfin... La relation avec ma mère commençait à se désintégrer de plus en plus. "Que tu le veuilles ou non, Bill reste" m'avait-elle dit. J'avais encore peine à croire qu'elle avait passée aussi rapidement à autre chose...

Après quelques mois où il s'était installé, j'avais fini l'école. Diplômé du collège, j'avais la vie devant moi. Ce que j'allais en faire en premier? Déménager chez papa, même si ça voulait dire que mon frère viendrait me rejoindre une semaine sur deux, car il fait des cours par correspondances. Mes valises faites, je quittais vers chez mon père. Une fois arrivée, j'entrais à la première école qui voulait bien de moi et mes notes pourries, Volfoni. C'est pas mal, j'ai un casier, des... connaissances et des profs aussi cool qu'emmerdants. La vie n'avait pas changée tant que ça, en fait, mais ne vous l'avais-je pas déjà dit? Que ma vie était banale, trop banale..

Toutefois, après les malencontreux accidents qui sont arrivés à l'académie, il n'est pas étonnant que je n'ai pas pu restée pour y étudier. Ce pourquoi j'allais m'installer chez mon père, au Minnesota, en attendant que ma vie se remette en place. Paniqué, mon père pensait que je lâchais les études pour de bon. Ma mère me voyait déjà en train de mendier sur le coin de la rue pour gagner ma vie. Au contraire, je continuais de travailler comme livreuse pour un petit resto de pizza et je ne baisais pas les bras. Après tout, ce n'était pas ma faute si le ciel était tombé sur le toit de l'école. Bref, après un temps j'eu la nouvelle décisive comme quoi l'école allait bouger. Le campus se trouvait désormais en Floride. C'est loin, la Floride... Cependant, assez loin pour que je n'ai plus à parler à ma mère toutes les deux semaines et que j'ai à supporter mon père le moins possible.

Je pris donc l'avion, juste à temps pour la rentrée des classe. Je me retrouvais une fois de plus dans l'équipe de baseball et je relançais ma vie. J'avais le contrôle. Je trouvais un restaurant qui voulait bien de moi et de ma voiture toute bosselée (avec laquelle j'avais traversés les États pour me rendre en Floride). Ma vie en main, je reprenais du vent dans mes voiles. Tout allait bien si j'oubliais que ma mère allait bientôt se marier, que mon père s'était trouvé une autre meuf et que mon frère voulait aussi venir à Volfoni... Et voilà, juste quand je pensait être seule.

Les gens, en général, disent de moi que je suis un garçon manqué. Je pense comme un mec et trouve que, franchement, ils s'amusent mieux, pensent mieux et ont, habituellement, une vie plus simple. Préjugés? Sûrement. Je n'ai tellement aucune culture générale qu'il m'arrive de prendre des stéréotypes pour en créer une base de connaissance. Certes, c'est pitoyable, tout autant que le reste de mes qualités. De nature assez joviale, j'ai de l'empathie pour les êtres de cette terre, je prends soin des autres. De là à donner ma vie, c'est une autre chose. Assez solitaire, mes parents ont souvent dit que j'avais cette tendance à être antisocial et renfermée. Ce n’est quand même pas totalement faux, mais pas entièrement vrai non-plus. Je suis une jeune femme posée, qui aime prendre son temps. D'accord, on va dire la vérité, je suis lente. Autant mentalement que physiquement. Ce n'est que lorsque je suis sur un terrain de baseball que soudainement mon cerveau fais une mise à jour. Car, habituellement, je marche lentement, mange lentement, lit lentement, même que j'attends lentement! On a qu'à me regarder pour sentir la lenteur qui émane de mon être. Toutefois, je suis une grande coureuse et j'aime, généralement, être à l'extérieur. Cependant, je répugne la pluie. C'est inutile, c'est laid, ça mouille, bref, aucuns intérêts. Comme je ne conduis pas, je me retrouve souvent coincée dans une cabine d'arrêt d'autobus à attendre lascivement le bus qui, comme toujours, arrive en retard. Mais comme je ne suis pas une fille énervée ou impatiente, je reste là, à attendre, lentement.

Sérieusement, mon caractère, en général, est très simple à comprendre. J'ai une grande gueule, je l'affirme. Par contre, étrangement, il m'arrive d'être silencieuse comme une tombe pendant plusieurs jours. Enfin, brièvement, je suis toujours silencieuse, sauf quand une chose me frappe aux yeux ou me déplaît. J'ai souvent les yeux baissés et je ne regarde jamais les gens dans les yeux. Je trouve que cette action est similaire à entrer carrément dans le monde de la personne, franchir la bulle que tous se crée comme protection. J'ai une bonne relation avec les gens qui m'entourent, mais aller savoir pourquoi, je n'ai aucuns amis. Des connaissances, oui, mais manger seule, c'est habituel chez moi...

Vous me le demandez vraiment, alors je vous répond très franchement : je n'ai l'air de rien. Rien de particulier. Une taille normale, qui n'est pas plus grande que les autres, mais ne s'abaisse pas au niveau d'être minuscule (hmm-hm 1m78 Hm-Hmmm). J'ai les cheveux longs, habituellement, car il m'arrive de les couper, dans ce cas ils seraient un peu plus courts, bien évidement. Ils sont blonds, ma couleur naturelle. Mes sourcils, quant à eux, sont bruns, allez savoir pourquoi. Il faut croire que c'est un défaut de fabrication. On naît tous différents, il est clair que je ne fais pas exception à la règle. La perfection n'existe pas d'ailleurs, alors je ne suis pas parfaite. Je suis, bien au contraire, assez facile à critiquer. Ayant quelques kilos en trop, je pourrais me permettre de courir un peu, mais je ne le fais pas, par flemme. Mes yeux sont verts, ce qui, quant à moi, ne veut rien dire. Si on raconte que les yeux bleus sont tels des océans, alors dans ce cas, mes yeux seraient tel un terrain de golf. Admettez que la métaphore est beaucoup moins charmante...

Quand on me regarde on pense à... À une mannequin qui ne réussira jamais. Je suis une grande échalote, avec des formes. Mon dos légèrement voûté, à force de constamment regarder au sol, mes jambes minces et rapides quand elles sont en action au baseball. Mes bras, quant à eux, sont assez musclés. J'ai un six pack, et ouais. Les gens disent de moi que j'ai un regard perdu, ce qui n'est pas faux. Il est perdu pour aucune raison, je ne regarde jamais eu bon endroit. Pour ce qui est de ma dentition... Bah elle est normale, quoique j'admets avoir eu des broches quand j'étais jeune. J'avais reçu une balle de baseball en pleine gueule, déplaçant ainsi mes deux palettes. Grosse opération pour tout replacer, la galère. De plus, à force de me battre avec mon petit frère, T.J., j'ai de petites marques d'ongles sur les avant-bras. Je ne souris que très peu, pas parce que je ne suis pas heureuse, simplement parce que je n'aime pas sourire tout le temps, c'est inutile.