Training : Not for everyone [Ryo Winchester & Kate Forrester]

Si quelqu’un demande, je suis rouge parce que j’ai couru et pour aucune autre raison. C’est tout simplement ça, je suis essoufflée et ma rougeur n’a rien à voir avec le faire que je viens de me ridiculiser devant une dizaine de personne. Franchement, la seule chose qui me rassure c’est de me dire qu’ils auront une bonne anecdote à conter au dîner. Y a pas à dire, je suis un désastre. Je ferais mieux de m’acheter un tapis roulant et faire mes exercices dans mon sous-sol, ainsi j’éviterais peut-être une future humiliation. La seule chose qui pourra rien de moi, c’est mon chien. Mais bon, ça va puisqu’il le fait tout le temps de toute manière. Si j’étais quelqu’un d’autre, je rirais moi aussi. Pour le moment par contre, je ne désirerais qu’être une plante verte pour qu’on me foute la paix.

C’est pas trop demander de vouloir aller au gym sans distraction. Et puis bam, ce mec me regarde, déséquilibre total causé par je-ne-sais-quoi. Je perds le contrôle et je me retrouve par terre. Les gens n’ont rien de mieux à faire que de rire au lieu de m’aider, même si au fond de moi je ne veux pas être aidée. C’est assez contraignant comme ça d’être au sol, inférieure, mais en plus de jouer la demoiselle en détresse, c’est trop. Cependant, dans la masse ricaneuse, il y eu un jeune homme qui se prit pour prince charmant. J’avais l’impression, à voir son regard, que j’étais victime d’un violent cas de karma et que j’allais maintenant me faire sauver par nul autre que le karma lui-même. La tignasse rousse tout éméchée se pencha vers moi pour s’assurer que j’étais bel et bien dans le beau drap. Oui, merci d’avoir remarqué que j’étais nulle. « Ça va ? Tu devrais faire gaffe avec les tapis, ils sont traîtres ! » Étonnamment, sa voix ne fonctionnait pas avec son physique. C’est comme si lors de sa création, on s’était trompé et on lui avait foutu une personnalité qui ne collait en rien avec le corps. Et dans ce beau mélange raté, on avait échappé la voix d’un ange dans les cordes vocales d’un lutteur. Bref, ce méli-mélo de personnage m’avait aidé et pour ça je lui étais reconnaissante, certes, mais quand même humiliée. Surtout que les petits rires s’étaient transformés en moqueries du plus mauvais goût.

Sans pouvoir me retenir plus amplement, je me relevais, les sourcils froncés et je regardais directement la bande de gros crétins qui se tenaient juste à côté. Trop machos pour laisser leur poids au sol, ils les tenaient toujours, affichant un regard complètement débile à mon égard. Oh, ouais, vous vous êtes surement rendu compte que je ne suis pas une petite minouche, mais bien une grande dure. « Hey, mais ça va? Vous regardez quoi exactement?! » demandais-je, serrant les dents. « Allez, débarrassez le plancher espèces de cons! » ajoutais-je. Sous mes exclamations, ils soutenaient un silence puis ils finirent par s’en aller. Je ressentais le malaise dans leur visage. En même temps, je les plains. Ils n’avaient probablement pas l’intellect pour comprendre pourquoi ils riaient. Je doute même qu’ils aillent la connaissance de ce qu’est le rire. Pauvres débiles sans espoir.

Je me tournais vers le roux. Il tenait toujours cet air de mur. Il était placide à la situation, ce qui m’envoya comme signal qu’il devait être habitué de côtoyer des filles qui ne se laissait pas prendre. Après tout, s’il traine dans les gym, c’est qu’il ne doit pas voir beaucoup de petites pétasses qui se promènent en groupe avec leurs grosses bourses remplies de l’argent à papa. Je replaçais mes cheveux mal placés en queue de cheval. Moi et les tutoriels de cheveux, ça ne fonctionnait pas. Ce pourquoi j’y allais toujours un peu pêle-mêle pour ajuster mes cheveux afin de voir ce qui se trouve devant moi. Et présentement, devant moi se trouvait un garçon qui semblait froid au premier abord, mais qui cachait un côté chevaleresque. Je ne l’avais jamais vu avant d’ailleurs. « Merci, pour ça » dis-je honnêtement, en replaçant ma camisole. À me voir, je suppose que je dois ressembler à une personne ayant subi un tremblement de terre. Tout est déglingué et rien ne va sur ma personne. J’hochais la tête et ajoutais « Je pense que c’est assez d’entraînement pour moi aujourd’hui » Je reculais doucement, allant chercher mon sac de sport et, le regardant toujours, je penchais la tête et souffla « Tu es nouveau ». Ce fut tout ce que je trouvais à dire. L’art de la présentation n’est pas une faculté chez moi et on le remarque surtout en me rencontrant pour la première fois. Je mis mon sac sur mon épaule et, croisant les bras, j’ajoutais « Et bien, je quitte moi. Y’a du gâteau à la cafétéria ce soir. Tu passeras faire un tour »

Je tournais les talons, et je me maudissais. Wow, je suis l’exemple classique de la pire personne du monde. Je crée des malaises inutiles et celui-ci en était un. Il était nouveau, je ne me présente même pas, et maintenant il est trop tard puisque je m’éloigne de lui. Je ne veux quand même pas avoir l’air stupide à retourner le voir. Et, de plus, le seul sujet de conversation que je trouve est le gâteau. Sérieusement? Et s’il est diabétique? Oh mon dieu, je ferais mieux de faire une croix sur le dessert tout de suite et rentrer dans ma chambre pour ne plus jamais en ressortir pour le reste du semestre. Ou je pourrais éviter le gym. Oui, ça semble être une meilleure chose… et une meilleure excuse pour rater l’entraînement. Dans tous les cas, tout le monde est gagnant. Je ne me ridiculise plus devant lui et il ne me voit plus! Parfait!

Oh misère…