Arendelle. Jamais entendu parler de cet endroit, mais bon, une invitation à la patinoire, ça ne se refuse pas. Par contre, il fait vachement froid, dans le coin ! Je frissonne, resserrant mon écharpe et mon manteau. J'suis pas faites pour des températures aussi basses. En dessous de 10°C, je sors pas de chez moi - en dessous de 5°C, j'hiberne. Et là...je n'ose même pas regarder un thermomètre. Enfin bref. Autant que je bouge pour me réchauffer un peu ; j'enfile mes patins et m'élance sur la glace. Y'a une blonde en robe bleue, j'crois que c'est la reine, mais bon, j'vais pas aller la voir. Elle est mignonne, elle a de jolies jambes, mais elle fait trop...princesse, ouais, c'est le mot. Je jette un regard aux alentours, cherchant un visage connu. Je me fais un peu chier. Et puis si au moins je reconnaissais un pote, j'pourrais lui faire un câlin et lui piquer sa chaleur ! Sans aucun remords, cela va sans dire.

Et c'est au moment où cette pensée me traverse l'esprit que je le vois.

Lui.

Je m'élance vers lui dans un élan de joie, et freine au dernier moment avant de le prendre dans mes bras avec un sourire lumineux. Mais...il vient de proférer une menace de mort à l'encontre de la reine, là ? Je fais une légère moue.

"Les gens meurent, s'ils sont tués» , je lui explique gentiment, parce qu'il n'a pas l'air de bien réaliser.

Puis je place mes mains froides contre sa nuque, histoire de lui voler ses quelques degrés de chaleur, et le regarde très sérieusement dans les yeux.

"Je m'ennuie...et si on s'embrassais ?"

J'suis sûr que c'est chaud, à l'intérieur de sa bouche, ça va me réchauffer un peu.

(fate stay night - evangelion)

“Avec quelle rigueur, Destin, tu me poursuis ! je ne sais où je vais, je ne sais où je suis.”

Enfin, en y regardant de plus près les différents écriteaux présents dans le royaume, il comprit qu'il était à Arendelle. La température faisait son maximum pour le frigorifier, et Remus ne ressemblait qu'à un amoncellement de vêtements aux couleurs de Noël. Tout était censé rappeler cette saison, que ce soit son gros pull crème avec un rêne rouge, son pantalon en velours marron ou encore ces gants à motifs suédois trouvés à l'Emmaüs du coin. Il était fier de toute sa panoplie, ardemment récupérée au fil des mois.

Une fois au niveau de la cour du château, il ne put qu'être ébloui par la beauté des lieux. Sa seule envie était de tout photographier, mais hélas son appareil ne pouvait pas résister aux températures négatives : il était donc resté bien au chaud dans sa chambre en Floride. Il parcourut du regard les détails architecturaux lorsque soudain, ses yeux s'arrêtèrent sur la reine d'Arendelle. Elle était sublime : tout en elle émanait la noblesse, et Remus avait l'impression de passer pour le pire des gueux à titre de comparaison.

Ce qui s'en suit après, notre jeune homme n'eut pas très bien compris : Adam défie la reine, Angel qui arrive, hyper intime avec lui. Oh wait, Remus, c'est pas bien d'espionner les gens dans ces moments là ! Il détourna le regard, puis s'occupa l'esprit en enfilant ses patins. Les joues rougies non pas par le froid, il fredonna :

« C'est un vrai guêpier d'être troupier quand on a mal aux pieds. »

Et partit sur la glace.

Phèdre - Mulan

Occire "cette sorcière" par un duel de patin ? Woaw, je donnerais cher pour voir ça. J'aurais peut-être pas du interrompre son petit speech ? Hmm...non, sa nuque est brûlante, comparée à mes doigts glacés. Pour rien au monde, je ne voudrais rompre ce contact.

Ne pas embrasser un garçon comme moi devant tout le monde ? Je le regarde d'un air outrée.

"C'est toujours mieux que d'enguirlander* la reine ! Maintenant, tais-toi et embrasse-moi, je crève de froid."

Je brûlerais bien ces bûches autour de la patinoire, ou même un sapin entier, histoire de faire un bon feu de camp. Ah, je rêve d'une cheminée...ou d'un chauffage, même si dans le coin, ça a l'air un peu trop rural pour en être équipé. Et puis, de la chaleur dans un château de glace, ce serait un peu chelou. Il doit être vachement glissant, le sol, quand même...et avec toute cette neige, j'suis sûre que y'a plein de verglas sur les routes aux alentours. C'est peut-être pour ça que j'ai pas vu de voitures, d'ailleurs, les pneus doivent pas être adaptés. J'imagine que les gens du coin doivent se déplacer en traîneau, un truc du genre. Arendelle, c'est cool pour le patinage, les jolies gambettes de la reine, et les boules de neige, mais à part ça, c'est quand même un peu la cambrousse.

Adam semble soudain changer d'avis et pose ses lèvres sur les miennes. Sa température est pas franchement plus élevée que la mienne, mais ça me fait quand même une faible source de chaleur, alors je prolonge l'échange. Par contre, quitte à l'embrasser, autant le faire jusqu'au bout, hein. Un simple smack, et puis quoi encore ? Ma langue vient rapidement à la rencontre de la sienne, et je lui roule une pelle magistrale, qui nous embarque vers un ciel bleu éclatant sur un traîneau de sensations délicatement sensuelles et- non, c'est pas tout à fait ça, en vrai, ce que j'apprécie le plus pendant notre échange, ce sont les quelques degrés de chaleur que j'arrive à lui voler, parce que c'était bien comme je le pensais : c'est tout chaud, à l'intérieur de sa bouche.

Mes lèvres s'éloignent finalement des siennes quand je vois passer devant nous des cheveux roux. J'ai un sourire lumineux : Remustache ! Je le hèle en levant les bras, lâchant par la même occasion - et non sans regrets - la nuque d'Adam. Quand il s'approche, je pose ma main sur son épaule, et le regarde d'un air profondément amusé.

"Bouge pas, j'ai un cadeau pour toi. Ferme les yeux !"

J'attend qu'il obtempère si si tu obtempères Mumus puis sort un feutre noir épais de la poche de mon manteau et le décapuchonne. D'un geste d'une grande habileté - parce que je me suis entrainée, quand même - j'en pose alors la pointe au-dessus de ses lèvres et dessine ce que j'ai envie de lui dessiner depuis le jour de notre rencontre. Mon œuvre achevée, je me recule et contemple fièrement le résultat, passant un bras autour d'Adam, comme pour le prendre à témoin.

"Et voilà ! Elle est pas magnifique, ma moustache ?" je demande avec un large sourire.


* Si, si, ça passe, je vous jure.