Son père était d’origine Italienne, du moins, il était un Italien pur ; c’était un grand voyageur qui aimait parcourir le monde. Il ne possèdait pas de maison fixe, il voguait de jours en jours dans différentes villes, il ne vivait que pour ça. Lors d’une tournée à Warrington, située au Nord-Ouest de l’Angleterre, il rencontra une jeune femme à la chevelure dorée et à la peau blanche comme la neige ; Le coup de foudre fût immédiat. Et après quelques mésaventures pour le nouveau couple, les voilà mariés. Elle donna alors naissance à un fils ; Raphaël Sorabella.
Cependant, depuis sa naissance, il était muet. Visiblement, c’était génétique, puisque son arrière-grand-père paternel l’était aussi. Du moins, on a décidé que ce serait génétique ; personne ne voulait vraiment chercher la véritable raison de son mutisme. Ses parents devaient alors s’adapter à ce … cet handicap. Car oui, disons-le clairement, c’est un handicap pour le jeune garçon. Comment pouvait-il exprimer ce qu’il voulait alors qu’il ne le pouvait pas ? Sa mère trouva d’abord la première solution qui semblait logique en tout point ; Écrire. En effet, avec une ardoise ou même un tableau, il pouvait ainsi s’exprimer. Cependant cela ne suffisait pas. Non, il y avait d’autres moyens. C’est alors que son père trouva autre chose ; le piano. Sa mère en faisait un peu, alors pourquoi ne pas essayer ? Après tout, l’Art est un moyen d’expression, non ?
Mais son père avait aussi d’autres projet en tête ; c’était un voyageur après tout. Et qui dit voyageur, dit voyager. Il aimerait retourner découvrir le monde comme il le faisait avant, car il n’avait pas fini son exploration ~ Mais il était un peu limité vu qu’il avait un fils qu’il fallait mettre à l’école. Ils avaient donc d’abord séjourné en Écosse, non bien loin de l’Angleterre. Et pendant que son père visitait le pays et que sa mère travaillait, Raphaël n’aimait pas aller à l'école. Il était la victime qu'on aimait martyriser, parce-qu'il ne savait pas parler, et qu'ainsi, il ne pouvait pas crier, et encore moins appeler les adultes.
Ce n'était cependant pas ses camarades qu'ils détestaient. Non. C'était son mutisme. Il ne désirait qu'une chose, pouvoir ... s'exprimer. C'est dur, quand même, de pas pouvoir dire ce que l'on veut. Devoir écrire sans cesse sur une ardoise, perdre un temps fou à l'effacer pour ensuite réécrire dessus ... ça en est lourd. Très lourd. Des fois, il avait juste envie de la balancer, cette ardoise, dans la tête des autres, pour leur faire comprendre que par delà sa timidité, c'est surtout son mutisme qui l'empêchait d'être comme il voulait être.

Qui était cette jeune fille qui venait de prendre sa défense, un bel après-midi d'automne ? Pourquoi le faisait-elle, d'ailleurs ? Pourquoi n'était-elle pas comme les autres, ne voguait-elle pas à ses occupations et ne gloussait-elle pas d'une façon plutôt ridicule quand quelqu'un jouait le rôle de la victime ? Visiblement, elle semblait différente, et tout le monde la craignait. Personne ne voulait la côtoyer, d'ailleurs. Elle était seule. Tout comme lui.
Ils restèrent ensembles un moment, et devinrent de bons amis. Raphaël était assez timide au début, mais au fur et à mesure, elle gagna sa confiance. Personne ne venait les embêter, ils étaient sur leur beau nuage blanc ~ Ils devinrent inséparables.
Quelques années passèrent. Son père voulait voir plus grand. L'Amérique. La Floride, cet état ensoleillé. Mais il fallait déménager. Raphaël allait quitter son amie. Une de ses seules amie, qui l'a toujours défendu. Sa meilleure amie. Il fallait qu'il lui annonce la nouvelle. Comment allait-elle le prendre ?

"Mon père veut partir en Floride -> Déménagement."

Il laissa son ardoise sur le bord du piano et s'installa devant celui-ci. Il eût un moment d'hésitation, mais une fois lancé, des notes de musique fusèrent de ses doigts. On pouvait clairement ressentir de l'émotion en écoutant son morceau. De la joie, de la tristesse, de la nostalgie, beaucoup de haine mais surtout et par dessus-tout, un sentiment de reconnaissance, de remerciement ... ou quelque chose comme ça. Après quelques minutes, il s'arrêta. Il était visiblement gêné par ce qu'il venait de faire. Il tourna la tête et il la vit en train de faire des énormes yeux -tel un hibou-. Néanmoins, elle finit par parler: