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 32 [Perceval Hartwood & Gaby S. King]

Gaby S. King
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Gaby S. King
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Ses cheveux détachés, secs, retombent sur ses épaules rondes, dénudées, dévoilées par une robe sans manches. Son gilet a glissé le long de ses bras ; est resté accroché à ses coudes, qui se meuvent au rythme de ses doigts sur le clavier. De temps à autre, ses mains suspendent leur geste, interrompues par une pensée ou un vague à l'âme.

Mais à aucun moment ses yeux ne quittent l'écran, retranchés pour aujourd'hui derrière des lunettes à monture noire - chose rare, étrange que ces lunettes qu'elle ne porte jamais et qui lui donne l'air d'un enfant déguisé en adulte.
D'une poupée Barbie qui cherche à se donner un air sévère.

Devant elle, 32 âmes qui n'y croient pas.


32 âmes qui ne croient plus à ses apparences fragiles. 32 âmes plongées dans un silence fébrile, inquiet, confus. Un silence qui la surveille du coin de l'œil.

Et elle le sent, elle le sait, mais elle ne dit rien. Elle attend encore, jusqu'à ce que la tension soit insupportable, jusqu'à ce qu'ils aient envie d'en hurler, jusqu'à ce que leur cerveau soit sur le point de se fendre en deux ; puis elle récite un énoncé d'exercice de mathématiques comme on lance un morceau de viande à des chiens et ils se ruent dessus pour échapper à sa présence insoutenable, détestable, détestée.

Bientôt ce sera la fin du cours, et de chiens ils redeviendront élèves - redeviendront humains. Mais pour l'instant, soumis à son ombre, ils subissent en silence cette image dont ils ne savent plus se plaindre, lassés déjà. Encore un peu, et ils trouveront dans cette routine un refuge lorsque leur vie part en lambeaux ; ils trouveront dans l'aliénation à laquelle elle les oblige l'oubli de soi dont ils ont parfois besoin. Encore un peu, et ils prendront l'habitude de ce jeu malsain, ce jeu qu'elle réinvente chaque année, pour eux et malgré eux.

Encore un peu, et ça leur paraîtra normal. Normal ?

Mais non, non, non, non, NON, et la sonnerie résonne dans les couloirs, et ils remballent leurs affaires, pressés, comme pris de panique, et ils fuient par des portes qu'ils reviendront ouvrir, ils fuient choqués, hébétés, ils fuient sans chercher à comprendre ce qu'il vient de se passer.
Ils courent loin, loin, vers un ailleurs que sa voix n'atteint pas.

Ils courent sans se rendre compte que la peur qu'elle a gravée dans leur cœur ne les quitte pas, sans se rendre compte que ça ne sert à rien. Ce n'est pas comme ça que l'on échappe à King - ce n'est pas le bon mode d'emploi.
Mais ça, ils ne le savent pas encore. Ce n'est pas grave, ils l'apprendront. Ils l'apprendront à force d'échecs et de rengaine.

Comme tous les autres avant eux.

« Comme tous les autres avant eux. » répète-t-elle à voix basse, concentrée, en déroulant un questionnaire meetic.


Attendez, quoi ?


C'est pourtant ce qu'elle fait, et depuis le début de son cours ; mais voilà qu'elle en voit enfin le bout, alors qu'elle entend distraitement des pas se rapprocher. Elle finit de compléter son profil par une photo quand l'individu parvient à sa hauteur.

Lentement elle relève les yeux, les sourcils légèrement froncés, la bouche entrouverte et le regard impatient. Boudeuse qu'on vienne la déranger au moment tant attendu.

Boudeuse et adorablement nonchalante.
Perceval Hartwood
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Perceval Hartwood
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Madame King est une professeure un peu spéciale.

Nous sommes tous là, assis face à elle, à la regarder, et elle ne fait rien. Les discussions se sont progressivement éteintes, remplacées par un malaise général, et seul le son de ses doigts sur le clavier et de rares murmures d'élèves inquiets brisent le silence. Que fais-elle ? Qu'attend-elle ? Personne n'en a la moindre idée, et moi pas plus que les autres. Pour m'occuper, j'essaie de quelques croquis d'uniformes de cheerleaders, Andrew ayant demandé à Jiang Li et moi de nous occuper de la conception des costumes de sa web-série. L'atmosphère pesante de la pièce ne m'aide toutefois pas à me concentrer, et je ne trouve aucun design qui me satisfasse vraiment. Je finis par reposer mon crayon, tendu, lassé.

Madame King nous donne soudain l'énoncé d'un exercice, sans prévenir, et visiblement sans l'intention de se répéter. Nous le notons tous consciencieusement, sans que personne n'ose prononcer un mot, poser une question, poser la question. Et, de toute l'heure, personne n'osera. Madame King leur fait peur. Une fois sortis de cette salle, aucun ne se privera de la couvrir d'insulte, de cracher sa haine, de critiquer son attitude, ses vêtements, ses méthodes d'enseignements, sa façon d'être, et tous seront d'accords les uns avec les autres, et tous se sentiront un peu mieux, un peu rassurés, un peu apaisés. Le malaise se dissipera au fil des discussions haineuses, puis ils oublieront, passeront à autre chose ; mais seulement jusqu'au prochain cours. Seulement jusqu'à se retrouver à nouveau dans la même pièce qu'elle durant une heure, parfois deux, et seulement jusqu'à sentir à nouveau ce profond malaise, cette tension quasi-insoutenable qui leur donne envie de se lever et d'hurler, hurler pour  briser cet horrible silence auxquels ils ne sont pas habitués.  

Horrible pour eux. De mon côté, je m'y suis accommodé sans grandes difficultés. Je suis patient et j'aime travailler dans un environnement parfaitement silencieux - je m'entends mieux penser. Certes, l'atmosphère tendue a quelques répercussions sur moi, et mes gestes sont peut-être un peu plus crispés et plus fébriles qu'ils n'ont l'habitude de l'être. Mais les mathématiques me détendent peu à peu : je me retrouve en terrain connu et agréable par sa logique parfaite. Assis seul au deuxième rang sur la gauche, je résous l'exercice question par question, avançant sans réelle difficulté., et l'heure passe sans que je n'y accorde plus aucune attention.

La sonnerie retentit alors que je bute sur la dernière d'entre elles. Alors que tous les autres élèves s'empressent de ranger leurs affaires et de quitter la salle, comme s'ils cherchaient à fuir la présence de cette professeure trop dérangeante, je mordille légèrement mon stylo en contemplant mes traces de recherches infructueuses. La solution se dérobe à moi, et je déteste ça. Après une brève hésitation, je me décide à aller demander des indications à Madame King elle-même. Je range mes affaires, ne gardant que ma feuille d'exercice et un stylo, puis balance mon sac sur mon épaule et m'approche de son bureau. Elle a l'air particulièrement concentrée, et marmonne quelque chose que je n'arrive pas à comprendre. Que peut-elle bien être en train de faire ?

Quand je m'arrête devant elle, madame King lève ses yeux vers moi. Des yeux bleus, plutôt jolis, qui me font toutefois comprendre que je n'ai pas intérêt à la déranger longtemps. Je lui tend ma feuille où se trouvent mes quelques tentatives de résolution, mal à l'aise, hésitant. Il ne reste que moi dans la salle, et ce depuis longtemps.

"Je n'ai pas compris comment résoudre la dernière question."

Voilà. C'est clair, c'est net, pas besoin d'un mot de plus. Espérons que sa réponse soit tout aussi efficace, et que je puisse sortir d'ici au plus vite. Je n'aime pas vraiment l'idée d'être seul avec elle.
Gaby S. King
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Gaby S. King
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"Je n'ai pas compris comment résoudre la dernière question."

Ce n'est pas mon problème, pense-t-elle. Et elle détourne le regard pour le reporter sur son écran, un instant, avant de plonger une main dans son sac à main posé sur le bureau et en sortir un paquet de bonbons. Les yeux rivés sur la page meetic, elle l'ouvre sans prendre garde à ses propres gestes et sans maladresse.
Doucement elle glisse un bonbon entre ses lèvres. Attend.
1, 2, 3 secondes.

Elle se retourne soudain vers l'élève dont elle ne se souvient plus du nom - soudain rappelée par sa conscience professionnelle ? Non mais trop impatiente pour ne rien faire en attendant qu'un homme remarque son profil. Son profil faux, mensonger, son profil de femme facile. Son profil bourré de fautes d'orthographe, rajoutées là soigneusement, pour se mettre à leur hauteur - c'est ce qu'elle dit, ce qu'elle dit un peu trop sérieusement pour qu'on lui pardonne.  
Et tant pis.

Elle saisit la feuille tendue, la lit en diagonale et a un geste pour la mettre à la poubelle située à ses pieds, dans un réflexe d'un naturel terrifiant, quand un mouvement sur l'écran attire son regard. Quelqu'un a flashé sur son profil.
Un homme du même âge, brun.
Elle sautille sur son chaise et repose la feuille sur son bureau. Vite, vite ! Mais pour discuter, il faut payer ; alors elle paye, inutilement, par plaisir du jeu, elle paye et elle voit la fenêtre de chat apparaître. Et tout à coup elle se souvient qu'elle ne sait pas draguer les hommes.
Ne sait pas jouer la fille mignonne mais timide - toujours trop brusque, trop acerbe.

Alors elle lève les yeux sur Perceval ; hausse un sourcil. Se dit que ça fera l'affaire. L'affaire ?

Soudain elle se met debout, contourne sa chaise, vient attraper Perceval par les épaules, presque tendrement, et le fait asseoir à sa place. Puis elle récupère la feuille de réponses, une craie blanche et commence à écrire la solution au tableau, sans l'expliquer, sans la détailler.

"Au boulot, n°32."
ordonne-t-elle ; et elle approche le bureau pour attraper un bonbon dans le paquet, se penche au-dessus de l'épaule de Perceval. "C'est du donnant-donnant dans la vie, tu sais ?" ajoute-elle d'un air satisfait.

Sauf que tu es prof, Gaby, et que l'on te paie déjà pour répondre aux questions de tes élèves. Sauf que tu es prof bordel.
Perceval Hartwood
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Perceval Hartwood
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Madame King m'ignore. Rien d'étonnant. Ce n'est pas pour rien si j'ai hésité avant de lui poser la question. Elle a tourné à nouveau les yeux vers son écran, comme si j'étais dépourvu du moindre intérêt - et de son point de vue, c'est sûrement le cas. Je doute d'ailleurs qu'elle connaisse mon nom, ni même le nom d'un seul de ses élèves. Mais je reste malgré tout planté là, sans trop savoir pourquoi étant donné qu'elle ne daignera apparemment pas me répondre, et, silencieux, je la regarde sortir un paquet de bonbons de son sac. Rouges et bleus, acidulés. Pendant un instant, un bref instant, je me demande si elle compte m'en proposer. Mais non, évidemment que non, et je ne suis pas assez stupide pour y songer plus d'une seconde ; madame King n'est pas du genre à partager. Pas avec un élève. Elle nous ignore, elle nous méprise, et ça s'arrête là. Madame King ne connait pas les relations humaines. Elle ne veut pas les connaitre.

Et soudain, sans que je n'en comprenne la raison, j'existe à nouveau à ses yeux. Elle me regarde, attrape ma feuille, la lit, ou plutôt la survole ; puis elle a un geste vers la corbeille, et pendant un instant, un bref instant, je me demande si elle compte la jeter. Mais non, elle la repose, et je me sens soulagé, parce que l'espace d'une seconde, j'ai réellement crû qu'elle allait le faire ; ça lui ressemblerait bien et je n'aurais pu m'en plaindre qu'à moi-même, parce que j'ai osé venir lui parler, et que tout le monde sait qu'il ne faut pas parler à madame King.

Elle recommence à m'ignorer. Elle a l'air absorbée par son écran, fébrile, excitée, et je n'ose pas prononcer un mot. M'a-t-elle oublié ? Devrais-je reprendre ma feuille tant qu'elle est encore sauve, et fuir de cette salle pour aller chercher ailleurs la réponse à ma question ? J'aimerais, mais je n'ose pas. J'ai encore le vague espoir que ma présence insistante finira par la lasser et qu'elle me répondra, ou bien qu'elle me demandera directement de sortir. Qu'elle me dise quelque chose, n'importe quoi, mais que les choses cessent d'être aussi confuses, que tout devienne clair.
Mais madame King n'est pas quelqu'un de clair, et quand elle relève les yeux vers moi, je ne comprend pas son regard. J'ai une sensation désagréable au creux du ventre, et mon intuition me souffle que je n'aime pas ce qui lui traverse en moment l'esprit. Elle se lève, contourne le bureau et poses ses mains sur mes épaules. Je me crispe et retiens un mouvement de recul. Ses mains sont froides, et je le sens même à travers le tissu de mes vêtements. Elle me guide jusqu'à sa chaise et je m'assieds, sans comprendre, sans oser lui demander de m'aider à comprendre. Elle me lâche et commence à tracer des choses au tableau ; je comprend rapidement qu'il s'agit de la réponse à la question pour laquelle je lui demandais de l'aide.

"Au boulot, n°32" ? C'est bien ce que je pensais, elle ne connait pas mon nom. Mais ça ne m'aide pas à comprendre. "Donnant-donnant" ? De quoi parle-t-elle ? Je jette un coup d'oeil vers l'écran, et me fige. Meetic ? Elle...tout ce qu'elle faisait, depuis ce temps, c'était de chatter sur Meetic ? Je la regarde d'un air effaré. Elle veut...

"Vous voulez que je réponde ?"


Oui. C'est évident. Pourquoi m'aurait-elle assis là, sinon ? Je fixe à nouveau l'ordinateur, incrédule.

abh75 : salut :)

Je m'appelle Gabiche. Ou plutôt, madame King s'appelle Gabiche. Sûrement en lien avec son prénom. Peut-être qu'elle s'appelle Gabrielle ? Peut-être pas. Je ne suis pas sûr d'être capable de comprendre sa logique, je ne suis pas sûr d'avoir envie d'essayer de la comprendre. Non, rectification : je ne dois surtout pas essayer de la comprendre. Surtout, ne me poser aucune question. Cela vaudra mieux. Cela vaudra vraiment mieux.

Je pourrais refuser de faire ce qu'elle me demande. Bien sûr. Ce serait naturel, et n'importe quel autre élève à ma place l'aurait fait, serait parti en vitesse, et aurait éventuellement rapporté cette attitude au directeur, ou au moins à un autre enseignant. Mais non. Quand un professeur me demande quelque chose, j'ai l'habitude d'obéir, et, en général, cette règle s'étend à toute personnes de sexe féminin. Mes sœurs et ma mère m'ont habitués à satisfaire leurs quatre volontés, et certaines d'entre elles étaient bien pire qu'un chat sur Meetic. Alors je peux bien faire ça. Ça ne doit pas être si dur. Et il faut que je me dise qu'au moins, comme ça, je connaitrais la solution à mon exercice.

Mes doigts se posent sur le clavier, hésitant, et je m'interroge : dois-je mettre un smiley ? Dans le doute, je choisis de singer cet homme avec qui elle parle, et qui est décrit comme "insouciant, yeux marrons, cheveux bruns, 170cm".  C'est ça, les informations considérées primordiales, sur ce site, quand on désire faire la rencontre de quelqu'un ?

Gabiche : Salut :)

Quelques secondes après, il m'envoie une réponse, et je pâlis. Fortement. Je détourne très vite mon regard de l'écran et me racle la gorge pour attirer l'attention de madame King.

"Je..."

Mes joues s'embrasent. Dois-je vraiment le dire ? Dois-je vraiment lui dire que l'homme avec qui elle chatte vient de lui envoyer une photo de...de son sexe ? Alors qu'un simple regard suffira à ce qu'elle le voit d'elle-même ? Alors que le simple son de ma voix horrifiée devrait suffire à le lui faire deviner ?

"Vous savez, vous devriez arrêter d'aller sur ce site, ce n'est pas...vraiment ce qu'il y a de mieux, pour faire des rencontres. Même...même si vous avez du mal à en faire"
, je lâche finalement, affreusement mal à l'aise.

Me rincer les yeux à l'eau de javel n'est sans doute pas la meilleure idée que j'ai jamais eue, mais elle est en cet instant affreusement tentante.
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Elle l'a su à sa voix.
Su au tremblement de l'air de la pièce.
Su au frisson qu'il fit naître le long de son échine.

Elle le sut au bégaiement de son élève, et ça la fit sourire. Elle sourit, tout à coup ravie de son initiative ; ravie d'avoir fait asseoir Perceval sur cette chaise, ravie qu'il ait obéi, ravie de la réponse qu'elle formule au tableau aussi - divinement rédigée, si elle doit le dire elle-même. Ravie de tout.
Même le temps soudain la met en joie.

Ravie, en fait, d'avoir réussi à pousser quelqu'un dans ses retranchements aussi simplement, presque sans efforts. Ce n'est pas que j'aime le malheur des autres, se dit-elle alors, c'est juste que je le trouve fascinant ; vraiment, ce n'est que ça.

Elle sourit toujours.

Elle sourit encore quand elle baisse les yeux vers le sol, contourne le bureau, et vient se placer face à Perceval et face au dos de l'écran, tout en prenant l'absolu soin de ne pas croiser du regard ce dernier. Elle ne voit pas l'intérêt de s'affliger cette vision et de gâcher ainsi le mince bonheur qu'elle ressent pour avoir réussi à l'affliger à Perceval.

Peut-être qu'aujourd'hui je serai virée, pense-t-elle tout à coup. Mais ça ne l'effraie pas. Elle n'est pas sûre que Perceval aura le courage de raconter le déroulement de leur entrevue lorsqu'il quittera enfin la salle de classe - lorsqu'elle le libérera enfin. Car cette fois-ci, elle le retient, et cela se sent à la façon dont elle fixe, à la façon dont ses yeux se plissent.

« Pour avoir réussi à le mettre à genoux aussi vite, tu dois être sacrément doué pour ça, n°32. »

Et tout est répugnant dans cette phrase, le choix des mots, leur sens et même le ton qu'elle emploie, ni doux, ni sec mais impressionné - sincèrement impressionné. Tout est répugnant dans cette phrase, et même si elle est un mensonge facile, King n'est pas sûre qu'il arrivera à s'en détacher, qu'il arrivera à se laver de la boue dans laquelle lentement mais sûrement elle l'embourbe.

Mais le plus dur est encore sur le bout de sa langue, et il assombrit ses iris en même temps que l'ombre à ses pieds, il durcit l'arête de son nez et le pli de sa bouche.

« Mais moi je n'ai toujours pas fini ma démonstration Perceval. »


Et peut-être qu'il aurait été plus heureux si son prénom ne lui était pas enfin revenu, surtout à un moment pareil. Elle n'y pense pas ; elle a le cœur qui bat la chamade, dans l'expectative. Elle ne sait pas s'il va lui obéir - elle ne s'y attend pas.
Ce à quoi elle s'attend, c'est au dévoilement de son âme.

Elle ne veut pas simplement son désarroi, elle veut son malaise le plus profond. Elle veut son dégoût le plus sincère, pour ce qu'il a sous les yeux ou pour elle, ça n'a pas d'importance. Elle veut quelque chose qui vienne de lui, là, tout de suite, quelque chose de plus précieux qu'une feuille griffonnée.

Elle ne veut pas de sa rage de chien, sa rage restreinte car dressée. Elle veut la rage de Perceval, ou peut-être pas sa rage - elle n'est pas difficile.

Elle n'est pas difficile et ses yeux disent « fascine-moi » comme ils diraient « éventre-moi ».
Perceval Hartwood
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Elle sourit. Elle sourit, et rien n'aurait pu être pire.

Je ne peux que la fixer, pâle, ébahi, écœuré. Incapable de supporter ce que je continue à voir du coin de l'oeil, j'éteins l'écran d'une main légèrement tremblante. Ses mots me donnent envie de vomir. Elle me donne envie de vomir. Comment peut-elle oser dire ça ? Avait-elle prévu que cela arriverait ? L'espérait-elle ? Est-elle folle ? Oui, bon sang, elle est folle. Personne de sain d'esprit n'aurait dit une chose aussi répugnante, d'un ton aussi répugnant, avec un sourire aussi répugnant.

Elle est folle, et moi, je me sens profondément sale.

Perceval. Elle connait mon nom, et je frissonne de pur dégoût ; dans sa bouche, il me paraît immonde. J'aurais préféré qu'elle continue de m'appeler numéro 32, ç'aurait été beaucoup mieux, beaucoup plus impersonnel, beaucoup plus facile à oublier. Elle me parle de démonstration, mais je n'y accorde désormais plus aucune importance. Qu'elle jette ma feuille, qu'elle la brûle même, si ça la chante ; je ne veux plus entendre parler de cet exercice. Je veux juste sortir. Quitter cette pièce. La quitter, elle, et ne plus jamais remettre les pieds ici. Mais mes jambes sont paralysées, et je ne peux que continuer à fixer son regard bleu, si beau, si laid, si dérangé.

Je ne suis pas quelqu'un de fort. Quand on me fait du mal, je ne crie pas sur mon agresseur, je ne l'insulte pas, je ne lui rend pas ses coups.  Quand quelqu'un me fait du mal, j'ai juste envie de pleurer et de lui demander d'arrêter. J'aimerais lui dire quelque chose, à cette femme, et peut-être la blesser autant qu'elle m'a blessé, moi, mais il y a quelque chose de lourd au fond de ma gorge. Qu'est-ce que je pourrais répondre à ça ? Y-a-t-il au moins quelque chose à répondre ?

Cette situation n'a rien de normal.Madame King est un monstre, et je ne me sens même pas coupable de le penser. Un bref instant, je songe à ce qu'elle a pu traverser pour en arriver là. Est-ce possible, de naître ainsi ? Probablement pas. Mais est-ce que je désire vraiment le savoir ? Non, non, certainement pas. Je ne veux rien savoir sur elle. Je ne veux plus rien avoir affaire avec elle.

- V...

Ma voix tremble, je m'arrête. Respire. Respire, Perceval, profondément.  Voilà. Calme-toi. Cela n'en vaut pas la peine. Cela n'en vaut pas la peine, pas vrai ?

- Vous manquez d'originalité. Gabiche, c'est trop commun, comme surnom. Et, pour être franc, c'est assez laid et ça n'a rien de mignon.

Je n'ai pas la moindre idée de ce que je suis en train de raconter. Qu'importe. Je me lève avec difficulté, peinant à m'arracher à la chaise, et lui fait face. Elle est petite, bien plus que moi, et pourtant, je dois me retenir de trembler face à elle. De peur, de honte, ou de colère ? Je n'ai pas envie de me pencher sur la question.

- Vous n'avez pas peur que je vous fasse renvoyer ?

Qu'est-ce que vous foutez dans un lycée, d'ailleurs ? Vous devez haïr votre métier autant que vous haïssent vos élèves. Et moi, qu'est-ce que je fous ? Je ne devrais rien lui demander, je devrais m'enfuir.

Mais je dois être faible, puisque je n'arrive pas à échapper à son regard.
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- V...


Elle est toute ouïe. Toute penchée au-dessus de son âme, effleurant de la paume des vérités comme des longs rubans de soie, qu’elle enroule autour de ses poignets, comme elle plongerait ses doigts fins dans ses muqueuses, y planterait ses ongles, pour sentir contre sa peau la chaleur et le sang d’un autre. Elle respire fort, comme en plein effort.

- Vous manquez d'originalité. Gabiche, c'est trop commun, comme surnom. Et, pour être franc, c'est assez laid et ça n'a rien de mignon.


Elle écarquille les yeux.
Touchée.
Touchée parce qu’elle a mis deux nuits à se torturer l’esprit pour trouver ce surnom. Deux nuits pour qu’il ait la consonance parfaite - celle de l’innocence passée maître dans l’art de se déguiser, de se travestir en femme, de se persuader d’en être une. L’innocence qui ne mesure pas sa propre naïveté, que les autres repèrent et exploitent. La proie facile, lui semble-t-il.
Elle voulait que son profil soit une proie facile.

Mais Perceval ne reconnaît pas son art, Perceval piétine le sacrifice, la torture de ses insomnies - le silence lourd, épais de sa réflexion. Il réduit le surnom à ce qu’il a de plus basique : sa laideur. Et seigneur que ça la vexe ; son visage se renfrogne, pomme fripée, perdant pour un court instant sa beauté étrange - un instant seulement car dans le temps suivant, elle gonfle les joues pour bouder, et elle a de nouveau dans les traits la grâce sauvage, la puissance du vent.
Mais le vent, c’est une bonne chose. Une chose de la nature.

Gaby n’appartient pas à la nature ; elle emprunte la force et la souplesse au bois, le calme, la douceur parfois, elle emprunte son corps à la nature, mais ses sentiments sont trop artificiels. Gaby est un être artificiel. Un pur produit de consommation, consommation d’ignorance et de méchanceté gratuite.
Mais pas seulement, et c’est là qu’elle devient redoutable. Car elle se nourrit de ses plaies, du pus de ses plaies, du sang caillé, elle gratte les croûtes, elle gratte la peau, et elle utilise ce qu’elle sait de la douleur pour l’affliger aux autres.

Au fond Gaby ce n’est qu’une carcasse ambulante. Mais belle, si belle, et qui ment si bien qu’on s’y laisse prendre.

- Vous n'avez pas peur que je vous fasse renvoyer ?


C’est une question intéressante, il faut le reconnaître. Alors elle y réfléchit, un moment ; du moins elle fait semblant.

« Tu as envie de me faire renvoyer, Perceval ? » demande-t-elle dans le vide, bêtement, rhétorique inutile. « Tu sais, Perceval, je crois que je t’aime. » Et elle n’ajoute pas de nuances pour que ce soit plus troublant. « Je t’aime parce que tu n’es pas encore parti, parce que j’ai l’impression que tu me donnes la permission ; parce que tu en trembles, et que ça m’émeut, ça m’émeut terriblement. Moi ça me ferait du mal que tu me fasses renvoyer, Perceval, mais je comprendrais. Tu ne serais pas le premier. »

Elle emplit ses yeux de larmes, des larmes amères prêtes à creuser la peau de ses joues, à y laisser des cicatrices terribles.

« Tu seras peut-être le premier à réussir. »
rit-elle en mimant la misère de cœur. Puis elle ajoute : « Je ne suis pas quelqu’un de bien, Perceval. Je n’ai pas été capable de le devenir. »

Et son jeu d’acteur est aussi mauvais qu’il est excellent, parce que la contradiction est tellement forte dans ses propos qu’elle en devient difficile à assumer pour celui qui en est spectateur, qu’elle le laisse tout interpréter, tout en sachant qu’il l’interprétera mal.

« Tu sais, Perceval, je n’ai pas peur parce que si je devais avoir peur, la première chose à craindre, ce serait moi-même. »

Et elle livre là un secret.
Perceval Hartwood
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« Tu sais, Perceval, je crois que je t’aime. »

Mon sang se glace dans mes veines. Je deviens blême, et mes mains commencent à trembler. Je la fixe, effaré, je la fixe sans comprendre, et un court instant, je me demande si je ne vais pas vomir, là, maintenant, sur le bureau, face à elle. Mais non, bien sûr que non, ce serait une réaction excessive ; mon déjeuner le sait bien et reste sagement à sa place au fond de mon estomac. Contrairement à mon coeur qui lui, s’emballe dans ma poitrine. Parce que son amour ignoble me terrifie, parce que j’ai peur de ce dont la folie de cette femme est capable, parce que j’ai l’impression d’être une proie qu’elle est sur le point de dévorer, parce que je me demande si je ne suis pas déjà en train de me faire dévorer.

J’aimerais ne pas l’écouter. Vraiment. J’aimerais être sourd pour que ses mots cessent de m’atteindre, aveugle pour ne pas voir ces larmes qui roulent sur ses joues et dont la laideur me répugne. Elle me répugne tellement. Qu’est-ce qu’elle raconte ? Pourquoi fait-elle cela ? Qu’est-il en train de se passer, au juste ? Je ne pense plus à la faire renvoyer. Pas parce qu’elle aurait mal - qu’ai-je à faire de sa douleur, quand on voit ce qu’elle-même est capable d’infliger ? Mais parce que désormais, je ne pense plus qu’à sortir d’ici, et qu’une fois sorti d’ici, je ne pourrais en parler à personne. Je le sais. Je le sais très bien. Ses mots, ses sourires, ses larmes, sa beauté, sa laideur, ses yeux, je laisserais tout ça pourrir au fond de moi, en espérant parvenir à l’oublier un jour, parce que dans mon état, c'est tout ce que je suis capable de faire.

Un instant, je songe à avoir pitié d’elle. Peut-être le devrais-je. Sûrement. Mais j’en suis parfaitement incapable. La terreur ne laisse aucune place à la compassion.

« Tu sais, Perceval, je n’ai pas peur parce que si je devais avoir peur, la première chose à craindre, ce serait moi-même. »

Ta gueule, espèce de malade. Je prends aussitôt conscience que ces mots ne me ressemblent pas, que ce ne sont pas miens, et soudain, ce n'est plus seulement elle qui me dégoûte et m'horrifie, mais également moi-même. Jamais je n'aurais dis, pensé ce genre de choses auparavant. Mon dieu, qu'est-elle en train de faire de moi ? Je dois partir au plus vite, avant que cela n'empire. Au plus vite : maintenant. Mais mes jambes sont toujours paralysées, paralysées par son regard. Alors j’ouvre la bouche. Je reste un instant planté là, comme ça, silencieux, les lèvres stupidement ouvertes, en essayant de rassembler mes quelques grammes de courage pour lui répondre. Ma gorge est nouée, terriblement nouée, et je referme brièvement les lèvres, juste le temps de déglutir. Puis je les rouvre à nouveau.      

Laissez moi partir. J'ai envie de pleurer. Laissez moi partir.

“Laissez moi partir.”


Par pitié.

Mais Madame King est-elle seulement capable de pitié ?
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“Laissez moi partir.”


Blablabla.
Petit soupir d’exaspération ; tout ce drame inutile. Est-ce vraiment raisonnable d’avoir peur si fort ? N’exagérerait-il pas un peu ? Pour la faire se sentir coupable. Perversité. Petit pervers.

Ta gueule Gaby.


Est-ce qu’elle est censée avoir pitié ? Demander pardon ? Pleurer le mal qu’elle lui a fait ? Et quel mal au juste ? N’a-t-il pas interprété ses paroles seul ? Qu’a-t-elle dit de si choquant ?

Ta gueule.


Gamin capricieux. Aujourd’hui on les bouscule à peine, et ils se mettent à chialer, ils portent plainte, ils retournent en courant dans les jupons de leur mère, la morve au nez et les yeux explosés. On ne peut donc plus plaisanter ?

TA GUEULE.


Sourcils haussés, regard qui fuit vers la fenêtre ; bras croisés sous la poitrine, appuyée contre l’un des bureaux réservés aux élèves. Déni. Déni hurlé par sa nonchalance feinte, la transpiration de sa nuque, le papillonnement léger de ses cils, la tension dans ses doigts ; déni même dans la façon dont elle respire, souffle violent, tempête qui tonne au rythme de son cœur qui bat. Déni dans les ombres de son visage qui se veut inexpressif sans y parvenir, qui trahit tout ce qu’elle pense et pire encore - qui trahit son âme.
Le vêtement flotte doucement autour de son corps, effleure sa peau moite, collante, sa peau flasque. Flasque sa bouche, acide la salive, et ça lui dissout la gorge quand elle déglutit, ça dissout le reste ; c’est tous ses organes internes vomis sur le sol de la salle de classe.

Ce qu’elle a de plus laid au grand jour.

Elle approche des fenêtres ; se déplace, semble-t-il, comme si elle était nue. Comme si ses habits se dérobaient, comme si elle était exposée. Maladresse. Malaise sous-jacent.

« Vas-y ! »
aboie-t-elle d’une voix rauque.

Dégage, bordel, dégage. Casse-toi. Je ne suis pas la personne horrible que tu vois en moi. Je ne suis pas cette femme-là. Je suis plus... plus. Il m’aime. Je mérite qu’il m’aime. C’est bien la preuve que j’ai raison. C’est la raison pour laquelle tu auras toujours tort.
Il m’aime alors c’est bon.
Tout va bien.

Tout va bien.
Perceval Hartwood
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Un cri.

“Vas-y !”

J’ouvre la bouche ; rien n’en sort. Elle s’avance vers les fenêtres, et je regarde son dos, la gorge sèche, une boule au creux du ventre. Oui, je crève d’envie d’y aller. De sortir d’ici et de respirer un air qui ne soit pas chargé de sa présence. Je n’aurais jamais du rester là plus longtemps que nécessaire - pourquoi n’ai-je pas fait comme tout les autres et déserté cette salle dès qu’il m’en a été possible ? Sans doute que je ne réalisais pas, que je me croyais capable de supporter cette femme encore quelques minutes de plus. Oui, voilà, je me suis sûrement dit : quelques minutes, après tout, ce n’est rien, et puis une question comme ça, ça va être vite réglé. Mais personne n’est capable de supporter ça, personne, encore moins moi, et j’aurais du le savoir. Alors pourquoi ? Pourquoi, alors qu’elle m’en a explicitement donné l’autorisation, ai-je encore l’impression que quelque chose me retient dans cette pièce ? La culpabilité ? Peut-être, mais de quoi ? Je n’ai rien fait, je ne lui dois rien ; c’est elle, le monstre, dans l’histoire.

Le monstre. N’en suis-je pas un moi-même, pour la qualifier ainsi ?

Je déglutis, ramasse mon sac, attrape ma feuille. Je me rappelle alors de la démonstration, et jette un oeil vers le tableau noir. Je parcours rapidement du regard la correction,  tombe sur le point sur lequel je butais, comprends aussitôt quelle était la bonne manière de faire. Presque involontairement, je tourne alors la tête et la regarde. La peur me tord à nouveau le ventre, et je me demande jusqu’à quel point ce sentiment est justifié. Elle a l’air si fragile. Mais je dois cesser de penser et fuir, fuir avant qu’elle ne change d’avis, fuir tant que cela sert encore à quelque chose.

Mon regard s’arrache d’elle, je me dirige vers la porte, et je crois que mes jambes tremblent. J’hésite, je m’arrête à deux pas de la sortie. Fais encore un pas, m’arrête à nouveau. Finalement, je regarde une dernière fois le tableau recouvert de l’écriture de Madame King, peut-être au lieu de la regarder elle.

“Mer...ci pour la correction”


Ces mots me brûlent la bouche, et je regrette déjà de les avoir prononcé. Je sors aussitôt de la pièce et accélère bien vite le pas, terrifié à l’idée d’entendre une réponse. Mais j’ai laissé la porte ouverte en partant, et j’ai l’impression de sentir son regard suivre mon dos alors que j’avance dans le couloir. Dès que j’en ai la possibilité, je bifurque, descend des escaliers et commence à courir. Mais son regard est toujours rivé sur moi ; ses yeux bleus, beaux, laids, sont encore accrochés à ma peau alors que je sors du bâtiment, que j’arrive au parking, que j’enfourche ma moto, que je commence à rouler, en allant peut-être un peu plus vite que d’habitude. Ce n’est qu’au bout de quelques kilomètres que la sensation commence à s’estomper et que je respire un peu plus librement - enfin. J’ai les yeux humides, et je ne sais pas si c’est seulement à cause du vent.

Qu’est-ce qui vient de m’arriver ? Était-ce seulement réel ?

Les battements de mon coeur ne retrouvent un rythme normal que lorsque j’aperçois les premiers bâtiments de mon quartier. Je ralentis en apercevant le garage, salue un des employés de la façon la plus naturelle possible, prétexte la fatigue quand il me trouve un peu pâle, et rentre ma moto avant de ressortir aussitôt. Je me dirige à pied vers l’épicerie japonaise, avec de temps en temps l’impression de voir le visage de Madame King danser devant mes yeux.

Est-elle seulement réelle ?  

Je ne suis pas assez courageux pour en avoir le cœur net et désormais, les cours de mathématiques se passeront de moi.
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