PHYSIQUE •• s’est fait une teinture blonde mais trouvait que ça ne lui allait pas alors il laisse pousser (il a la flemme de couper puis sa mère ne lui pardonnera jamais s’il fait ça de toute façon & il a les cheveux naturellement noir de jais & a des yeux noisette très clairs & porte des lunettes lorsqu’il travaille ou qu’il dessine depuis quelques heures déjà & il a un corps de faible vu qu’il ne fait pas de sport & il n’a aucune envie d’en faire de toute façon, il vit très bien le fait d’avoir un corps d’adolescent fragile & c’est un fragile de toute façon même s’il ne l’avouera jamais & dès qu’il se fait mal sa peau se met à saigner très facilement ce qui l’emmerde vu que ça ne lui fait pas forcement « mal » & il a la peau blanche parce que passer des heures dehors ou au soleil c’est très peu pour lui & ce n’est pas pour autant qu’il ne sort pas, c’est juste qu’il n’y reste pas assez longtemps pour que sa peau change de couleur & de toute façon dès que le soleil tape il ne bronze pas mais a direct un coup de soleil & il a tendance ainsi à croire qu’il doit éviter le dehors à tout prix & il a des trous à ses oreilles qui sont normalement fait pour des boucles d’oreilles mais il ne les met pas (parce qu’il oublie ou qu’il a la flemme, sa mère en est très triste d’ailleurs) & il rougit très facilement & il n’aime pas qu’on le touche, même s’il ne s’agit que d’une main sur son épaule & il a des grains de beautés un peu partout disséminés sur son corps surtout au niveau du ventre et des cuisses & niveau force et muscle c’est vraiment mais alors VRAIMENT pas ça mais il se dit qu’il a le minimum pour ne pas paraître trop jeune non-plus & il fait 17 ans, il fait garçon, il fait adolescent alors tout va pour le mieux dans sa vie.

MENTAL •• croyance il est pur pur pur aussi pur que la neige aussi pur que le ciel (le ciel bleu dégagé le ciel bleu étoilé)
croyance il est doux aussi doux que la laine aussi doux que le soleil, c’est une douceur à lui tout seul croyance (un bonbon qui fond dans la bouche)(et vous en voulez encore encore encore que ça vous touche)
croyance il est peut être solitaire mais pas seul, croyance il aime être tranquille croyance est tranquille & seul mais ça l’arrange (il peut dormir oklm dans sa chambre)
croyance invisible croyance lisible tout se reflète dans ses yeux tout se reflète dans ses lèvres dans ses gestes ; croyance n’est pas ce qu’il pense être et ça l’angoisse (angoissé d’être quelqu’un qu’il prétend être mais qu’il n’est pas, angoissé d’être quelqu’un que les autres voient mais qu’il ne voit pas)
croyance envers et contre tout est perdu ; perdu dans la forêt dense des sentiments dans la forêt dense qu’est l’adolescence – et il se cherche sans se trouver et il se trouve en se cachant et il ne sait pas ne sait plus ne sait rien ;
croyance ne croit plus alors croyance dort.

Feignant & intelligent & secret & marmotte & intéressé par les nouvelles choses & calme & angoisser h24 (mais c’est devenu tellement habituel qu’il ne s’en rend même plus compte) & stressant & méticuleux & adorable & méfiant de tout et de rien & c’est un fragile dans l’âme & il aime les comédies romantiques & les séries de super héros aussi d’ailleurs & son film préféré c’est Bridget Jones Baby mais c’est son secret & il dort toujours avec un coussin à l’effigie de Bob l’Eponge & aime le rose et tout ce qui peut se rapprocher du rouge.

HISTOIRE ••

Le soleil se lève à nouveau sur cette ville dans laquelle tu vis désormais ; dans cette ville que tu ne connaissais pas il y a de ça quelques années. La lumière se fait lentement mais doucement, s’insinuant à travers les rues, à travers les fenêtres et les toits des habitations ; la journée commence enfin et tu ne peux qu’observer avec une certaine appréciation cette lumière douce et chaleureuse qui vient te bercer en entrant dans ta chambre de lycéen. La fenêtre ouverte, la brise légère du matin, la chaleur qui se répand sur ton visage et tu fermes les yeux ; il n’y a que cette habitude de la matinée qui arrive à apaiser ton esprit tourmenté.


❝soleil qui se réveille.❞

Les palmiers sont à peine secoués par la brise marine qui arrive ; l’été se fait chaud, trop chaud. Tu as été traîné par tes parents à la mer, qui voulaient que tu découvres un peu cet univers qu’ils aiment tant, cet univers où tu peux te faire des amis l’espace d’une journée. Tu n’as pas su dire non – ils avaient de si beaux sourires sur leur visage que ton cœur n’a pas pu leur mettre un stop. Puis quel enfant serais-tu si tu avais refusé d’aller à la plage alors que tous tes camarades de classe ne parlaient que de ça ; aller à la plage pendant les vacances d’été. Cela semblait être le rêve de tout un chacun – était-ce bizarre que cela ne te fasse rien ? Peut que tu y mettais de la mauvaise volonté, alors. Peut être que tu n’y avais juste pas assez réfléchis, pas assez pensé, et que c’était pour cela que ça ne te faisait ni chaud ni froid d’y aller ou pas ? Tu n’en sais trop rien, mais tu décides de ne pas y penser pour l’instant – tu as déjà ton maillot de bain sur toi, les brassards autour de tes bras et la bouée rose autour des hanches. Ton père est beaucoup plus enthousiaste que toi à l’idée d’aller à l’eau, mais tu l’imites ; tu fais un grand sourire, tu lui demandes de se dépêcher, que tu veux y aller, à l’eau. Tu essaies de te persuader que c’est ça, être un enfant ; avoir envie de s’amuser, vite, avoir envie de passer du bon temps avec ses parents à la plage.
N’est-ce pas ça, être un bon enfant, être un enfant normal ?


❝soleil qui se couche.❞

Tu n’as pas compris ce qui s’est passé, mais ça s’est passé. D’un jour à l’autre tu as quitté la Côté d’Azur et tu es arrivé dans un endroit qui t’es totalement inconnu, dans une langue que tu n’as pas l’habitude d’entendre ; tes grands-parents maternels disent que tu es dans le déni de la situation, mais qu’y a-t-il de mal à ne pas comprendre que vos parents se séparent et que tu es parti vivre à l’autre bout de la terre, si loin de ton père ? Tu ne vois pas où est le souci, tu ne vois pas pourquoi ils en font tout un plat. Ta mère a été très douce, avec toi – elle l’a toujours été, mais cette fois-ci plus que d’habitude. Elle a refait ta chambre quasiment de la même manière dont elle était en France, avec les mêmes posters au même endroit, les mêmes couvertures, les mêmes peluches. Et pourtant tu sais qu’il manque quelque chose ; il manque cette chaleur paternelle qui parfois venait se cacher dans un recoin de ta pièce personnelle pour jouer, pour qu’il te fasse peur, pour t’amuser un peu. Et tu ne sais pas si un jour tu la retrouveras, cette chaleur là. Ta mère te l’a déjà expliqué – tu le reverras, ton père. Tu y reviendras, là-bas, dans ton ‘chez-toi’ que tu as toujours connu. Et même que parfois il viendra sûrement ici, ton père. Mais ça ne sera plus jamais pareil ; il n’y aura plus ces grands sourires que tu as connus autrefois sur leurs deux visages. Il n’y aura que des sourires désolés et amer dont tu ignores la cause.
Et tu n’aimes toujours pas la mer, même américaine.


❝nuage qui déborde.❞

Tu as toujours su que tu étais étrange, que tu n’étais pas comme les autres – tu as pourtant toujours essayé de rentrer dans le moule, de faire comme les autres, d’agir comme les autres. Comme ces journées d’été à la plage en France. Tu as voulu faire pareil alors que tu ne ressentais absolument pas la même chose qu’eux ; peut être qu’en fin de compte tu aurais dû faire plus d’effort, peut être que tu aurais du y mettre un peu plus du tien et faire comme si tu étais comme tout le monde. Mais évidemment que tu ne pouvais pas prédire ça, évidemment que tu ne pouvais pas prédire que tomber amoureux des garçons était bizarre, évidemment que tu ne pouvais pas prédire qu’avoir une érection en pensant à un garçon en particulier pouvait t’attirer tes ennuis. Mais évidemment, que ta mère t’aime quand même (t’a-t-elle dit). Tu ne pouvais te confier à personne d’autre, de toute façon. Mais tu n’es pas sûr que « cache ta sexualité, reste dans le moule comme tu l’as toujours fait » soit vraiment une bonne idée, même si elle vient de ta mère – et que tu comprends tout à fait qu’elle te dise ça pour te protéger. Et pourtant, même comme ça ton esprit et ton cœur ne se sente pas en paix ; peut être que t’envoyer dans ce lycée au Minnesota n’était pas vraiment une bonne idée, finalement. Au début tu voulais juste être tranquille, avoir le temps de penser à tout ce qui s’était passé, pour pouvoir te remettre debout et reprendre confiance en toi, mais maintenant… Tu n’es pas sûr que partir aussi loin, avec ces nouvelles révélations en tête, soit réellement avisé.
Tu as déjà quinze ans, et tu commences à détester la mer.


❝ciel qui s'ouvre.❞

Quand ton père t’avait dit que la chose la plus compliquée que tu aurais à faire en arrivant en Amérique serait de parler toujours anglais, et non français, tu l’avais cru. Maintenant, c’est une toute autre histoire. Tu apprécies tout de même être dans cette académie ; tu n’as pas vraiment le temps de penser à autre chose qu’à tes études – ou plutôt, tu essaies de ne pas prendre le temps. Tu dors, tu lis, tu regardes des films, tu travailles, tu appelles ta mère et ton père, et ça s’arrête là. Et parfois, le matin, quand tu te réveilles trop tôt, ou le soir, quand tu n’arrives pas à dormir (parce que tu as déjà trop dormi dans la journée), tu réfléchis. Ton cerveau ne te laisse pas le choix, et tes pensées tournent encore et encore dans ta tête et tu ne peux parfois rien faire pour les arrêter. Alors tu te fonds dans la masse et tu vois les sujets qui reviennent encore et toujours ; ta sexualité, tes parents, ton adolescence, ton futur. Toutes ces choses pour lesquelles tu n’as pas de réponse, pas encore, toujours pas. Et tu sais parfaitement que tu auras beau les fuir, ces interrogations, elles te reviendront forcément en pleine figure à un moment ou à un autre ; mais en attendant, tu fuis, comme l’adolescent que tu préfères rester encore un peu, un peu plus longtemps, dans cet ignorance qui te fait du bien mais à la fois du mal.
Tu es déjà en dernière année de lycée, et la mer te manque.