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Adriel Lespérance
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Adriel Lespérance
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C’est comme si le froid avait enfin fini par te paralyser. Te garder dans cette même position, tourné vers l’horizon que, de toute façon, tu vois à peine.

Home sweet home. C’est ce que tu te dis en maudissant le vent qui flagelle ta figure et qui te donne l’impression de geler tes piercings à l’intérieur de ta peau. Canada, Québec, Côte-Nord. Mois de janvier 2014. Tu attends sur cette rue normalement agitée de Baie-Comeau depuis ce qu’il te semble une éternité, mais en réalité, ça fait à peine quinze minutes. Mais quand même. Quinze minutes à moins cinquante, criss que c’est long. C’est cette voiture que tu essaies d’apercevoir à travers la neige qui virevolte devant toi, cette voiture bleu clair. Tu te rappelles de chaque détail insignifiant. C’est une Honda Civic 2010. La porte du côté passager est légèrement renfoncée et il a la flemme d’aller la faire retaper. Il y a des dés rétro vachement ringards accrochés à son rétroviseur. D’ailleurs, la première fois que tu les as vus, tu les as balancés par la fenêtre. Tu as finis par comprendre qu’on ne gagne pas aussi facilement contre ses goûts de merde lorsque tu  as vu une nouvelle paire décorant sa bagnole la semaine d’après. Puis tu as finis par trouver ça mignon, sa manie de sans cesse de collecter des objets plus ridicules et inutiles que les précédents.

Tu restes planté là, comme si tu n’avais pas de vie propre. Les mains enfoncées dans tes poches, tu n’oses même pas les sortir pour regarder l’heure ou t’allumer une clope de peur que l’hiver te les morde. Tu as même peine à cligner des yeux – de minuscules glaçons se font formés sur tes cils. C’est comme ça, chez toi. De la neige environ six mois par année. Une température qui convaincrait quiconque d’hiberner Des froids qui battent les records au moins une fois par année. Et il a fallu que tu tombes sur cette exacte période en retournant chez toi. Maudit soit janvier. Dehors, pas un chat. Tu pourrais entrer dans un magasin et lui envoyer un texto  du genre «Salut, j’me gelais l’cul. J’suis dans le Tim Horton’s». Mais non. Non, tu as l’impression que si tu quittes ce trottoir pour aller te réchauffer avec une bonne tasse de café, tu ne le reverras jamais. Que tu n’as qu’une chance pour réparer les pots cassés. Pour prononcer ces mots qui t’effraient et qui, pourtant, sont tellement simples. Si libérateurs. Si tu bouges ne serait-ce que d’un millimètre, sa voiture te passera sous le nez sans jamais s’arrêter. Tout aura été vain. C’est ridicule, tu le sais très bien, mais c’est le sentiment que tu as.

Chaque véhicule bleu qui passe te fait sursauter. Ton cœur se serre et ne fait qu’un bon. Une mini crise cardiaque. Oui, tu es nerveux à ce point. Le manque de nicotine et d’autres substances n’aide clairement pas, mais il faut dire que la dernière fois que tu l’as vu remonte à plusieurs mois. Il t’a manqué comme jamais personne ne t’a manqué. Au Minnesota, tu as ressentis une solitude comme tu t’en croyais incapable. Tellement de démons qui tentent de t’étouffer, de problèmes qui s’empilent les uns sur les autres et personne pour te comprendre réellement. Tu croyais dur comme fer que tu pouvais te relever tout seul, mais la vérité est tout autre, mon pauvre. Pendant tout ce temps, tu marchais avec une béquille, une béquille qui avait un nom. Jake Viel, qu’elle s’appelle, ta béquille. C’est même toi qui as décidé de t’en débarrasser. Lorsqu’elle te portait mal, la plupart du temps, c’est que tu étais trop orgueilleux pour la laisser faire son travail. Tu avais peur d’aimer et te laisser aimer.

Plus maintenant. Plus jamais. C’est ce que tu te dis en reconnaissant son automobile au loin. Cette fois, pas de mini crise cardiaque. Au lieu de ça, tu sens un pincement presque douloureux dans ta poitrine. Tu espères presque, l’espace d’une seconde, que ce ne soit pas lui. Que tu te sois trompé. Tu espères rester dans cette insupportable attente jusqu’à la fin des temps pour ne pas avoir à confronter son regard trop sincère. Tu te contredis sans cesse, tu le sais, tu le dis toujours. Tu t’assumes en tant que contradiction sur pattes. C’est con, bien sûr que c’est con. Tu veux le revoir plus que tout au monde, mais tu crains ce moment encore plus que tu ne le désires. La Honda bleue ralentit progressivement pour enfin s’arrêter complètement juste devant toi. Tu distingues aisément l’homme que tu aimes à l’intérieur. Il te sourit. Et si tu partais, tout simplement? Et si tu fuyais, comme d’habitude? Mais tu n’en fais rien. Tu prends une grande inspiration de l’air glacial, sors ta main gauche de ta poche et ouvres la portière. La chaleur de l’habitacle te fait soupirer de soulagement.  Chaque extrémité de ton corps te fait souffrir.

—T’sais que t’aurais pu m’attendre à l’intérieur d’un magasin, hein?

Sa voix te fait l’effet d’un choc électrique. Elle ravive tout ce qui était mort à l’intérieur de toi, redonne vie à cette flamme qui ne brûle que pour lui. Soudainement, tu arrêtes d’avoir froid. Jake, c’est ta chaufferette humaine. Tu te tournes enfin vers lui. Son visage souriant et ses yeux pétillants font fondre tout ce qui était gelé en toi, Adriel. Tu avais oublié cette sensation, et tu te demandes comment tu vas faire pour vivre sans, maintenant qu’on te l’a rappelée. Chez lui, rien n’a changé. Sa tignasse interminable d’un joli blond doré, ses grands iris verts, son sourire éclatant, ses quelques taches de son qui parsèment ses joues, et bien plus encore. À vrai dire, tu connais chaque parcelle de son corps par cœur.

—Même pas de «salut», pas de «tu m'as manqué» ou de «t'es tellement viril et badass d'avoir patiemment attendu dans le froid comme tes ancêtres qui traquaient le caribou dans la neige» ni rien? Tu me critiques direct? T'as du culot, toi.

Une réplique sarcastique, comme toujours. Il sait que ce n’est pas méchant. Il voit la joie qui semble déborder de ton visage, que tes yeux noirs vomissent, que ton large sourire crie. Pour la première fois depuis que tu as déménagé aux États-Unis, tu te sens à ta juste place. Tu en viens même à te demander, l’espace d’un instant, pourquoi tu es parti. Pourquoi ne resterais-tu pas là, avec lui? Rien ne t’empêche de continuer tes études ici. De toute façon, la Floride, c’est loin. C’est étouffant. Tu n’as plus rien à faire chez ton père. Il n’y a personne à qui tu tiens assez pour rester, alors que chez toi, il y a Jake. Tu es enfin à la maison et, plus les secondes passent, plus tu te dis que tu ne t’en iras plus jamais.

—Ouais, toi aussi tu m’as manqué, Adriel.

Tu résistes à l’envie de sauter dans ses bras pour le serrer contre toi et l’embrasser à pleine bouche. Ce sera pour plus tard. Pour l’instant, tu te contentes de boucler ta ceinture.
 
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