Miss Red [Ashley Swanster & Allyster Foster]

Une cigarette dans la main, pourtant encore au lit, Ashley émergeait doucement. Trop de cauchemars avaient bousillé sa nuit, dès le matin, il était en rogne, sur les nerfs, alors il fumait. De surcroit, il ne lui restait que deux cigarettes, ce qui ne pouvait que l’agacer et l’angoisser encore un peu plus. Il n’avait jamais eut une personnalité calme, et malheureusement, ce changement d’environnement cumulé à son histoire passée ne l’aidait en rien. Petite nature, hein ? Surement pas. Il avait beau ne pas être très résistant face au stress et aux tortures psychologique qui pouvaient lui être infligées, il avait toujours réussi à masquer ça par une force de caractère manifeste qu’il montrait à qui voulait bien la voir –ce qui entre autres, prouvait bien que c’était un leurre– mais aussi par une condition physique lui permettant de régler aisément ses problèmes et d’évacuer son anxiété en dépensant son énergie.

Il se leva lentement et déposa le mégot d’un geste mécanique qui témoignait de sa trop grande habitude à le faire dans le cendrier de verre qu’il laissait toujours sur sa table de nuit en prévision de ce genre de situation puis se dirigea vers la cuisine. Il ouvrit par reflexe un placard et saisit un peu hasardeusement un pain au chocolat qu’il fixa pendant plus d’une minute entière avant de se décider à l’avaler à contrecœur. Le roux avait toujours eu un problème avec la nourriture, c’était les séquelles les plus apparentes, après les cicatrices et le caractère, de son enfance auprès de sa mère. Sa mère, plus jamais il ne voulait en entendre parler. Elle ne l’avait pas défendu, lui avait infligé cet homme qui lui avait fait tant de mal et s’était comportée comme une chienne. Sa mère, elle était tout simplement morte à ses yeux.  Le fait était maintenant qu’il ne mangeait que très peu, et qu’il était très difficile à table. Il avait fait de nombreuses périodes d’anorexie de sa plus tendre enfance, jusqu’à la fin de son adolescence, et son corps avait gardé ce tempérament maigrelet. Il se forçait, pourtant. Le roux avait tellement peur de voir réapparaitre ses os encore une nouvelle fois qu’il ne pouvait pas se permettre, même s’il était malade ou n’avait vraiment pas foi de manger, de sauter un repas.

Apres son maigre repas, il était allé prendre rapidement une douche, tout en accordant une grande attention à ne pas croiser son reflet androgyne dans le miroir de la pièce. Il attache à l’aveugle ses cheveux rouges flamboyants, les remontant en  une queue de cheval lâche à l’aide un élastique, puis enfila un t-shirt blanc à manche courte et un jean moulant gris. Oui, les jeans moulants, pour les hommes, ca devrait être interdit. Pourtant, ca serait vraiment dommage… Ca lui allait tellement bien.

Trente minutes plus tard, et aussi sa dernière cigarette après par conséquent, Ashley se retrouvait, son fidèle sac à l’épaule, à errer dans les couloirs sans trop savoir où aller. Il était nouveau, pourtant, ca ne se voyait pas. Il avait vraiment la sale habitude de revêtir ce masque fier et assuré, et même si ca lui jouait des tours, le plus souvent, ca lui permettait quand même d’éviter de ressembler à l’éternel paumé qu’il était. Il avait beau avoir à l’origine un plutôt bon sens de l’orientation, le cannabis avait tendance à lui zapper la mémoire. Et vu qu’il ne se baladait que seul… On pouvait avouer qu’il se perdait assez régulièrement. Enfin, tant qu’il ne se voyait pas confronté à une quelconque situation qui pouvait le faire retomber dans la claustrophobie, ca allait.

Ce putain de lapin rose me dévisageait, comme s'il attendait quelque chose de moi. J'avais beau courir, il était toujours là, à me fixer avec ses petits yeux sournois. Tout était flou, j'étais seul. Il avançait vers moi en sautillant alors je me précipitais de toutes mes forces à son opposé. J'étais foutu, j'étais dans une merde noire, je ne savais pas ce que ce lapin aller me faire mais ça ne me plaisait pas. Pendant que je continuais de courir comme un dératé, le lapin lui prenait tout son temps pour venir près de moi. Il était si près, je voyais ses affreuses moustaches et sa truffe humide.. Mon dieu.

-HAA!Ha.. Pas le lapin.. Pas le..

J'étais couvert de sueur, mes draps étaient froissés comme si je m'étais battu avec eux. Je commençais à comprendre progressivement. Je venais juste de faire un cauchemar pourri dans lequel je me faisait stalker par un rongeur rose bonbon. Seigneur, qu'est-ce que mon subconscient aller imaginer.
Je jetais un coup d'œil au réveil. 6h14.. J'étais large, j'avais le temps pour une bonne douche et un café histoire de dégriser mon esprit endormi. Je quittais mon lit, descendais les escaliers pour aller vers la cuisine. Papa et maman dormaient encore. Mon breuvage fut près en un rien de temps. Une fois le p'tit déj engloutis, je devais aller me préparer. Alors comme chaque matin je fis un tour vers ma penderie pour y prendre un t-shirt et un pantalon et direction la salle de bains. La sensation de l'eau chaude sur ma peau était sans doute l'une des choses que j'apprécié le plus dans ma routine matinale, j'aurais pu rester sous la douche jusqu'à en avoir la peau fripée. Or cette longue douche devait attendre car mon bus ,lui, ne m'attendrait pas. Il était 7h10, mon bus arrivait à 7h15. J'étais bon.

Bon, le trajet en bus fut comme tous les autres jours depuis mon arrivé à Volfoni. Rien de bien spécial quoi. J'avais mes écouteurs et j'attendais juste que le bus m'emmène à destination. Une fois sur place ça se gâter un peu.. Même si ca faisait quelques jours que j'étais là j'avais encore du mal à me repère. J'étais de base un mec un peu nul en orientation alors je vous laisse imaginer le bordel.. Je titubais devant le portail en cherchant des élèves de ma classe, j'avais cru en voir un mais nan! Donc j'étais seul sur ce coup. Bon.. Courage Allys' ça doit pas être bien compliqué.. Je marchais un peu au pif dans l'établissement jusqu'à me perdre dans un couloir presque vide. En effet, ce couloir n'était pas désert, car mon attention avait été vivement monopolisée par une chevelure rouge sang. Wow, cette nana.. Mes yeux étaient accrochés à sa crinière de feu. Cette meuf devait m'être envoyée du ciel, elle allait pouvoir me guider et avec un peu de chance, elle et moi allions faire copain/copain. Cette idée était une bonne perspective. Alors sans hésiter plus longtemps, je me dirigeais vers la d'moiselle qui me tournait le dos. Punaise, elle sentait la clope froide à dix kilomètres à la ronde, j'avais l'impression d'aller voir une tabatière. Par simple reflex, ma main attrapa son bras.

-Salut!

C'était un salut qui se voulait amicale, je ne voulais pas passer pour un mec chelou, j'avais une chance de rencontrer une nana originale, je devais la saisir.

-Tu peux m'aider?

Ashley continuait son errance dans les couloirs. Après avoir parcouru deux fois tout le bâtiment, il sentait bien qu'il commençait à chauffer et que sa salle de classe n'était plus très loin. Il allait presque arriver à l'heure, pour une fois. Enfin, c'était sans compter les imprévus. Un gamin, de derrière, venait de saisir le roux par le bras. Pendant une seconde, son cœur cessa de battre et son sang se figea dans ses veines endolories, tandis que sa respiration elle, au contraire, se faisait lourde et haletante. Le contact tiède de la main inconnue le fit se retourner brusquement d'un mouvement réflexe maladroit et reculer, manquant presque de tomber. Juste avant d'arracher son bras droit l'inconnu, il parvient à jauger celui-ci avec plus de self control, et en conclu qu'il pouvait, ou plutôt qu'il devait se calmer. Il inspira profondément et reprit avec assurance son masque froid et inexpressif habituel. Putain, il lui avait fait peur, ce con. Le gamin, à l'allure pourtant tout sauf intimidante, avec réussi à lui rappeler de très mauvais souvenirs. Enfin, il enferma à double tours ce genre de pensées négatives, se concentrant plutôt sue la cause de ces troubles. Un mec au cheveux noirs et lisses coupés un peu à l'arrache, aux grands yeux perçants et à la minceur percutante se tenait devant lui.

- Salut! me lança-t-il en souriant, son visage clair et fin paraissant avenant.

Et bien. Le rouquin s'était attendu à tout sauf à ça. Un minois souriant qui l'abordait dans les couloirs. Hmmm... Le gars devait avoir son âge, ou un peu moins, et sans doute avait-il, cela se voyait à son corps maigre et d’apparence en manque de masse musculaire, choisi un cursus artistique plutôt que sportif.

- Tu peux m'aider?

Pas de formule de politesse. Pas de présentation. Seulement une question, une sollicitation d'autant plus. Ça manquait de respect, tout ça. D'ordinaire, Ashley aurait détesté. Ca l'aurait insupporté et il l'aurait envoyer se faire voir comme il n’était pas permis de le faire. Mais là, allez savoir par quel miracle, ce n'était pas le cas. Il voyait ca comme une sorte de provocation, et il adorait, car ce n’était pour lui pas quelque chose d’habituel que d’être invité se soumettre docilement.

- Euh... Oui. Tu veux quoi?

Il avait répondu spontanément, et il risquait de s'en mordre les doigts. Depuis quand il était serviable? C'est vraiment pas son genre. Mais bon. L'inconnu était pas mal mignon, et il s'était fait prendre dans un large dépourvu... C'était presque déjà trop tard. En plus, c’était presque sur que l’autre avait pigé son trouble.

- T'as un prénom d'abord, peut être?

Voilà. Il avait fini de s'enterrer avec sa voix trop cristalline comme lorsqu’il était sous le choc. Une vraie gamine. Il était dans la mouise jusqu'au cou : il allait rendre un service à quelqu'un par pure gentillesse -enfin, il allait y trouver un intérêt, c'était certain. Il sentit par contre qu’il manquait de rougir lorsqu’il réalisa que le contact de sa main trop douce, trop fine et toujours tellement trop féminine à cause des crème hydratante qu’il s’amusait à foutre sur ses mains tatouées pour ne pas empester une délicieuse odeur de tabac froid et avoir ainsi d’autant plus envie de fumer, avec la main du jeune brun, existait toujours. C’était idiot, mais ca lui foutait des frissons. C’était pas désagréable, mais ca le foutait franchement mal alaise et il détestait sa réaction. Il se rappela soudain la réflexion de son père lorsqu'il avait fait monter ses tatouages jusque sur ses épaules. "A ce rythme là, on ne te verras bientôt plus là-dessous!" avait-il déclaré sans la moindre ironie. Là, il n'espérait qu'une chose : que cela se réalise au sens propre.

Pendant un instant j'eu l'impression d'être un putain de Ninja furtif. J'avais sans aucun doute foutu une bonne frousse à la demoiselle pour qu'elle réagisse ainsi. En effet au moment même où je lui avais attrapé le bras, elle s'était retournée comme une furie pour couper court à ma tentative d'approche. Note à moi-même pour l'avenir : si j'aborde une jeune fille, mieux vaut lui faire face. (Ca évitera éventuellement que la demoiselle en question me confonde avec un stalker dégueulasse et qu'elle sorte alors un spray au poivre pour m'éclater la tête .)Bref.. Du coup, ma tentative pour faire bonne impression était un peu foirée, mais j'essayais de positiver.

-Oula, j'pensais pas être aussi effrayant. Désolé ! Dis-je en ayant un léger rire.

Pendant que je m'excusais, mon regard vint se perdre un peu de sur l'apparence de la demoiselle. Elle avait un joli visage, ainsi que de beaux yeux et ...Oh. Mon. Dieu.. DES TATOUAGES DE PARTOUT. Je ne m'attendais absolument pas à ça, mais alors vraiment pas. En voilà une belle surprise ! Mes yeux se perdaient tour à tour sur les motifs qui ornaient les bras de l'inconnue. C'était de belles pièces, elle devait en voir eut pour bonbon à faire les bras intégralement. J'avais envie de lui poser plein de questions sur ses tatouages, le salon dans lequel elle était allé pour les faire, le nombre de séances et blablablablablabla... J'aurai pu la saouler sur ce sujet pendant des heures, mais mieux valait se contenter de répondre à la question qu'elle venait de me poser.


-Ha oui mon prénom, autant pour moi j'ai même pas pensé à me présenter. Quel rustre je fais haha. C'est Allyster ou Allys' c'est comme tu veux. Et toi c'est quoi ton petit nom?

Bien que le demoiselle reste inflexible et assez froide, j'étais là à sourire comme si de rien n'était. J'avais l'impression d'être un parfait crétin sur ce coup-là. J'avais beau essayer de me détendre ; elle me rendait un peu nerveux. Cette façon qu'elle avait de me fixer était déstabilisante, j'avais le sentiment de me faire juger et d'être évalué en conséquent.


-Ow.. Je devrais..


Je lui tenais la main.. La loose, j'étais maladroit. Elle allait me prendre pour un stalker de merde! Même si elle avait essayé d'enlever son bras tout à l'heure mes doigts était restés figé sur sa petite main comme un vieux chewing gum reste accroché à une semelle de chaussures.. Je sentais le malaise se créer.

-Je devrais peut-être te rendre ça. J'pense pas qu'elle me serra utile. Dis-je en rendant sa liberté à sa main en essayant de faire une pointe d'humour pour cacher mon embarras.

- Oula, j'pensais pas être aussi effrayant. Désolé !

Le brun avait lâché un rire crispé qui sentait la gêne à plein nez, et ça, Ashley avait toujours eut le chic pour le repérer, et généralement, pour s’en servir contre ceux qui avait eut la faiblesse de se faire démasquer. Pourtant, là, ça n’avait eu pour effet que de déclencher un sourire au rouquin, qui, spontanément, s’était empressé de se justifier pour épargner son malaise à l’inconnu.

- Non non t’en fais pas, c’est moi, tu n’pouvais pas savoir que j’aurai ce genre de réaction.

Ca, ce n’était pas son genre du tout. La seule chose qui ressemblait au comportement normal d’Ash’, c’était qu’il était resté assez vague pour ne surtout pas sous entendre ce qui l’avait réellement dérangé. Il ne fallait surtout pas que quelqu’un croit comprendre quelque chose de déplacé et que cela l’amène à devoir divulguer son passé. Ses souvenirs, l’étudiant les portait comme un lourd fardeau et un sacré handicap qu’il s’efforçait non sans difficultés de trainer secrètement derrière lui et de sceller pour toujours dans le coin le plus barricadé de son esprit en friche. Il fit un sourire peu naturel qui à son avis, ne sonnait pourtant pas aussi faux qu’il l’était réellement. Ca, c’est déjà plus banal de sa part comme manière de faire, bien qu’il réservait habituellement ses sourires aux personnes qu’il manipulait ;là, il y avait un semblant d’honnêteté dans ses actes, et c’était rare.

- Ha oui mon prénom, autant pour moi j'ai même pas pensé à me présenter. Quel rustre je fais haha. C'est Allyster ou Allys' c'est comme tu veux. Et toi c'est quoi ton petit nom?

Allyster. Pas commun tout ça. Ajoutez ceci à la manière dont il demandait à Ashley de se présenter et vous tombez sur un milliard de raison de susciter son intérêt. De l’intérêt, hein ? Ca fait bien longtemps qu’il n’en avait pas réellement eu pour quelqu’un où pour quelque chose depuis un bon moment… A bien y réfléchir, ça faisait une belle éternité qu’il avait perdu toute sa lucidité. Il ne parvenait pas, à se concentrer sur quoique ce soit, et ne faisait pas beaucoup d’efforts pour s’intégrer dans cette société dénuée de sens profond qu’il associait toujours inconsciemment à une forme poussée de phénoménologie inconsciente. Tous ces moutons qui avançait à la file dans ce monde qui n’appelait qu’aux reflexes machinaux sans intelligence propre, ce qui était en parfaite contradiction avec la faculté inouïe première de l’homme qu’est la conscience, ça lui foutait la rage. Il crisait là-dessus, surtout après quelques verres, et se rappelait que lui avait estimé choisir la liberté. Et ça l’énervait encore plus, car dans la drogue et les conneries, il n‘avait trouvé qu’une putain de prison dorée et des chaines d’argent qu’il s’était empressé de se lier autour du coup. Maintenant, il n’avait même plus la force de se débattre et c’était d’autant plus pitoyable qu’il était parfaitement au courant.

- Ow.. Je devrais.., il lança un regard anxieux à leurs mains liées, je devrais peut-être te rendre ça. J'pense pas qu'elle me serra utile.

Une pointe d’humour pour tenter de dissimuler un embarras gros comme une montagne. Ashley rit doucement à cette phrase, ne pouvant s’empêcher de penser que le brun se trompait. Qu’en savait-il, de l’usage qu’il aurait de sa main ? Il n’avait aucune certitude donc de ce qu’il avançait. Encore une de ces personnes qui parlent trop vite et ne disent que la moitié du contraire de la vérité... Certes, c’était vraiment déplacé dans la conversation, mais il ne pu s’empêcher de n’avoir pas que des pensées de bon catholique. C’est vrai, la religion, ça n’avait jamais fait partie de sa vie, ou dû moins plus depuis des années, car cela faisait une bien trop longue période que le rouquin considérait que Dieu l’avait abandonné. Il avait rejoint le camps des athés, allant même jusqu’à proclamé que si Dieu existait, c’était un de ces lâches d’absents qui peuplaient le monde une croix autour du cou en prêchant faussement les bonnes paroles que d’autres lâches d’une pire espèce encore suivaient à leur tour.  En fait, sa mère avait ce réel point commun avec le Divin qui était qu’il l’avait tous les deux, à tours de rôles mais de manière presque spontané, abandonné au moment où il avait le plus eut besoin d’eux.

- Ah bon ? s’était contenté de lâcher Ash’, n’attendant aucune réponse à l’élocution présente qu’il considérait comme la fin logique de la discussion.

- Pas de soucis pour ma main, hein. Moi c’est Ashley.

Simple, efficace, mais toujours franchement pas son genre. Toujours le même comportement « normal » qi était si étranger à Ashley. Enfin, si on ne considérait même que sa simple gestuelle, c’était en parfaite harmonie avec lui-même : la même allure fière, calme, le même comportement sûr de lui, et toujours ce petit sourire maitrisé. Le roux aurait pu faire homme d’affaire ou joueur de poker professionnel, il aurait excellé. Le bluff, c’était devenu comme une seconde nature chez lui, et la maîtrise faisait désormais partie de sa personnalité. Mais il n’était pas du genre à ne montrer que du faux, bien au contraire, il avait horreur de jouer la comédie. Il ne se servait de ce don qu’occasionnellement par manipulation, mais le reste du temps, il montrait son sale caractère naturel.

-Bon, tu m’as pas dit ce que tu cherchais ?
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- Non non t'en fais pas, c'est moi, tu n'pouvais pas savoir que j'aurai ce genre de réaction.

Ok. J'avais eu le droit à un sourire, j'étais un peu soulagé. Elle ne me prenait pas pour un pervers psychotique, c'était déjà pas mal. J'étais sociable comme gars, mais maladroit ce qui en soit n'était pas vraiment grave disons juste que ma maladresse pouvait aboutir à des situations extrêmement gênantes.. Un peu comme la fois où j'avais laissé une femme enceinte s'asseoir à ma place dans le bus en lui demandant si c'était un garçon où une fille qu'elle attendait. Elle n'était pas enceinte, et quand elle m'a dit ça, ce fut le plus grand moment de solitude de mon existence. Haaa.. Le temps m'avait semblé très long jusqu'au terminus surtout avec les yeux en colère de la grosse madame figeaient sur moi. Bref, pas de conneries dans ce genre aujourd'hui ! Ou du moins, pas devant la demoiselle. J'avais pas envie de passer pour un nul de premier choix, étant donné que j'avais pas encore réussi à me faire beaucoup de potes depuis mon arrivé, je ne pouvais pas rater cette opportunité.

-Pas de soucis pour ma main, hein. Moi c'est Ashley.

Soulagemant x2, c'était presque un combo. Elle s'appelait donc Ashley. C'était assez commun comme prénom pour une nana, j'avais d'ailleurs connu pas mal d'Ashley dans mon ancienne école. Étrangement, je m'attendais à ce que la rouquine ait un prénom étrange ou particulier, un prénom un peu excentrique comme son style, m'enfin Ashley ça sonnait bien aussi.

-Bon, de toi à moi j'ai pas vraiment le sens de l'orientation.

Cette phrase était un euphémisme. Quand Dieu à distribuait le sens de l'orientation, je devais être parti pissé parce que le sens de l'orientation, je l'attends encore! Je m'étais déjà perdu dans un supermarché en cherchant du fromage.. C'est pour dire à quel point j'étais doué.

-Du coup vu que je suis dans ce bahut depuis pas longtemps, je suis un peu paumé. Alors hm.. Tu pourrais éventuellement sauver le pauvre gars que je suis en m'indiquant où se trouve la salle E301 ?

Je clôturais ma phrase en passant ma main à l'arrière de ma tête pour recoiffer (ou du moins essayer de recoiffer) ma tignasse brune. J'avais espoir que la demoiselle me guide jusqu'à la fameuse salle E301, avec un peu (beaucoup) de chance, je serrais peut-être même à l'heure. J'étais déjà arrivé deux fois en retard en l'espace d'une semaine... Mes parents aller finir par me tuer à cette allure-là !

- Bon, de toi à moi j'ai pas vraiment le sens de l'orientation.

Ahah. La question qui l’avait fait aborder le roux était donc un soucis d’orientation… Perdu. La discussion s’arrêtait là. Aller savoir qui était le plus game over… Le pauvre Allyster qui n’était pas prêt de trouver sa salle de cours et sûrement encore moins d’y arriver dans les temps, ou Ashley, le plus grand paumé de ce bahut, qui passerait pour un con et perdrait l’occasion de converser avec quelqu’un pour qui il avait eu un étrange et subit intérêt ? Non, sérieusement… Le roux avait vraiment une tête à avoir le sens de l’orientation ? Même une gonzesse, blonde et les yeux fermés, aurait mieux su se repérer que lui. C’était un cas désespéré, à tel point que bien que le chemin lui soit indiquer, il ne parvienne jamais à destination. Non, dans l’genre galérien perdu, le brun avait tiré le gros lot.

- Du coup vu que je suis dans ce bahut depuis pas longtemps, je suis un peu paumé. Alors hm.. Tu pourrais éventuellement sauver le pauvre gars que je suis en m'indiquant où se trouve la salle E301 ?

D’accord, donc si Allys ne trouvait pas sa salle, c’était seulement qu’il n’avait encore jamais dû s’y rendre… Grand moment de solitude dans la tête d’Ashley, lui qui avait au moins espéré se conforter avec quelqu’un ayant un sens de l’orientation aussi médiocre que le sien… Il fallait qu’il trouve comment l’aider… Pour une fois qu’il était décidé à rendre un service, aussi petit soit-il, il ne fallait pas gâcher une si belle occasion. Il tenta de se renseigner après du lycéen, peut-être dans l’attente d’un miracle –comme si, soudain, une grande flèche lumineuse allait apparaître et lui indiquer la salle (oui, oui, on y croit)– ou peut être dans l’espoir d’un peu plus de temps en la compagnie de son « camarade ».

- A vrai dire, dit comme ça, je sais pas vraiment. J’ai vraiment un sens de l’orientation de gonzesse tu sais. Après, faut voir… C’est une salle de quoi ?

Voilà. Ashley avait épuisé sa seule ressource… Il n’y avait plus qu’à attendre. « Allyster », hmm … Ashley repensa à ce prénom. Allyster, c’était pas hyper commun, ça, non ? Il connaissait Alice, l’héroine d’un compte absurde pour enfant à la caboche emplie d’une imagination débordante écrit par un pédophile anglais sous LSD, mais à part ça… Non, sérieux, Allyster, c’est vrai un prénom ? Enfin. Fallait reconnaitre que c’était pas mal, tout de même. C’était quasiment à la limite du « pas mal du tout », en fait. Mais bon, il était clair que ce ne sont pas les noms qui définissent la personnalité de ceux qui les portent… Bon, de toutes manières, Ashley ne voulait pas d’enfants. Pas qu’il n’aime pas les mômes ou quoi, hein, mais… Il n’avait pas d’argent, pas de situation, rien qui permette de les élever correctement. Jamais il ne referait la connerie de sa mère : quand on décide de donner vie à un enfant, on en est responsable ; c’est notre devoir de nous en occuper convenablement. Et à tous ceux qui lui répondrait que sa chère et tendre mère avait fait de son mieux, il leur collerait ses phalanges dans le nez.

Pensez à ça, à la possibilité d’avoir un enfant lui donnait des frissons. Autant par la peur d’être père, mais aussi par celle de réaliser qu’il n’était rien pour l’instant. Dans un coin de son cœur, quand Ashley retrouvait un peu de lucidité, il ressentait un pincement. Et c’est pour ça qu’il s’enfermait dans les substances, pour retrouver l’illusion d’exister. Sans ça, il s’endormait le cœur serré et les yeux humides, et sentait son estomac se nouer à un tel point qui si sa poitrine oppressée lui avait permis de respirer suffisamment pour avoir assez d’oxygène pour bouger, il se serrait levé et aurait couru vomir. C’était assez paradoxale, mais, contre sa peur phobique de grandir, il n’avait trouvé qu’un seul recours, et il était lâche : l’émancipation. Jamais il n’aurait cru que sa mère accepterait, ni même qu’elle serait en état de signer le papier ou de renvoyer le formulaire à la bonne adresse, mais pourtant, ça avait été le cas. Il avait angoissé au moment de lui communiquer l’adresse où il logeait, mais moins toutes fois que d’aborder le sujet avec son père. Et c’était parti en dispute. Un long conflit qui avait duré presque une éternité à ses yeux… Mais qui s’était sodé par une réussite : « Fais comme tu veux. Mais je ne serais plus responsable de tes conneries à la seconde où j’aurai signé ce papier. Et tu as vraiment de la chance que je continue à financer tes études. Mais ce n’est pas pour toi que je le fais, seulement pour ne pas avoir la culpabilité de t’avoir abandonner comme l’a fait ta mère. » Voilà… Bientôt, Ashley serait majeur. Un frisson parcouru son corps, ce qui crispa un peu le sourire qu’il s’efforçait à continuer d’afficher pour ne pas gêner son interlocuteur avec de si encombrantes pensées.

-C'est une salle de quoi?

Hihihihihi..hi Comment dire.. Bon j'étais censé faire comment là? J'avais un sacré doute sur la matière qui m'attendait ce matin. C'était peut-être littérature ? Ou alors histoire de l'art. Bon dieu, j'étais vraiment un cas. Mais après tout, les emplois du temps et moi ça n'avait jamais collé. Le fait de me perdre dans les couloirs ou de ne plus me souvenir de ma salle n'était pas anodin, ça m'arrivait déjà dans mon ancien établissement. Mes yeux verts se plissèrent pendant que je faisais appel à mes méninges pour me rappeler de ma salle, et puis ce fut l'illumination ! J'avais une fiche avec mon emploi du temps dans mon sac.

-Hum.. J'suis pas sur je crois que j'ai ça quelque part. Dis-je en farfouillant dans mon sac à dos remplis de papier divers et varié. Bon c'est pas ça.. Nan, nan, ah.. Ha nan. Les feuilles défilées entre mes doigts pendant quelque instants. Trouvé! Alors, littérature salle E301 donc. Ca te dit un truc ?

Mes mains lui tendirent le papier avec les horaires et les salles comme si cela pouvait l'aider d'avantage. J'allais devoir apprendre mon emploi du temps et surtout l'emplacement des salles, c'était la dernière fois que ce genre de situations foireuses m'arrivaient ! À partir de ce soir, j'allais trouver un moyen de me souvenir de cette foutu fiche. MO-TI-VA-TION! S'il fallait que j'accroche un plan du bahut jusque dans mes chiottes, je le ferai !

[HS: Désolé c'est court, mais bon! Bon chaton, je sais que t'es pas prête de te connecter avant un moment mais si tu lis ça, j'te fais des zoubi.]