PHYSIQUE •• Quand il mange, il grossit. Eh oui. Il mange beaucoup et est donc objectivement en surpoids ; mais pas encore en obésité morbide, réjouissez-vous XX Plutôt petit selon le référentiel américain XX Silhouette tassée aisément reconnaissable XX Démarche lourde et pas traînant XX Aucun dynamisme XX Yeux sombres et légèrement bridés XX Cheveux noirs, jamais gras et c'est bien le seul point physique sur lequel il est intransigeant XX Imberbe, et ça l'embête un peu XX Grain de beauté juste en-dessous de l’œil droit XX Expression naturellement renfrognée XX Il fait plus jeune que son âge XX Sourit peu, seulement quand c’est irrépressible en vérité. Dommage car il a un beau sourire et une dentition impeccable. XX Visage fermé et regard dur, même lorsqu’il est motivé par les plus pures intentions du monde XX Seules ses joues pleines lui donnent presque l’air gentil XX Ongles rongés XX Lèvres gercées à force de les mordiller XX Il pourrait bronzer, mais n’aime pas le soleil XX A très vite chaud XX Porte des chemises le plus souvent, des vêtements d’adolescent américain moyen le reste du temps XX Aucune imagination vestimentaire ; la plupart de ses vêtements ont d'ailleurs été choisis sous la houlette de Bettina XX Finit systématiquement par remonter ses manches lorsqu’elles lui arrivent aux poignets XX Porte une petite gourmette en argent gravée de son premier prénom au poignet droit XX En route vers du diabète de type 2 XX Malgré la honte que lui inspire son corps, il ne fait rien pour changer.
MENTAL •• Essaie de jouer les sans-coeur mais en réalité il pleure en pensant aux animaux abandonnés XX Très grande empathie, relativement peu de sympathie XX Se contente de tourner les talons quand on l’attaque verbalement XX Souvent cassant et amer XX Susceptible XX Se sent en compétition avec tout le monde sur tous les sujets possibles; il en est conscient et ça l'emmerde énormément XX Se met trop de pression, surtout pour des conneries XX Hypocrite, dès qu'il a confiance en son interlocuteur il bitch dans le dos des gens sans aucun complexe –après tout, ils le font tous derrière lui, pourquoi s'en priver? XX Extrêmement sensible, essaie autant que possible de le cacher XX Feint la vantardise mais il a très peu de confiance en lui, au final XX N’apprécie pas le travail en groupe, hait les présentations orales de toutes les fibres de son être XX Tendance à sous-estimer les gens de manière générale XX Défaitiste XX Prête ses cours pour peu qu’on soit gentil avec lui et qu’on le lui demande à genoux XX Altruiste, au fond, a juste horreur de le montrer par peur qu’on se serve de lui XX D'autant qu'il ne sait pas dire non XX A un sens de l’humour qui lui est propre XX Enorme manque de tact XX Souvent grognon XX Discret XX Ne prend publiquement parti qu’en tout dernier recours, il est donc difficile d’obtenir clairement ses opinions XX Voir la passion avec laquelle les gens abordent le sexe alors qu'il ne ressent pas le moindre intérêt pour la question a fini par le mettre très mal à l'aise avec la sexualité XX Mange beaucoup, pour se rassurer (à propos d'àd'à peu près tout) sans doute XX Ne se plaint jamais qu’il aimerait maigrir; après tout, il sait que son surpoids est de son fait, et il aime trop la nourriture grasse pour réussir à s’en priver. Ce n’est pas pour autant qu’il apprécie qu’on lui parle de son tour de taille XX Grosses facilités d’apprentissage conjuguées à des difficultés pour trouver le sommeil XX Aime apprendre et sait que pour cela, il doit travailler un minimum, quand bien même il trouve le système scolaire facile à comprendre XX S’intéresse à tout et c’est bien là qu’est le problème XX Préfère deviner et supposer que demander XX Idéalisant bien trop le concept de relation amoureuse et ayant un peu de mal à entretenir une vie sociale, il n’a jamais eu de petite amie et même s’il ne l’avouera jamais, il adorerait voir ce que ça fait XX Introverti, il a des besoins sociaux relativement faibles ; mais ils existent malgré tout et plus le temps passe, plus il se sent seul XX S’agace très vite quand les gens ne trouvent pas leurs mots XX Se vexe, voire panique quand il ne comprend pas les choses du premier coup XX Impatient, donc XX Préfère les interactions par écrans interposés qu’en physique XX Nourrit un idéal social très égalitaire, quasiment utopique, qu'il chérit beaucoup sans en parler à personne XX Extrêmement radin XX Peur presque panique des araignées ; il vérifie toujours qu’il n’y en a pas une qui traîne avant d’aller se coucher et d'aller aux toilettes.
HISTOIRE ••
VERSION 1.
C perssi ki a ékri mn histoar lol merssi perssi.
"Méliès était un petit enfant gros et se faisait martyriser par ses camarades à cause de son poids. Quand il a grandi, il est resté gros. Alors il a continué de se faire martyriser par ses camarades à cause de son poids. C'est un jeune homme triste et malheureux, très solitaire, qui cherche l'amour de sa vie, celle qui pourrait l'accepter en l'aimant sans se préoccuper de son apparence. Il s'est inscrit à l'université Volfoni parce qu'il habite à côté."
VERSION 2.
— Méliès, ta mère c’est une poule pondeuse, nan ?
— Ca dépend.
— Comment ça, ça dépend ?
— Si tu comptes les fausses couches ou pas.
Chez les Chandler, ils sont huit. Le père, la mère, les deux filles et les quatre fils. Méliès est le cinquième, il n’aime pas sa grande sœur, supporte ses frangins comme il peut et préfère de loin sa cadette. Ils ont tous plus ou moins des têtes de chinois pour le profane, dans la mesure où leur mère est vietnamienne. Mais que les conservateurs se rassurent, le père a beau être également typé asiatique, il est un bon américain depuis quelques générations déjà.
— Pleure pas, t’as que six ans, c’est normal d’être un peu... enrobé.
— Tu dors pas ?
— Si, si, la lumière se balade toute seul sous ma couverture.
— Il est trois heures, Bảo… Qu’est-ce que tu fous encore avec ta lampe ?
— Je lis. J’arrive pas à dormir.
— Tu fais le coup toutes les nuits, sérieux…
C’est vrai. Meliès fait toujours ça. Il lit, caché sous ses couvertures pour ne pas déranger -et aussi parce que se relever signifierait s'extirper de la délicate chaleur du lit. Il a très tôt eu du mal à s’endormir, s’est construit au départ des histoires fantastiques dont il était le héros, mais préféra en grandissant investir ce temps perdu à chercher le sommeil pour s’instruire.
L’accroissement de la fréquence de ses insomnies fut donc corrélé à une augmentation de ses résultats scolaires, mais aussi de sa masse de connaissances générales. Cependant, même si s’intéresser à tout peut sembler génial, au final c’est juste un énorme problème quand vient le moment de faire des choix.
— Bon, maintenant que t’as onze ans, faudrait peut-être que tu fasses attention à ce que tu mange !
— Bảo, tu veux quoi pour Noël ?
— « Universal War One ».
— C’est quoi c’truc, encore ?
— Une BD de science-fiction. Française, j’crois.
— Mais t’as déjà une tonne de BD !
— Tant que t’es pas en coma éthylique, tu continue de boire, non ? Eh ben moi c’est pareil.
Nettement plus réfractaire aux mangas que la plupart des gens de son âge, quelques Blake & Mortimer vaguement empruntés à la bibliothèque ont toutefois très vite plongé Méliès dans une passion presque irrépressible pour les bandes dessinées. Il devint incollable sur les grands classique, acquis progressivement des connaissances plus pointues en la matière, pour finir par s’intéresser au processus de création.
— Quand je serais grand, je serais archéologue. Ou peut-être médecin.
— J’ai encore un Chandler, cette année !
— Bon ben même pas besoin de chronométrer son temps, 18 direct!
— Pas vraiment. Celui-là est gros et mou.
Méliès a toujours débordé d’une graisse flasque, c’est un fait. Le problème, c’est qu’avant lui, tous les Chandler font le ravissement des professeurs de sport, avec leurs muscles et leur énergie débordante. Le tout assorti d’une popularité conséquente et une vie sociale fournie, évidemment. Méliès dénote un peu, parmi eux, avec sa discrétion teintée d’introversion tirée d'on ne sait où.
(il idéalise un peu trop ses aînés)
— Bon, alors, comment calculer une moyenne... Ben, imagine que tu as un 18, un 16 et un 13. On peut toujours rêver…
— Quoi ? Pourquoi ?
— Parce que ton QI n’excède pas le prix d’un pain au chocolat, Taylor.
— … C'est sûr que tu les connais bien les pains au chocolat, hein, connard.
Il ne faut pas croire, les enfants Chandler s'aiment quand même.
— C’était une blague ! Arrête de tirer la tronche, un peu !
La famille de Méliès l’oppresse, bien plus que ne peuvent le faire ses camarades. Déjà parce qu’ils sont nombreux, bruyants mais aussi parce qu’ils sont sarcastiques –et qu’il est une cible facile, tout juste assez ardue pour qu’ils ne se lassent pas, et il n’y a bien que Bettina, la petite dernière, de trois ans sa cadette, dont il soit proche.
— Allez, Bảo, bouge un peu ton gros lard !
— J’en… Peux… Plus !
— Tu veux me faire fondre un peu cet horrible fessier, ou pas ?!
Sa mère ne le fait pas vraiment exprès, mais elle est atrocement brutale. Elle en culpabilise, puis se dit que ce n'est pas vraiment de sa faute, qu'elle a été éduquée comme ça, qu'elle est une bonne mère malgré tout, n'est-ce pas?
Ce n'est pas de sa faute non plus si elle veut que sa famille ait l'air parfaite. Et puis ce n'est pas une tare, après tout. Elle adore en parler, de sa tribu, et évidemment que les gens préfèrent parler de leurs succès.
(elle considère Méliès comme un succès même s'il ne s'en rend pas compte)
— Qu’est-ce que c’est que ça, Méliès ?
— Un story-board, madame.
— Et je peux savoir pourquoi tu fais ça au lieu d’écouter mon cours ?
— J’écoutais. Vous disiez que…
Méliès se fit confisquer sa planche, mais n’eut pas d’autres problèmes ; privilège des bonnes notes et de ses capacités de concentration. De toute façon, cette feuille qu’il vit disparaître lui importait peu, tant elle était médiocre. Il dessinait depuis des années mais ne voyait que les progrès qu’il lui restait à faire sur les plans et le dynamisme de la mise en page –tout cela sans même parler du scénario d’une banalité affligeante.
Méliès n’aime jamais ce qu’il fait, ne voit que les points qui le séparent de la perfection, quand bien même il affirme le contraire.
— Est-ce que je pourrais avoir un télescope pour mon anniversaire ?
— J’ai faiiiiim.
— Tu veux…. Euh, j’ai une sucette à la fraise si tu veux.
— Oh, c’est coo…
— Oh là là comment t’es trop naaaaaze, une sucette à la fraise pour draguer, sérieusement !
— Ahahahaha !
Méliès aimait beaucoup Pepper, la fixait discrètement pendant les cours et lui filait un coup de main dès qu’il le pouvait, tentant inconsciemment de se rendre indispensable sans jamais y arriver. Mais à compter de ce jour, il détesta Anneth, les sucettes à la fraise et tenta d’oublier Pepper –voire les filles de manière générale. Après tout, il n’avait jamais eu besoin de se déclarer pour avoir l’impression que toutes le repoussaient.
— Pourquoi tu veux aller dans cette école ? C’est quoi son nom, déjà ? Bologni ?
— Volfoni. Et je veux y aller parce qu’il y a un cursus arts graphiques.
— C’est ça que tu veux faire de ta vie ?
— Hm…
Au fond, Méliès songe qu’il n’appartiendra jamais à ce monde-là. C’est plus une façon de passer le temps, de s’aérer l’esprit entre quelques cours théoriques, faire une pause avant de plonger dans des études exigeantes qui lui ouvriront l’accès à un métier au statut rutilant pouvant enfin lui donner la reconnaissance dont il a tant besoin -même s'il faut bien avouer qu'il a ce vague espoir d’exercer un métier pour la passion et non pour le prestige.
En revanche, Bettina est sûre de vouloir devenir danseuse et comme le lycée Volfoni est parfait pour cela, pouvoir suivre son frère plutôt qu’inventer son propre chemin à partir de rien lui facilita grandement la tâche.
— Eh, tu savais que Bettina et Méliès sont frère et sœur, en fait ?
— J’me suis jamais vraiment posé la question, j'aurais plutôt pensé qu’ils étaient genre... cousins?
— Ouais, ils se ressemblent pas, hein ! Elle, elle est juste, j’sais pas, genre « wow ! » -enfin, pour une chintoc, quoi-, et lui, il est… Enfin, tu vois quoi. Plutôt « eww ».
Elles ont beau baisser le ton lorsqu’elles le voient passer, Méliès comprend sans beaucoup de difficultés ce qu’elles ont dit ; et il aimerait réussir à se persuader qu’il a l’habitude, juste une fois, il aimerait mais ce n’est pas le cas. Son expression ne change pas le moins du monde, inutile, mais ca lui laisse une douleur presque physique de comprendre une fois de plus que Volfoni a beau avoir été initialement prévu pour les jeunes en difficulté, ce n’est pas un lieu plus tolérant qu’ailleurs.
Alors il mange son croissant en feignant l'indifférence.