Salut salut !
Ben écoute, bien, et toi ? Désolée, j'ai pas rangé, alors c'est le bordel... rentre, rentre, j't'en prie ! Tiens, ma chambre est juste là, regarde, mets toi à l'aise. Tu veux que je te rapporte quelque chose ? J'ai du coca et du jus d'orange, je crois. De l'eau ? Okay, je t'amène ça.

Voila, voila ! J'ai apporté des chapons aux morilles et au vin jaune aussi. Je suis un peu à court sur les gâteaux en ce moment, faut que j'aille faire les courses. La vie d'étudiante, les placards vides, braquer des grand-mères, tout ça.
Ah, tu regardes mon mur ? T'as vu, ça rend bien, hein ?
Oh, bah c'est super simple. Tu prends une grande plaque en liège, tu la décores un peu comme tu veux, genre avec du masking tape ou des fleurs en papier, ou le sang de tes ennemis -ça dépend de tes goûts-, et tu punaises tes photos ou tes souvenirs dessus. Moi faudrait que je fasse le ménage, y'a trooop de trucs dessus.

Ça ? C'est une photo de mes potes du collège et moi... Ça date ! Tu me reconnais ? J'suis celle avec les deux p'tites tresses. Je sais ce que tu vas dire, ta gueule, hein. On a tous eu des coiffures de la honte. C'était un pensionnat pour fille, ouaip. Grand Esprit, j'en ai eu de la chance de tomber sur cette école. C'est mon institutrice de primaire qui a convaincu mes parents de faire une demande de bourse là-bas... Elle s'est battue bec et ongles, c'était génial de sa part. Comme j'étais déjà super sportive et que je me démerdais bien à l'école, j'ai été acceptée en tant que pensionnaire. C'était un établissement chrétien, alors j'avais intérêt à faire profil bas avec mon Grand Esprit et mes légendes, mais les bonnes sœurs ont été super cools avec moi. Je sais que dit comme ça, ça fait pas baver... Mais j'adorais mes bonnes sœurs. Sérieux, elles m'ont encouragée et tout, je crois pas que je serais allée quelque part sans elles. C'était à Norman, dans l'Oklahoma, à une heure et demi en bus de chez mes parents. C'était la belle vie, pour une gamine qui sortait de sa réserve. On avait le droit de monter sur le toit le soir, on voyait la ville. Ça grouillait, ça criait, ça vivait. Je me souviens encore comme j'aimais ça. C'était pas une école chère, donc les bâtiments étaient vieux, les matelas pas très rembourrés et la cantine dégueulasse. Y'avait toujours des chewing-gums sous les tables et jamais de PQ aux chiottes. Okay, généralement ça c'était de notre faute parce qu'on organisait des batailles de PQ mouillés, c'est vrai. Mais je suis restée là bas au lycée aussi. J'ai bien fait, ça a été les meilleures années de ma vie. Les bonnes sœurs nous accompagnaient à Oklahoma City, la capitale de l’État, des fois, le jeudi soir. J'ai vu jouer plusieurs fois les Thunders, une équipe de NBA ! Rien que ça ! Souvent, la nuit, on faisait le mur, il y avait un trou dans le grillage et on rentrait vers vingt-trois heures -faut pas croire, on vit la thug life, dans les pensionnats de jeunes filles des petites villes de l'Oklahoma-, on était claquées le lendemain. Je sais pas trop si la principale fermait les yeux ou si elle n'était vraiment pas au courant, mais toujours est-il qu'on a jamais été emmerdées pour ça. J'ai jamais vraiment eût de problèmes avec ma préférence pour les filles, non plus. Je crois qu'à l'époque, je le cachais plus ou moins. Peut être que quelques personnes outre mes amis s'en doutaient... Mais pas assez pour me causer des problèmes.

Ouais, je m'en suis rendue compte plutôt tôt. Depuis le collège, je crois... Mes copines bavaient sur des mecs, et moi je bavais sur elles. Enfin, dans ma tête c'était normal, tu vois ? J'ai jamais essayé de m'arrêter ni quoi. Tiens, d'ailleurs, tu vois ce dépliant, là. Ouais, c'est du français. Nan, je comprend pas non plus. On s'en branle. C'est le plan qu'on m'a donné quand je suis arrivée au FISE. C'est une grosse compétition de BMX dans le sud de la France, j'y suis allée avec toute mon équipe. C'était énorme, t'aurais vu l'ambiance, raaah. J'ai eu la médaille de bronze, d'ailleurs, tu te rends compte ? J'étais derrière juste Logan Martin ! Sérieux ! Moi, Sooleawa Capps, devant Kevin Peraza ! Sur le coup, j'ai cru que j'allais m'effondrer de bonheur. Tu...
Oui, oui, bref. C'était y'a deux ans, donc. Pour te planter le décor, il faisait super chaud et je parlais pas deux mots de français. Y'avait énormément de monde qui regardait la compétition des BMX, ils étaient tous assis en rang d'oignon avec les yeux rivés sur moi, je crois que c'est la première fois qu'on m'a autant applaudi. En sortant des qualifications, on est allé se caler à une pizzeria juste à coté -rester sur son vélo tout l'après-midi, ça donne faim- et la serveuse, ô, Grand Esprit, la serveuse... Belle comme une déesse, avec un rire à vous décrocher les étoiles. Je crois que j'ai jamais prié si fort pour que quelqu'un soit gay. Et je pense que le dieu des gays m'a entendu, parce qu'elle a vu que je lui souriais, et qu'après son service, elle est venue discuter avec nous. Évidemment, Dan et les autres se sont arrangés pour me laisser en plan avec elle -parce que quel meilleur plan de drague que le reste de ta quatre fromages entre les dents et les cheveux collés sur ton front de manière dégueulasse ?-. On est allé marcher au bord du fleuve, et puis elle m'a invité à venir chez elle. Au final, j'ai passé la nuit là-bas. Mais après ça... Ben je l'ai plus jamais revu, quoi. Pas pensé à lui demander son insta ou quoi... Puis voila. Enfin. Tout ça pour dire que ça m'a marqué, je crois que je me souviendrais de ce week end toute ma vie, je sais pas vraiment pourquoi. En fait.

Sans doute c'est tout combiné, elle, l'ambiance, les potes, la victoire en BMX. Cette année là, j'avais eu la médaille de bronze. L'année dernière, à la même compétition, j'ai eu l'argent... Cette année, j'aurais l'or ! Mais enfin, y'a pas que le FISE, y'a les XGames et le DewTour, aussi... j'ai tellement de trucs à gagner, tu vois ! Mais ouais, j'ai espoir... Je veux dire, évidemment que j'ai bien moins de puissance que les mecs contre qui je suis, mais une fille de cinquante kilo, c'est bien moins dur à balancer dans les airs qu'un bonhomme de quatre-vingt. Alors je compense les muscles par de l'agilité, de la technique et énormément d’entraînement. Et puis j'ai pas peur, aussi. Je me balance, je tombe, je recommence. Mais bon, maintenant ça fait sept ans que j'en fais presque tous les jours, heureusement que je me démerde. Ouaip, j'ai commencé quand je suis arrivée au collège des bonnes sœurs. Je skatais déjà, à la réserve, un peu par ci par là. Alors en ville, j'ai tout de suite commencé à squatter les skateparks. Et puis du skate au BMX ça a été très rapide. Je sais même pas trop comment ça s'est fait, mais je me souviens que je suis tombée amoureuse de la sensation de mon cœur qui se soulève dans ma poitrine quand je décolle. C'est grisant, tu te rends pas compte. Un coup t'es sur terre, et t'as les cheveux qui se soulèvent à cause de la vitesse et puis d'un coup, tu voles. Tu regardes le sol, tu regardes les gens. C'est énorme. Je sais que j'ai une chance dingue de vivre d'un truc que j'adore, sérieusement. J'suis pas sûre de la mesurer entièrement, mais je sais que j'ai de la chance. Je paye le prix physiquement, c'est vrai ; je suis à deux cent pour cents tout le temps, mais who caaaaaares. Et puis je dois faire avec les cons sexistes, les cons homophobes, les cons racistes... Puis les cons qui sont tout à la fois aussi. Parce que ce serait trop dommage de s'arrêter à une seule forme de connerie. Tant qu'à faire. Mais j'ai toujours plutôt bien supporté, et je les ai tous baisés quand j'ai rejoins Hyper BMX.
C'est une marque de BMX. J'ai rencontré Daniel Sandoval, un des gérants, à quatorze ans, à un contest à Oklahoma City. C'est aussi un des meilleurs BMXer aux Etats-Unis, en plus de s'occuper d'Hyper. J'ai plutôt géré ce jour là. Il m'a complimenté, il m'a dit de rien lâcher, qu'il me surveillerait de près. Moi j'ai vu ma chance, j'ai sauté dessus. On est resté en contact pendant deux ans, je lui envoyais mes vidéos de BMX. Tu mesures pas, toi, Daniel Sandoval, mais dans le milieu c'est un monstre sacré. Et puis à seize ans, je l'ai revu, il était avec Webb et Colebornn -deux autres mecs géniaux, tous les deux d'Hyper. J'avais déjà un petit sponsor à l'époque, le skateshop du coin, mais quand ils m'ont dit qu'ils voulaient que je les rejoigne dans leurs équipe... Je te jure, c'est vrai, on était au MacDo, je me suis étouffée sur mon coca, pendant dix minutes j'ai toussé comme une conne. Et eux, ils étaient morts de rire.

La vie d'un BMXer, ça change quand tu te retrouves sponsorisé par un aussi gros truc que Hyper. Vu que tu fais des meilleures vidéos avec du meilleur matos, t'es plus connu, donc t'as plus de marques qui veulent te sponsoriser... C'est un cercle vertueux. J'ai littéralement vu mon avenir s'ouvrir, avec la possibilité de faire des études de mécanique, comme je voulais faire petite, tout ça. Le premier voyage que j'ai fais avec eux, c'était en Australie, j'allais sur mes dix-sept ans. Y'a quelques mecs d'Hyper qui vivent là bas, alors on est allé leur rendre visite. C'était la première fois que je prenais l'avion, j'étais tellement heureuse que je rigolais toute seule. Ensuite on a enchaîné, ça fait trois ans que je voyage beaucoup, pour tourner des vidéos ou faire des collabs avec d'autres BMXers. Au début, ça fait flipper de se retrouver si loin de chez soi, mais je me suis vite rendue compte que j'adorais ça. Rien que pour la tête de Daniel quand il m'a cherchée trois plombes dans une grande ville dont je ne parle absolument pas la langue, et qu'il s'est rendu compte que j'étais dans le café en bas de l'hôtel. J'adore lui coller des crises cardiaques.

Enfin, je t'en parles comme ça, mais tu sais, si je devais arrêter le BMX demain, ce serait la merde. Sur littéralement tous les plans. Tous mes meilleurs potes sont des BMXers, je pourrais plus voyager... Et puis financièrement. Je suis née dans une réserve, j'y ai grandi. J'aime ma famille, du fond du cœur. J'ai deux sœurs et un frère. Mais je pouvais pas rester là bas, c'est bien pour ça qu'on m'a envoyée au collège en ville. C'est simple, j'vais le dire comme je le pense, l'avenir c'est bouché, par là-bas. Et encore, j'ai pas grandi dans la famille la plus pauvre de la réserve la plus pauvre du continent américain... Y'en a, je me demande sérieusement ce qu'ils avaient à manger. Y'a de l'entraide et de la bonne volonté, ouais, mais y'a beaucoup trop d'alcool et de trucs moches comme ça pour que ça change quoi que soit. Là non plus, je suis pas la plus à plaindre, mes parents étaient pas raides H24, et j'ai réussi à faire promettre à mon frère de ne jamais, jamais toucher à la drogue. Mais je voyais mon père bourré de temps en temps, ouais. Encore que c'était pas insoutenable, il a l'alcool triste alors il nous rassemblait dans le salon et il nous racontait des vieilles histoires, trop embrouillées pour qu'on pige quoi que ce soit. Quand j'étais en sixième ou cinquième, j'avais honte, un peu. Je voulais pas qu'on voit que je montais dans le car qui allait à la réserve le vendredi soir, avec les quelques autres qui bossaient en ville. Mais ma mère m'a toujours dit : "Faut que tu vives là-bas, Sooleawa, faut que tu fasses des études. Je me tuerais à des boulots de merde si seulement toi et tes frères vous pouviez aller à l'université.". C'est une femme bien, ma mère.  Mais elle a raison ; tu sais, c'est moi et mon BMX qui gagnons le plus, dans ma famille. T'imagines ? C'est une gamine douée pour les sports extrêmes l'espoir de la famille. Mais faut pas que je m'arrêtes, faut que j'étudie.

Ben tu vois, à la fin de mon lycée, je me suis rendue compte que les universités où je voulais aller étaient toutes beaucoup, beaucoup trop chères. Comme d'habitude, quand ça va pas, j'ai skypé Daniel. C'est plus mon grand-frère que mon patron, ce type. Ou alors, ma fée marraine. Quand je lui ai dit que je pourrais pas continuer les études, il a pété une durite. Je me souviens encore comme il grognait : "Alors ça ! Alors ça, non !" (imagines toi l'accent Californien avec.) "Alors ça ! Je laisserais pas faire !". Il a raccroché Skype et il m'a rappelée vingt minutes après, il était là, genre : "Écoute, t'as pas les moyens d'aller là bas, okay. Mais je connais un truc... Bon, c'est en Floride, faudra que tu sois pensionnaire, mais ça tu t'en fous, nan ? Bien. C'est moins cher et j'ai des contacts. Tu vas faire du basket. Comme ça, tu vas continuer à m'entretenir tes belles gambettes, et faire du BMX à coté. Ça te dérange pas de faire du basket ? De toutes façons y'a pas d'université avec spécialisation BMX, alors. Une fois que t'auras ta licence, t'auras économisé, et tu pourras faire dans la mécanique ou l’ingénierie -je sais que c'est ce que tu veux faire, dis pas non. Tu kiffes les maths. Soo, faut que t'arrêtes. T'es plus la petite indienne qui peut compter que sur sa chance. T'es plus que ça. Je te laisserai pas te casser la gueule comme ça."

Et ouais, c'est pour ça que j'ai mis le dépliant de Volfoni sur mon panneau en liège. C'est un peu une étape transitoire, en attendant de pouvoir me payer les études que je veux... Mais ça va, c'est cool. J'aime faire du basket, et je fais du BMX dans mon temps libre, ça me va bien.
Ça me va bien.

XX Sooleawa, c'est une grande fille à la lourde crinière brune, aux yeux presque noirs, souvent cernés, en amandes. Elle a un visage assez typé, avec des pommettes hautes qui ressortent bien et un nez un peu aquilin. De carnation plutôt mate, elle déteste ses taches de rousseur (qui sont brunes et pas rousses, d'ailleurs (ne l'associez pas aux roux 8D)), qui lui bouffent le visage, les bras, la gorge, les épaules et que sais-je encore.
XX  Elle mesure 1m74, et le sport a complètement modelé son corps : hanches étroites, muscles saillants et poitrine... poitrine qu'on cherche toujours. Il faudrait qu'elle surveille son poids, parce qu'elle peine à passer les cinquante kilos. Sa taille de guêpe est plus ou moins la seule chose qu'elle aime dans sa silhouette ; sinon, elle se considère comme un sac d'os et de muscles.
XX  Aussi surprenant que ça paraisse pour une championne de sport extrême, elle est couverte de cicatrices, un peu partout sur le corps. Souvent, ses genoux et ses coudes ne sont que des grosses croûtes, également. Elle a eu la lèvre du bas déchirée pendant une de ses compétitions, la cicatrice lui reste. Au début, ça la complexait, mais elle a fini par s'y habituer. Elle a quelques cicatrices d'acné ici et là également, mais elle a plutôt été gâtée de ce coté là.
XX Quand elle fait du sport, elle est totalement au naturel. Pas question de porter du maquillage -youpi le fond de teint mélangé à la sueur, c'est siiii sexy-, ni de se faire de coiffure compliquée : vous connaissez les tresses ? C'est cool les tresses. Elle porte des t-shirt de mecs trois fois trop grands pour elle, des jeans taille basse et des pompes de skate. Ah, c'est sûr, habillée comme ça, c'est pas Vénus, mais elle est presque certaine que le maquillage n'est utile ni sur un terrain de basket, ni dans un skatepark. En plus, quel est l’intérêt de se faire une jolie coiffure si elle met un casque par dessus ?  
XX Mais attention ! Quand Sooleawa ne fait pas de sport, c'est une autre histoire ! Elle se venge de toutes ses années collèges où elle n'a pas voulu porter de fringues féminines. Elle est à peine reconnaissable pour qui ne l'a jamais vue que sur un terrain de sport. Grande amatrice de jupe et de couleurs pastelles, elle met un point d'honneur a avoir une tenue impeccablement urbaine et féminine, parfaitement coordonnée, avec des vagues relents lolita, parfois. Ses péchés mignons sont les jupes et les couleurs pastelles, ce qui lui donne un vrai air de tumblr girl. Pas assez riche pour se payer des tonnes de trucs, elle arrive à se démerder pour suivre la mode et l'utiliser à son avantage. Pas non plus fane des bijoux, elle craque parfois sur des colliers mignons, mais pas plus.
XX Ne vous fiez pas à Disney, les enfants. Même en étant une native pur jus, quand il y a un coup de vent, ses cheveux ne flottent pas dans la brise, ils s'écrasent dans sa bouche de manière parfaitement dégueulasse.. Pocahontas vous a menti et Grand Mère Feuillage a été rasée pour construire un MacDo.
XX Plus sérieusement, elle aime bien ses cheveux. Quand elle ne fait pas de sport, elle adore se faire des jolies coiffures compliquées. Elle a énormément de screenshots de tutos coiffures sur son portable, qu'elle s'amuse beaucoup à faire. Bon, elle foire souvent les premiers essais. Et parfois tous les autres, mais elle est contente. Il y a aussi pas mal d'accessoires dans sa trousse à coiffure, elle ne sort pratiquement pas sans un petit nœud ou un headband pour aller avec sa jupe.
XX Niveau maquillage, elle essaye de se refréner : elle a souvent la main trop lourde au niveau du fond de teint. Mais ces gnnngnnhmktrdgnn de taches de rousseurs font de la résistance, elle peut pas se permettre de ne mettre que du correcteur. Sinon, elle adore avoir un rouge à lèvre bien rouge façon Carmilla, et n'insiste généralement pas sur ses yeux, qu'elle n'aime pas. Pourquoi attirer l'attention sur ses yeux marrons on ne peut plus commun ? Nan, autant miser sur des jolies lèvres. Elle aime bien prendre soin d'elle, les longs bains et les soins. Elle connaît tout un tas de recettes de grand mère, et aime autant les appliquer sur elle que sur les autres.
XX Sooleawa se bat avec elle même pour s'aimer. Elle grimace souvent en voyant ses petits yeux marrons ou ses cuisses de coureur du tour de France, et elle hurle secrètement devant ses taches de rousseur. Mais elle y travaille, elle y travaille. Elle a décidé de ne plus refuser les compliments et de se faire au moins un compliment à elle-même le matin devant sa glace. Même les bad hair days, oui oui.
XX Très objectivement, cette fille n'est pas une bombasse. Elle est passable en temps normal, mignonne quand elle se pomponne. Par contre, elle a généralement un grand sourire agréable et l'air de bonne humeur, ce qu'il est agréable.

XX Sooleawa, c'est un bisounours, c'est pas possible autrement. La blague, dans son ancienne école, c'était d'essayer de lui dessiner un arc-en-ciel sur le ventre. Même elle, au début, elle essayait de nier, mais elle a abandonné : oui, c'est une boule d'amour gratuit et sorti de nulle part. C'est pas la peine de se voiler la face. Grande fille amicale, joueuse et serviable, elle a la réputation de n'avoir jamais fait de mal à une mouche et de ne pas planquer son paquet de chewing gum quand elle en a un (et si ça c'est pas une preuve de générosité, je sais pas ce qu'il vous faut). Elle est surtout douée -et c'est sûrement le trait de caractère qu'elle préfère chez elle- d'une ouverture d'esprit à quasi toute épreuve. Elle aime sincèrement découvrir les gens et leur manière de penser. Elle a cette logique d'aller vers les autres, d'écouter ce qu'ils ont à dire, de prendre leurs avis en compte. Elle respecte les différences et les opinions, elle fait de son mieux pour les comprendre. Plutôt meneuse, elle a un don pour trouver le bon coté des choses et remonter le moral des troupes. Il est exceptionnel, pour ne pas dire impossible, qu'elle juge ou qu'elle parle dans le dos des gens. Bien sûr, cette belle qualité peut se transformer en défaut : il suffit de la prendre un peu par les sentiments et elle se laisse manipuler. Parfois, elle s'en rend compte, mais généralement, le chantage affectif vous fera obtenir pas mal de choses d'elle. Elle aime réellement aider les gens et leur faire plaisir. Elle est bourrée de défauts, mais langue de pute ou mal intentionnée ? Jamais.
XX Sooleawa, avec les autres, elle est à fond. Beaucoup trop à fond. Nan, ouais, ok, elle est épuisante. Elle a beau être un beautiful cinnamon roll, too good for this world, too pure, elle nous saaaoule. Elle est trop. Juste trop. Elle ne peut pas s'empêcher de parler, de rigoler, de vous déverser sa bonne humeur dans la tronche à sept heures du mat'. Fuyez la si vous n'aimez pas les gens exubérants. Ultra curieuse, elle adore découvrir et expérimenter des choses et ultra sociable, elle pourrait tenter de se lier d'amitié avec votre grand-mère sourde. En fait, elle tire carrément vers l'indiscrétion. Mais elle ne se rend pas compte, ça part toujours d'un bon sentiment. D'ailleurs, si vous lui dites, elle se reprendra et essayera de ne pas être trop envahissante... Mais c'est difficile pour elle, qui reconnaît honnêtement être sans-gêne. Souvent, on lui pardonne, parce qu'elle est gentille, mais quelle horreur d'être à côté d'elle en cours.
XX Sooleawa, elle se surmène. Elle pense qu'elle peut être sur tous les fronts, mener toutes les batailles. Elle se rend pas compte que c'est pas humainement possible, et qu'elle s'épuise. Elle se rend compte que le succès a un coup, et est prête à n'importe quoi pour le payer. Il y a bien des gens pour essayer de la prévenir, mais d'une part, elle respecte peu de figures d'autorité, et d'autre part, elle écarte toujours les remarques les plus justes d'une revers de son optimisme à toute épreuve. Il y en a pour admirer son énergie et sa témérité sur son BMX, puisqu'elle n'hésite pas quand il s'agit de se balancer dans les airs et risquer de retomber lourdement sur le sol. C'est une battante, ouais, une vraie, une dure, qui se relève et essaye de relever les autres. C'est une travailleuse qui ne se laisse pas impressionner par la difficulté ou l'effort. Et c'est surtout une imprudente qui va finir par se tuer. Ne l'aimez pas trop ; elle va vous filer une crise cardiaque.
XX Mais Sooleawa, c'est pas seulement la fille les poings levés sur son BMX. Elle est aussi terriblement vulnérable. Elle est terrifiée par l'échec, le spectre de la pauvreté et des difficultés sociales hante ses nuits, la rend paranoïaque. Se faire mal ne la dérange pas ; mais elle tremble à l'idée de se foirer dans la vie, au sens large du terme. Elle s'accroche vaillamment au BMX et à ses études, mais elle est beaucoup trop sensible au stress. Les périodes d'examens voient surgir dans le privé une autre Sooleawa, hagarde, lunatique et anxieuse, qui a du mal à s'endormir, qui enchaîne les crises de panique. En fait, elle est beaucoup trop sensible en général, ses émotions prennent souvent le pas sur ses réflexions, ce qui est étrange pour son esprit plutôt scientifique. C'est sans doute pour ça qu'elle aime tant le BMX : elle se vide l'esprit. De même, elle est généralement naïve et indécise. Mais elle prend sur elle et se force à se calmer, même si elle apprécie toujours de l'aide dans ce genre de moment.
XX Sooleawa, elle n'est pas sûre d'elle non plus. C'est son pire défaut, elle est envieuse. Des possessions des autres, de leurs belles histoires et de pas mal d'autres choses. Elle essaye de prendre sur elle et de se changer, vraiment, okay ? Mais elle a besoin qu'on l'aime, qu'on lui dise qu'elle compte. Elle veut seulement se sentir aimée, au moins un peu. Trop matérialiste pour son propre bien, c'est la reine des économies bouts de chandelles. Oui, c'est une attention-whore, qui peut passer pour égocentrique parce qu'elle aime mettre des selfies sur instagram et commencer ses phrases par « moi je ». Mais ce n'est qu'à moitié vrai, et surtout ça ne veut pas dire qu'elle n'écoute pas les autres.
XX Mais elle se soigne, Sooleawa. Elle fait de son mieux.