Bon. Faut bien commencer quelque part.... Le psy m'a dit que ça m'aiderait. Je ne sais pas. Je ne suis pas convaincu. Je ne vois pas en quoi ça va m'aider, de parler de moi... Mais bon. Autant jouer le jeu. Alors bon... Je m'appelle Jiang Li Chen, et j'ai vingt-et-un ans. Je suis né un 29 février, à l'hôpital le plus proche du quartier de Chinatown, à New-York. Mes parents y tiennent un restaurant chinois. Et ils sont chinois. Enfin, mon père l'est. Il est né en Chine, mais il a dû fuir le pays, gamin, avant son père, quand celui-ci a voulu quitter la mafia. En tout cas, c'est ce que mon père m'a raconté. Ma mère, elle, est née et a vécu en Amérique. Et elle a grandi dans ce restaurant qui est aujourd'hui le sien. Comme moi, d'ailleurs. J'ai passé une partie de mon enfance dans ce restaurant. Mais je n'étais pas seul. J'avais Song. Le fils de l'homme qui a organisé le mariage de mes parents. Je crois qu'ils se sont connus là. Et une amitié très forte c'est liée entre nos deux familles. Du coup, mes parents font souvent la cuisine pour des anniversaires qu'organise la famille de Song. C'est drôle, non ? Petits, on était inséparable. On faisait tout ensemble. Absolument tout. A commencer par les sports. C'est grâce à lui que j'ai commencé la gymnastique. Sa grande sœur en faisait. Et du coup, on a décidé d'essayer, une fois, ensemble. Tout en commençant un sport de combat aussi. C'est là qu'on a commencé à s'éloigner, pour la première fois, je crois. Parce que j'ai accroché à la gym, et pas au combat. Et lui, c'est l'inverse. Mais peu importe, j'avais trouvé ma voie. Ce qui me plaisait. Et je me débrouillais bien. Assez pour aller en championnat national junior, et arriver troisième. Je n'étais pas doué qu'en gym, d'ailleurs. J'étais bon aussi, en cours. Mes parents me poussaient à donner le meilleur de moi-même ! C'est eux qui m'ont parlé de Volfoni. Ils m'ont proposé d'y aller, de financer mes études. Je pouvais continuer à faire des études, et à faire le sport que j'aimais. J'étais triste de devoir quitter Song -c'était une première, il avait toujours été là- mais j'avais besoin de penser à moi. Et de rendre mes parents fiers. Je suis donc parti au Minnesota.
Au début, ça se passait plutôt bien. Enfin... Oui et non. Depuis petit, j'aimais bien les vêtements de filles, et le maquillage. Je trouvais ça.... joli ? Et puis, on me disait que ça me rendait mignon. Donc, j'aimais bien en porter. Et en grandissant, je me suis mis à me travestir. J'avais l'impression d'être à l'aise dans ces fringues. Mais les gens n'aimaient pas ça. Assez vite, on m'est tombé dessus. On a fait de moi un bouc-émissaire. Une victime. Je me taisais parce que je ne voulais pas inquiéter ma famille. C'était déjà assez compliqué comme ça pour eux, avec le restaurant qui marchait mal. Je savais qu'ils faisaient semblant que tout allait bien. Et je jouais leur jeu. Parce que je faisais la même chose, en fait. Jusqu'à l'accident de l'ancien bâtiment de Volfoni. Ce putain de troisième étage qui s'est effondré alors que j'étais dessous. Le début de mes emmerdes.
Un accident assez grave pour m'immobiliser un temps. Pour me faire tomber dans les pommes. Rester inconscient un certain temps. Et quand j'ai pu sortir de l'hôpital, on m'a dit de faire attention, sans quoi, je ne pourrais plus faire de gym. Alors je l'ai fait. J'ai essayé de me faire oublier pour un temps. Avec le changement géographique des locaux, je me suis dit que ça pourrait le faire... Sauf que je ne maîtrise pas le facteur 'les autres'. Ils ont continué à me traiter comme une victime, et moi, j'ai continué à me laisser faire. Je me suis dit que, comme ça, ils se lasseraient plus vite. Et qu'ils ne s'acharneraient peut-être pas. Sauf que ça n'a pas vraiment marché. J'ai pu éviter une bataille de boule de neige qui c'est très mal passée, mais à la place, j'ai eu le droit à la vengeance des racailles frustrés. Ils étaient plusieurs. Je n'ai même pas réalisé ce qui se passait. Je me souviens juste de la douleur. Et de mon réveil à l'hôpital. J'étais plâtré. Plusieurs os cassés. D'autres fissurés. Et des liaisons définitives. Reprendre la gymnastique me paralyserait. Je finirais en fauteuil roulant. La nouvelle m'a détruit. Littéralement. Je me souviens que j'ai éclaté en sanglot. Et, dès que je me suis retrouvé seul devant un miroir, j'ai piqué une crise. J'ai attrapé une paire de ciseaux, et découpé mes cheveux. Je ne me supportais plus. Ma propre image s’insupportait. C'est à cause de ma propre faiblesse que je me suis retrouvé dans cet hôpital. Que je voyais mes rêves être brisés.  Je ne veux plus... Je ne veux plus que ça arrive. Plus jamais. Je ne supporterais pas d'à nouveau voir un de mes rêves éclater en morceau. Non. Je ne veux plus que ça arrive! Et c'est pour ça que je veux changer. Ne plus être cette petite chose faible et fragile. Mais je ne sais pas comment... En tout cas, je ne savais pas en sortant de l'hôpital. J'ai décidé d'agir sur des coups de tête. Avant de prendre le train, je me suis fait percer la langue. Je ne sais pas pourquoi. Une envie soudaine ? Un besoin ? J'en sais rien. Mais sur le coup, ça m'a fait du bien. Mais plus encore, c'est de retrouver Song qui m'a aidé. Je pense. Et voir un psychologue, je suppose.
Mais Song... J'étais resté en contact avec lui, mais le revoir me faisait extrêmement plaisir. Et du bien. Sa présence me rassurait. Et m'aidait. Il avait toujours été là pour m'aider. Ou pour me tirer des mauvais coups dont il m'a tiré. Je me suis appuyé sur lui pour m'aider à changer. En lui demander de me reprendre quand je me laisser faire ou que je me laissais avoir. En m'accompagnant dans une salle de musculation -à faire les exercices que mes os me laissaient encore faire. Song m'aide à oublier mes problèmes de cœur, et corps. Il m'aide à changer et à devenir meilleur. Ou si ce n'est meilleur, à être moi-même, ou celui que je veux être. Celui que je veux devenir. Et grâce à Song, je sais que je peux le faire. Grâce à lui, j'aurais même le courage de revenir à Volfoni, et de faire face à mes bourreaux. Et même à Adriel. Même s'il m'a brisé le cœur.

Jiang est gentil. Trop gentil. Beaucoup trop gentil. Et ça le bouffe énormément. Il se laisse faire, il se laisse marcher dessus. Ou il se laissait marcher dessus. Il essaye de lutter contre ça. De lutter contre lui-même. Il ne veut plus être la gentille petite chose dont tout le monde abuse et profite ; ça l'a déjà beaucoup trop fait souffrir. Et il ne veut plus souffrir. Etre une victime lui a déjà coûté son rêve et l'entière fonctionnalité de son corps. Jiang s'est enfin décidé à se prendre en main. A dire non. A redresser la tête et à ne plus encaisser sans rien dire. Jiang va enfin ouvrir sa gueule et dire ce qu'il pense. Un peu. Et quand il ne peut pas, il l'écrit. C'est un bon défouloir, aussi, l'écriture. Et ça l'aide à encaisser, d'une certaine façon. Il écrit pour lui, pas dans le but d'être lu.
Mais certaines choses ne changent pas. Jiang reste une personne gentille, prête à aider son prochain dans le besoin. Sur ce point-là, il ne veut pas changer. Juste, ne plus se faire avoir. Ce qui passe aussi par ses sentiments, surtout amoureux. Pour le moment, il ne veut juste plus entendre parler d'amour. Ca lui a déjà assez coûté cher comme ça.  A chaque fois, trop sensible, il se laisse détruire à petit feu. Et ça, il ne le veut plus. Il a assez donné comme ça. Il ne veut plus de prendre la tête avec tout ça. C'est trop compliqué, et trop douloureux d'aimer. Et ça ne veut pas le coup.  

XX Un peu moins d'un mètre soixante-dixXX trop maigre pour sa taille XX Un peu musclé -il travaille dessus- XX Les yeux verts XX les cheveux courts, châtains foncés XX Traits du visage asiatique et un peu androgyne XX très longiligne XX Se maquille parfois, voir, beaucoup plus rarement à présent, se travesti XX porte surtout des chemises et des jeans; il aime ce qui est simpleme,t XX ses mains ont des cales dû à sa pratique sportive de gymnastiqueXXSon corps est recourt de cicatrices, dûes à ses chutes, ou bien aux coups encaissés XX Sourit presque tout le temps, ce qui laisse voir ses dents blanches bien alignés