HISTOIRE ••
Oh, la belle orange. ~
Le filsVous avez déjà vu une personne jeter littéralement ses papiers en l’air de frustration ? C’est drôle quand ça arrive dans les films, mais ça ne l’est pas en vrai.
Lothaire toi, t’étais le gosse qui envoyait tout valser quand on lui mettait trop la pression en cours. Déjà parce que tu n’aimais pas perdre ton temps à rester assis sur une fichue chaise et ensuite parce que tes enseignants insistaient toujours quand tu leurs disais que tu ne voulais pas lire à voix haute. Fallait te comprendre aussi. Tu n’avais pas envie d’entendre les ricanements des autres débiles en classe, alors que les mots sur ta feuille se mélangeaient pour ne former qu’un tas de lettres assemblé dans un désordre n’ayant aucun sens. Personne ne le voudrait, tu en étais sûr. Mais au lieu de dire qu'il te fallait trois mille ans pour déchiffrer un fichu paragraphe, voire une simple ligne, eh beh tu disais directement non.
Pour résultat, tes parents se faisaient souvent convoquer pour tes petites crises contre l’autorité. Genre, tu étais un élément perturbateur qui refusait de travailler. Foutaises. Tu étais la gentillesse incarnée en dehors de ce léger soucis... Bon, il y avait toujours eu ce débile avec qui tu t’étais récemment battu parce qu'il n'avait pas accepté que tu lui dises que toi au moins, tu ne ressemblais pas un dindon sur un tapis de course, mais il t’avait cherché en déclarant que tu dansais comme une fillette. Alors oui, tu savais que ce n’était pas beau de dire ça et que Reagan allait forcément s’énerver, mais osef. Personne ne se moquait de ta manière de danser, ton petit plaisir. Le plaisir de toute ta famille en vrai.
La danse était une véritable institution pour vous presque. Tu avais toujours vu tes parents danser, aussi loin que tu t’en rappelles et il était plus rare d’entendre le silence qu’un fond musical chez toi. Et ça te plaisait cette petite vie simple. Ça ne te demandait pas de retenir des pages et des pages encrées de lettres pour t'exprimer.
Oh, la belle rouge. ~
Le pèreUne affaire qui faisait lentement faillite par les temps qui couraient n’avait rien d'exceptionnel. Les répercussions sur ton cercle familial étaient encore plus prévisibles : depuis des mois, la tension au sein de ta famille était palpable. Entre ta femme qui craquait plusieurs fois par semaine et le moral de ton fils qui depuis longtemps ne suivait plus le rythme, il était évident que d'un point de vue extérieur, ta famille semblait passer au second plan, mais ce n'était pas vrai. Oh tu voyais très bien d’où venaient les soucis. Après tout, ta femme bien-aimé avait été très clair sur sa volonté de jeter l'éponge en revendant l’affaire au plus offrant, mais toi, en tant que père et chef de famille, tu voulais encore t’accrocher à ce rêve de restaurant bien qu’il coulait inévitablement.
Tu ne jouais pas les aveugles par plaisir, tu ne voulais juste pas abdiquer. Non, tu voulais leur prouver que l’on pouvait accomplir ses rêves malgré les difficultés, car la vie n'était jamais juste pour quiconque, que les gens jugeaient très facilement aussi et qu’il fallait apprendre à assumer ses décisions quand on ne pouvait pas faire mieux. Quand bien même il en résultait des disputes de plus en plus fréquentes et engendrant inévitablement des pleurs. Quand bien même la confusion se lisait sur le visage de ton fils lorsque vous tentiez de le réconforter et d’apaiser ses craintes.
Tu te demandais si c'était le diagnostic de sa maladie et de toute la procédure qui s’ensuit ou la situation qui le rendait aussi perplexe. Il était dyslexique et alors. La vie ne s'arrêtait pas à ça. Rien ne l'empêcherait de devenir ce qu’il voulait ; vétérinaire comme il le disait avant. Tu étais bien patron d'un restaurant alors pourquoi pas lui ? Et si le monde était contre lui, il pourrait toujours faire autre chose. Rien n'était impossible quand on continuait d'y croire et tu comptais le lui montrer.
Mais tu n'avais pas le temps de creuser davantage à une solution miracle, étant plus souvent dans ton bureau devant les factures à chercher un moment de les réduire qu'au salon chez toi.
Oh, la belle verte. ~
La mère« Je suis amoureuse. » Il ne pouvait rien dire de plus en voyant la petite touffe rousse sur la tête de sa petite sœur. Son sourire l'avait conquis. Direct dans le cœur.
N'importe qui aurait ri tellement la scène était bien trop comique. Et toi, sa mère n'échappait pas à la règle. Ta fille faisait ses premiers sourires et ton fils qui avait toujours ses mains de chaque côté de sa tête, après son imitation de poisson s'était retourné pour te déclarer son amour... Hilarant. Parfois tu te demandais si tu n'avais pas eu deux filles en réalité, tant Lothaire aimait faire son cinéma.
Toi aussi tu souriais tout le temps et encore plus depuis la naissance de Léna. Tu riais devant les gesticulations ridicules que ton fils faisait à chaque fois que sa sœur commençait à pleurer. Tu souriais de tendresse quand ton mari touchait la petite comme si c'était l'objet le plus précieux et fragile au monde. Mais surtout, tu étais aux anges que ton époux, sous l'émotion, avait enfin pris conscience de ce qu'il avait risqué de perdre en s'acharnant à garder cette entreprise qui vous menait à la mort.
Tu avais dû le quitter pendant une longue période pour cela. Ça n’avait pas été facile ces deux années sans sa présence. Seule à devoir gérer ton chagrin, ta colère, son absence tout en maintenant le bien-être de ton fils. Entre l'envie de poursuivre ta vie et en même temps garder espoir d'un jour meilleur... Mais, un mal pour un bien, vous quitter vous avez permis de mieux vous retrouver.
Il ne pouvait pas dire que la séparation n’avait pas apporté du bon. Et quoique disait ce grand homme, renoncer au restaurant en faveur de votre vie de famille avait été le meilleur choix de sa vie et de la vôtre. Savoir abandonner quand il le fallait, savoir lâcher prise même si on s'était investi de toutes ses forces était tout autant une force que réussir brillamment à mener à bien son objectif. Et ça, c’était la leçon que tu espérais que Lothaire garde en mémoire, qu'elle le guide tout au long de son existence.
Oh, la belle blanche. ~
La fille« Lénaaaaaa. J'veux rentreeeeeeeer. En plus, ton bracelet rose s'est cassé, je suis ultra trop triste là.
- Onii-san, baka… C'est pa-
- Hein, Haut Nissan ? Quoi, ils ont changé de nom de marque ?
- ..... Quoiii ? »Oh oui, il était vraiment bête quand il le voulait ton frère. Malgré ta fascination pour la culture japonaise et les animes qui n'était plus toute fraîche, il ne comprenait rien à ce que tu lui disais et ce n’était pas faute d’essayer de l’initier. Tu y mettais un point d'honneur à supprimer son ignorance en le cultivant à chaque fois qu’il passait à la maison, d’ailleurs. Mais une fois de plus, il avait appelé à la maison pour dire qu’il ne rentrerait pas ce week-end parce qu’il avait trop de boulot à faire. Entre les répétitions, les cours, les révisions et blablabla… Oui, il vous racontait ses journées en détail tous les deux trois jours au téléphone, alors qu’il le faisait déjà sur Instagram, sans compter qu'il sortait toujours les mêmes "excuses".
Halala, qu’allais-tu faire de lui ? Il ne sera pas bon à marier s’il ne lâchait pas un peu de lest avec tout ça, vous y compris... Quoique. Il devait bien exister sur cette Terre quelqu'un qui l'apprécierait à sa juste valeur. Quelqu'un qui supporterait de se coltiner
Danse avec les stars entrecoupé de ses commentaires de connaisseur, toutes les semaines et tous les ans. Ou encore quelqu'un qui accepterait de marchander avec lui comme vous le faisiez si bien.
Tu t'en rappelles encore de cette histoire un peu idiote. Que ne fût cette aubaine d’accomplir des rêves insoupçonnés qu’il avait décidé de ranger dans la boite à loisirs, de se créer à nouveau lorsque Volfoni s'était installé à une heure et demie en voiture de chez vous. Oublier les mauvaises appréciations de ses enseignants sur sa capacité et volonté à faire de longues études afin de pouvoir soigner les animaux. Il avait toujours aimé danser, en tout temps. Et pourtant, il n'avait pas envisagé d'en faire son métier. Même quand une de ses profs lui avait suggéré cette académie, il avait tout bonnement refusé, déclarant que c'était soi-disant trop loin de la maison. N'importe quoi, c'était toujours sur le même pays quand même. Il y avait des gens qui traversaient des centaines de kilomètres juste pour faire leurs études.
Pas question de gâcher un potentiel pour des broutilles avaient dit tes parents et pour une fois, tu étais en total adhésion avec eux. Et quand bien même ils avaient vaincu sa réticence, il mettait lui-même des bâtons dans les roues de son avenir en se bagarrant pour son régime scolaire. Il était buté dans sa bêtise parfois, mine de rien. Tu te souviens de ce qui avait fini par le faire accepter d'être interne à l'académie. Genre, trois fois rien si ce n'est la promesse d'avoir son tatouage. Pfff. Tout ça pour qu'on le trouve cool, tu en étais sûr ! Mais bon, tu l'avais aiguillé - sans jeu de mot - sur le modèle à choisir alors tu ne te plaignais pas.
Le plus étonnant dans toute cette péripétie, c'est que votre père eu réussi à lui faire entendre raison, compte tenu de leur relation que tu avais souvent trouvé
awkward sans vraiment savoir pourquoi. Tu ne sais pas ce qu'il lui avait dit mais dans tous les cas, le fait qu'il soit interne et que par conséquent, tu n'étais plus obligée de regarder cette émission avait été la seule libération pour toi. Alors oui la séparation n'avait pas été facile au départ, étant tous les deux
insupportables inséparables, mais merci à l’académie Volfoni d'avoir aménagé ses locaux en Floride.
« Bon si tu te débrouilles bien à ta compèt', je t'enverrai un bracelet tout neuf. Tu sais celui qu'on avait vu ensemble la dernière fois.
- Sérieux !?
- Je suis toujours sérieuse.
- Oh yeaaah ! » Tu pouvais l'entendre sauter de joie à l'annonce que tu venais de lui faire. Halala, ce qu'il était facile à rendre joyeux. Mais bon, c'est comme ça que tu l'aimais : un peu benêt, mais heureux.