Premier cours [Cours de photographie]

Lun 24 Juin - 15:02

Ce matin-là, Aileen se réveilla en sursaut, stressée par la journée se préparant. Aujourd'hui, elle allait rencontrer ses élèves, et leur donner leur premier cours de photographie. Elle ne savait pas trop comme elle devait s'y prendre. S'étant même portée volontaire pour du tutorat, elle se trouvait là un peu dépassée. Les engagements qu'elle avait pris n'allaient sûrement pas tarder à la perdre, mais elle ferait de son mieux pour les tenir. Après tout, il lui suffisait d'apprendre à de jeunes gens l'art de capturer des images. Quelque chose de bien facile à dire, mais qui pourrait se révéler bien compliqué à accomplir.

Elle avait toutefois décidé de commencer avec un mode simple : la macrophotographie. Les techniques de base étaient plutôt simples, et ce mode était bien plus accessible que d'autres. Elle avait hésité durant un moment entre la macrophotographie et la photographie avec modèle. Mais, en cours de soirée, elle se décida pour la macro. En réalité, la photographie avec modèle aurait été bien trop compliqué, et peu confortable. Pour un premier cours, elle préférait être uniquement en présence de ses élèves. Il était déjà assez difficile de donner un cours pour la première fois, elle n'allait pas non plus compter sur des volontaires pour poser. De plus, il fallait que ses élèves aient assez confiance en eux pour pouvoir diriger un modèle. Aileen elle-même avait encore du mal, parfois, à diriger ses modèles.

Dans sa besace, elle glissa l'un de ses numériques et son argentique préféré, les ayant préalablement sélectionnés sur son étagère vitrée. Elle câlina rapidement Bestiole, avant de la reposer sur le canapé, puis elle quitta les lieux, son casque sous le bras. Bientôt, elle grimpa sur sa moto, et prit la direction de l'école. Arrivée là-bas, elle se stationna au parking des professeurs, puis entra dans l'établissement. La jeune femme se faufila entre les élèves, afin de gagner la salle des professeurs. Là, elle déposa son casque dans l'un des casiers, puis prit tranquillement un café. Les élèves n'allaient pas tarder à rejoindre leur salle de classe, la jeune femme pourrait ainsi rejoindre ses élèves au lieu de rendez-vous. Ce qu'il y a d'agréable, avec son poste, c'est qu'elle pouvait donner cours dehors sans souci, puisque sa ''salle de classe'' actuelle était la Chambre noire. Or, celle-ci devait rester dans l'obscurité la plus totale la plupart du temps, ou n'être éclairée que d'une lumière rouge tamisée. Elle ne pouvait donc décemment faire cours dans cette pièce. Cela lui permettrait de sortir ses élèves. Ils ne devaient pas souvent avoir cours en plein air.

Aujourd'hui, l'enseignante leur avait donné rendez-vous dans les jardins du campus, afin de se concentrer sur des sujets inertes, ainsi plus simples à photographier. Les fleurs étaient, pour débuter, des sujets qui lui iraient à ravir. Et les plantations de l'école semblaient soignées, et saines. Il n'était pas encore question, pour Aileen, de photographier des insectes, ou choses de ce genre. Pour l'instant, elle souhaitait qu'ils se concentrent sur le cadrage, la profondeur de champs... et pourquoi pas commencer à leur parler de la composition d'un cliché typique ?

La sonnerie retentit et bientôt, les élèves avaient déserté les couloirs. Aileen, à présent seule dans la salle des professeurs, jeta un petit coup d’œil dans l'espace environnant. Personne. Les lieux étaient vides, et il était peut-être à présent temps de rejoindre les jardins. La jeune femme termina cul-sec son café, grimaçant à cause de la chaleur. Elle se saisit de son sac, puis quitta la salle en trombe. Courant à travers le campus, elle tenait de la main droite sa besace, faisant en sorte que les deux appareils ne s'entrechoquent pas. La jeune femme arriva enfin au lieu convenu, où elle découvrit quelques élèves qui semblaient l'attendre. Reprenant son souffle, elle fut soulagée de les voir si peu nombreux. Elle craignait de se retrouver face à une cinquantaine d'élèves, se trouvant en difficultés, ne serait-ce que pour caser un mot. En réalité, elle se trouva devant moins de dix élèves, convaincue que certains rejoindraient le groupe pour les années suivantes, certainement. D'ici là, elle aurait eu le temps de prendre ses marques. Une fois son souffle repris, elle décida enfin de se présenter à ses élèves.

« Excusez mon retard. Je suis Miss Waeselynck. Vous pouvez vous douter que je débute en tant que professeur, et je dois dire que je commence assez mal » se moqua-t-elle. « Avant de commencer le cours, j'aimerais que vous vous présentiez, chacun votre tour, histoire que je vous connaisse un peu. Votre nom, votre âge, quand et pourquoi vous vous êtes mis à la photographie suffira. »

Avant même qu'ils ne puissent prononcer un mot, elle introduisit son cours. Avant leur présentation, elle souhaitait les entretenir de ce qui les attendait. Fouillant dans sa besace, elle sortit son appareil numérique, réajustant la position de l'argentique afin de ne pas l'abîmer.

« Pour aujourd'hui, si ça vous convient, évidemment, nous allons étudier la macro. Je suppose que vous savez tous de quoi il s'agit. Si vous aviez un reflex numérique, pour commencer, ce serait top. Sinon, je m'arrangerait avec l'établissement pour vous en procurer quelques-uns. Pour aujourd'hui, je me contenterais de ce que vous avez. Nous n'allons pas nous mettre dès aujourd'hui aux insectes et autres petites bêtes. Je vous demanderais simplement de vous approprier les cadrages, les profondeurs de champs et la composition de vos photos. Donc seulement des plantes, pour débuter. Avant de continuer, les présentations ! »

Jeu 27 Juin - 21:40

Remus avait rarement aussi bien dormi de la nuit, bien qu'excité par l'idée de commencer des cours de photographie. Enfin ! Son rêve de gosse commença un nouveau chapitre, là, maintenant ! Il espérait que la prof' (seule information ayant réussi à atteindre ses oreilles) soit une réelle passionnée et non une bourgeoise snob qui trouve dans la photographie un amusement artistique pour occuper ses journées... Pour fêter l'occasion, le rouquin mit ses vêtements préférés, histoire d'être à l'aise et de montrer un peu qui il était: un pull vert clair avec une onomatopée style "comics" en noir et blanc, un jeans délavé par ses soins (il l'a frotté contre une pierre au niveau de ses genoux pour que ce soit plus clair), et enfin des converses quasi-neuves, d'un vert pelouse censé rappeler son haut. Ajouter à cela un écharpe blanche et un manteau en cuir d'occasion, et vous obtenez la définition du "total look" pour Remus. Seulement voilà, une préparation de niveau international est longue, et à peine le nettoyage de l'objectif de son bridge effectué, le voilà en retard !

Il voulait absolument prendre le bus d'avant histoire de repérer les lieux et de ne pas finir en retard. Se faire remarquer le premier jour de cours, c'était pas l'idée du siècle. Seulement voilà, le bus était dans deux minutes, et il était à plus de cent mètres de l'arrêt.

...........

Finalement, il avait encore mal à l'estomac mais il était là, son fidèle appareil photo dans sa besace. Son sprint l'avait essoufflé, mais il avait vingt minutes pour reprendre sa respiration. Il aurait dû prendre son bus habituel en fin de compte: vingt minutes à tuer, c'est long. Heureusement, il avait prévu le coup: il sortit un livre et s’essaya sur le banc le plus proche. Au fur et à mesure, il vit du monde se réunir là où devait se tenir le cours de photo. Il reviendrait dans le groupe plus tard, vu qu'il ne connaissait personne, du moins de manière amicale.

La prof arriva en retard. Tiens, une rousse: Remus sourit intérieurement. Il parie déjà que dans la tête des élèves, on imaginait déjà un lien de parenté. Plutôt jeune, son discours lui fit plaisir: on commençait par la macro ! Ce qu'il préférait ! Plein d'entrain, il prit l'initiative de se présenter le premier, fait surprenant.

"Moi c'est Remus, et j'ai dix huit ans. J'ai commencé à aimer la photographie en primaire, j'ai commencé sérieusement il y a trois ans. Ça m'a permis de m'évader. J'ai pas de réflex, juste un bridge."

Son discours faisait décousu, mais il voulait pas faire un long monologue. Les informations désirées s'y trouvaient, c'était ce qu'il souhaitait. Il était curieux maintenant d'entendre comment les autres vont se présenter. Durant cette petite réunion, le garçon ne se rendit pas compte qu'il souriait: enfin on commence les choses sérieuses. C'est un fait: Remus était content.

Ven 28 Juin - 16:44

Spencer allait assister à son tout premier cours de photographie aujourd'hui. « Enfin un cours intéressant » pensa-t-elle en regardant son emploi du temps en se levant se matin. Elle reposa alors le papier froissé sur le sol et s'extirpa de ses couvertures. Elle prit une douche brûlante et attacha ses cheveux noirs avec un élastique. Des mèches s’échappaient de tous les côtés mais elle s'en fichait.
Elle se dirigea vers la commode et en sortit une chemise beaucoup trop large ainsi qu'un pantalon noir très serré. Elle n'avait plus de soutiens-gorge propres du coup elle n'en mit pas. Ça ne se remarquerai pas. Elle mit son appareil autours de son cou, jeta son sac sur son épaule et sortit de chez elle.
Elle alla à l'arrêt de bus et pour une fois elle était en avance, cela lui permit de s'asseoir et d'observer ce qu'il y avait autours d'elle. Elle regardait les gens surtout, elle adorait ça regarder les gens. Elle essayait de les deviner rien qu'avec leur façon de marcher ou bien leurs vêtements ou encore les expressions de leur visage. Ce matin matin là il n'y avait pas grand monde dans les rues. Son bus arriva et elle eu une place assise. Décidément c'était une bonne journée qui commençait.
Le cours de photographie avait lieu dans les jardins de l'école ce qui était une très bonne idée car il faisait encore beau et Spencer voulait en profiter le plus possible.
Elle s'assit sur un banc avec d'autres élèves et elle remarqua qu'il n'y avait pas beaucoup de personnes qui avait choisi cette spécialité. Spencer en fut ravie, elle n'aimait pas particulièrement la foule. Puis la professeure arriva, c'était une jeune femme rousse plutôt jolie. Elle se présenta, son nom était vraiment bizarre … Spencer l'oublia aussitôt. Puis elle annonça qu'ils allaient faire de la macro photographie. Le visage de la brune se renfrogna, elle détestait ça, d'ailleurs elle n'aimait pas grands choses. Son truc à elle c'était les portraits, et elle adorait les nus plus que tout.
Un élève à sa gauche se présenta la premier, il prit la parole comme si il n'attendait que ça depuis que la prof' était arrivée, cela faisait très lèche-bottes. Il avait le même âge que Spencer et partageait son prénom avec un personnage d'Harry Potter ; Remus.
Puis un silence s'installa, plus personne ne semblait vouloir se présenter.
Spencer se racla la gorge et décida de rompre ce silence.

-Moi c'est Spencer, j'ai 18 ans aussi et je déteste la macro photographie.

Ok, ce n'était pas une super bonne entrée en matière si elle voulait se faire aimer par la prof' mais c'était la vérité. D'ailleurs, elle se félicité intérieurement pour ne pas avoir dit « la macro ça me fait chier, mais bon les plantes c'est sympa, si on aurait dû photographier des insectes, vous pouvez être sûre que je l'aurais pas fait. »

Sam 29 Juin - 14:50

Summer bailla en se dirigeant vers le jardin du campus. Il y avait un nouveau professeur cette année et elle se demandait si ses cours seraient intéressants, en quoi il se spécialiserait, et quelles seraient ses méthodes d'enseignement. Leur tuteur de l'année dernière avait tendance à les entraîner purement à la pratique et leur donnait énormément de devoirs personnels, ça leur permettait d'apprendre sur le tas. C'était une méthode assez particulière, qui pouvait très bien marcher pour certains et empirer les choses pour d'autres. Heureusement pour elle, Summer pouvait se ranger dans la première catégorie. Mais il arrivait parfois que ses devoirs ne plaisent pas à cause d'un petit détail, une mauvais cadrage, un mauvais éclairage. Et dans ces cas là, elle prenait cher.

C'est pourquoi il lui semblait important d'assister à ce premier cours. Probablement peu d'élèves viendraient, le cours étant à l'extérieur et en public, mais qu'est-ce qu'elle pouvait bien en avoir à faire ? Amphithéâtre ou pas, un cours était un cours. Et puis ça changeait de sortir prendre l'air plutôt que de rester assis à écouter des cours sur les techniques vues et revues !

Une fois arrivée sur place, elle remarqua un petit groupe d'élèves avec leur sacoche, elle devina qu'ils étaient aussi là pour le cours. Elle les connaissait tous vaguement, de nom, mais elle n'était pas spécialement proche d'eux. Elle leur sourit et les salua poliment avant de croiser les bras, vérifiant l'heure. Hm, non, elle n'était pas si en avance que ça, donc pourquoi le prof n'était pas là ?

Ce n'est que quelques minutes plus tard que l'enseignant — ou plutôt l'enseignante, se montra. Elle avait l'air un peu perdue et reprit son souffle avant de se présenter. Un nom bien curieux d'ailleurs, qu'il allait falloir ne pas écorcher à l'avenir. Elle haussa un sourcil. Se présenter ? Elle n'aurait sûrement jamais demandé ça si on était en amphithéâtre, mais puisqu'ils n'étaient qu'une poignée d'élèves, pourquoi pas ?

Et ils allaient donc s'attaquer à la macro. Elle grimaça. Pas vraiment sa spécialité, surtout en ce qui concernait les insectes, mais elle connaissait le principe, et puisque ça n'était que sur des fleurs, ça devrait aller. Les présentations commencèrent. Un rouquin, qu'elle ne connaissait pas, probablement un lycéen, et une fille, qu'elle connaissait depuis l'année dernière. D'ailleurs, elle la fit penser un peu à Enora. Probablement cette aura particulière qui hurlait à l'antisocial...

Son passage jeta un blanc dans le petit groupe, et puisque personne ne semblait se porter volontaire, elle se dévoua.

« Je m'appelle Summer, j'ai aussi 18 ans et j'ai commencé la photo il y a 10 ans et m'y suis mise sérieusement il y a 3 ans. En me spécialisant dans la photographie d'information pour devenir journaliste. »

Elle n'avait rien d'autres à ajouter. Elle avait juste hâte que le cours commence.

Mer 17 Juil - 16:50

Spoiler:

Le cours de photographie ne semblait malheureusement pas aussi peuplé qu'elle le pensait. Tant pis, elle ferait avec. Et puis, l'apprentissage serait sûrement plus simple avec moins d'apprentis. Ainsi, elle était donc face à un garçon et deux jeunes filles. Aileen était déjà ravie d'avoir un garçon dans son groupe. Elle avait tendance à s'ennuyer lorsqu'elle n'était entourée que de femmes. Ce garçon, aux cheveux accordés à la crinière d'Aileen, fut le premier à prendre la parole.

« Moi, c'est Remus, et j'ai dix-huit ans. J'ai commencé à aimer la photographie en primaire, j'ai commencé sérieusement il y a trois ans. Ça m'a permis de m'évader. J'ai pas de reflex, juste un bridge. »

« Tant que tu sais t'en servir, tu utilises ce que tu veux. »

Elle enchaîna en s'adressant à tous ses élèves.

« L'idéal, c'est que vous évitiez au maximum les argentiques durant mes cours. Il nous faut un aperçu direct sur votre travail. »

Une jeune fille aux longs cheveux noirs prit la suite, emboîtant ainsi le pas des présentations. Son allure assez étrange dérangea quelque peu Aileen, qui se trouva un peu mal à l'aise. Mais bon... tout enfant, lorsqu'il devient adulte, fait naître en lui des idées préconçues. Ainsi, les adolescents se trouvent parfaitement catalogués, de façon plus ou moins caricaturale, dans l'esprit des jeunes adultes. Cette jeune fille au visage doux contrastait avec sa façon de s'exprimer.

« Moi, c'est Spencer, j'ai 18 ans aussi et je déteste la macro photographie. »

Ce contraste surprit la jeune enseignante, un peu désarmée face à la jeune fille. Voilà une magnifique présentation, pleine d'amour et de délicatesse, fine et subtile... Enfin, Aileen appréciait tout de même sa franchise et son opinion. Après tout, il faut des gens qui détestent ça. Si tous les photographes adoraient la photographie, ils n'auraient même pas pris la peine de chercher d'autres styles. Le nu, la photographie avec modèles, les natures mortes, les paysages... tout cela serait passé à la trappe. Alors que la professeure s'apprêtait à répondre, elle fut interrompue dans son élan par la dernière élève.

« Je m'appelle Summer, j'ai aussi 18 ans et j'ai commencé la photo il y a 10 ans et m'y suis mise sérieusement il y a 3 ans. En me spécialisant dans la photographie d'information pour devenir journaliste. »

Quoi de plus concret et de plus réel que la photographie d'informations ? Aileen se trouva gâtée, possédant des élèves touchant à différents domaines – bien qu'elle ne sache quel était le domaine de prédilection de Spencer. Cette dernière élève, Summer, semblait être une fille énergique, active, prête à sauter sur le moindre scoop. Aileen avait donc sous la main un rouquin armé d'un bridge, une jeune fille solitaire détestant son programme et une future journaliste semblant espiègle mais pas ultra intéressée. Ô joie ! Aileen était refaite, avec cette troupe de joyeux photographes. Pour un premier jour, elle avait choisi la facilité, pas forcément ce qui pouvait plaire. Mais, ne connaissant pas ses élèves, elle n'allait pas changer ses plans maintenant.

« Je suis désolée pour ceux à qui ça ne plaît pas » lança-t-elle en fixant la seule personne ayant exposé son avis. « Mais on a tout le temps pour faire ce qu'il vous plaît. Pour débuter, vu que je ne connais pas votre niveau, et au cas où il y aurait des débutants, je commence par la macro. Le sujet ne bouge pas, donc le cadrage et les réglages sont plus simples à faire, non ? »

Elle réalisa soudain que son intervention pouvait avoir blessé la jeune fille concernée, Spencer. Désespérément, elle tenta de rattraper ses paroles, afin d'assurer son cours comme un bon prof.

« Par contre, Spencer... j'apprécie que tu exprimes ton opinion. Tu n'aimes pas, maintenant, je le sais. Et si tu veux qu'on voit un domaine en particulier, fais-m'en part et on étudiera ça dans un autre cours. Pour les autres, c'est pareil. Si vous avez des objections, recommandations ou trucs du genre, ne vous gênez pas. »

Après tout, ils savaient tous qu'elle était débutante dans le domaine de l'enseignement. Faire apprendre était une chose bien plus complexe qu'apprendre soi-même. On l'avait prévenue, et elle allait le réaliser par elle-même. Après quelques minutes, le temps de sortir son appareil et d'équiper un nouvel objectif. Se tournant de nouveau vers ses élèves, elle les engagea d'un coup d'oeil à faire de même.

« Sortez les armes, nous allons commencer. Pour être franche, vu que c'est mon premier cours, je pense que je vais avoir quelques difficultés. Mais bon... J'espère bien que vous serez indulgents ! »

Elle n'était pas décidée à leur donner beaucoup d'indications. Son projet était de voir quelles initiatives ils allaient prendre, quel sujet ils allaient choisir... Aileen voulait les voir prendre les devants.

Lun 22 Juil - 19:31

Les ennuis, c'est comme le papier hygiénique, on en tire un, il en vient dix. ♦ woody allen
Puppy ♦ Netsky
Frottement du velours mou du sol, froissement du feutre lissé de la nature. Mes pas traçaient une route invisible dans l'herbe mouillée. Mes Docs noires ne craignaient en aucun cas l'humidité, mais je haïssais ça. Refuge à limaces, tiens. Au loin, j'entendis la voix claire d'un professeur, de mon professeur, et un soupir naquit dans ma gorge pour s'échapper en volutes de buée. « ... franche, vu que c'est mon premier cours, je pense que je vais avoir quelques difficultés. Mais bon... J'espère bien que vous serez indulgents ! » Elle avait l'air cool, franchement, pas comme cette journée.

♠ ♣ ♠

La lumière du soleil irradia progressivement ma chambre et vint le moment où elle me réveilla. Lentement, les souvenirs de ma soirée à écouter des musiques jusqu'à point d'heure me revinrent. En songeant à l'heure à laquelle je m'étais endormie, je jetai un coup d’œil à ma station. Puis un deuxième. Avant de la fixer avec des yeux ronds : 8 : 05. Non, c'était technologiquement impossible de mon portable n'ai pas sonné avant 8h 05. Il était même censé sonner à 7h. Frénétiquement, je le saisis et appuyai sur une touche. Puis une deuxième. Une autre. Rien à faire, il était éteint. Plus de batterie. « Sa mèèèère ... » Je passai une main dans mes cheveux et, faisant ce geste, me ruai vers mon armoire. Legging noir, chemise blanche et pull gris, ça ferait l'affaire. Je saisis à la volée un bracelet en argent, mon sac à main noir et une serviette avant de courir jusqu'aux douches. J'étais peut-être en retard, mais je n'allais certainement pas me pointer en cours avec un chignon mal fait signifiant : je me suis pas lavé les cheveux, ils sont dégueulasses mais je les ai accrochés, donc ça ne se voit pas. Je déteste ce préjugé, parce qu'il est totalement absurde. Je me débarrassai furtivement de mon pyjama et attrapai mon shampoing, avant même de faire couler l'eau. Tandis qu'elle chauffait, je trépignai d'impatience. Avec un sursaut, je retirai mes boucles d'oreilles. Cela fait, la douche n'attendait que moi.

C'est fou le nombre de pensées qui peuvent vous traverser lorsque vous vous douchez. A la manière des psy. J'aurai pu parler, parler pendant des heures que cette foutue psy censée m'aider à accepter le départ de mon frère ne m'aurait pas répondu un autre mot qu'intéressant. A la différence de ma douche, qui elle en plus de ne rien dire, me lave. Une grimace déforma mon visage lorsqu'une goutte de shampoing manqua de pénétrer dans mon œil. Ce qui me dérangeait dans cette journée, c'était d'avoir à me dépêcher. Être en retard n'était pas un problème, voire une solution. Mais je haïssais par dessus tout avoir à me hâter, de pas pouvoir me réveiller en musique. En plus, je n'avais rien compris au rêve dont je me souvenais. J'étais avec une bande d'amis, des amis que j'avais avant de venir ici. Une personne nous a voulu du mal, et Lilian l'a jetée dans la piscine proche de nous. Notre ennemie ayant décédé dans la piscine, nous avons été contraints d'abandonner la France et partir en Russie, où nous sommes devenus des agents secrets. Mais ça voulait dire quoi, au juste ? Est-ce que ce rêve était censé avoir une signification ? Enfin, la pose de mon après-shampoing était terminée, je n'avais plus qu'à me rincer.

Une dizaine de minutes après m'être réveillée, je marchais le plus discrètement dans les couloirs de l'Académie. Non par crainte de croiser un supérieur, mais un peu tout de même. Histoire de ne pas ternir encore plus l'image qu'ils avaient de moi. Non pas que je m'en soucie mais un peu tout de même. D'un mouvement sec, je bifurquai dans les couloirs afin de me rendre dans ma salle de cl ... Quelle idiote. Mais quelle idiote.

Je m'arrêtai brusquement, atterrée par mon imbécilité. Je n'avais même pas l'humeur à me moquer de moi-même. 8h 15 sur ma montre, j'allais me faire déchirer. Je pris une allure plus rapide et dévalai les escaliers pour me rendre dans les jardins.

♠ ♣ ♠

J'espérai qu'elle serait indulgente. Il ne me restait qu'à trouver une excuse, une bonne. Immobile, je fredonnai un air de jazz pour me calmer, trouver une voix sûre mais la garder un peu essoufflée tout de même. Une vague d'angoisse me prit soudain, lorsque je songeai que je n'avais pas le souvenir d'avoir pris mon appareil photo. J'étais plus angoissée à l'idée d'avoir oublié mon cher et tendre appareil que d'arriver en retard. C'était un brin illogique, mais c'était tout moi. En entendant les élèves se disperser peu à peu, je m'avançai et reconnus, immobile et droite, la professeure. Je me raclai la gorge afin d'attirer son attention. Les salutations hypocrites, ce n'était pas tellement mon truc. « Bonjour. Hum, moi c'est Katherine, je ... Pour le retard, je ne me souvenais plus où on avait cours. » Rien. Aucune réaction. Certains élèves s'étaient retournés, alors je lâchai un « Désolée » en faisant tout pour qu'il n'ai pas l'air d'être arraché de ma bouche. J'avais sorti mon appareil photo qui battait régulièrement mon ventre. Je haïssais quand personne ne bougeait, personne ne parlait. Oh, vous êtes des statues, des plantes, ou quoi ? Je marmonnai, agacée et insolente. « Quoi, me regardez pas comme ça, c'est pas comme si j'avais dit que mon chameau domestique qui m'accompagne tous les jours était tombé malade, non ? Je me suis paumée. En un an, j'ai eu autre chose à faire qu'apprendre les plans. »

explanation:

Lun 22 Juil - 22:13

Ainsi il était le seul garçon présent dans ce cours, professeur inclus. Au lieu de l'arranger, Remus se sentit un poil intimidé par tant de femmes à ses côtés. A part sa mère et ses cousines, il n'avait aucune connaissance féminine. Mais soit, on ne s'arrête pas sur un chromosome, donc après une discrète secousse de la tête, cette pensée avait disparue.

Deuxième constat : la brune avec un air sinistre avait un caractère tout à fait détestable pour Remus. Ce dernier trouvait impoli le fait de répondre ainsi à l'enseignante. C'était bref, ça insultait son cours à venir, et ça ne répondait pas à toutes les questions posées, alors qu'il y en avait peu. En quoi était-ce une présentation que de déclarer à la première prise de parole qu'on détestait le programme ? Et puis il y avait le fait que la macrophotographie lui tenait à cœur... Par contre, il haussa un sourcil en se demandant pourquoi elle fait de la photographie. Cette fille respirait tellement la joie de vivre... Comment pouvait-on être si différents et aimer la même chose ?
La personne suivante, peut importe qui c'était, serait plus agréable ! Nœuds rouges ondulants au vent, une attitude sociable...Le rouquin l'avait souvent vue dans l'enceinte de l’université : seule sa coiffure était remarquable de loin, mais d'après ce qu'il avait entendu, elle fait partie de l'équipe du journal.

Ils étaient peu nombreux : c'était rare de faire des cours à quatre. Attends, juste quatre ?!! Il y avait sûrement des retardataires ! La femme rousse reprit le déroulement de son cours, autorisant au passage son appareil qui devait paraître rustique aux yeux de certains. Il hocha la tête pour manifester sa gratitude, les yeux tout étincelants. Pour un premier cours, le professeur paraissait agréablement ouverte à toutes propositions d'amélioration. Il s'était imaginé qu'elle devait suivre un programme strict, mais pour les options, cela doit en être autrement. Le garçon était aussi du genre à ne pas rester sur une idée fixe (un chien par exemple) donc cette organisation lui convenait.

Et voilà, le moment tant attendu arriva ! « Sortez les armes » Ca y est, dans l'imagination du jeune homme, il s'imagina tel un cowboy cherchant à l'aveugle son colt dans son sac. Il empoigna fermement la poignée de l'appareil, et le sortit : un bridge datant d'il y a trois ans, avec un filtre polarisant pour obtenir des ciels contrastés et éviter les reflets. Il y avait pas une seule rayure sur son écran orientable. Tout fier de sa possession, il regarda avec une curiosité enfantine ce que les autres allaient sortir de leur sacoche.
Quand soudain, surgit de nulle part un nouvel apprenti, enfin, une nouvelle apprentie. Décidément, le destin souhaitait qu'il reste le seul garçon du cours ! Cheveux blonds, style vestimentaire à priori classique, l'inconnue bredouilla une excuse pour expliquer son retard. Pour un premier cours, c'était valable. Le jeune homme ne dit rien, car ce n'était pas à lui de parler, et regarda les membres du groupe pour essayer de deviner qui serait la première à prendre la parole. Spencer ? Il la verrait bien faire un commentaire désobligeant. Mais niet, pas un mot. Afin de briser le silence, elle fit de l'humour. Enfin c'est ce qui lui semblait, parce que son exemple le fit sourire. Par contre le mépris arrivant avec la phrase suivante l'insupporta. Comment pouvait-on atteindre le quota de 40% de gens médisants pour une option artistique ? Là encore, Remus ne dit rien, guettant éternellement la réaction des autres, mais au vue de la compagnie qui s'offrait à lui, son enthousiasme était redescendu.

Mar 13 Aoû - 14:37

Eh bien, c'était une prof conciliante capable d'accepter des critiques non constructives. Peut-être qu'elle était indulgente seulement parce que c'était son premier cours et qu'elle ne voulait pas faire mauvaise impression ? Summer espérait pour elle que c'était ça, parce que si Mademoiselle Waesly... Waeselic... Ahem, si son professeur de photographie s'excusait auprès d'une élève parce que l'élève en question n'aimait pas son cours, elle se ferait marcher sur les pieds.

La macro donc... Summer commença par chercher un endroit tranquille du coin de l'oeil, lorsqu'une blonde arriva. Manifestement, elle venait aussi pour le cours de photographie. Katherine... Une demoiselle bien intriguante, avec un petit dossier tout de même bien rempli. Summer la regarda de la tête au pied, histoire de voir ce qu'elle allait dire. Puis leva les yeux au ciel. C'était quoi son problème ? Elle était en retard et elle se permettait de jouer les jeunes effarouchées ?

« Relax Katherine, t'es pas le centre du monde... »

C'était plus un murmure pour elle-même qu'autre chose, mais si la retardataire l'avait entendu, elle ne s'excuserait pas.

Laissant tomber le reste du monde, elle trouva un coin tranquille avec un tas de petites fleurs basiques et banales et s'accroupit pour tenter de trouver le cadrage idéal, et d'ensuite faire tous les réglages nécessaires pour améliorer le plus possible la qualité de l'image. Il fallait s'appliquer et faire le maximum, même pour le premier cours. Surtout pour le premier cours.

Ven 23 Aoû - 1:57

Premier cours [Cours de photographie] 1377208933-tumblr-mrwtq32zup1r0o3jvo1-500

“ Une mauvaise photo qui rappelle vos traits vaut mieux qu'un beau paysage qui ne vous ressemble pas. ” # Pierre Dac

pictures of you

─ ☆

Il ne fallait pas se coucher à deux heures du matin après avoir ragé sur Pokémon. Mademoiselle oublia de régler son réveil. Et donc par la suite, dormir au lieu de se réveiller à sept heures, comme prévu.
Les rideaux cachaient par chance les rayons du soleil qui se prenaient une joie de réveiller le garçon manqué à chaque fois. Cette fois-ci, leur plan échoua lamentablement à cause de tissus qui barricadaient l'entrée de la fenêtre. Dommage pour eux. Néanmoins, un faible espace entre les rideaux se dessinait et un rayon en profita pour se glisser à travers et venir se poser sur le visage de l'androgyne.
Tout d'abord, un grognement. Elle se tourna de sorte à ne plus se recevoir la lumière dans la gueule et enfonça la tête sous la couette. Mais ce fut une simple pensée qui la fit bondir hors du lit. Elle se retrouva vulgairement au sol, poussant un gémissement à cause de la jambe. Se redressant à l'aide de ses bras sur le matelas, elle positionna sa jambe gauche dessus correctement et saisit ensuite son portable pour vérifier l'heure.

[8:10]

Pas le temps de prendre une douche. Elle attrapa des vêtements propres ─ un baggy rouge et t-shirt à manches longues, blanc ─ au pied de son lit et les enfila. Elle se souvint qu'aujourd'hui avait lieu le premier cours de photographie et elle ne souhaitait pas le manquer.
Enfilant de vieilles baskets, elle chopa sa veste kaki et usée qui gisait au sol puis porta son regard vers un coin de la pièce. Normalement, là, à cet emplacement BIEN précis, devait se trouver ses fidèles béquilles.

« P'tain 'sont où ?! »

Cinq minutes, après, elle retrouva ses deux amies qui se trouvèrent sous son lit, puis elle fut enfin prête à partir. Vieux sac en bandoulière autour du torse avec appareil photo, trousse et cahier à l'intérieur. Elle quitta enfin la chambre rapidement.

La porte de la chambre s'ouvrit brusquement et Sasha se précipita vers son bonnet qui était caché dans un sac avant de repartir de nouveau, fermant la porte dans un fracas.

[8:29]

Ce qu'il était dur de se déplacer rapidement avec des béquilles. L'Académie, le vrai parcours du combattant pour la russe. Escaliers, couloirs, personnes... Elle parvint à sortir de l'établissement, haletant légèrement, puis se dirigea vers les jardins avec les dernières forces qui lui restaient.
Manquant de se casser la gueule à cause de l'herbe mouillée, énervée par le chant mélodieux des oiseaux, elle commença à être en pétard et gare à celui qui l'énerverait. Un bon coup de béquille, bien placé dans la mâchoire, ça peut faire mal.
Elle aperçut plus loin un groupe de gens et s'approcha. Elle regarda brièvement les élèves présents puis porta son attention sur la prof.

« 'Xcusez moi d'mon r'tard, j'ne r'trouvai plus mes béquilles. J'suis Sasha et p'voilà. », dit-elle avec son bel accent russe.

Elle poussa un long soupire et posa son sac à ses pieds, avant de s'asseoir et récupérer des forces, se moquant des éventuelles regards qu'on lui portait.

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