L'obscurité de la nuit gagne peu à peu la ville. Des pas d'hommes pressés résonnent sur le bitume, la mine renfrognée et cachée sous le long manteau noir qu'ils portaient. « Putain magne-toi, on est en retard. » S'échappe un grognement du deuxième individu pour toute réponse. Le trajet se fait en silence, ponctué par quelques soupirs de lassitude. Finalement, ils arrivent à destination et s'arrête, toisant l'établissement avec un drôle de regard.

« Un bar ? C'est vraiment ici ?

- Apparemment. Bon, j'me les caille moi, donc si tu veux rester planter là comme un couillon, c'est ton choix. »

Le dénommé « couillon » ignora son interlocuteur et entra à son tour. Il jeta un rapide coup d'oeil circulaire dans la salle pour trouver leur homme. Les lumières éclairaient faiblement le bar, rendant tout discernement difficile et des effluves de clopes et de bières lui remontaient aux narines, le rendant nauséeux. « Putain George, qu'est-ce qu'on fait là.. - Ta gueule, on pourrait t'entendre. Bon, sors vite le matos qu'on en finisse rapidement, j'l'ai trouvé. Regarde par-là. » Il suivit son regard et aperçut un jeune homme accoudé au bar, à la dégaine plutôt particulière. Ils s'approchèrent de celui-ci, et le saluèrent de façon hésitante. Il se retourna lentement, le regard las.

« Mh ?

- Nous sommes là pour l'interview. »

Il ne répondit pas, posa simplement son verre en se redressant pour faire face aux deux individus. « Ouais.. bon, euh.. George, la caméra. » Il n'attendit pas une seconde de plus pour sortir celle-ci de son étui et faire tous les réglages et modifications qu'il fallait. Cela dura quelques minutes, pendant ce temps-là, le présentateur se passa un coup de peigne et arrangea sa tenue tandis que l'autre, s'alluma une cigarette.

« Ok, tout est bon. Arthur ?

- Impecc.

- Bon.. 3.. 2.. »

Le présentateur redressa le dos, releva le menton. « 1. C'est parti. » Un sourire artificiel s'imprégna sur son visage qui quant à lui, était rayonnant. « Bonjour, vous êtes sur la channel 9 et nous sommes en présence d'un célèbre artiste qui a récemment fait la une de l'actualité musicale par son choix qui en a étonné plus d'un. Nous aussi nous nous sommes posés la question « Mais pourquoi ? » et c'est aujourd'hui que nous allons en connaître la réponse. Mais avant, présentons un peu notre guest. » Il adressa un regard vers celui-ci, attendant une réponse de sa part. L'homme prit une longue taffe et adressa un regard désabusé vers la caméra. « Il n'est pas très bavard, haha.. Mh, eh bien, comment en êtes vous arrivé à là ? Comment s'est développé cette passion pour la musique ? » Il recracha sa fumée et l'écrasa contre le cendrier. « La mélancolie. »

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Il est tard dans la nuit et le paysage défile bien trop vite pour y voir quoi que ce soit. Les esprits sont embrumés, les paroles se perdent, tout n'est que basse euphorie. On rit, on plaisante, on passe une bonne soirée entre famille. Le père sort d'un concert particulièrement réussi, la mère est fière, le gamin est en admiration devant son paternel. Les parents parlent en termes musicaux, s'échangent des anecdotes. L'enfant écoute de la musique, calme. Mais ça ne dure pas, rien ne dure éternellement. Tout se passe en une fraction de seconde ; le temps de cligner des yeux que la voiture en percute une autre. Et là, c'est le drame. Ça dérape, ça se retourne. Des cris de terreur sont poussés, des pleurs. Le gosse ne comprend rien ; personne n'y comprend quelque chose. Le père est inconscient, le visage en sang, la mère essaye de se dégager, mais un bout de métal s'est planté dans son abdomen. Elle murmure des choses, elle dit à son fils de tenir bon, elle lui dit qu'ils s'en sortiraient tous. Les victimes de l'autre bagnole eux, sont sûrement dans le même état. Mais un parvient à s'extirper avec seulement quelques blessures artificielles, et appelle les flics. Puis, en attendant qu'ils arrivent, le mec sauve le petit. Du moins, il tente. Il essaye de le sortir de là sans aggraver son cas, mais un morceau de verre s'est enfoncé dans son épaule, sûrement un morceau venu du pare-brise, qui avait volé en éclats. Du sang, du sang partout. Du rouge, il n'y avait que du rouge. Et le temps que les pompiers arrivent, ses parents étaient déjà morts. Il le savait.

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Sa réponse avait décontenancé l’intervieweur. Mais il n'avait pas fini. « Ils sont morts, je suis toujours vivant. Aujourd'hui, cette mélancolie ne me quitte pas et laissera pour toujours une cicatrice béante. » Il avait enfin quelque chose sur laquelle rebondir. Ayant tout de même étudié un peu l'histoire du jeune homme, il savait de quoi il parlait. « Vos parents étaient tous les deux de très grands artistes, leur disparition avait fait grand bruit à cette époque, et maintenant, c'est à votre tour de faire grand bruit dans le milieu musical à votre manière. » L'artiste en question eut un rictus, la réponse du présentateur lui laissant un goût amer. « Et par la suite, qu'êtes-vous devenu ? » Il prit le temps de sortir une autre cigarette, pour l'allumer et en tirer une grande bouffée. « Je suis devenu Hurricane Kane Wolf. »

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Les premiers riffs commencent, la basse gronde, la batterie impose son rythme. Le chanteur apparaît sous le spot qui s'éclaire. Un jeune homme de seize ans s'élance sur la scène, micro en main et guitare à l'épaule. Ses cheveux longs cachent à moitié son visage, visage sur lequel apparaît une mine blafarde et crevée. Son t-shirt arbore un vieux groupe punk, alors que son jean troué fait s'entrechoquer les plusieurs chaînes attachées à celui-ci, créant un son aigu et particulier. Les premières paroles sortent alors de ses lèvres, déclenchant une réaction d'hystérie chez les jeunes filles présentes dans la salle. Pourtant, quelque chose lui déplaît. Tout n'est pas parfait, rien n'est parfait. Il lâche le micro qui lors de sa chute, émet un bruit strident qui fait taire toute la foule, ainsi que les membres du groupe qui s'arrêtent également de jouer. Le brun se retourne et les observe, le regard noir. Il entreprend de faire de grands tours sur l'estrade, de jauger les autres musiciens, pendant de longues secondes. Il s'arrête finalement devant le batteur, et donna violemment un grand coup de pied dans la grosse caisse. Avant que le batteur ne puisse protester, il prit sa guitare en main qu'il balança sur l'instrument. Il en récupéra par la suite quelques morceaux de ce qu'il en restait pour le balancer sur le public avant de prendre cette fois-ci le pied et de le fracasser sur la gueule du bassiste. Il quitta finalement la scène, le regard empli de rage.

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« [...] et c'est comme ça que je me suis fait viré de la plus grande institut de musique d'Amérique. J'avais beau être le plus talentueux, avec les meilleurs résultats, l’obsession que je vous à la perfection à conduit à ma déchéance. - Mais alors, comment avez-vous réussi à devenir le leader d'un des plus grands groupes de rock de votre génération, c'est-à-dire, des White Devil ? » L'homme laissa apparaître un léger sourire du coin des lèvres. « Simple. Un producteur vint me voir le lendemain de cette journée, pour me proposer un contrat. Mon attitude lui avait sûrement plu, il avait peut-être reconnu en moi un peu de mon paternel. Il me laissa deux ans pour monter mon groupe et créer un album, tout en trouvant les talents.. ou plutôt les cons qui m'accompagneraient. »  Ah, on était enfin arrivés à la question pertinente que tout le monde se posait depuis l'accident. « Alors pourquoi avoir fait ça, si vous êtes le créateur du groupe, celui qui en a donné l'essence même ? Vous avez travaillé deux ans sur le groupe, pour avoir tout foutu en l'air alors que vous étiez à l'apogée de votre carrière ? » L'homme regarda avec mépris le présentateur et tapa du poing sur la table, écrasant par la même occasion son mégot. « Ce n'était en rien l'apogée, mais plutôt la déchéance. »

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C'était le concert le plus important de l'année. Les membres du groupe étaient sous tension, en plus d'avoir accumulé la fatigue de la tournée. Sauf pour le leader, Hurricane, poussant à l'extrême les aptitudes de ses membres. Il fallait pourtant détendre l'atmosphère, après quatre années intensives de tournée. L'alcool et la drogue étaient devenus une routine indispensable. Ils ne s'en cachait même plus, allant même jusqu'à en consommer devant les VIPs, ceux qui avaient acheté ou gagné un ticket qui en plus de leur permettre d'assister au concert pouvaient passer dans les coulisses et les loges des White Devil pendant un certain temps avant la prestation.

Ce soir-là, en plus des habituels fans, il y avait une fille qui attira l'attention du leader. De par son attitude détachée, elle semblait être ailleurs, à se foutre de tout et encore plus de lui, auquel elle n'accorda aucune attention, portant plus d'intérêt pour les murs blancs de la loge. C'est de cette manière qu'il en arriva au point de se ramener devant elle, chaise dans une main, bouteille et verres dans l'autre. Il déposa la chaise et s'assit juste en face d'elle, plaçant le contenu de son autre main sur la table qui les séparait. « T'es là pour boire ou regarder les murs ? » La jeune fille sortit de sa contemplation et posa un regard légèrement méprisant sur le chanteur. Elle continua dans son mutisme, mais prit la bouteille et se servit un verre, pour toute réponse. Il se servit à son tour un verre, et décochant par la même occasion : « Tu me rappelles mon père, toujours muet avant un concert. » Il marqua sa phrase d'une longue pause avant de reprendre : « Tu ne sembles pas être une fan, ni même savoir qui je suis. Cela me plaît, tu ne me vois pas comme une idole, mais simplement comme une personne. Alors dis-moi, tu veux quoi, toi ? Les autres s'acharnent à vouloir un autographe ou n'importe quel contact avec moi, mais toi qui n'en à rien à foutre, restons humains, tu veux quoi ? » Elle se réinstalle sur sa chaise et sort un paquet de clopes, dans lequel elle en choppe une, avant de poser le paquet sur la table. Elle le toise longuement, le regard plongé dans le sien.

« Il me semble que tu partages la même mélancolie. Et effective--

- La seule chose que je partage avec les gens, c'est un peu de chaleur. »

A cette réponse, la brune rit légèrement. « Alors veux-tu partager un peu de chaleur humaine avec moi ? » Il se leva, l'agrippa par le bras, et la forçant à se lever à son tour, pour l'entraîner dans les backstages sans prévenir personne, ni même les membres de son groupe. Arrivé à destination, il défit d'un geste rapide et précis sa ceinture et poussa la fille contre une barre de soutien pour lui attacher les poignets par la suite. S'ensuivit des baisers à l'arracher, des caresses brutes et des touchers bestiaux. Finissant leur petit jeu interminable dans une baise endiablée, finalement interrompue par l'appel au micro d'un des membres du groupe souhaitant la présence d'Hurricane sur scène. « Merde, putain. Ca fait déjà aussi longtemps ? » Le leader se rhabilla donc en vitesse et prestement, la laissant ainsi attachée, en laissant tout de même comme dernière parole : « Reviens me voir à la fin du concert, si tu veux finir ça. »

Il monta sur scène, où il vit que les autres membres du groupe étaient déjà prêts et semblait l'attendre depuis déjà bien longtemps. « Putain, qu'est-ce que tu foutais ? - Apprends à passer tes accords avant de l'ouvrir, connard. » Il passa devant lui sans lui accorder un regard et agrippa sa guitare, prenant place devant son micro. Il fit signe à l'ingénieur son qu'il était prêt, fixant droit devant lui, à travers le voile le séparant du public. Le voile finit par tomber et le concert commença. Le début se passa à la perfection, cependant, après quelques morceaux joués, les fausses notes apparurent et il ne put le supporter une fois de plus. Il passa une première fois devant les membres de son groupe, le regard rempli de mépris mais cela ne s'arrangea pas, alors il préféra tout cesser et tout foutre en l'air de nouveau. Il quitta la scène en sautant sur la foule, se frayant un chemin vers la sortie, bousculant et frappant toute personne le retenant, ou essayant de le faire. Une fois à la sortie, il s'arrêta, se tournant vers la scène et le public et déclara haut et fort : « Je dissous le groupe White Devil. A partir de ce moment-là, vous n'existez plus bande d'amateurs. »  Levant fièrement son majeur adressé à tout ce ramassis de couillons, il disparut  ensuite en passant la porte.

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« La popularité ne m'intéresse pas, je ne joue pas pour le plaisir ni pour la renommée, mais pour la chose la plus basique qui soit, la musique en elle-même. Mes parents étaient de parfaits musiciens, je ne peux à mon tour ne pas être parfait. » Le présentateur retint un éclat de rire qui agaça Hurricane une fois encore. « Et maintenant, vous allez faire quoi ? Aucun musicien ne voudra plus jamais jouer avec vous après un coup pareil. Votre perfection vous a mené à la fin de votre carrière. » Il prit son verre dans la main et le tendit vers le cameraman et annonça fièrement : « Je veux prendre du temps pour moi, pour me perfectionner encore plus et dans l'année qui arrive, ou la prochaine, je trouverai sûrement un job dans une école ou autre, pour apprendre à des petits merdeux comment devenir une idole en juste quelques années tout en étant parfait. » Il éclata de rire et lança son verre sur la caméra du type, avant de porter un coup au présentateur. L'appareil endommagé, on ne pouvait plus qu'entendre le micro du journaliste, et aux bruits perçus, on devina facilement les coups portés à celui-ci. Quelques minutes plus tard, le silence se fit et une dernière phrase se fit entendre : « Bonsoir. Je suis Hurricane K. Wolf et je suis un parfait connard. »

La transmission se termina ainsi.  

XX Imprévisible XX Misanthrope XX Impétueux XX Aucune notion du bien et du mal XX Sauvage XX Méprisant XX Boderline XX Meneur XX Autodestructeur XX Dépravé XX

XX Mesure 189 cm. XX Pèse 78 Kg. XX D'une carrure moyenne mais dispose d'une bonne musculature. XX Les traits du visage et du corps fins et marqués. XX Pilosité faciale.  XX Brun. XX Yeux verts. XX Habits rock et sombres. Porte des Doc Martens. XX Porte une chevalière en argent et une gourmette sur la main gauche. XX Multiples cicatrices sur le corps, particulièrement une grande sur l'épaule gauche suite à son accident.