La prochaine fois, je sème des cailloux blancs. | [Prudence Vang & Nao (CdS)]

La Congrégation organise un voyage en Amérique. Oui, en Amérique. Quand j'en ai entendu parler, mes yeux se sont illuminés. Un peu. Pas trop, quand même, mais voilà. J'étais heureux qu'on nous convie même nous, créannes nouvellement arrivées à la Congré, au voyage. (J'imagine que Renzo a aidé de ce côté-là. Quelque chose comme "Mais vous en faites pas, Nao, il a peur de son ombre ! Et si jamais il fait du mal à un humain, on pourra le désintégrer facile !"… Pas que ce soit très dérangeant en soit, après tout, je fais partie du voyage grâce à ça, mais… Voilà. Bref. On ne va rien dire.)

Première fois dans un avion. Première fois que je quitte le continent Eurasien. J'avais des picotements dans le ventre et suis resté collé au hublot pendant tout le décollage. On est allé tellement haut, tellement plus haut… Enfin bref. Tout ça pour dire que, pour un premier voyage, j'étais content de ne pas avoir été enfermé dans la soute à bagages.

En arrivant, on nous a un peu expliqué le principe - pas de pouvoirs, vous logerez ici, faites pas de bêtises, les créannes si vous faites chier vous on pourra vous mettre dans une urne funéraire, la routine habituelle. Quand on a eu un peu quartier libre, j'ai essayé de me trouver un coin tranquille. Évidemment, je n'en ai pas trouvé. Et je n'ai pas non plus retrouvé le groupe avec qui je me trouvais. Forcément. Et même pas le droit de se transformer en chouette, ici. C'est génial… Finalement, le voyage n'était peut-être pas une si bonne idée.

Malgré tout, j'essaie de profiter de la vue. Me balade un peu n'importe où, évite les coins avec des types trop tordus. Ils me font flipper. J'essaie de pas trop le montrer, même si mon visage doit probablement puer le stress à dix kilomètres. Petit Nao dans un endroit plein d'humains. Génial…

Je traverse un jardin, passe dans les allées bordées de fleurs et essaie de me concentrer sur le paysage. Mes pas me guident jusqu'à une cascade, dont le clapotis se répercute tout autour de nous. Je me plante devant, sans bouger, mains dans les poches de mon sweat trop large. Puis je soupire, essaie de repérer quelqu'un qui a l'air un peu commode dans le lot des gens autour. M'approche d'une femme d'environ trente ans. Doucement, je l'interpelle après avoir ressorti mes mains de mes poches, dans un anglais qui n'est pas dénué d'un léger accent :

- Euh, salut ? Excuse-moi, tu sais par où je peux aller pour retourner au niveau des stands des portes ouvertes ? J'ai perdu les gens de mon groupe, et je crois qu'ils avaient dit qu'on devait se rejoindre par-là…

Un sourire, un peu embarrassé. Politesse, Nao. T'es un humain normal, n'oublies pas.