Des palmiers, du sable et des hommes en sueur ♥ [Zachary Amendola & Tyarisse (CdS)]

«Rencontre du troisième type»

Où on remarque que la vie elle-même défie toute logique.

Un jour quelqu’un a dit : «Il faut souffrir pour être beau.»
Qu’il aille se faire enculer.

Parce que c’est pas vrai que je vais passer ma vie à suer comme un imbécile parce que j’ai cinq kilos en trop. Ils sortent d’où, de toute façon, ces cinq foutus kilos? Parce qu’avec tout le sport que je fais, j’devrais être en déficit de poids et pas l’inverse. À la rigueur, ils sont bien là où ils sont. Ça ne me fait même pas un ventre. Si c’était pas des tests de santé qu’on doit passer aux deux semaines, personne aurait remarqué. Puis, pourquoi je suis le seul qui, enveloppé de la tête aux pieds, doit suer jusqu’à mariner dans mon propre jus? So much for team spirit. Alors ça me fait chier, déjà qu’on crève dehors, et pour me consoler, j’retourne bouffer comme un porc. J’suis pris dans un cercle vicieux, une boucle sans fin. Mais ça, personne ne veut le comprendre. Je suis une victime et je n’ai aucune ressource pour m’aider, voilà.

Sauf que là, le pire est fait et que je peux passer à autre chose. Ah oui, la bonne blague. On est quoi, en milieu d’après-midi? Sauf que le programme est tellement exigeant que je peine à rester de bout, même que faire un pas devant l’autre semble être une aventure. Instant décisif, on passe sur la balance. Bon, ça va. L’entraînement à lui seul m’a fait perdre un kilo. Un hamburger ne serait pas de trop, non? Enfin, faut déjà que je me rende à la douche sans me répandre au sol. Et là, un instant de répit. Personne qui vient me faire chier, pas même l’ombre d’un être vivant. Pas besoin de supporter Hector. Ce sera une douche longue et chaude, un fast food bien mérité et une bonne sieste. Pour la suite, il faut bien vivre l’instant présent, non?

Y’a un genre d’événement apparemment à Volfoni. Des étudiants venant d’on ne sait pas trop où, sûrement une campagne perdue dans un coin de merde qu’on sort de leur cambrousse pour leur montrer le monde. Bref, encore un truc de merde où on doit se forcer à faire ami-ami avec des gens dont la gueule ne nous revient pas. Sauf que c’est pas ça la vraie vie. Ils vont sûrement bien s’entendre avec les hippies et les autres dégénérés dans le genre. Enfin bon, je dis ça, mais j’ai aucune idée d’où ils viennent et je tiens pas trop à le savoir non plus. On nous a proposé de leur faire visiter le complexe sportif et c’est presque sans malaise que l’équipe au complet a refusé en bloc. Je les comprends, dans un sens. On a pas que du bénévolat à faire, nous. Un peu plus et on chante tous des chansons main dans la main autour du feu. Tsk.

Bon, c’est plaisant et tout, une douche, mais un double cheeseburger, ce l’est encore plus. Je sors de la douche et retourne vers les vestiaires, serviette à l’épaule à défaut de l’avoir ailleurs. De toute façon y’a personne.
Sauf qu’en fait non.

On m’a toujours fait remarquer que j’étais doué pour de faire des liens de cause à effet. Dans ce cas précis, avoir le pénis à l’air face à une fille n’était pas une idée des plus ingénieuses. En l’espace d’une seconde, me voilà protégé de toute accusation de harcèlement sexuel. Même si dans les faits, ce devrait être l’inverse. Enfin, faut pas chercher à faire de sens du système de justice aux États-Unis. Sauf que là y’a une fille qui se change dans le vestiaire des hommes et faute d’éveiller plusieurs scénarios hypothétiques, je m’en tiens à la réalité.

«Yo, what the fuck. Qu’est-ce que tu fous ici? C’est le vestiaire des hommes.»

J’ai du mal à réaliser ce que je viens de dire, tellement c’est surréaliste. Dans quel contexte, autre que celui-là, je devrais préciser qu’il s’agit du vestiaire des hommes? À moins d’être dans un film d’ados et encore là, ils le savent généralement très bien. Mais elle est peut-être handicapée et c’est pas de sa faute. Ce qui serait dommage, parce que malgré le malaise généralisé, elle semble assez désirable. Du moment qu’elle parte. Je me recule, caché par un mur et sort uniquement la tête pour regarder.

«J’te suggère de faire vite avant que quelqu’un d’autre entre et que je doive encore me justifier là-dessus.»

Le comble de l’ironie, c’était que c’était déjà arrivé.