Angel Reeves

Angel est une tomboy : quand vous la voyez pour la première fois, difficile de deviner qu’il s’agit d’une fille. Elle a un visage qui , bien que fin, pourrait tout aussi bien être celui d’un garçon, et sur lequel on ne verra jamais la moindre trace de maquillage. Ses cheveux  sont coupés mi-longs, mais en permanence attachés en queue de cheval – encore que même lâchés, on continue d’avoir de sérieux doutes sur son véritable sexe. Elle n’a pas de poitrine apparente, car elle porte un chest blinder pour ne pas être gênée quand elle court. Ses vêtements sont neutres ou clairement masculins, le plus souvent des tenues sports, et des muscles sont finement dessinés sur ses bras et sur ses jambes. En somme, elle n'a rien qui soit particulièrement féminin. Pas même son prénom, mixte, ou sa voix, légèrement grave.  Bien sûr, si elle faisait quelques efforts, elle pourrait tout à fait ressembler à une fille, mais cette ambiguïté l’amuse follement et elle préfère en jouer. Elle ne détrompe jamais tous ceux qui s’adressent à elle au masculin.

Sa mère antillaise lui a léguée une peau mâte, qui brunit aisément au soleil.  Ses cheveux étaient à l’origine d’un châtain sombre, mais elle les a teints en blond foncé il y a quelques mois après avoir perdu un pari. Au final, ça lui va étrangement bien, alors elle a choisit de les garder ainsi. Ses yeux sont verts, ce qui peut sembler peu courant quand on a une peau comme la sienne malgré le fait que cela ne soit pas si rare en Martinique, ce qui fait que les gens lui demandent souvent si elle porte des lentilles.

Elle mesure un mètre soixante-quinze, ce qui est assez grand pour une fille, mais la fait souvent passer pour un minus auprès des autres sportifs avec qui elle traine.  

Angel est une vraie pile électrique. Elle est incapable de tenir en place plus de trois secondes, ce qui lui pose quelques problèmes quand elle doit rester assise pendant des heures en classe. Ses résultats scolaires ne sont d’ailleurs pas particulièrement bon à cause de son manque de concentration, mais peu lui importe : ce qu’elle aime, ce ne sont pas les études, c’est le sport. Courir lui donne la sensation de s’envoler. Elle a besoin de toujours être active, toujours en mouvement.  Malgré que le base-ball ne soit pas son sport de prédilection – elle déplore toujours l’absence de cursus d’athlétisme - elle se donne complètement à fond dans chaque entrainement, afin d’être parmi les meilleurs. Cela ne vient pas tant d’une volonté de surpasser les autres que d’une volonté de se surpasser soi. Elle possède un moral d’acier et ne recule devant rien : aucun adversaire, aucune difficulté, aucune défaite. Et pas uniquement dans le domaine du sport.

De nature extravertie, elle n’hésite pas à aller à la rencontre de parfaits inconnus et n’a jamais eut de difficulté pour se lier d’amitié avec les autres. Angel, c’est quelqu’un qui a toujours la pêche et de l’énergie à revendre. Elle a tendance à faire de grands mouvements pour accompagner la moindre de ses paroles, semble perpétuellement joyeuse et de bonne humeur, et s’enthousiasme facilement pour un rien ; son  côté surexcité  peut parfois se révéler fatiguant pour ceux qui n’y sont pas habitués. Elle n’est pas vraiment très futée, ni très perspicace, et n’aime pas se compliquer la tête.  Plutôt impulsive, elle est du genre à agir d’abord, puis réfléchir ensuite.  

Une autre chose à savoir, c’est qu’Angel est particulièrement fière de ses origines. Si elle est capable de rire – ou même de faire – des blagues racistes par autodérision, elle ne tolèrera ce genre de choses que quand il s’agira de second degré avéré, et certainement pas de la part de tout le monde. Si quelqu’un ose faire une remarque déplacée, son sang ne fera qu’un tour et elle ne le laissera certainement pas passer ça. Et quand elle a une dent contre quelqu’un, elle n’hésite pas à le lui faire sentir.

Angel est née à Brooklyn, d’un père américain et d’une mère française : elle parle donc couramment les deux langues, ainsi que le créole martiniquais, en raison des nombreuses vacances qu’elle a passé là-bas. Il est apparu très tôt que c’était une enfant turbulente, et dès son entrée en maternelle, à l’âge de trois ans, elle fut diagnostiqué en tant qu’hyperactive. L’école était pour elle une véritable torture : incapable de faire preuve d’attention, elle se levait constamment de sa chaise, avec ce besoin incontrôlé d’être en mouvement, de courir et de sauter dans toutes les directions. Rapidement, on conseilla à ses parents de lui faire faire du sport pour évacuer ce trop-plein d’énergie. Ils commencèrent donc par l’inscrire dans des cours de gymnastique, ce qui réussit à la canaliser quelque peu, bien qu’elle resta par moment assez instable. Quand elle entra à l’école élémentaire, elle eut l’âge de prendre un traitement médical contre l’hyperactivité, ce qui soulagea considérablement son père et sa mère. Mais elle ne cessa pas le sport pour autant. Au contraire, même, car elle demanda bientôt à essayer toutes sortes de disciplines.  A six ans, elle fit du basket-ball ; à sept ans, de la natation et du tennis ; à huit ans, du football ; à neuf et dix ans, du karaté ; à onze ans, du taekwondo…on aurait dit qu’elle souhaitait tout essayer, tout connaitre. Elle adorait dépenser toute son énergie dans un sport, et bien qu’elle s’exclamait à tout va que celui qu’elle pratiquait sur le moment était le meilleur du monde, elle n’en changeait pas moins chaque année, non pas par lassitude mais par l’irrépressible curiosité d’en découvrir un autre.

Déjà à cette époque, il s’agissait d’un garçon manqué. Elle trainait très peu avec les autres filles, incapable de comprendre ce qu’il y avait d’amusant dans le fait de jouer avec une poupée. Elle préférait rester avec les garçons, qui ne la voyaient d’ailleurs que rarement comme une fille, peut-être en raison de ses cheveux toujours coupés courts et ses vêtements souvent masculins. Sa mère essaya bien de lui faire porter des robes, des jupes, et des couleurs dites féminines comme le rose, mais elle ne les supportait pas et passé l’âge de sept ans, se mit à systématiquement refuser ce genre de choses. Sa mère finit donc par abandonner, et s’habitua à ce que les gens qui ne les connaissaient pas lui disent qu’elle avait un « charmant petit garçon ».

C’est en entrant au collège qu’Angel découvrit l’athlétisme, et elle en tomba irrémédiablement amoureuse.  La course de vitesse lui offrait des sensations grisantes auxquelles elle devint bien rapidement accro. Elle cherchait toujours à se dépasser, à aller plus loin que ce qu’on lui demandait. Courir lui donnait un sentiment de plénitude tel qu’elle n’en avait jamais connu. Cette nouvelle passion ne l’empêcha pas bien sûr d’essayer de nouveaux sports, comme à son habitude ; au collège, elle intégra les clubs de tir à l’arc et de baseball, respectivement pendant un an et deux ans. Mais elle n’arrêta jamais l’athlétisme, qu’elle pratiquait en club et dans lequel elle se donnait à fond.
Après une compétition régionale où elle termina à la première place,  son entraineur lui proposa de lui donner sa recommandation pour entrer dans un lycée sportif prestigieux. Évidemment, elle sauta sur l’occasion. Elle rêvait de faire carrière dans sa discipline, et quand bien même cela impliquait de partir en internat loin de ses parents et de son petit frère, c’était une opportunité bien trop belle pour qu’elle passe à côté.  Étrangement, alors qu’elle s’attendait à une confrontation houleuse, sa famille ne s’y opposa pas . Sa mère lui souhaita bon courage, son père lui assura qu’il n’avait jamais vu d’autre avenir pour elle, et même si son frère pleura au moment de son départ, il voyait déjà sa sœur sur les plus grands podiums.    

C’est ainsi qu’Angel partit dans un lycée d’un tout autre niveau, où l’entrainement était bien plus intensif que ce qu’elle avait toujours connu. Malgré la pression imposée, elle s’y consacra entièrement et parvint à se hisser parmi les meilleures sprinteuses de l’établissement. Elle participa même à des championnats nationaux où, bien qu’elle n’atteint jamais la première place, elle se classa toujours de façon honorable. C’est aussi  dans cette école qu’elle rencontra son actuelle meilleure amie, en la personne d’une de ses rivales d’athlétisme: Nanaho, une asiatique d’origine japonaise avec qui elle est sortie pendant plus d’un an. Leur histoire avait été simple et heureuse, et même après leur séparation, elles étaient restées proches.

Mais son séjour dans l’établissement prit stupidement fin deux ans plus tard, lorsqu’elle surprit quelqu’un en train d’insulter Nanaho dans son dos. Ce type était à vomir. L’asiatique avait battu ce gars au cent mètre quelques jours plus tôt, et incapable de supporter de s’être fait ridiculisé par une fille,  il se vengeait en rependant d’ignobles rumeurs sur elle. Le sang d’Angel n'avait fait qu’un tour en l'apprenant et quand, enragée, elle lui avait demandé de retirer ce qu’il avait dit, il avait prit un air méprisant avant de faire ce qu'il n'aurait jamais du faire : sortir une remarque lesbophobe.

Angel, peu connue pour sa capacité à se contrôler, lui cassa trois dents.

Manque de chance, ce salopard était le fils du directeur. La jeune fille se fit virer de l’établissement, et dû chercher un autre lycée pour poursuivre sa terminale. Evidemment, les portes de nombre d’entre eux lui étaient désormais fermés. Alors qu’elle désespérait à l’idée de se retrouver dans un lycée de seconde zone, un de ses désormais ex-professeurs réussit à la mettre en contact avec une académie récemment installée en Floride qui proposait des cursus sportifs et qui acceptait les dossiers difficiles. L’inconvénient majeur était qu’ils ne proposaient pas d’athlétisme, mais au point où elle en était, Angel n’avait de toute manière plus le choix. C’était toujours mieux qu’un lycée classique où elle se savait incapable de tenir plus de quelques semaines. Et puis, ce ne serait que l’histoire d’un an. Elle saurait se contenter de baseball, un sport qu’elle appréciait de toute manière particulièrement et qu’elle n’avait arrêté qu’en entrant au lycée, faute de temps à lui consacrer.

C’est ainsi qu’essayant  tant bien que mal de mettre de côté son amertume, Angel rejoint l’académie Volfoni, bien décidée à s’illustrer dans sa nouvelle discipline.