Pour un moment Girly [R. Lavi Tettsui & Justin R. O'Brian]

Pour un moment Girly

Ce matin : grosse flemme. J'avais passé mes deux heures d'anatomie à dormir à moitié mais surtout à rêvasser. Après avoir passé en revu les tailles potentielles de soutien-gorge de mes camarades, je me suis mis, sans vraiment savoir comment, à imaginer ce que serait ma vie si j'étais une demoiselle.
 
Déjà, une chose est sûre : je ne ferais pas de surf. La danse aurait peut être plus été mon dada, voir la mode. Deux choix s'offraient à moi, au vue de mon caractère : j'aurai soit été une pouf, soit une lolita. Je me vois plutôt bien en jolie robe à froufrou, coiffé de deux belles couettes frisées. De toute façon j'aurai été sexy, la nature a voulu ça, on y peut rien. Un jour peut être je découvrirais mon côté féminin, m'enfin pas aujourd'hui c'est sûr.
 
C'était ce que je pensais jusqu'au cours d'après, moment magique de la journée où on nous a annoncé : Pas de cours de psycho aujourd'hui, prof malade. Oh joie intense, court instant de liberté ! Alors que mes petits amis de classe prévoyaient leur programme, je décidais d'en profiter pour aller me reposer, m'enfin m'affaler comme un caca et prendre le soleil tel un lézard quoi.
 
Déambulant dans les couloirs, je passais devant la salle de théâtre : vide. Un air fourbe se dessinait sur mon visage alors qu'une idée, très honteuse, me vint à l'esprit. Me glissant discrètement dans la pièce, je me dirigeais vers les costumes féminins où je me dégotais une petit robe verte très fine d'été en mousseline. La longueur était à peut près au dessus des genoux,  les manches très courtes et une petit col en v. Vraiment très mignonne pour un costume de théâtre, surtout qu'elle semblait correspondre à ma morphologie.
 

Spoiler:

 
M'enfonçant un peu plus dans les trésors de la salle, je trouvais à présent des perruques pour hommes et femmes. Du blond, du châtain, du rose, du bleu et là ! Du roux ! Fantastique petite merveille bouclée s'arrêtant à la poitrine avec, en guise de frange, une mèche sur le côté très fine. Maintenant il me fallait des chaussures, mais ma grande pointure handicaperait fortement mes recherches. Heureusement pour ma pomme, le théâtre c'est aussi des hommes qui jouent des femmes, après un bon quart d'heure de recherche je tombais finalement sur la seule paire de chaussures à ma taille : des petites chaussures à talon d'environ 5cm type sweet lolita blanche. Du bruit se fit entendre dans les escaliers du couloir, j'empoignais donc mes précieuses trouvaille avec une boite de nécessaire à maquillage et sortie prestement de la pièce.
 
Arrivé dans ma chambre, je vérifiais que personne ne m'ait suivit avant de fermer la porte avec toutes les précautions possible. Déposant mes biens sur le lit, je repartais en direction des sanitaires. Assisté de mon rasoir à barbe, je rasais mes petites jambes musclées, parce qu'avec une robe les poils ça le fait pas. Après avoir manqué de me couper plusieurs fois, j'appliquais l'une de mes nombreuses crèmes de beauté sur mes jambes pour les rendre douces comme des fesses de bébés.
-Oui bah j'ai des tendances métro sexuelles ! Merde hein !-. De retour dans la chambre avec les même précautions que la première fois, j'étais fin pret. Justin ne devrait pas rentrer avant perpète, j'attendais personne donc j'avais le champs libre. Ce qui dans ma langue voulait dire :
 
 
Chose promise, chose due. Je sortais mon cd de sous mon lit pour l'insérer dans le lecteur et baver sur la voix fabuleuse de cette chanteuse si sexy à la classe incroyable. -Même un homme à ses côtés girly...-. J'allumais quelques bougies disposées dans la chambre. La transformation pouvait commencer !
 
Assis devant mon grand miroir de princesse argenté près de mon lit, je commençais à me maquiller. Du fond de teint clair pour une allure de poupée, un fin trait de eye-liner sur la paupière pour approfondir le regard, du mascara qui allonge les cils et un rouge à lèvre pêche rosée à effet naturel. Pour l'instant je ressemblais plus à un vieux travelo mais je désespérais pas. On juge pas avant la fin ! Un petit détail me frappa soudain... il me fallait de la poitrine. Me précipitant sur mes valises, je retournais tout à la recherche de soutifs de mes anciennes conquêtes que j'aurais gardé. Un petit 90B se présenta à moi.
 
 
Je l'enfilais sans plus rechigner que ça avant de le bourrer de chaussettes, mouchoirs et tout autres rembourrages qui me tombaient sous la main. Je passais ensuite la robe d'été avec ses petites chaussures. Miroir, mon beau miroir disait que j'étais déjà très mignonne. Il fallait maintenant parfaire le costume avec la perruque. Prenant mes barrettes dans ma boite à beauté pour accrocher mes mèches rebelles, je positionnais après coup la perruque frisée sur mon joli petit crâne.
 
Sur "You belong with me" de Taylor Swift, je me dirigeais vers mon miroir avec une incroyable envie de pleurer.
 
 
J'ai bien dût m'extasier comme ça pendant une dizaine de minutes. Le temps qui suivit, je le passais à chanter devant mon miroir en prenant des pauses très suggestives, parfois même à la limite de l'obscénité... même pas honte d'abord.

J'étais, pour ainsi dire, complètement à fond dans mon délire quand une petite voix me fit pousser une cris de surprise. Mon premier reflexe, aller savoir pourquoi, fut d'agripper mon opulente poitrine factice. Bon sang ! Une nana venait d'entrée. Tenant la porte du bungalow dans sa main elle bredouillait des choses, qu'avec la musique, je ne comprenais pas. Mon sang ne fit qu'un tour tandis que je coupais le sifflet de Taylor Swift. Un tas de questions me submergeait alors l'esprit.
 
 
Mon visage troquait son air surprit par celui d'un vainqueur lorsque je compris, à ses mots, qu'elle ne m'avait pas reconnu. En plus c'était qui cette gonzesse ? Non mais on entre pas dans la chambre des gens comme ça ! La demoiselle était plutôt mignonne alors excusable, je décidais de faire ami(e ?) amie avec elle. Peut être même plus si affinités, serait-ce là ma première expérience lesbienne ? Prenant une voix des plus efféminée, je tentais de me glisser dans la peau d'une fille pour formuler une réponse acceptable. Ayant bien entendu lâcher mes obus de chaussettes et de mouchoirs.
 
 
Je remettais le bas de ma robe en place discrètement pour que mes cuisses musclées ne me trahissent pas. La mission d'aujourd'hui c'était de mettre en application tout ce que je savais sur les nanas. Listant dans ma tête toutes les choses débiles que je les avais vue faire, je m'avançais vers la belle inconnu. Attention à ne pas faire de faux pas ! Un pied devant l'autre avec grâce en affichant un sourire de mannequin, après tout fallait que je reste la plus belle.
 
 
Moment de solitude, j'hésitais à donner mon premier prénom. Peut de gens savaient que je m'appelais "Reby Lavi Tettsui", mais un prénom aux mêmes sonorités que "Lavi" ça semblerait bizarre. Il me fallait un nom d'emprunt... ma dernière conquête s'appelait Amber et personne n'en avait entendu parlé pour cause de femme mariée. C'était le bon plan !
 
 
Sans vraiment lui laisser le temps de répondre j'enchainais avec la suite de ma phrase. Beaucoup trop de questions me venait à l'esprit sur cette fille inconnue au bataillon. Si elle était de l'école, elle figurerait dans mon tableau de chasse, or je l'avais jamais vu !
 
 
Après coup, peut être que j'avais été trop bavard et que ça faisait suspect. Comment ça se comporte une fille ? J'en avais connu un paquet, mais généralement, je les écoutais que quand elles criaient mon nom. La prochaine fois je ferais plus attention à ce qu'elles racontent.