Quatre.
Comme le nombre de glaçons dans ton whisky ; les bleus sur ta hanche.

Quatre.
Le nombre de messages que tu lui as laissés ; les fois où tu t'es dit que tu le haïssais.

Quatre.
C'est le nombre de semaines passées depuis qu'il t'as quittée ; les fois où t'as pensé brûler son appart.

Putain de loque que t'es devenue Alecto, avec ton regard vide et ta bouche pâteuse. Ça ne dure qu'une nuit et tu recommences la suivante, le maquillage, le café et les antidépresseurs te servent de masques durant la journée.
Le parangon de l'épave brisée qui ne cherche même pas à recoller les morceaux. T'es lâche, pitoyable s'il en est. T'arrives pas à sortir la tête de l'eau et voilà de le résultat. Tu te laisses flotter, rejette la faute sur les autres. Lui, eux, tout le monde. Bande de rats, bandes de minables. T'as la haine qui te tord les tripes et menace de faire remonter la bile dans ta gorge, pour la leur cracher au visage. Mais le plus pitoyable dans tout ça, c'est surement qu'au fond, au-delà de la désillusion et du déni, c'est toi que tu hais à ce point-là. T'as peur de ce que tu ressens, alors tu fuis. T'as pas le courage d'affronter ça. Parce que ce n'est pas logique, et ton cerveau ne comprend pas. La fuite, par contre, c'est tellement plus rassurant. Plus facile.

Trois.
Le nombre de bières dans le frigo ; les verres vides sur ton bureau.

Trois.
Comme lorsqu'il disait je t'aime parce qu'un seul n'était pas suffisant.

Trois.
Tout juste le nombre d'heures que tu dors par nuit ; et ces rendez-vous importants que tu as manqué.

C'est pas glorieux, reprend toi. Tu ruines ta vie, tu ruines ta cervelle. Et sans elle, tu n'es plus rien. Toute ta valeur, elle est dans ta tête, et si on t'enlève ça, t'es juste bonne à jeter. C'est trop con, n'est-ce pas ? Le pire dans tout ça, c'est que tu le sais. Tu le sais et trop bien. Ça t'effraie, comme tout le reste, même si tu ne le montres pas. Trop fière, hein. Mais c'est une pente glissante, et t'as l'esprit trop embué pour la remonter. Ou c'est juste que tu ne veux pas, butée et bornée que t'es. C'est destructeur, la dépendance. Et pas juste aux cachets ou l'alcool, toi et moi on le sait très bien. Lui. La pire des drogues, de l'héroïne sans les aiguilles et sans issue. T'aurais besoin d'un psy, tu le sais, n'est-ce pas ?

Deux.
Ce sont les cachets qui te restent ; le nombre de haut-le cœurs ces dernières minutes.

Deux.
Le nombre de personnes qu'il devrait y avoir dans ton lit ; sous ta douche.

Deux.
Tu vois double et ça te fait rire.

T'as des diplômes à la pelle, un doctorat brillant ; une thèse acclamée et un QI qui dépasse la plupart des surdoués de ta génération, et des précédentes. Un génie, oui. Un génie dérangé et incompris, un génie qui se mène à sa propre perte. L'abysse s'ouvre à tes pieds, et tu comptes t'y jeter sans réfléchir. Te rends-tu compte de ce que tu gâches, de ce que tu risques ? D'une voix assurée, tu répondrais que tu sais ce que tu fais, que t'as tout prévu, les risques ont été évalués. Trop sure de toi, et vois le résultat. Te jeter dans ta passion vaudrait mieux que dans la boisson, non ? Noie toi dans la physique, ne deviens pas alcoolique. Ce n'est pas trop tard, après tout. Si ?

Un.
Le nombre de clopes qu'il te reste.

Un.
Il n'y a que toi dans ta tête ; je ne suis que ta conscience.

Un.
On a qu'une vie, arrête de la gâcher.

Elle est meilleure que vous, Alecto. Qui que vous soyez. Elle sera toujours la plus intelligente, la plus fabuleuse, la plus merveilleuse qui soit. Parce que depuis son enfance, on lui a bourré le crâne de conneries du genre, et ce dès le moment où l’on a découvert ses impressionnantes capacités cognitives. Autant dire qu’elle était prédestinée à être ainsi une fois adulte.

Parfaitement conscience de son intelligence au-dessus de la moyenne, et donc de la plupart des gens l’entourant, elle a bien vite développé une attitude aussi condescendante que hautaine avec autrui. N’éprouvant aucun remords à se montrer désagréable, son dédain s’affichera sans la moindre gêne face à votre médiocrité, qu’elle n’hésitera pas à appuyer de quelques commentaires bien sentis, langue de vipère bien affutée. Autant le dire, elle n’a que très peu de considération pour les gens sans éducation, les idiots et la plupart des personnes qui ne sont pas comme elle. Oui, l’ignorance la rebute grandement, et elle n’a aucune mal à l’exprimer clairement.
Ainsi, on la juge souvent comme étant mal élevée, impolie et pire encore. Ce n’est pas faux, sans être totalement vrai. Simplement, depuis toujours, on lui a répété sans cesse qu’elle était meilleure que les autres, plus intelligente et avait plus de valeur. Pas de quoi être étonné du résultat actuel. Mademoiselle Onassis traite le commun des mortels avec autant de respect qu’elle le ferait avec la vermine, à laquelle elle se plait à comparer les gens qui l’entourent. Hautaine et méprisante au possible, il est très difficile d’entrer dans ses bonnes grâces, oh oui.

Elle a la réplique facile et les mots plutôt durs, en général. Oh non, pas du genre à tempérer sa verve, les insultes fusent facilement, bien qu’elle préfère les insinuations moqueuses et teintées de sarcasmes. Et ses colères sont bien souvent houleuses, le ton se haussant très vite et les objets se retrouvant lancés contre les murs. Parce qu'autant le dire toute de suite, elle en devient presque violente, un brin destructive, s'en prenant à tout ce qui lui passe sous la main. Et qu'importe qu'on la pense bonne à enfermer. Elle se rit du monde et se pense invincible, tellement supérieure.

Mais au fond, elle n’est qu’une idiote vivant en pleine désillusion.

Abandonnée du jour au lendemain par une des rares personnes qu’elle n’ait jamais tolérée, son monde s’est rapidement effondré. Longtemps, elle n’a été que rancœur et haine à son égard, le maudissant d’être partit si vite et de l’avoir laissée seule. Puis elle a fini par agir comme si de rien était, feignant l’insouciance et imposant ses distances. S’affichant désagréable au possible, plus encore qu’avant, jouant un peu trop, au point de risque de se bruler les doigts, avant de finalement s’enfuir.

Il y a ça, mais aussi cette putain d’addiction dont elle n’est pas capable de se défaire. Pas les tatouages, non, même si la douleur est si douce, pendant quelques instants. Ni même ces cochonneries ultra sucrées dont elle aime se bourrer, ni cette foutue clope, oh non. Prescrits pour quelques temps par son médecin, inquiet de la voir au plus bas, elle n’a jamais lâché les antidépresseurs. Non, elle continue encore de se prendre ces saloperies, dans l’espoir de se sentir mieux. Elle pense que ça marche, mais ça la tue plus qu’autre chose, au final.

Malgré tout, elle a quelques bons côtés, la grecque. Taquine, elle se laisse trop souvent prendre au jeu, et déteste l’admettre. Il en faut d’un rien pour titiller sa fierté trop exacerbée, et la voilà qui tente désespérément d’être au sommet du classement, de vous battre sur votre propre terrain. Puis, elle n’est pas si mauvaise, si on met de côté son attitude hautaine, son humour déplacé et quelques autres détails. Il peut même lui arriver d’avoir une conversation presque cordiale sur bien des sujets, parce qu’elle aime exposer ses connaissances et alimenter sa curiosité, et ce même si jamais rien de dépassera son amour pour la physique.
Séductrice à ses heures, elle sait se faire féline et presque charmante, parfois câline même. Cela dit, elle a aussi tendance à rapidement filer entre les doigts des intéressés, ne voyant aucune honte à planter là un potentiel amant, juste pour le plaisir de lui faire ressentir la frustration. Puis de toute façon, l’engagement n’est plus pour elle, plus jamais. Et même les relations d’un soir la rebutent de plus en plus. Parce qu’elle s’accroche trop facilement, malgré tout le mépris qu’elle puisse exprimer, il en faut parfois de peu pour qu’elle se fasse avoir. Alors elle préfère se faire solitaire et froide, jouant juste un peu pour se donner envie, avant de faire demi-tour.

Alecto, elle s’aime et vous méprise. Elle vous crache dessus avec le sourire, et ce sans jamais ressentir le besoin de s’en excuser.

Si l’on se fie aux clichés et aux idées préconçues, elle n’a pas vraiment l’apparence du petit génie en physique, Alecto. Classée rapidement du côté des personnes de grande taille avec son mètre soixante-dix-sept, elle n’a pas vraiment une carrure très imposante, voire même pas du tout. Svelte, ou son le dire, maigre, elle n’est pourtant nullement malade. Oh non, en parfaite santé, physiquement parlant en tout cas.
Ainsi, il ne faut pas s’étonner de voir ses poignets si fins ou encore ses clavicules se faire saillantes, de même pour ses doigts ou encore les os de son bassin ressortir un peu plus que chez d'autres. Ça n’a rien d’anormal chez elle, loin de là, même si cela peut surprendre, la première fois qu'on le découvre. Et ses courbes sont en accord avec la finesse de sa silhouette ; présentes mais plutôt modestes, et ce que l'on parle de sa poitrine ou encore du galbe de ses fesses.

La scientifique possède une chevelure noire raide et plutôt fine, la rendant incroyablement compliquée à garder attachée ou dépourvue de nœud. Et comme la demoiselle se plait à la garder long, il n’est pas rare de l’entendre râler et jurer lorsque le moment de se coiffer est venu.
Concernant son minois, on note assez rapidement un nez pourvu d’une légère bosse jamais rectifiée, des lèvres plutôt fines des pommettes peu marquées, et surtout, une paire de prunelles vert d'eau pailletées d'or, une teinte tirant vers le noisette plutôt jolie.

Concernant son habillement, elle se plait dans les couleurs sombres, quoi qu'au final, il lui arrive très souvent d'ajouter quelques touches de couleurs ça et là pour relever le noir omniprésent de ses tenues. Que ce soit des jupes, robes ou pantalons, elle porte de toute, très souvent près du corps et accentuant la finesse de ce dernier. Difficile de la classer dans un style particulier, d’ailleurs. Il s’agit du sien, un peu chaotique parfois, un point c’est tout. Oh, et n’oublions évidemment pas les talons vertigineux sur lesquels elle aime se percher. Rien de mieux pour regarder les autres de haut.
Bijoux font également partie intégrante de son allure de tous les jours. Un grand nombre de bagues fines occupent ses doigts, ainsi que divers bracelets autour de ses poignets. Oui, la jeune femme voue une certaine affection à l’excès, pour sûr.

Et parler de son physique ne serait pas complet si l’on ne mentionnait pas son amour pour les tatouages. Il faut dire qu’il y a pas mal d’encre parcourant son épiderme claire, et il est parfois difficile de les manquer. Les plus anciens sont ceux présents sur ses pieds. Un squelette de tyrannosaure sur le côté extérieur du gauche et une rose très classique sur le dessus du droit. Le début d’une addiction, le début d’un étrange besoin. Vient ensuite celui situé sur sa cuisse gauche et se terminant sous le genou, représentant une illustration anatomique des muscles de ladite cuisse. Assez original et souvent jugé étrange pas ceux qui l’ont vu. Et ce n’est pas tout. Ses mains elles aussi sont couvertes d’encre. L’une prenant l’air de celle d’un zombie stylisé, et l’autre, la droite, n’arbore que quelques symboles sans grande significations sur les phalanges. Le poignet droit est également porteur d’une rose semblable à celle sur son pied, un peu plus décorées cependant. Et le dernier, mais pas des moindres, se situe sur son dos. Rappelant celui de sa cuisse, il s’agit là encore une fois d’une illustration anatomique représentant muscles et ossatures, chaque partie soigneusement annotée, le tout en couleur. Un travail aussi coûteux que conséquent.
Et à cela s'ajoutent quelques piercings, rapidement listés cependant. Plusieurs aux oreilles, trois alignés sur la nuque ; un plutôt discret au creux de la poitrine, un à chaque téton, ainsi qu'un au septum. Et peut-être d'autres prévus dans un futur proche.

Autant le dire, Alecto n’a pas vraiment un physique passe partout, loin de là. Que ce soit son corps ou les tatouages ornant ce dernier, ça n’a rien de très banal. Et c’est là tout l’intérêt de la chose. Ne pas être comme tout le monde. Quel ennui que la banalité.

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