Badaboum ! [Malwina Zeit & Heather Jewel]

Rouler à 150 en ville, c' est quand même fun !
Mais on peut finir à l' hôpital. Et aux USA, c' est CHER d' être blessé. Comme si avoir un accident ne suffisait pas à passer une sale journée.

Mais au moins, il y a des gens prêts à apporter à manger sans qu' on ait à se lever.
C' est déjà ça.
SI C' EST BIEN.

Mais déjà, comment Malwina a-t' elle finie à l' hôpital ? C' est bien simple. Elle roulait tranquillement en ville, quand tout à coup, une décapotable rouge s' est retrouvée sur son chemin. Pas le temps de voir qui conduisait, Malwina a directement volé hors de sa voiture pour s' écraser sur un platane (shadok ?)... Fort heureusement, son bras gauche a subit la plupart des dégâts, qui a maintenant plusieurs fractures... Mais rien de plus grave. Enfin à part une voiture en fort mauvais état, mais quand on a une carte de fidélité pour la garage, c' est pas trop grave !

Mais le hasard faisant bien les choses, elle partageait sa chambre d' hôpital avec la personne qu' elle avait percuté, la belle Heather Jewel. Sans savoir que c' était avec elle qu' elle avait eu son accident (). On dirait un pitch de film français, tiens !

- Euh... Comment vous êtes arrivée ici, vous ?

Je manque de glisser mais réussis à me redresser à la dernière seconde, continuant à courir sans regarder derrière pour vérifier s’il me suit encore. J’étais censée sortir pour aller me promener tranquillement et profiter du soleil de la Floride mais évidemment il faut que je me retrouve à courir, poursuivit par un gars qui sort de je ne sais où. Je ne le connais même pas ! Encore quelqu’un qui a dû me reconnaître. Pas facile d’être Miss Texas même si de loin on croit que c’est la belle vie ; essaie de courir en short et escarpins toi, j’aimerai bien t’y voir. Je lance mon gobelet de café quand je passe près d’une poubelle à tout vitesse et retient un air satisfait quand je marque le panier : les basketteurs de Volfoni seraient fiers de moi. Sauf qu’aujourd’hui devait être un jour de pause, c’est-à-dire faire les magasins avec des amis, virée au cinéma puis finir au Mac Do. C’est pas si compliqué, si ? Non.  Moi qui étais trop fatiguée pour sortir faire un jogging ce matin, il faut croire que j’ai ma dose sur le coup, je suis bien partie pour une semaine de grasse matinée après ça.

Je pousse un long soupire puis m’arrête finalement, regardant autour de moi et priant pour trouver ma voiture. Je ne sais plus où je l’ai garé… Je ne tarde pas à voir mon bijoux et je cours vers elle avec un large sourire, heureuse de pouvoir à nouveau m’asseoir sur le siège conducteur. Je suis déjà en retard pour le rendez-vous avec les autres, génial. Bon, de toute façon les festivités ne commencerons pas sans moi et mes amis ne bougeront pas temps que je ne serai pas sur place alors ils peuvent bien attendre encore un peu, ça en vaut bien la peine vu que finalement ils m’auront pour l’après-midi. Je sors mon portable de ma poche et le fait tournoyé entre mes doigts, appelant Megan pour lui dire que je risque d’avoir du retard. Mon amie ne pose pas de questions et réponds par un rapide « oui » avant de raccrocher. Elle doit être habituée, je ne suis pas souvent ponctuelle.

Je passe mes mains dans mes cheveux, essayant de réfléchir calmement : il faut que je me dépêche pour éviter de rater la séance de cinéma. J’ai moins d’une demi-heure. Si je roule assez vite et que je ne perds pas de temps, je pourrais y être facile. Avec un peu de chance il n’y aura pas trop de voitures sur la route ! Je tiens à mon permis quand même, je n’ai pas envie de le perdre alors bien que je sois pressée, je vais éviter de tuer quelqu’un. Je pousse un long soupire de désespoir puis hausse les épaules, au pire on remplacera le cinéma par la plage. Je fais craquer ma nuque puis démarre, quittant le parking.

Chantonnant le dernier single de Bruno Mars, j’en oublie quasiment la circulation. C’est seulement quand je vois une voiture arriver de ma droite à une vitesse folle que je me souviens d’un détail : je suis en train de conduire. Je klaxonne et freine tout à coup pour arrêter ma voiture et essayer d’éviter celle qui arrive face à moi. Le cœur battant à toute allure, je pousse un gémissement de douleur quand ma voiture me répond et s’arrête sur place, mon corps est poussé vers l’avant et je me frappe la tête contre le volant. Je ferme les yeux sur le coup de la douleur puis trou noir pour ce qui semble être quelques secondes.

Je ne tarde pas à ouvrir les yeux et je redresse lentement la tête, me demandant si je suis morte. Je cligne des yeux plusieurs fois de suite et me pince le bras pour vérifier si je suis toujours vivante mais vu la douleur qui s’en suit, j’ai ma réponse. Dieu merci je suis vivante… Il faudra que je pense à retourner à l’Eglise pour ça. Non je déconne.  Je pose mes doigts sur ma lèvre supérieure quand je sens un goût métallique sur ma langue et grimace quand je réalise que c’est du sang. Je me suis blessée la lèvre, aussi. Bilan des dégâts : lèvre qui saigne, esprit embrumé et douleur au torse et heureusement encore vivante. Quant à ma voiture, on verra plus tard. Ca aurait pu être pire. Il n’y a qu’une seule chose qui cloche : où est la personne que j’ai percutée ?

Je me mets à tousser et pose ma main sur mes lèvres pour éviter de cracher du sang. Quand je reprends enfin conscience de ce qu’il se passe, je réalise que je suis quasiment au beau milieu de la route. L’accident bloque déjà toute la circulation, il vaudrait mieux que je bouge avant d’avoir des problèmes. Je remets le contact et reprends la route, réfléchissant à toute vitesse : je ne sais pas qui était dans la voiture qui m’a percuté et j’ai encore moins eu le temps de voir la matricule, le temps que je reprenne conscience elle avait déjà disparu. Mais si la personne qui conduisait est aussi mal au point que moi, il n’y a qu’un seul endroit où elle peut-être : l’hôpital. Changeant de trajectoire et oubliant complètement mes amis, je fais demi-tour, rejoignant le bâtiment en quelques minutes. Avec un peu de chance les médecins ou infirmières pourront me dire s’ils ont admis quelqu’un qui a été victime d’un accident de voiture.

Quand je pénètre dans l’hôpital, on ne me laisse pas le temps de demander, une femme habillée en blanc et sans aucun doute une infirmière pousse un cri en me voyant et coure vers moi. Malgré mes protestations, elle me tire de force dans l’une des chambres et me fait asseoir sur un lit, m’ordonnant de ne pas bouger le temps qu’elle revienne avec le matériel nécessaire pour me soigner. Est-ce que je suis si amochée que ça ? Je me laisse tomber sur le lit aux draps blancs, comme tout le reste d’ailleurs, et ferme les yeux pour essayer d’éviter la migraine qui commence. Une fois que je me serai débarrassée de l’infirmière je pourrai aller voir si la personne que j’ai percutée est là. Là pour le moment, il vaut mieux que je me soigne.

Je rouvre les yeux quand j’entends une voix féminine et tourne la tête sur le côté, remarquant que je ne suis pas seule dans la chambre. Je prends quelques secondes avant de répondre à sa question, la détaillant des pieds à la tête. Elle est jolie. Beaux yeux marron. Par contre elle a pas l’air en pleine forme, suffit de voir son bras. Qu’est-ce qui lui est arrivée? Je lui donne pas plus de 17 ans.

▬ Accident de voiture. Je faisais pas attention à la route et l'autre abruti(e) allait à quasiment 150km/h, en ville! Je sais même pas qui m’est rentré dedans. A la base je suis là pour chercher la personne en question mais il semblerait que mon état passe avant tout le reste.
Je grimace, provoquant une douleur qui me prend la joue. Aouch, ça fait mal…

▬Et toi? Comment t’as atterri ici?

Spoiler:

Une voix apaisante qui faisait parfaitement écho au physique de la voisine... Cela dit, elle doit quand même être mieux quand elle va bien. Pour un peu, on pourrait oublier qu' on est à l' hôpital.

- Ah, c' est pas rien...

Une fille bien élevée
En question n' se remet
- Moi

Merci public.

Enfin plutôt, Malwina avait un petit doute, mais trouvait gênant de demander des précisions. Beaucoup plus que de dormir en cours, évidemment. De toutes façons, se disait-elle, si son interlocutrice avait fait tout ce chemin pour chercher le conducteur mystère, c' était sûrement pas pour lui offrir des pâquerettes, des coeurs en fimo, des t-shirts One Direction, et toutes ces choses que les jeunes femmes et les grandes filles de notre beau monde adorent.
En plus, elle était peut-être coupable aux yeux de la loi. Elle ne connaissait absolument pas les règles américaines concernant les priorités. Enfin, elle avait bien essayé d' apprendre le code de la route, elle avait même acheté un bouquin, mais s' était endormie rapidement... En lisant le titre en fait.

- Pareil. J' ai pas vu grand chose, et je me suis retrouvée dans l' arbre en face... Enfin au moins je suis pas morte. Mais je mettrai peut-être ma ceinture la prochaine fois...

Je me demande quand même comment une fille qui ne connait pas le code et n' utilise pas de ceinture de sécurité a EU UN PERMIS. A moins qu' en fait elle ne l' ait même pas, et que le garage Hartwood accepte de s' occuper de son cas à l' oeil. Rien n' est impossible...

- Scheisse...

Dit Malwina en passant sa main valide sur sa poche.

- Mon téléphone a dû tomber...

Ils sont durs ces lits. Une minute de silence pour ceux qui ont des problèmes de dos. Même Malwina ne pourrait pas dormir là-dessus... Autant tailler une bavette en attendant.

- Et vous, vous avez encore vos affaires, euh... Comment au fait ?

Je ne peux cacher mon air surpris quand j’entends sa réponse à ma question. Grand un ; elle aussi a été victime d’un accident de voiture. Alors soit cette ville est maudite, soit les fournisseurs de permis doivent revoir leurs tests parce que c’est du grand n’importe quoi. Grand deux : elle ne portait pas sa ceinture. Comment est-ce qu’on peut conduire sans sa ceinture ? Encore heureux que j’ai l’habitude de mettre la mienne sinon j’aurai sans aucun doute fini en miette et morte. Je me demande ce que ça fait d’être morte d’ailleurs… Je secoue la tête pour sortir cette idée de mes pensées et me concentre à nouveau sur la jeune fille sur le lit d’à côté.  Elle s’est pris un arbre quand même. Un.Abre. Elle a vraiment eu de la chance, je plains son ange gardien ! Mon ange gardien par contre il doit avoir démissionné depuis longtemps… N’empêche qu’arbre ou pas, qu’elle idée de conduire sans son permis. C’est complètement irresponsable. Je suis mal placée pour parler de responsabilités mais quand il s’agit de la route, faut pas exagérer.

Je pose mes doigts sur mes lèvres pour toucher le sang qui a sans aucun doute sécher et frissonne sous le coup de la douleur. Si avec si peu j’ai mal, je ne veux même pas savoir à quel point son bras doit être douloureux. D’ailleurs elle fait quoi l’infirmière ? Elle attend que je tombe dans le coma ? Je n’ai pas besoin de soins de toute façon, j’ai survécu à pire. A vraiment pire. C’est pas deux ou trois égratignures qui vont me tuer. Dieu merci mon haut n’est pas taché, j’adore ce chemisier et j’aurai sans aucun doute péter un câble s’il se révélait que j’avais malencontreusement laissé tomber une goutte de sang.  Je remarque qu’elle glisse sa main dans sa poche pour chercher quelque chose qui s’avère être son portable par la suite. Je crois que j’aurai facilement fait une crise de panique si j’avais perdu mon portable, je ne peux pas m’en passer, on statut et ma vie sociale en dépendent.

Je devrai quitter la pièce pour aller à la recherche de la personne que j’ai percutée mais sur le coup, j’ai l’impression que mes muscles sont du béton. Trop d’événements en trop peu de temps, je vais m’accorder une pause sinon je vais m’écouler dès que je vais poser pieds à terre et j’aimerai éviter de passer la nuit ici. Je pose mes mains sur les poches de mon jean pour chercher mon portable que je ne tarde pas à retrouver. Je me penche sur le côté avec un sourire, le tendant à la jeune fille près de moi. Moi qui n’ai jamais eu de problèmes à sourire, cette fois il me faut une force surhumaine, ma lèvre m’en faire voir de toutes les couleurs, c’est vraiment douloureux.

▬Si tu veux passer un appel, j’ai toujours mon portable, au cas où.
Je le pose sur le matelas entre nous deux et me redresse, faisant craquer ma nuque. Je garde les yeux fermés en répondant à sa question.

▬J’avais ma ceinture donc je n’ai pas traversé le pare-brise quand j’ai freiné. Mes affaires sont intactes mais je ne peux pas en dire pareil de ma voiture. L’assurance s’en chargera de toute façon. Toi par contre, tu m’expliques pourquoi tu ne portais pas ta ceinture ? Tu aurais pu te faire tuer !

Je lève les sourcils, l’interrogeant du regard. Je ne cherche absolument pas à lui faire la morale mais imaginer qu’une personne comme elle puisse mourir à cause d’une bêtise comme ça, c’est presque révoltant. D’ailleurs, je suis tellement inquiète de son état que j’en oublie les bonnes manières.
▬Au fait, moi c’est Heather. Heather Jewel. Je suis navrée qu’on se rencontre de cette façon mais au moins ça sort de l’ordinaire, dis-je en ne pouvant retenir un gloussement.

Ca m’arrive vraiment qu’à moi ce genre de chose. C’est décidé : si l’infirmière ne revient pas très vite, c’est moi qui vais m’occuper de son bras. Ca ne doit pas être si difficile de mettre un bandage autour d’un bras. Et puis je parie que je serai pas mal en infirmière.

Malwina répondit au sourire. C' était pas très visible, il fallait vraiment y prêter attention pour le remarquer, mais ça avait le mériter d' exister.

- Ça ira. C' est comme ça que je parle à ma famille, mais j' ai pas non plus besoin de leur envoyer des nouvelles tout le temps... Tu peux le reprendre.

De son côté aussi, Malwina pensait à la mort. Si on essayait de la joindre à maintes reprises sans succès, que se passerait-il ? On pourrait penser tout simplement que son téléphone a eu un problème, mais au bout d' un moment, ça peut devenir inquiétant. Il peut arriver n' importe quoi à n' importe qui, on peut ne jamais le savoir si on ne représente que l' autre bout de la ligne téléphonique.

La ceinture. Pourquoi ne pas l' avoir mise ? Tant qu' on ne rentre pas dans des choses trop perverses pour un forum tout public, ça peut difficilement gêner...

- J' avais juste oublié... Je peux pas penser à tout...

Malwina souffla un petit coup par le nez. Mais si, vous savez, un genre de "mini-rire". Tout le monde a déjà fait ça. Berf. Avec un petit sourire en coin. Se retrouver avec Heather, c' était plutôt bien tombé. Ça aurait pu être bien pire ! Un petit con par exemple, ou une mémé tétraplégique sourde et qui pue, comme les régimes, les chaussettes de Jordan et le poireau de Miku, périmé sans nul doute depuis pas mal de temps.
En tout cas, sa bonne humeur doit être contagieuse, comme la grippe, à ceci près que c' est moins grippal. On devrait renommer cette fille Thérapie Jewel.

- Malwina. Zeit.

Un silence de courte durée.

- Hé...

Un autre silence. Malwina cherchait comment tourner ce qu' elle voulait dire. Elle avait lancé le "hé" un peu trop tôt, mais ça ne faisait rien.

- Mmh... J' ai plongé en plein sur un arbre... C' est la American way of dive. Même si je suis pas américaine.

Héhéhé. ~

- En tout cas, si on a eu nos accidents toutes les deux, désolée. ~

Sur le ton de la plaisanterie, évidemment. Malwina commença a rouler sur le côté pour faire face à Jewel. Mais le retour à la réalité est parfois dur. Se tourner, ça appuie sur le bras, et.. Muvaise idée. Malwina serra les dents en inspirant sèchement mais discrètement, et se remit sur le dos.

Ca arrive d’oublier des choses, non ? Evidemment que si, ça arrive. Tu peux, par exemple, oublier d’enlever tes chaussettes avant d’entrer sous la douche. Tu peux oublier de téléphoner chez toi pour l’anniversaire de ta mère. Tu peux oublier de prendre ta pilule…Je déconseille le dernier exemple, fortement. Ce sont des choses qui arrivent, c’est humain, c’est tout à fait normal mais de là à en oublier de mettre sa ceinture quand on est au volant, ça va loin. Si seulement elle savait toutes les choses auxquelles je dois penser… Néanmoins, ceinture ou pas, il y a quand même quelqu’un qui lui est rentré dedans. Les conséquences seraient sans aucun doute moins graves si elle avait pensé à mettre sa ceinture mais ce qui est fait est fait et elle est à présent sur un lit d’hôpital. Je n’ai aucune idée du fautif dans l’accident mais il est clair que si on vient à apprendre qu’elle conduisait sans ceinture, elle va avoir des problèmes. Mais ça restera entre nous, je sais que je parle beaucoup mais je sais garder un secret quand il le faut.

Quand elle esquisse un sourire avant de se présenter, le mien s’élargit. Elle est encore plus adorable quand elle sourit. Elle est très mignonne. Je suis heureuse d’être à l’origine de ce sourire. Son prénom me plaît, beaucoup. C’est original, ça sonne bien, je ne l’ai jamais entendu mais il lui va bien. Je trouve qu’il lui correspond. Je reste silencieuse pendant plusieurs minutes, préférant lui laisser le temps de s’exprimer. Après un accident de voiture s’ensuit souvent un choc et des fois ça peut sembler difficile de mettre des mots sur ce qu’il s’est passé alors je ne veux pas la brusquer. Je ne tarde pas à apprendre une nouvelle chose sur elle : elle n’est pas américaine. A première vue, je dirai qu’elle est allemande. Son nom sonne allemand. Je peux toujours me tromper, je ne suis pas devin.
Quand elle plaisante sur le fait que nos accidents peuvent être liés, je pouffe de rire sans pour autant éliminer cette possibilité de mon esprit. Après tout ça peut toujours être la personne qui conduisait la voiture qui venait à toute vitesse, qui sait ? Si c’est le cas, je suis presque contente que cet événement eut lieu sinon je n’aurai jamais eu le plaisir de la rencontrer.  Mais je doute que ce soit elle : pas de ceinture, excès de vitesse, elle n’aurait pas son permis si elle faisait autant d’infraction en une seule fois…Si ? Si c’est le cas, le système est foutu.

▬ J’en doute fort mais si effectivement c’est le cas, je te prie de m’excuser. J’étais plus occupée à chanter qu’à regarder la route. Je peux te dire que ça ne se reproduira plus, j’ai déjà l’impression de ressembler à un monstre d’Halloween.

Je suis sûre que j’y ressemble en plus. Avec ma lèvre gonflée, mon égratignure au front et d’autres douleurs non encore identifiée, je ne dois pas ressembler à grand-chose. Prendre mon portable pour me regarder dans l’écran est très tentant mais je préfère éviter la crise cardiaque, autant rester dans l’ignorance pour le moment, ça ne me fera aucun mal. Je penche légèrement la tête sur le côté lorsqu’elle tente de se tourner sur le côté, tentative qui n’aboutit pas vraiment à grand-chose. J’ai mal pour elle ; son bras a l’air de vraiment la faire souffrir. D’entre nous deux elle est vraiment celle qui a l’air de souffrir le plus et moi je m’inquiète pour mes petites plaies…
Je décide de quitter le lit pour me lever et m’approche de Malwina pour me placer à côté du lit où elle est allongée. Si elle veut s’asseoir, je vais l’y aider mais je ne vais pas le faire sans sa permission, il en est hors de question. En plus ces lits ont pas l’air super confortable et rester allongé ça l’est pas non plus et vu que l’infirmière a l’air d’avoir trouvé quelque chose de meilleur que de s’occuper de nous, je vais le faire, moi. Si ça se trouve elle s’est enfermée dans une salle avec un médecin pour lui faire passer des examens particuliers comme dans Grey’s Anatomy. Je secoue la tête pour oublier cette idée, maudissant intérieurement mes références culturelles.

▬ Je peux t’aider à te redresser pour te faire un bandage mais il va falloir m’aider. Si tu ne veux pas, hurle ‘non’, si je te fais mal, hurle ‘Aouch’ et si ça va…Bah si ça va tu me paies à la place de l’infirmière, écoute.

Je plaisante, évidemment. Je m’approche doucement et glisse une main entre le matelas et son dos et la seconde sur son abdomen.  

▬ Tu sais quoi ? Pendant que je t’aide, faut trouver quelque chose pour oublier la douleur. Tiens, pense à un garçon canon ! Ou à ton copain j’en sais rien… Ou à quelqu’un tout court. Imagine le avec des cheveux rouges, avec un short jaune à pois verts, une moustache à la Hitler et... Quoi que non,  oublie, mauvaise idée.

Tout en parlant, je la pousse doucement vers l’avant, faisant bien attention à ne pas la blesser encore plus qu’elle ne l’est déjà. Je comprends mieux pourquoi j’ai pas voulu faire médecin, je crois que j’aurai poussé mes patients vers la mort au lieu de les sauver… En tout cas j’espère que je ne lui fais pas mal sinon on serrait mal barré. Si ça se trouve si elle accepte que je lui fasse un bandage je vais complètement foirer… Je stress pour rien des fois.

▬ Dit moi, comment t’as réussi à avoir ton permis ? D’ailleurs, tu as quel âge ? Si ce n’est pas trop indiscret.

Autant qu’elle me parle d’elle, ça la détendra et ça me permettra de déstresser un peu. Je suis sortie pour un ciné, voilà où je me retrouve. Et franchement, c’pas plus mal.

- Un joli monstre d' Halloween, si tu veux...

Malwina laissa s' approcher son voisine.

- Tu devrais pas plutôt t' occuper de toi ?

Elle eut un petit frisson lorsque Heather passa son bras sous son dos. Néanmoins, elle se laissait manipuler, comme une grande poupée.

- Aouch !

Bon, Heather ne sera pas payée ! Si son objectif était d' être pauvre, elle avait fait un pas de plus !

- Aouch !

Malwina ria cependant de cette histoire de moustache d' Hitler. C' est drôle de rire d' une star nationale ! Si monstrueux fût-il, quand ça le concernait, elle avait plus d' auto-dérision que d' habitude.

- 16 ans. Aouch ! Mmh, pour le premisje m' étais vraiment beaucoup appliquée. Quand j' étais chez moi, mes parents pouvaient m' emmener un peu partout, mais ici, je dois me déplacer toute seule. Et puis... Aouch ! Je voulais aussi pouvoir le dire à ma copine.

Well... Heather a pas l' air du genre à se brouiller pour ce genre de chose. Ni de vouloir se foutre de la gueule des gens. Par contre, ça signifie qu' elle ne s' applique jamais sinon ?

- Et toi, euh... T' es dans la médecine ? Aouch !

Désolé pour le retard. owo

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- Ahahah ! Mais je pense que même un légiste peut avoir des surprises...

D' autant plus que c' est une fort bonne couverture pour un meurtrier. Si je devais écrire un roman policier, je pense que mon coupable serait un médecin légiste. Ou peut-être l' expert bien coiffé qui analyse toutes sortes de choses et qui est au final le seul à donner de vrais indices. Mais fort heureusement, je n' écris pas de roman policier et l' humanité m' en remercie. De rien, c' est naturel.

En tout cas, Malwina semblait apprécier l' humour idiot mais bien pensé de ce genre-là. Ça n' est pas vraiment surprenant, on la voit difficilement rire à des gags à base de tartes à la crème décaféinées sans sucre ajouté.

- Enfin bon. Bonne chance pour tes études, aouch.

Le petit sourire qu' elle était en train de faire s' effaça vite au profit d' un rictus de même envergure.
Quoi qu' il en soit, elle prit la boîte d' une seule main, tandis que pendant une poignée de secondes, elle s' amusa à déchirer quelques petits bouts du coton, avec son pouce et son index. Rien de dramatique, le truc était toujours parfaitement utilisable.

Ah, et elle bailla, aussi.

- Ok. J' aime pas trop faire des trucs pour la aouch première fois, mais j' imagine que je peux.

Pour Malwina, c' était simplement une information comme une autre. Rien de désobligeant, de culpabilisant. Si elle voulait dire "tu fais chmir, mais bon, j' ai pas trop le choix, ça va faire chauffer des cellules souches dans les chaumières où tous les chats sont gris si je refuse", elle le dirait sûrement mot pour mot. Bon, sauf peut-être pour l' expression qui ne veut vraiment rien dire du tout. Sa voix, assez faible et monotone, n' aidait pas trop non plus à refléter son intention.
A part pour le aouch, qui lui est plus vif que le reste et qui exprimait bien la douleur du moment. Il semblerait qu' amputer cette tumeur au cerveau fût douloureux.

Elle bailla encore. Et arrêta de bouger. Heather, pour peu d' y prêter attention, pouvait remarquer que ses yeux étaient fermés.
On peut quand même ce demander ce que ces lits ont de si terribles... Malwina n' a aucun problème à dormir au milieu des couloirs de l' académie, et visiblement aucun problème à dormir alors qu' elle exprime sa douleur.

Quoi qu' il en soit, Heather ne risquait pas d' être nettoyée rapidement. O rly ?

Spoiler:

▬
Je n’ai jamais aimé aller chez le médecin. Le nombre de fois où j’ai été tiré de force pour me faire soigner est presque traumatisant. Mais ce n’a jamais été ma faute, j’ai juste toujours aimé jouer avec mes frères…Inutile de préciser que les trois quarts du temps je me retrouvais avec un bleu, une plaie ou une égratignure mais je m’en fichais pas mal parce que c’était amusant. Ce qui l’était moins c’était de se faire soigner. Aller à l’hôpital avec cette horrible odeur de médicament et voir tous ces malades dix fois plus mal au point que soi-même c’est pas joli joli. C’est la principale raison pour laquelle j’évite les hôpitaux, les docteurs, et pratiquement tout ce qui porte du blanc…A quelques exceptions près. En tout cas j’évite de me retrouver dans un bâtiment comme celui-ci trop. Mais des fois il faut croire que le karma se fiche de nous. Si on m’avait dit ce matin que je serai victime d’un accident de voiture et que je me retrouverai dans un hôpital alors qu’en ce moment je devrai être avec mes amis au cinéma, je crois que je n’aurai même pas fais l’effort de sortir de mon petit lit douillé.

Et puis si je n’avais pas fait l’effort de me lever je n’aurai jamais rencontré Malwina qui d’ailleurs se débat avec le coton et les pansements pour faire l’effort de me soigner. Qu’est-ce que je suis débile, elle est à moitié handicapée vu qu’elle a un bras qu’elle ne peut pas utiliser, qu’elle idée de lui demander de me soigner ! Si ça se trouve elle n’a dit oui que par politesse. Enfin, peu importe.  Néanmoins, elle a l’air crevé. J’ai deviné grâce aux bâillements. Moi j’ai toujours l’air crevé si je sors sans anticerne, les sacs noirs sont mes yeux sont carrément signé Prada, fifty shades of grey under my eyes… Peu importe si je dors douze heures ou trois. Je prends le temps de l’observer et ne tarde pas à remarquer que ses yeux se sont fermés, comme je l’avais prévu. Pendant une longue minute, je me demande si elle dort debout ou si elle repose juste ses paupières…C’est quoi déjà la maladie qui caractérise le fait de s’endormir partout ? Ah oui, la Narcolepsie. Mais je doute fort qu’elle en soit atteinte. Si ?
Je claque des doigts devant son visage en attendant qu’elle ouvre les yeux puis soupire en souriant avant de lui prendre le coton et les pansements d’entre les doigts, les remettants à leur place initiale.

▬ Je crois que t’as plutôt besoin d’un peu de repos.

Je me débrouillerai pour me débarbouiller plus tard, elle est en plus mauvais état que moi. Je jette un coup d’œil à me montre avant de grimacer, hésitant entre quitter l’hopital ou attendre l’infirmière qui a sûrement dû avoir une crise cardiaque en route. Après quelques secondes d’hésitation, je décide de rester avec Malwina le temps que l’infirmière revienne.

▬ Tu te souviens de quelque chose à propos de ton accident ? La couleur de la voiture, la personne qui était au volant ou quelque chose ?

A la limite je pourrai toujours l’aider à trouver qui lui est rentré dedans. Ou qui elle a percuté. Si ça se trouve elle ne se rappelle de rien. Vive le choc post-mortem. Ouh, ça doit être l’hôpital qui me fait penser des mots tellement scientifique…

▬ Personnellement je peux dire au revoir à ma bagnole pour quelques jours, va falloir que je l’emmène au garage.

Je grimace avant de me laisser tomber près de Malwina, prenant une mèche de ses cheveux entre mes doigts au passage pour l’enrouler autour puis la relâche rapidement. Je veux même pas penser aux prix que vont me couter les réparations de la Mustang.