Game Over - Solo

Game Over
Solo

-Ca alors... Jiang. Si je m'attendais à te voir ici. Pourtant, on ne t'aie pas tombé dessus récemment...

La peur. Ce sentiment de danger ou de menace imminent. J'en ai assez. Je ne veux plus la ressentir. Elle me dévore peu à peu comme une flamme réduit en cendre un papier. Je recule contre le mur le plus proche. Encore. J'agis encore comme une petite chose soumise. Faible. Arrête Jiang. Putain. Bouge. Bouge de là. Essaye de t'enfuir. Cours. Allez. Bougez. Mes jambes, bougez !

J'avais hésité à y aller, à l'hôpital. Je n'étais pas sûr que c'était une bonne idée. Que Adam, Perceval, et surtout Salvatore, aient envie de me voir. Mais, je voulais me rassurer. Savoir qu'ils allaient bien. Dans combien de temps ils allaient sortir. Pour savoir quand on pourrait revoir leurs visages déambuler dans les couloirs de l'académie. J'étais surtout inquiet pour Salvatore. Andrew m'a expliqué ce qui c'est passé. Il y était. Pas moi. Heureusement. J'aurais sans doute fini dans l'ambulance avec eux. Et l'état du japonais me faisait peur. J'avais peur de lui. Mais en même temps... Je l'appréciais quand même un peu. Même si je ne le reconnaîtrais pas devant lui. De toute manière, il ne saura jamais que j'ai voulu le voir. Je ne pourrais même pas mener mon action jusqu'au bout.

Rutger. Ian. Et d'autres. Je ne connais pas leurs noms. Pourquoi apprendre le nom de son bourreau ? Je ne me vengerais pas. Je n'en aurais pas le courage. Jamais. Je me laisserais faire. Sans un mot. Encore. Et pourtant, j'aurais voulu fuir. Je savais qu'ils étaient frustrés. Que ce qui c'était passé les pesait. Et qu'ils avaient besoin de se défouler.  Ce serait pour ma pomme.

-Oh, et il se laisse faire en plus... C'est mignon.

Le premier coup. Puis le suivant. Le ventre. D'abord. Toujours. Puis les jambes. Que je tombe. Que tout soit accessible. Que tous puissent se faire plaisir. Je ferme les yeux. J'oublie. Je me perds. Je vagabonde. Je ne suis plus à quelques mètres du parking de l'hôpital. Je suis loin. Bien plus loin. Chez mes parents. A faire la cuisine. Si je ne sentais pas les larmes couler les longs de mes joues, je pourrais presque y croire. Ou alors, je coupe un oignon. Je ne sais plus. Tout se brouille. J'ai mal. Toujours plus mal. Je sens quelque chose céder. Je crie. J'ai mal comme jamais. Bien trop mal. Je tombe dans les pommes. Je m'y réfugie plutôt. C'est plus simple. C'est la solution du lâche. Mais c'est ce que je suis. J'en ai besoin. Je veux juste oublier.

Les racailles se lassent. Le petit chinois est laissé là. Pour mort. Ou pour vivant. Qu'importe ? Il ne dira rien. Ils ne risquent rien. Ils le savent. Alors qu'importe ? Quelqu'un finira bien par le trouver. Par appeler quelqu'un. L'hôpital n'est pas loin. Il y trouvera bien une chambre. On trouve toujours une chambre pour quelqu'un dans son état.

­© Datura