• Les ssegro meda ça mange des cacahuètes.  •
L'art sauvera le monde. Fiodor Dostoïevski.
• J'arrive dans la salle des portraits avec une idée bien précise en tête. Je soupire longuement, pose mon sac par terre telle une conquérante. C'est décidé, je me lance dans le défi qui est de réaliser un portrait. Enfin, vous savez, ce genre de portrait écrit méga long, et qui ne sert pas à grand chose, mais qui fait plaisir quand on vous annonce que vous avez gagné. Ce que j'aimerais assez vivre aujourd'hui, vraiment.

• J'observe quelques personnes dans la salle, et j'en fais le tour, en traînant mon sac. Il a l'habitude, il restera en vie hein. Je dois choisir un portrait, mais disons que tous les meilleurs sont déjà pris, c'est un peu beaucoup nul. Je pense en choisir un totalement random. Je reste béate devant plusieurs d'entre eux parce qu'ils sont vraiment moches quand même. Moi et l'art ça fait trente douze, et, même si en dansant je suis une artiste, je ne me sentirais pas capable de peindre une toile gigantesque. Au pire je ferais des bonhommes bâtons, mais je suis pas certaine que ça vaille bien cher. On m'avait emmenée dans un musée quand j'étais petite, et je crois que je me suis endormie debout, vraiment, c'est pas ma passion première. Mais lorsqu'il y a un concours en jeu, j'aime y participer. Et puis aujourd'hui on nous demande d'écrire, pas de dessiner. (tant mieux, j'aurais trop honte sinon)

• Je passe avec mon sac devant une toile assez grande, et je manque de rentrer dans quelqu'un. Coup de bol, je l'ai évité de justesse, j'ai retenu mon souffle, et j'ai tourné viré (presque tombée) pour le dévier. J'aurais donc évité de crier, de me recroqueviller, et de décéder. J'aimerais pas mourir avant de faire le concours, ce serait con quand même.

• Et puis je décide de décider d'un portrait au pif. Et en voilà un. Je m’assois en face, par terre. Oui, je SAIS qu'il y a des tables, mais j'aime me sentir clocharde à écrire. Ça me donne un air studieuse, et j'aime ça. Je regarde le tableau, et soupire encore plus que quand je suis arrivée ici. En plus j'ai un thème méga compliqué, c'est tellement hardcore que je préférerais manger des brocolis au nutella au petit déjeuner. Pour vous dire. J'appuie sur la mine de mon crayon, et commence à griffonner. Putain vous me croyez si je vous dit que le seul crayon que j'ai pensé à apporter ne fonctionne même pas ?

• C'est la panique. Comme dans une salle de classe un jour de devoir où bien évidemment vous demandez une feuille à tous vos voisins. Et bien ce ficello qui court dans tous les sens en demandant « UN CRAYON ? DITES VOUS AVEZ DES CRAYONS ? » c'est moi. Un critérium, un stylo bic, un feutre je m'en fiche, je veux un crayon putain ! Je crois que je passe pour une débile, mais honnêtement ce qui est le plus débile c'est d'arriver à un concours sans ses affaires, en loose D, et avoir envie de pleurer le Niagara. Une âme généreuse décide de m'en prêter un (tiens, je crois que c'est le monsieur dont j'ai failli foncer dedans, qu'il est gentil le petit grand mignon.), et je le remercie, et j'aimerais lui rouler une pelle si seulement cet acte simple ne serait pas mortel.

• Je retourne à ma place, vérifie que celui là fonctionne (ce serait encore plus con), et commence à écrire. J'espère que ça ira.

~ VIE D'UNE SSEGRO MEDA~ par Ppypo. (ce verlan merveilleux)

Je vois un and-gr bleauta vant-de oim. Un dreca leur-cou or l'toure-en, et je le vetrou ment-vrai cheum, et tetris.
Il présentere une ssegro meda, dans une geca, à l'poque-é des ques-cir des stres-mon. Les « freak show ». Elle a un gard-re en cefa d'elle, avec des meslar aux coins des yeux. Les leurs-cou sont dans les tons nes-jau et ges-rou, pour nous peller-ra le methè du quecir. On peut redi qu'en bas de la geca, on y voit des huètes-caca (pardon omg), ce qui veut redi que les tateurs-spec la nent-pren pour un nimala. Je vetrou ce bleauta à la fois tetris et en même temps blehorri, car il nous tremon ce dont les mains-hu sont pableca. Je n'meraisai pas être aussi ssegro que la meda, car je sepen que je fèrepré ster-re breli.
L'teurau a luvou nois redi que cette meda ritemé de ster-re breli, et que l'on doit la pecter-res. Je le vetrou cheum cequepar je n'aime pas les bleauta trop tetris.

J'meraisai mentvrai gnerga ce courscon trecon les tifs-spor, mais je suis soléedé pour mon tetex si diocremé. Non mais mentvrai, vous n'aviez pas un tre-au jet-su ? Bon ok c'est rrantma, mais c'est un peu pliquécon quand memê. Mais cimer quand memê.

Merci de trevo hensioncompré, lementcordia

Ppypo.


• Voilà. Non mais en vrai, c'est super dur d'écrire en verlan. J'ai jamais fait ça mais je pense m'entraîner un jour à parler toute la journée comme ça. Shawn va en avoir marre. Mais limite ça pourrait faire un deco cretse ! Et Pepper je l’appellerais Perpepp. Elle se doutera trop de rien. Je dessine un bonhomme bâton à la fin de mon texte sur la meda, et je lui fais un gros ventre pour représenter le tableau. Je pense que je ne suis vraiment pas douée pour le dessin, mais je devrais peut-être m'entraîner pour ça aussi. Comme pour la cuisine, et un peu tout le reste en fait.

• Je clique sur le crayon (C'ETAIT UN BIC.), et me relève en cherchant du regard le monsieur, comme un chien à son maître (peut-être que j'aurais le droit à un os qui sait.). Je le trouve enfin et je me rend compte qu'en fait il porte une perruque. Ce qui veut dire qu'il est chauve. Et moi j'ai peur des chauves. J'en perd le sourire et déglutis. Les chauves c'est méchant, peut-être à cause de leur perte capillaire. Je le remercie quand même parce que sans lui, le ficello que je suis n'aurait jamais pu crire-é en verlan. Peut-être que j'ai plus peur des chauves que des grosses meda en geca.

• Je retourne à mon sac, et le reprend. En me relevant je regarde encore une fois la grosse dame aux cacahuètes. Ça devait pas être cool à l'époque, je suis bien contente d'être là où je suis. Même si en cage personne ne vous touche, et c'est bien mieux ainsi.

- Aurevoir ssegro meda.

• Je crois que je devrais faire un concours de celui qui parlera le mieux en verlan et le plus longtemps. Parce que pour moi c'est quand même pliquécon.

• Je décide de refaire un petit tour de la salle, et je me dit que bordel je me suis compliquée la vie, et que mon texte ne sera jamais assez bien pour le concours. Mais wesh, allez écrire un portrait d'une grosse avec des couleurs jaunes et rouges. C'est un poil compliqué, et surtout peu inspirant. Elle aurait du jouer dans American Horror Story.

• Même si je suis triste pour elle, parce que une dame qui pleure c'est la chose la plus triste au monde.

• Sinon j'ai faim. Peut-être que je devrais rentrer et aller faire des courses. Ou aller voir le voisin pour un mac-do. Devenons tous gros. On nous mettra en cage et je pourrais manger des cacahuètes toute la journée omg.