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 Se laisser bercer | [Adriel Lespérance & Danail Dragomir]

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Il faisait chaud, ce jour-là, et Danail se délectait d’une brise aussi douce que discrète qui lui rendait les températures supportables. C’était un temps parfait pour se prélasser. Si de coutume elle aurait tout aussi bien pu décider d’étudier, un colis arrivé pour elle quelques jours auparavant l’avait amenée à changer d’avis. Elle n’avait pas pu en profiter avant, sollicitée par sa filière pour aider à la préparation des portes ouvertes.

C’était un cadeau envoyé par Katya, son amie soliste. Elles avaient décidé de garder contact quand Danail était partie pour les États-Unis, malgré la difficulté d’envoyer une lettre outre-Atlantique – sans parler du coût d’envoi pour les lettres et colis sur cette distance, point parfois problématique pour Katya qui vivait seule et n’avait pas la noblesse pour assurer ses revenus. Danail entretenait donc cette correspondance parallèlement à celle de son frère, un exercice chronophage mais plaisant. Elle aimait leur raconter comment était la Floride, leur envoyer des petites choses qu’elle trouvait mignonnes, pratiques, intéressantes, bizarres… Elle se sentait moins seule, quand elle savait qu’une lettre arrivait pour elle.

Son colis entre les mains, elle se dirigea vers un coin du parc qu’elle savait paisible. Elle portait aussi sa poupée, soigneusement calée contre sa hanche par l’un de ses bras. Un garçon chuchota quelque chose à son ami sur son passage, elle refusa d’y prêter attention même s’il était blessant de se savoir ciblée par les racontars. Elle savait que son altercation plus que violente avec une racaille avait fait le tour de l’académie en un temps record. Cela l’ennuyait plus que toutes les autres rumeurs, parce qu’elle était protégée, en quelque sorte, par quelque chose d’aussi capricieux qu’éphémère. Bientôt, tout ce beau petit monde recommencerait sans doute à lui faire des misères.

Elle s’assit là où un arbre déployait une ombre plus que bienvenue, après avoir étendu une couverture sur l’herbe pour éviter de se retrouver avec des insectes dans les cheveux. Regardant autour d’elle, elle se laissa aller à apprécier tout ce calme. Cela faisait un bien fou, après le dur labeur des derniers jours. Elle se passa une main dans les cheveux pour dégager son visage. Pour une fois, elle les avait laissés libres de tout ornement.

Sa poupée assise contre sa hanche, elle posa soigneusement le colis sur ses genoux avant de l’ouvrir. Elle procédait délicatement, de peur qu’il contienne quelque chose de fragile, et aussi parce qu’il était extrêmement inconvenant de se jeter sur le paquet comme un enfant à Noël. Elle souleva le couvercle de la boîte après avoir fait jouer les encoches et dévoila enfin ce qu’elle contenait. Une liasse de photos, une longue lettre, quelques rubans pour les cheveux et un lecteur mp3.

Elle prit d’abord la lettre, la lisant calmement. Katya lui annonçait s’être séparée de son béguin d’adolescence, avec lequel cela ne fonctionnait plus depuis un moment. Danail s’en estimait heureuse, ce garçon l’avait trompée deux fois et ne méritait pas quelqu’un qui lui pardonne comme son amie l’avait fait. Elle sourit en passant à la suite de la lettre : depuis quelques mois, Katya était en pourparlers avec une maison de d’enregistrement qui avait enfin accepté de prendre en charge ses travaux. Elle avait enregistré une reprise du Fantôme de l’Opéra telle qu’elle l’avait chantée quelques années plus tôt et c’était ce que contenait le lecteur mp3 – qui s’appelait « Reviens », bien entendu.

Elle finit de lire la lettre, regarda les photos, puis s’allongea sur la couverture, appuyée sur le flanc, pour lire le livre qu’elle avait emporté tout en écoutant le cadeau de son amie. Elle brancha ses écouteurs à l’appareil et appuya sur le petit bouton lumineux, qui dans le langage électronique signifiait « Allume-moi ça s’il te plaît ».

Ce qui la surprit tout d’abord, ce fut le changement de ton de la chanson. Alors qu’elle était très éthérée et douce dans son souvenir, cette version rappelait bien plus l’ambiance légèrement effrayante de l’œuvre originale. Elle se laissa interpeler ensuite par la voix de l’homme qui accompagnait Katya. Si elle était habituée au timbre de son amie, qu’elle trouvait très joli et très vivant, elle fut agréablement surprise qu’elle se soit trouvé un équivalent masculin. Enfin, elle se laissa charmer par les progrès de son amie. Elle-même avait terriblement peur de stagner à un niveau, de ne pouvoir aller plus haut, plus loin, plus fort, et cela lui faisait plaisir que Katya, au moins, ne connaisse pas ce mal.

Elle lisait son livre, le premier de la saga « A song of ice and fire », mais les mots ne parvenaient pas à se graver dans son esprit. Elle avait passé une mauvaise nuit, à se tourner et se retourner sans cesse, au point de presque réveiller sa colocataire. Le manque de sommeil se faisait sentir désormais. Elle ne se rendit même pas compte qu’elle fermait les yeux, se mettant à sucer son pouce pour s’endormir peu à peu, paisible. La chanson tournait en boucle dans ses écouteurs, ne parvenant qu’à la bercer de souvenirs et de rêveries futures.

Elle serrait doucement sa poupée contre elle comme on l’aurait fait d’une peluche. De coutume, une bande de racailles serait volontiers venue l’ennuyer, mais elle s’était volontairement écartée de la masse d’élèves qui prenaient le soleil pour avoir la paix, aussi s’était-elle sentie assez en sécurité pour s’endormir, malgré les bruits lointains d’adolescents qui ne pensaient qu’à s’amuser.

Spoiler:
Adriel Lespérance
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Adriel Lespérance
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Y parait qu’avec plus de soleil, notre santé mentale s’améliore en plus de notre santé physique. J’sais pas trop si c’est des conneries de Canadiens qui vivent dans la neige six mois par année et qui tombent tous malades comme des chiens au moins dix fois pendant cette période ou si c’est prouvé. J’en ai rien à chier. Je me suis juste dit qu’il fallait que je sorte un peu en attendant que les cours recommencent.

Les cours, ouais. Maintenant, plus question d’en manquer. On me surveille de près. Pas parce que je fais partie de ceux qui sont incapable d’aller à l’université sans foutre la merde partout, non. Juste parce que j’suis encore considéré comme étant un danger pour moi-même. Ouais, rien que ça. La joie, quoi. Ne pas me laisser trop seul. M’encadrer comme si j’étais un gosse un peu turbulent. Le médecin, le psychologue, le psychiatre, faut tous que j’aille les voir. Et sans faute. Faut que j’avale ces cachets chaque jour. Que je m’assure de bien manger pour reprendre tout ce poids que j’ai perdu. Ça peut être chiant, mais j’ai pas le choix. Enfin si. J’ai le choix de continuer à consommer, à sauter des repas. J’ai le choix d’oublier de prendre mes antidépresseurs. De laisser tomber l’université. Mais c’est pas ce que j’ai décidé de faire, alors je ferme ma grande gueule et je fais ce que je crois être meilleur pour moi.

Puisqu’il parait que c’est mauvais de s’enfermer, je me suis dit que je pourrais sortir et me mettre à l’ombre tranquille pendant les deux prochaines heures où j’ai absolument rien à foutre. J’aurais pu aller emmerder Jake, mais il a pas mal de travail à faire. Et c’est pas bien de s’amuser à turn on un mec qui essaie de faire son boulot. Surtout quand il vient d’être engagé. Et que sortir avec un élève peut être considéré comme étant légèrement louche.

En sortant de l’établissement, je me rappelle pourquoi je m’étais résigné à éviter de dissimuler ma cicatrice avec des manches longues. La chaleur est presque étouffante, mais à l’ombre, ça devrait aller. Je sors mon téléphone, j’enfile mes écouteurs et mets du Unexpect presque à fond dans mes oreilles. Probablement que je vais devoir avoir un appareil auditif à cinquante ans. Probablement que je m’en cogne. Ça me permet de rester dans ma bulle et d’ignorer les regards qui ont l’air encore plus pesants depuis que je suis revenu à Volfoni et que les rumeurs circulent de plus belle à propos de moi. Me lever le matin pour me rendre au campus est un effort colossal que je tente de faire malgré tout. Je n’ai plus envie d’entendre ce qu’on dit à propos de moi. Je veux me boucher les oreilles

Je dépasse assez rapidement les attroupements d’élèves bruyants pour aller plus loin. On me suit des yeux, mais sans plus. Tant mieux. Plus que jamais, j’ai besoin qu’on me fiche la paix. Je me serais bien laissé tenter par un mois de repos scolaire, mais fallait pas rêver. Maintenant, tout le monde a peur de ce qui pourrait arriver si on me laissait seul. Sans rire, qu’on me laisse tranquille et si jamais je craque à nouveau, c’est que je voulais vraiment crever et qu’on ne pouvait rien n’y faire.

Je remarque rapidement un coin qui semble particulièrement tranquille et m’y dirige. Là, je pourrai dessiner à l’ombre sans qu’on vienne me casser les couilles. C’est en évitant une dernière poignée de jeunes cons que je remarque une fille que je crois reconnaître endormie, là, sous un arbre. Je m’arrête. C’est pas la gonzesse en classique? Je la vois lorsque je squatte les cours de danse pour m’entraîner à dessiner des corps en mouvement. J’sais pas grand-chose sur elle, si ce n’est qu’on ne l’apprécie pas particulièrement et qu’on la trouve weird. Mais sérieux? S’endormir là, dans le parc, avec toutes ces enflures qui sont prêtes à faire n’importe quoi juste pour faire chier le monde entier? Je la connais pas trop, mais si je sais qu’il lui est arrivé un truc alors que je pouvais faire en sorte qu’elle l’évite, je vais me sentir merdique.

Je m’avance vers elle. Creepy, Adriel. C’est creepy. Je me dis qu’au moins, je resterai pas planté là à la regarder dormir. Je me penche et la secoue légèrement par l’épaule. Y’a une manière de faire ça sans avoir l’impression d’être un mec hyper malsain? Non? Bon. S’te plaît, au moins crie pas.
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Elle ne rêvait pas, et tant mieux. Dans cet état de faits, le sommeil lui faisait du bien. Elle ne se sentait jamais reposée après un rêve : elle avait alors besoin de bouger, de s’agiter, comme si cela pouvait faire fuir des images même pas cauchemardesques, juste assez étranges pour la mettre mal à l’aise. Rêver l’avait toujours indisposée et si c’était pour des plaintes, en général son entourage ne voulait rien entendre : elle était une jeune fille noble, et tout comme elle ne pouvait émettre de plaintes pour des menstrues douloureuses, elle ne pouvait soulever le problème de ses rêveries agitées. Ce n’était pas grave, de toute façon, et il était aisé d’apprendre le silence. Moins aisé, cela dit, par la suite, de réapprendre à communiquer.

« Hm… »

Quelque chose s’était posé sur son épaule et pressait celle-ci, comme pour tenter de la tirer du sommeil. Elle laissa échapper une petite plainte, se recroquevillant sur elle-même comme pour s’accrocher à la torpeur dans laquelle elle n’avait pas le droit de réfléchir. Un petit peu lâche, tout ceci. Lorsque la chose – la main, apparemment – se fit plus insistante, elle céda, ses yeux se rouvrant assez lentement pour s’accoutumer à la lumière. Ce fut tout de même légèrement douloureux, mais il fallait s’y attendre quand elle était assez stupide pour dormir ailleurs que dans sa chambre.

Elle se redressa, la tête lui tournant légèrement. Elle avait la vue floue, mais cela passerait très vite. Elle réprima un bâillement, pressant tout de même les jointures de sa main droite contre ses lèvres par politesse, et regarda autour d’elle. Sa poupée n’avait pas disparu, son livre aussi était là, même le mp3 et les écouteurs qui étaient tombés de ses oreilles pendant qu’elle dormait. Bonne chose. Danail n’aimait pas courir après ses effets dans toute l’académie.

Ah. Il y avait un garçon, tout près d’elle, celui qui l’avait réveillée. Elle posa sagement ses mains sur ses genoux, les dissimulant par habitude sous le tissu épais de ses manches évasées. Un peu trop près. Juste un tout petit peu trop près d’elle à son goût. Mais elle ne pouvait pas reculer, même discrètement, parce que cela serait sans doute très insultant, alors elle se focalisaient sur ses mains comme si elles étaient une barrière contre tous les dangers.

Oh, elle l’avait déjà vu, cet homme – difficile de le percevoir comme un garçon, à la vérité. Il venait parfois aux cours de danse. Au début, elle s’était sentie mal à l’aise en sa présence, sans savoir exactement pourquoi, mais il restait discrètement dans son coin à dessiner, semblait-il, alors elle s’était accoutumée. Et si elle sentait parfois son regard sur elle, elle n’en avait cure, ballerines comme nobles étaient toujours copieusement jugées.

« Je vous remercie, Monsieur, de m’avoir réveillée. Je doute que quiconque d’autre puisse avoir eu l’idée d’un tel geste. »

Ne le regardant toujours pas, elle attrapa le lecteur mp3 pour l’éteindre. Elle n’aurait pas voulu gaspiller la batterie plus encore qu’elle ne l’avait fait. Elle attira sa poupée à elle et la perdit dans une étreinte inconsciemment protectrice. Avoir quelque chose à protéger l’amenait à se sentir forte, d’une certaine façon, et dans ce monde qui remuait trop vite, elle en avait bien besoin. C’était une illusion comme une autre, pas la plus désagréable avec ça. Elle tenta un sourire un peu timide, mais bien assez doux. Garder ses distances avec les autres la lassait plus qu’il n’était imaginable et plus qu’elle ne croyait possible.

« Puis-je rester ? L’endroit est très beau et je comprendrais que vous le vouliez pour vous seul, mais si vous le voulez bien je ne pense pas être d’une compagnie exécrable. »

Elle s’en tirait sans doute mal. Si elle essayait de corriger sa diction et son vocabulaire trop figés, c’était loin de se présenter comme une tâche aisée, et ses camarades ne faisaient en général rien pour l’aider. Après tout, elle était tellement divertissante, n’est-il pas ?
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Elle a définitivement le sommeil léger. Je me sens encore plus creepy en me disant ça. Alors qu’elle se réveille, je me redresse, puis recule pour la laisser respirer. S’il y a bien une chose que je déteste profondément, c’est qu’on viole mon espace personnel sans m’avertir donc généralement, je respecte celui des autres. Après, y’a des limites à avoir l’air d’un putain de stalkeur. Au moins, elle ne sursaute pas et reste très calme. C’est à peine si elle a l’air surpris.

En fait, je l’ai surtout aperçue dans ses cours. Je n’avais jamais vu à quel point ses robes étaient lourdes. C’est une lolita? J’avoue que je m’y connais pas trop. Après tout, si c’est son truc, ça ne concerne qu’elle. En fait, je comprends pourquoi on la trouve weird aussitôt qu’elle parle. Sur le coup, ça me laisse carrément sans voix. Monsieur. Ben voyons donc. On ne m’appelle comme ça qu’une fois par millénaire, et ça me fait toujours tiquer. Là, de la bouche d’une fille qui a à peu près mon âge, ça m’étonne. Et cette politesse. Ce langage soutenu. Fuck. On est bien en 2015, là? Bon, ça fait changement des «hey, Lespérance» assez récurrents. Et rares sont les anglophones qui prononcent à peu près bien mon nom. L’espace d’un instant, je me demande si elle croit que j’suis un prof, mais jamais je pourrais passer pour.

-Euh, de rien? Enfin, m’appelle pas monsieur, j’dois bien avoir ton âge, quoi.

Je me fais vouvoyer en plus. Bordel. J’ai une tête à me faire vouvoyer? Tout ce que j’ai entendu à propos d’elle me semble plus clair. Pas justifié, juste plus compréhensible. Y’a une raison à tout. Si elle agit de la sorte, c’est pas pour rien. Je sais pas d’où elle vient, ni ce qu’elle a vécu – les autres non plus, d’ailleurs, mais ça ne les empêche pas de juger. Ça ne les empêche jamais de juger. C’est tellement facile de se dire que j’suis qu’un freak suicidaire sans vouloir en savoir plus, et c’est probablement tout aussi facile de dire qu’elle est une weirdo hautaine sans la connaître.

-En fait je t’ai juste réveillé parce que j’voulais pas  que quelqu’un te pique tes trucs ou vienne t’emmerder pendant que tu pouvais pas te défendre. Et pas besoin de me vouvoyer. Ça fait un peu bizarre.

L’écart entre notre façon de s’exprimer me semble particulièrement flagrant. J’ai un accent qui se rapproche de celui d’un Américain normal et j’imagine que je parle comme à peu près n’importe quel mec de vingt-et-un ans. J’ai quand même l’impression qu’un monde nous sépare. C’est vraiment chelou. Je la regarde serrer sa poupée contre elle – vraiment, une poupée? – mais ne réponds pas à son sourire timide. J’en ai pas envie, tout simplement. Elle est clairement mal à l’aise et honnêtement, je peux pas lui en vouloir. Les gens se sentent rarement bien en ma présence. C’est un peu awkward comme situation.

Je commence à avoir chaud, là, sous le soleil tapant. Je finis par m’avancer dans l’ombre que l’arbre projette, puis tente tant bien que mal de dégager mes cheveux de mon visage. Au moins, ma peau mate m’empêche de cramer. Lorsqu’elle me demande si elle peut rester, je fronce un peu les sourcils. Elle était là en premier, donc n’a aucune permission à avoir.

-Ben ouais tu peux. Au fait, je suis juste curieux, mais tu viens d’où pour parler comme ça? J’veux pas être insultant hein. J’me demandais juste.

Je pose pas trop de questions d’habitude, et là je me trouve creepy. Encore une fois.
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Adriel n’était pas si effrayant qu’il en avait l’air. Il avait l’air d’être ce genre de personne paisible incapable de faire du mal à une mouche à moins d’être en colère. Aux cours de danser auxquels il assistait, il était si calme qu’on pouvait facilement omettre sa présence pour se concentrer sur soi, elle en avait aussi un souvenir respectueux et silencieux. C’était quelque chose que Danail appréciait, puisqu’elle rendait cette faveur à tous ceux qui en avaient besoin presque par réflexe. Mais elle savait pertinemment qu’ici, personne ne voyait les choses comme elle. C’était blessant, parfois, de se sentir si profondément seule. Oh, elle avait quelques amis, bien sûr, mais elle évitait de les fréquenter pour qu’on ne les ennuie pas, eux aussi.

« Euh, de rien? Enfin, m’appelle pas monsieur, j’dois bien avoir ton âge, quoi. »

Elle baissa piteusement la tête. Oui, elle avait encore fauté. Ses mains se crispèrent sur sa poupée, alors qu’elle s’efforçait de rester calme. Elle aimait la perfection, était rigoureuse et exigeante, mais dans le domaine du langage elle restait une stupide ignorante. Et ses camarades préféraient se moquer plutôt que de lui apprendre, procédé qu’elle ne pouvait lancer seule. Évidemment. C’était tellement plus facile, tellement plus divertissant sans doute aussi… Pendant une seconde, elle eut honte de fréquenter des gens qui prenaient plaisir au désarroi d’autrui. Puis elle se rappela qu’elle devait venir à bout de ses études quoi qu’il en coûte, pour décider de ce qu’elle ferait une fois sortie de l’école.

« En fait je t’ai juste réveillé parce que j’voulais pas  que quelqu’un te pique tes trucs ou vienne t’emmerder pendant que tu pouvais pas te défendre. Et pas besoin de me vouvoyer. Ça fait un peu bizarre. »

Elle hocha discrètement la tête. À nouveau, elle regardait ailleurs plutôt que lui. Elle avait honte. L’échec lui faisait honte.  Elle ne parvenait qu’à grand-peine à ne pas rougir. Ç’aurait été très malséant. C’était quelque chose qu’elle avait appris très jeune, trop émotive au goût de ses parents. Quelque chose qu’Andreï n’avait pas eu besoin d’apprendre. Plus que la jalousie ce fut la nostalgie qui s’empara d’elle. Son frère lui manquait. Comment pouvait-on ressentir le manque de quelqu’un dont on n’avait jamais été si proche qu’ils ne l’étaient maintenant à travers leurs lettres ? Elle ne savait pas.

« Ben ouais tu peux. Au fait, je suis juste curieux, mais tu viens d’où pour parler comme ça? J’veux pas être insultant hein. J’me demandais juste. »

Elle regarda ses mains, crispées sur sa poupée. Si elle l’avait pu, elle les aurait redessinées, là, tout de suite, pour ne plus les trouver si laides. Elles lui rappelaient les ergots des monstres dans les contes, avec les articulations saillantes et les veines qui ressortaient. Ses ongles rattrapaient un peu la chose, soigneusement entretenus, elle savait qu’il lui suffisait de les vernir pour que ces traits disgracieux soient moins visibles.

« Je viens de la noblesse bulgare. On m’a élevée dans ce langage et je n’en connais pas d’autre. Les gens préfèrent se moquer plutôt que de m’apprendre. Je comprends, je dois être vraiment divertissante pour qu’ils m’embêtent si souvent. Mais j’aimerais apprendre, moi, parce que je ne veux plus les divertir. »

Elle le regarda encore agiter sa chevelure comme pour y inviter un peu d’air frais. Pouvait-elle tenter un rapprochement par ce biais ? Elle ne voyait pas de raison de ne pas le faire, il avait l’air tout comme elle de souffrir de la chaleur. Et puis si ça le dérangeait il l’enverrait paître, fin de la discussion.

« Je peux v… Te tresser les cheveux, si tu veux. V… Tu auras moins chaud et tes cheveux ne te gêneront plus. »

Elle le regarda attentivement. Pas de réponse négative. Elle s’approcha jusqu’à se trouver dans son dos. Certaines personnes n'aimaient pas ce genre d’approche mais elle l’avait fait lentement, de sorte qu’il ne se sente pas mal à l’aise. Elle sourit en voyant de plus près sa chevelure. D’un noir intense, elle semblait douce à toucher. Elle y posa délicatement les doigts, pour bien séparer l’arrière des mèches du devant, qu’elle n’inclurait pas dans la coiffure. Elle avait fait ce geste souvent, la plupart du temps pour Katya, parfois pour Andreï aussi, c’était en quelque sorte réconfortant de retrouver cette petite habitude.

Elle le peigna délicatement avec ses doigts pendant quelques secondes pour séparer ses cheveux en trois grosses mèches. Ils étaient vraiment très doux, oui. Danail adorait les cheveux, les siens et ceux des autres, elle trouvait que bien entretenus, ils devenaient tout simplement magnifiques. Elle commença à tresser, lentement, prenant garde à ne pas lui faire mal et à ne pas tirer, tout en constituant une tresse tonique qui ne se déferait pas toute seule au bout d’une heure. A la fin, elle prit un élastique noir en tissu qu’elle gardait toujours autour de son poignet et posa le point final, avant de retourner s’asseoir devant lui.

« Ca te va très bien. »

C’était vrai, à ses yeux. Il avait ce genre de visage agréable à regarder que la tresse dégageait un peu. Elle tendit la main pour rajuster une mèche un peu rebelle, puis reprit ses distances. A son tour, elle se fit une tresse, mais rapidement, loin de montrer le même soin que celui qu’elle avait porté aux cheveux d’Adriel. Elle pêcha dans son sac pour y trouver un chouchou qui ferait bien assez tenir le tout, puis lui sourit à nouveau, plus naturellement.

« Je te remercie encore. Je persiste dans l’idée que peu de gens l’auraient fait. »
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