Introduction a la Biomécanique [Hélio Ohara, Summer Weilana, Robin Dubois, Elyas Abel Sharrkan & Lou Applebaum]

Les cours... c'était vraiment des trucs que Robin détestait. Les seuls cours qu'il avait jamais aimé étaient les cours de sport et ceux de science au collège, ceux où il avait apprit comment s'amuser avec tout le matériel de travaux pratiques pendant les séances de demi-groupe. La dissection avait été sympa aussi, mais tout ce qui se rapprochait du cours papier... là il décrochait. C'était intéressant hein, pas de doute. Mais pas pendant plusieurs heures par semaine, pas si il devait prendre des notes, et pas si il devait commencer à devoir calculer des équations stupides. Il se demandait encore parfois comment il se maintenait au dessus de la moyenne avec si peu de travail de fait.

En tout cas les cours biomécanique étaient obligatoires pour lui et c'est pour ça qu'il fut bien obligé de s'y rendre, quoi que ce fut en traînant les pieds. Être à l'heure ne semblait pas non plus être sa priorité de toute façon, lorsqu'il regarda sa montre, elle lui indiqua que le cours devait avoir démarré depuis dix bonnes minutes, ne le faisant pas accélérer plus que ça. Ça ne serait pas la première fois qu'il arrivait dans le cours de Ohara de toute façon, en plus les premières minutes sont toujours les moins intéressantes durant le premier cours. On se présente encore, on redit les mêmes choses que l'an passé et on n'apporte rien de nouveau. En plus le cours en lui même n'était pas intéressant non plus pour Robin. Certes il avait pu parfois capter une ou deux choses intéressantes à propos d'améliorer ses résultats sportifs, mais ça s'arrêtait là.

Il avait laissé sa veste rouge à l'abandon dans sa chambre pour aujourd'hui, ne portant qu'un t-shirt noir à manche longue moulant les muscles de ses bras, par dessous un haut à manches courtes rouge avec des dessins stylisés dessus. Il portait ses habituelles mitaines en cuir et n'avait pour toutes affaires qu'une pochette plastifiée avec une ou deux feuilles volantes et un stylo à l'intérieur. Il le tenait négligemment d'une main, l'autre étant dans la poche de son jean.

Sur le chemin il croisa une ou deux personnes qu'il connaissait avec qui il s'arrêta pour parler avant de reprendre sa route. Il n'avait plus vraiment envie d'aller assister à ce cours finalement, peut-être qu'il pourrait retourner dans son dortoir et se rendre au gymnase pour faire un peu de sport, à la place. D'un autre côté il était déjà presque arrivé dans la salle de cours et faire demi-tour maintenant serait inutile. Indécis, il s'arrêta et s'appuya dos au mur, les bras croisés et un pied appuyé contre celui-ci. Il réfléchit quelques instants, les yeux dans le vague, sur ce qu'il convenait de faire et sur ce qu'il souhaitait faire et fini par se décider lorsqu'il entendit des pas dans le couloir.

Des pas qui appartenaient à son meilleur ami en titre, Elyas Abel Sharrkan. Un sourire éclaira aussitôt le visage du sportif lorsqu'il vit son leader et ami se diriger vers lui et se décolla du mur pour aller le saluer.

-Tiens, je vois que je suis pas le seul en retard en cours, lui lança-t-il pour démarrer. Ça va pour toi, mec ?

Il se mit ensuite en marche à ses côté pour rejoindre la salle de cours où le professeur finissait ses explications et demandait si quelqu'un avait une question à poser. Il donna une petite tape sur la bras d'Elyas pour attirer son attention et lui désigna deux places côtes à côtes dans l'amphithéâtre d'un mouvement de tête. Sans vraiment faire attention à si il gênait le cours ou pas, Robin se chargea d'ouvrir la marche jusqu'aux sièges sur l'un desquels il s'assit sans discrétion. Entre temps une fille avait posé une question et Robin se rendit compte qu'il l'avait déjà vu. Des couettes comme ça, peu de gens en portaient. Elle était assez populaire s'il se souvenait bien, mais il semblait se rappeler qu'elle faisait partie du cours sur la photographie, alors que foutait-elle ici ? En tout cas il lui sembla que la question était pertinente, bien qu'il n'eut pas suivit tout le début du cours. De toute façon pour Robin, une question contenant des mots un peu savant comme « ouvrage », « traitant » ou « époque » ne pouvait être que pertinente. Il se pencha vers Elyas qui l'avait rejoint à côté de lui et lui dit à voix basse :

-Pfiouf, ça attaque fort déjà au premier cours, j'aurais du m'écouter et aller traîner dans le gymnase au lieu de venir ici.

Robin regarda son ami sportif avec comme une nuance de désespoir dans les yeux. Pourquoi est-ce qu'il ne le lui avait pas dit plus tôt ? Ils seraient déjà en train de faire quelques paniers ou auraient récupérer une balle quelconque pour jouer à un autre sport au gymnase ! Cependant ce qui était fait était fait, il était donc inutile de s'attarder là-dessus. La question fit sourire Robin qui ne prêta aucune attention aux bavardages du professeur, agréable bruit de fond.

-Disons qu'il a fallut que je donne des leçons de sport privées à un élève en difficulté du cursus danse. Je te passerais les détails, mais je lui ai fait faire un peu de cardio si tu vois ce que je veux dire.

Il savait qu'Elyas verrait parfaitement ce qu'il voulait dire mais aussi qu'il n'était pas particulièrement friand de détails, il les lui épargnerait donc en orientant sa discussion vers son cher sportif de meilleur ami.

-Et toi ? T'as quelqu'un en vue en ce moment ?

Elyas n'eut cependant pas l'occasion de répondre car le professeur reporta sa pleine et entière attention sur eux, faisant se retourner la moitié de l'amphithéâtre vers eux. Certains en ricanaient déjà. Et merde. Fais chier. La fête allait sans doute bientôt commencer, et il paraissait évident que lui et Elyas en serraient la principale distraction. Il se croyait sans doute drôle se professeur, mais Robin avait tendance à se croire encore plus drôle.

-Tout le plaisir est pour moi, répliqua-t-il avec une ironie presque palpable.

Les faire venir devant la classe ? C'était quoi ce délire encore ? Robin n'avait pas vraiment de complexe, mais se faire appeler au tableau pour une sorte d'humiliation publique ne lui plaisait pas plus que ça. Cette fois-ci c'était sûr, il aurait vraiment du sécher ce stupide cours de biomécanique. Il avait encore le choix remarque. Il pouvait très bien dire non et se laisser virer de la classe tranquillement pour aller au gymnase. Cependant il avait une réputation à tenir, et cette réputation n'était pas basé sur la lâcheté et la fuite. Il allait donc coopérer.

En poussant un profond soupir qui en disait long sur ce qu'il pensait de la situation présente, il laissa sa pochette sur sa table et se leva. Il ne regarda pas si Elyas l'imitait, mais il supposait que c'était le cas, il voudrait certainement éviter la détention. Les regards sur lui ne le gênaient pas, il y était habitué à présent, s'en nourrissait presque. Il les sentait sur lui dès qu'il marchait dans les couloirs, les attirait lorsqu'il jouait au baseball au poste de lanceur, le pivot de l'équipe. Ça faisait un bon moment déjà qu'il n'en rougissait plus mais s'en délectait.

Cependant ceux-ci étaient différents. Il y en avait toujours des appréciateurs, mais qui étaient mêlés à quelques uns plus curieux, impatients ou bien moqueur. Du pain et des jeux, c'était ce que demandait le peuple, et une bonne humiliation publique ayant pour cible deux personnes assez populaires dans cet établissement faisait indiscutablement partie de la partie « jeu » de ce dicton. Sans parler du fait que Robin ne se faisait pas que des amis à batifoler à droite et à gauche ou à mépriser les gens tels que les geeks ou intellos. Ceux-ci devaient sans doute attendre ce jour avec une grande impatience, mais Robin comptait bien se montrer à la hauteur du défi qu'allait lui poser ce cher professeur.

Une fois au tableau, Robin croisa les bras et balaya la classe du regard en respirant la confiance. Quoi qu'il lui demande, Robin était prêt à assurer le show. En jetant un regard à la dérobée à Elyas, il se demanda si lui aussi y était prêt. Les yeux du joueur de baseball lançaient clairement le message suivant : toujours ensemble dans la merde, pas vrai?

Elyas mit un peu plus de temps que lui à descendre, se déplaçant avec lenteur alors qu'il aurait du au contraire se dépêcher pour en être débarrassé au plus vite. Une fois qu'il l'eut rejoins, le professeur entama un petit discours sur ce qui c'était passé l'année dernière au premier cours. Comme si quelqu'un allait ce souvenir de ça. Robin avait du se montrer plus aviser l'année dernière et avait du sécher le cours puisque l'anecdote ne lui disait absolument rien. Comme quoi on ne devient pas plus sage avec l'âge...

Robin écouta ensuite poliment le prof parler du fait qu'utiliser son propre corps ne serait pas correct et qu'il allait donc user de volontaires pour faire des démonstrations. Le sportif ne comprenait toujours pas ce que lui et Elyas avaient à faire là-dedans, il les avait fait venir pour le plaisir de les afficher à la classe ou bien ? Le regard que leur lança alors le professeur éclaira subitement sa lanterne et fit monter l'indignation en lui. Comment ça il voulait qu'ils se mettent torses nus devant tout le monde ? Certes ils étaient bien foutus, mais tout de même ! Sans prendre en compte le regard que lui lançait Robin, le professeur enchaîna le plus naturellement du monde en désignant un panier de basket accroché au mur et alla dessiner un rectangle qui était sensé représenté la zone de strike de Robin.

Toujours très naturellement il leur demanda de faire ce pour quoi ils étaient le plus doué, devant tout le monde, leurs objets de prédilection dans les mains. Robin n'avait pas fait un mouvement pour retirer son t-shirt ou pour enfiler le gant, c'était un exercice stupide ! Il leur épargnait les électrodes ? Bah merci bien m'sieur le psychopathe ! Ça nous manquera pas ! Et ils allaient être filmé par dessus le marché ? Il jeta un regard qui en disait long à Elyas puis se tourna vers le reste de la salle à la recherche d'une personne un peu sensée qui ferait mine de protester, mais ne trouva rien à part des mines intéressées et des gloussements.

-Allons-y !

-Pardon ? Sauf votre respect, professeur, j'crois que vous avez oublié la partie ''volontariat'' dans ce que vous nous imposez, là ! Je me déshabille pas pour un oui ou pour un non moi, je suis pas volontaire pour ce truc.

Bon ok, c'était un peu l'hôpital qui se foutait de la charité. En général Robin ne se faisait pas prier pour retirer ses vêtements, surtout pour un ''oui''. Mais il était tout simplement indigné qu'un professeur puisse demander à des élèves de faire ça, surtout des élèves pas volontaires. En plus qui sait ce qu'il allait faire de ces vidéos ? Non, c'était décidément trop malsain pour lui ce truc.

Une élève descendit alors les marches et Robin eu le fol espoir qu'elle allait le soutenir dans sa démarche mais non. Il ne s'agissait que de la même fille qui avait posé la question tout à l'heure, et apparemment elle bossait pour le journal du lycée. Superbe. Une timbrée en plus qui voudrait prendre des photos. Elle demanda au professeur s'il l'autorisait à les photographier pour le journal, mais son regard disait clairement que son accord ne serait de toute façon pas nécessaire. Des photos de leurs performances mon œil. Si elle en voulait elle avait cas venir les voir en match. Tout ce qu'elle voulait c'était un gros plan sur leurs abdos.

D'un autre côté, apparaître dans le journal du lycée ferait monter sa popularité, et même si Robin n'était pas très fort en maths, il savait très bien que ''abdos + journal publié dans tout le bahut = encore plus de touches''. Robin était donc face à un véritable dilemme, mais ça ne l'empêchait pas de penser que le professeur n'était vraiment pas net, et que cette fille l'était encore moins pour permettre ce genre de choses. Robin se mordit la lèvre lorsqu'une nouvelle menace se rappela insidieusement à lui. Il ne voulait pas se prendre une heure de détention.

Robin jeta à nouveau un long regard à Elyas, plein d'indécision cette fois. Parfois faire des choix était déchirant. Son regard glissa ensuite sur le professeur qui les regardait avec insistance, puis sur le reste de l'amphithéâtre qui attendait visiblement qu'il fasse quelque chose, et enfin sur l'appareil photo de Miss Reporter.

-Très bien, lâcha-t-il en français à sa propre intention. Parfait.

Puis il posa la balle et le gant sur une table occupée au premier rang et enleva toutes les couches qu'il avait sur le haut de son corps avant de récupérer son matériel.

-Tiens moi ça toi, aboya-t-il presque sur la pauvre victime désignée pour garder ses vêtements.

Enfin il se mit à très précisément dix-huit mètres quarante du mur portant la marque en lui présentant son profil, dos à l'amphi. Cependant il ne lança pas tout de suite, comme dans un dernier espoir que quelqu'un ne revienne à la raison et ne crie au scandale pour empêcher toute cette stupide démonstration.

L'avantage d'être vaniteux, c'était que toute timidité, tout sentiment de gène à l'idée de s'exhiber ou d'étaler ses capacités en public était définitivement annihilé par une conscience de soi très développée. De toute façon un sportif ayant peur de la foule serait un homme aux vaines aspirations, un rêveur raté. Ce n'était pas le cas de Robin et il s'en glorifiait, tout spécialement dans des moments comme celui-là. La modestie n'était rien d'autre que de l'hypocrisie mal dissimulée. Cacher son talent revenait à le gâcher. Craindre l'humiliation était l'attirer , car elle provoquait le doute qui mettait le corps mal à l'aise et le poussait à se contracter ou à se relâcher au mauvais moment, faisant faire une erreur au sportif qui perdait encore un peu de confiance dans un cercle vicieux.

Mais Robin n'était pas de ces gens-là. Robin était de ceux qui savaient, ceux qui avaient l'intime conviction qu'ils possédaient le talent et pouvaient tout se permettre grâce à ça. S'il résistait pour faire cet exercice, ce n'était pas par peur d'afficher son talent aux yeux de tous ceux présents dans cette salle, mais juste parce que l'idée de participer à un cours lui était absolument insupportable. Quelques cris hystériques avaient retenti dans l'amphithéâtre lorsqu'il avait ôté son t-shirt, et il sentait presque les téléphones portables braqués plus ou moins discrètement sur lui ainsi que l'appareil photo de Blondie. Il imaginait sans peine les quelques personnes qui avaient déjà pu profiter un peu plus en avant de son corps se pencher vers leurs voisins pour se vanter de l'avoir vu de près, ou bien celles et ceux qui ne l'avaient pas encore remarqué à cause de son absentéisme se pencher avec intérêt sur son cas. Avec un peu de chance Robin ne rentrerait pas seul dans son dortoir ce soir...

Cependant s'il était là c'était surtout pour que tout le monde voit ses muscles en action, et aucune vantardise là-dedans puisque c'était le professeur lui-même qui l'avait dit, il se mit donc au travail. Être lanceur était plus difficile que la plupart des gens pouvaient le penser. Il ne suffisait pas simplement de savoir viser plus ou moins le gant du receveur, il y avait toute une série de mouvements d'apparence inutile mais très important pour que la balle aie une trajectoire correcte et une vitesse suffisante.

Le premier mouvement consistait à lever le genou, le gauche pour Robin puisqu'il lançait de la main droite, et de cacher la balle dans le gant pour ne pas prévenir le batteur du type de lancer qu'il allait produire. Il ne fallait pas lever le genoux trop haut, ni trop lentement, ni trop rapidement car cela pouvait causer un déséquilibre de la position, ou en cas de mouvement trop lent, ça laissait du temps à un coureur de prendre de l'avance sur la prochaine base. Grâce à cette position il emmagasinait l'énergie qui serait utilisée pour lancer la balle avec une puissance suffisante. Le regard doit être droit sur le catcher normalement, mais Robin ne pouvait que l'imaginer à la place de ce petit rectangle blanc pour le moment.

Le deuxième mouvement peut-être décomposé en deux. Robin pose sa jambe levée sur le sol, toujours de profil face au mur et dos aux gradins, et ses deux mains se séparent. Le bras qui tiens la balle forme un angle droit dans l'axe de son épaule, la balle presque au niveau de sa tête alors que le gauche se tend en avant, parallèle au sol. Le bassin ne doit surtout pas être ouvert au receveur sous peine de perdre une énergie précieuse pour la suite du lancé, ses deux pieds doivent donc être dans l'alignement du receveur, le pied arrière perpendiculaire au droit mais pas totalement sur la même ligne. Les deux talons doivent être par contre alignés, et la main porteuse de la balle doit environs être orienté vers le short stop pour le moment. Le tout est que les articulations des coudes et des épaules soient correctement alignés avec la jambe avant (la gauche pour Robin) légèrement fléchit (entre 120° et 150° si il en croyait son coach, mais les détails lui importaient peu).

À présent il fallait mettre de l'accélération dans sa balle, pour ceci son corps devait soit-disant effectuer tout un tas de verrouillages et de déverrouillages articulaires, mais Robin ne voyait que l'instinct et les signaux que lui envoyait son corps pour lui dire comment optimiser son lancé. Il effectue une rotation du bassin et du torse presque en simultané mais volontairement décalé afin qu'ils ne parviennent pas tout à fait en même temps à être parallèles au receveur, le bras porteur de balle étant légèrement à la traîne tandis que la main ganté se repliait contre son torse pour ne pas gêner le mouvement qui allait suivre ou causer un déséquilibre. Son bras droit est presque parallèle au sol à la fin de la rotation, la balle vers le haut. Son dos est en extension vers l'arrière et son genoux a toujours le même angle alors que sa jambe arrière a pivoté sur le bout du pied et non sur le talon.

L'avant dernier mouvement est le fouetté. Ce mouvement était dangereux car il pouvait causer des blessures par sa simple violence explosive, c'est là que toutes l'énergie accumulée était retransmise vers le bras et libérée. Même avec un mouvement parfait on pouvait se blesser pendant cette phase, c'était déjà arrivé à Robin et il savait que son coude serait de plus en plus dégradé au fur et à mesure du temps s'il continuait le baseball, mais comment s'arrêter ? Son buste se penche vers l'avant alors que son genoux avant s'avance légèrement. Il a pris une bonne impulsion. L'épaule pivote et fait pivoter son bras à grande vitesse vers l'avant.

Maintenant vient le dernier mouvement, celui du relâchement de la balle. Le bassin est toujours parfaitement parallèle au receveur imaginaire mais l'axe des épaules est très légèrement de biais. Son bras n'est pas tout à fait tendu et son coude est légèrement relevé. Sa jambe arrière se soulève au cours du mouvement et son poignet se casse pour que la balle arrive dans le gant du receveur imaginaire. La balle quitte sa main tandis que son bras continue sa course pour aller croiser sa jambe avant au niveau du genoux, son tronc est presque à l'horizontal avec sa jambe arrière qui sert de balancier.

Tous ces mouvements ont été effectué en à peine quelques secondes, très rapide pour être correct pour le corps, mais c'était là le lot de tous les lanceurs. La balle quand à elle fila vers la zone de strike à une vitesse supérieure à cent dix kilomètres à l'heure et alla s'écraser contre le mur avec un bruit mat. Robin se redressa en souriant. Parfait ! Il se tourna vers le professeur et lui dit :

-C'était une balle rapide, mais êtes vous sûr de vouloir un deuxième lancé ? La position ne sera pas différente, seule la façon de tenir la balle va varier.

Il laissait ce choix au professeur, lui faisant face. Il glissa cependant un discret clin d’œil à Elyas qui se tenait non loin de là, histoire de lui dire « ça va être à toi d'assurer maintenant ! »

Robin sourit lorsque Elyas déclara vouloir prendre le relais sans attendre l'avis du professeur et il se dégagea de la zone du panier pour ne pas gêner le basketteur (qui de toute façon aurait certainement pu s'en accommoder sans trop de mal). Il récupéra son t-shirt auprès de la personne sur qui il l'avait lancé et observa son ami en croisant les bras.

Robin aimait tous les sports sans exception, bien que le baseball reste pour lui le meilleur. Le basket était un sport collectif qui requérait un grand sens à la fois de l'observation et de la coordination. De l'observation car il n'était pas forcément évident de repérer des failles exploitables dans un jeu adverse, surtout au niveau des Volfoni Knight. De la coordination parce que une fois cette faille découverte, il fallait que toute l'équipe soit suffisamment ensemble pour effectuer une action qui profitera de cette faiblesse adverse avant qu'elle ne soit comblée ou corrigée. De plus la précision était de mise, c'était beau d'utiliser une faille de l'équipe adverse, mais si on ratait un panier par manque de précision, tous ces beaux mouvements n'auraient servit à rien.

Pour le moment c'était uniquement de la précision que l'on demandait à Elyas, il n'y avait personne pour lui faire de contre ou pour le mettre en difficulté et personne à qui faire la passe. Cependant il joua le jeu, il feinta un adversaire imaginaire, démontrant une habilité à tenir le ballon et une bonne prise de balle, jonglant aisément entre ses deux mains. Avec ce petit jeu d'esquives contre une adversaire imaginaire, le basketteur s'était rapproché du panier, et une fois qu'il s'estima bien placé il prit une brève impulsions avant de marquer.

Sans attendre trop longtemps, il alla récupérer le ballon et recommença à dribbler pour s'éloigner du panier cette fois. Il allait tenter le trois points. Enfin, il allait « tenter » le trois points. Robin n'avait aucun doute quant à la réussite de son ami, le basket était son sport de prédilection et il avait l'habitude qu'on le regarde jouer vu que son sport était assez populaire. Il ne fut donc pas déconcentré par les élèves silencieux ainsi que le professeur lorsqu'il leur jeta un coup d’œil.

Il sembla plus s'appliquer sur celui-là. Son corps prit plus le temps de bien produire chaque mouvement pendant qu'il tirait. À cette distance la précision était de mise, rater était facile. Il suffisait de mal doser sa force, que les mains glissent légèrement sur la balle ou bien qu'une mauvaise impulsion ne soit donnée et s'en était fini, le panier ne rentrait pas. De plus il fallait absolument éviter de toucher l'anneau, sinon la balle rebondissait contre et partait rouler vers un monde meilleur. Bien entendu rien de tout ceci n'arriva. Elyas était presque un professionnel dans ce sport, et les trois points étaient sa spécialité. Robin ne fut donc pas étonné lorsque la balle rentra sans problème dans le panier.

Le professeur les remercia tous deux de leur « bonne volonté » et leur permis de retourner à leurs places. Robin était toujours un peu vexé d'avoir été forcé de participer en cours mais tout de même ravi d'avoir pu toucher une balle et d'avoir pu voir du sport en action. Voir Elyas joué était un plaisir, et Robin allait suivre les matchs de l'équipe de basket lorsqu'ils ne se trouvaient pas en même temps que les entraînements de baseball ou bien une compétition.

À la fin du reste de l'heure passée à se regarder encore et encore refaire le même mouvement à la chaîne (« C'est chiant de se regarder faire cinquante fois la même chose » grogna Robin), le professeur les appela, eux deux et la photographe en herbe. Celle-ci se montra d'ailleurs très récalcitrante à l'idée de supprimer ses clichés. Robin hésitait encore légèrement à lui laisser carte blanche avec ses photos, mais elle ne risquait pas de causer de problèmes avec, si ? Dans un haussement d'épaules il lui répondit :

-Tu peux garder les miennes, mais si jamais je découvre que tu les as utilisé pour faire des sales coups ou me dégrader, ça va chauffer pour toi.

Il ne la menaçait pas vraiment, il la prévenait juste qu'il ne souhaitait pas qu'on utilise mal ses photos. Rien de bien méchant !