Gros plan américain [Gabriel Dixon & Lain B. Porter]

C'était une journée qui avait très bien débuté et qui continuait dans cette voie. Je n'avais donc pas à me plaindre, mis à part peut-être de la chaleur étouffante. Je n'avais pas pour projet de rester cloîtré à l'intérieur de l'établissement quand bien même le trouvais-je chaleureux et convivial, mais je voulais découvrir de nouvelles choses et, notamment, m'occuper un peu de mon projet artistique. Pour cela, je devais donc photographier des scènes quotidiennes, d'autant plus que cela me permettrait de m'améliorer, notamment dans le centrage de mes photos. C'était une nouvelle passion, née avec la découverte d'un monde nouveau, moi qui avais quitté le village des Amish pour découvrir la vie à l'extérieur.

Pour l'instant, je n'étais pas vraiment déçu de ce que je découvrais et de bien nouvelles choses avaient su fasciner mon esprit si pauvre, le nourrissant par de nouvelles découvertes, de belles rencontres, et j'en passe encore. Ce monde était incroyablement riche et j'étais convaincu de n'avoir découvert qu'une infime partout d'un tout qui formait cette société. J'avais envie de toujours en apprendre davantage, j'étais complètement fasciné et subjugué, comme un enfant qui découvrait un nouveau jouet qui lui avait été offert, cherchant son fonctionnement.

Je souris et m'assois sur l'un des bancs des gradins, posant mon sac à dos à côté de moi. Je fouille à l'intérieur et en sors mon appareil photo, ainsi que ma bouteille d'eau et de quoi grignoter. Par une chaleur pareille, il vaut mieux penser à souvent s'hydrater pour éviter un malaise.

Je regarde les personnes disposées sur le terrain de base-ball en buvant goulûment, intrigué. C'est un sport assez curieux. D'ailleurs, la plupart des sports sont étranges. Je ne sais pas vraiment à quoi ils servent, s'ils ont vraiment une utilité quelconque, mais j'ai déjà vu des clichés de sportifs en pleine action et je dois avouer... que j'adore. C'est pourquoi, aujourd'hui en particulier, j'ai décidé de photographier les personnes jouant à ce sport. Le soleil est au rendez-vous et éclaire très bien le terrain ainsi que les joueurs, je pense obtenir de belles photos.

Après m'être rassasié, je saisis mon appareil photo, procède à tous les réglages nécessaires, puis commence à photographier chaque joueur, le terrain en lui-même, et le paysage qui l'entoure.

Cependant, mon attention se focalise sur un joueur en particulier. Je dois avouer qu'il est plutôt mignon, pour un garçon. Assez grand sans trop l'être, son teint basané fait ressortir ses yeux d'un vert forêt que mettent ses cheveux blonds en valeur. Un mélange très captivant. C'est un sportif qui ne manque pas de charme, je dois l'admettre. Je crois n'avoir jamais rencontré d'Amish séduisant. Je veux dire, des hommes. Les femmes restent relativement séduisantes, mais les vêtements que nous portons ne nous mettent pas en valeur. Du moins, est-ce mon opinion. Nous sommes obligés de toujours porter les mêmes. D'autant plus que les hommes sont dans l'obligation de se laisser pousser la barbe, ce qui retire encore de leur charme. Bref, je ne me complais pas vraiment dans cet univers à ce niveau-là.

Et quand je vois tous ces beaux mâles sans barbe, si beaux, si exotiques... Je secoue vivement la tête et inspire profondément en me demandant à quoi je peux penser. Ne sois pas idiot, Gabriel, il y a des limites. Quoi que, je peux apprécier la beauté d'un homme sans pour autant l'aimer. Et puis, je préfère les femmes. Ça se saurait que j'aime les hommes, tout de même.

Le jeune homme sur lequel je me focalise ressort merveilleusement bien sur les photos. Je devrais peut-être faire un zoom sur son visage pour montrer « l'expression d'un sportif en pleine action ». Je pense que ça pourrait le faire.