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 Cage Birdies May Flower [Amarilys d'Harmony & Sigrid Oleksander]

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Amarilys gloussa au moins pour la 25ème fois en pensant à son rôle et s'attira un regard noir d'une fille. Regard qu'il capta et remonta, comme le piranha vorace remonterait la ligne jusqu'au pêcheur pour s'en payer une bonne tranche. Il lui adressa ce regard, magnifique, qu'il réservait aux mal-baisées, aux bonzaïs et aux rhumatologues. Et cessez donc de poser des questions, c'est agaçant.
Ce regard d'une malice infinie, d'un dédain évident. Un index fièrement pointé vers l'intéressée n'eût pu avoir davantage d'irrévérence tant il semblait receler tout le mépris et le fiel du monde. La mégère tenta de s'imposer dans cette lutte muette en fronçant des sourcils. Effort vain tant tout semblait couler sur Amarilys sans le pén… sans l'affecter. Mal à l'aise devant l'insistance de l'importun, elle rassembla ses affaires et s'engagea vers la sortie. Amarilys ne l'avait pas quitté des yeux et lorsqu'elle passa à sa hauteur, il lui sourit. Et, sans remords, son pied déplaça l'un des grands rectangles de moquette qui recouvraient le sol de la bibliothèque. La gourgandine perdit l'équilibre et s'affala de tout son long. Et surtout, de tout son large, vu les dimensions du bestiau. Un grand bruit sourd qui fit cesser le faible bruissement caractéristique des lieux de savoir. Toutes les têtes se tournèrent vers l'épicentre du séisme qui avait osé troubler leurs vues de l'esprit, et si les plus vieux et studieux se contentèrent d'un froncement de sourcil réprobateur à l'intention de la jeune maladroite, la plupart des présents firent ce qu'on était en droit d'attendre d'eux : ils rirent.
Amarilys joignit son rire clair au chœur cruel et lança à l'assemblée

"Le triste spectacle d'une baleine échouée… C'est à fendre le cœur. Désolée chérie, tu vas devoir attendre qu'on livre un monte-charge pour te relever !"

Et le concert des rires reprit de plus belle. Rageuse, la jeune fille se releva très vite, les larmes aux yeux, le visage entièrement rouge, accompagnée d'un sinistre cortège de regards sans compassion et de rires carnassiers. Rassemblant ses affaires éparpillées, elle courut presque pour sortir de la bibliothèque.
Amarilys était en joie. Il était même gay, voyez. Et, le cœur chantant, il se replongea dans sa traduction de "La Cage aux Folles", pièce hilarante s'il en était. Où il avait un rôle de premier plan. Pour une fois, il bénissait cette université et ses largeurs de vues artistiques pour avoir permis de monter une pièce aussi décalée dans la puritaine Amérique. Bien sûr, dans le melting-pot des élèves, quelques consciences choquées s'étaient élevées pour dénoncer des mœurs dévoyées, mais les professeurs étaient restés sur leurs positions. Et c'était assez naturellement que l'on avait pensé à Amarilys et son caractère de diva pour incarner Renato Baldi. Le texte était émaillé de références culturelles françaises qu'il était difficile d'appréhender. Le langage et les techniques comiques employées n'étaient pas des plus conventionnels, mais Amarilys avait eu une excellente éducation, très académique, et avait au final peu de difficultés à saisir les enjeux des différentes scènes. Et cependant, tout devait être parfait. Avec un soupir, il griffonna une dernière annotation illisible sur le texte et rangea ses affaires, non sans avoir jeté un dernier regard vers le beau brun qui lui faisait face, quelques tables plus loin, apparemment tout entier à son dictionnaire d'une quelconque langue asiatique. A sa grande déception, il ne leva même pas les yeux.
Quelques regards se soulevèrent lorsqu'il se leva. Difficile d'ignorer la luciole blanche que l'on croisait de temps à autres à l'académie. Difficile également d'approcher cette petite icône tant elle traînait dans son sillage une réputation de lunatisme aggravé. Difficile, enfin, d'ignorer ses manières aristocratiques qui faisaient jaser. Ouh, la vilaine jalouse.

Amarilys descendit par des escaliers annexes, assez étroits. Absorbé par sa pièce, il faillit rentrer dans un garçon qui montait. Surpris, il pila et fit quelque chose d'assez inattendu. Il… feula. Enfin, il essaya. Le résultat devait sans doute être assez intéressant, visuellement parlant, car le jeune homme resta interdit. Agacé de cet obstacle, et plutôt que de le contourner, Amarilys l'écarta d'abord doucement, du revers de sa main gantée, puis comme il ne bougeait pas,  levant les yeux au ciel, il s'y mit carrément, à 2 mains et envoya le sale gosse dire bonjour au mur. Sa tête heurta une sorte de décoration métallique ronde du plus mauvais goût, il y eut un grand bruit, un petit "aïe" tout mou, et le jeune homme resta prostré, accroupi dans l'escalier, les mains dans la tête. Amarilys détala par instinct de survie. Arrivé au rez-de-chaussée, et pris de quelques remo… bon, disons pris d'une envie pressante, il remonta. Le garçon était toujours là  dans la même position et semblait un peu sonné. Ama' écarta une main de son visage. Zut, il était pas mal en plus. Et il saignait un peu, c'était vraiment chou. Ama' sortit un mouchoir et effaça les preu… le filet de sang. Il n'avait toujours pas prononcé un mot. Ama' lui colla un smack sur la joue, débordant un peu sur la lèvre. Mais pas trop, on sait pas où ça a traîné. Il lui glissa "pardon" dans le creux de l'oreille, sans en penser un traître mot, et lui glissa dans son sac son numéro de téléphone. On ne savait jamais. Puis il s'enfuit vraiment cette fois.
Il sortit et profita des dernières largesses du soleil pour la saison. Amarilys brillait, et seuls les ringards sans lunettes de soleil durent se protéger de la lueur de cet immaen… immaculé. Il atteignit enfin le parc. Se cachant dans un bosquet, il en profita pour enfiler une magnifique robe de chambre bleue à motifs et noua négligemment un foulard rose autour de son cou. Il n'avait pas apporté le maquillage adéquat, mais ça ferait l'affaire, et puis il n'y avait personne pour le regarder. Le résultat était bluffant, et si Amarilys en avait jamais eu, il pouvait dire adieu à tout vestige de virilité après cela. Aussi loin qu'il pût voir, seuls deux ou trois artistes (certainement des amoureux de la nature qui aimaient déraisonnablement l'herbe) flânaient là. Amarilys élisit domicile sous le Grand Magnolia, et commença à étudier minutieusement son texte.

Tout devait être parfait.
 
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