Oui, voilà ce que faisait le jeune brun depuis un bon moment. Mais pourquoi, au juste ? Fuyait-il quelqu'un ? Non, personne ne semblait le suivre. Alors pourquoi toute cette agitation ? Il avait l'air paniqué, perdu, complètement déboussolé. Ses yeux viraient à droite et à gauche, cherchant à identifier les portes qui se trouvaient de chaque côté de lui. De temps en temps, des goutes de sueurs tombaient le long de sa joue, comme s'il était stressé à l'idée de se faire prendre. Mais les couloirs semblaient déserts depuis un bon moment. Alors il courait, encore et encore, tant que sa respiration le lui permettait. Il tenait contre lui un objet très spécial à ses yeux. C'était une ardoise blanche, avec un contour en bois. Certaines parties du bois avaient été d'ailleurs de tâches de feutres. En parlant de feutres. Pourquoi n'en avait-il pas sur lui ? Du moins, il en a toujours un accroché à son ardoise.
Ah. Mais la voilà, notre réponse.
Il lui manque un feutre pour écrire.
Comment voulez-vous qu'il s'exprime correctement dans ces conditions, plongé dans un mutisme total ? Et c'est ce qui est étonnant, d'ailleurs. Pourquoi n'en avait-il pas sur lui, maintenant ? Il avait dû le perdre quelque part dans une salle de classe, ou quelqu'un lui avait pris. Lui-même ne savait pas. Il n'avait pas l'habitude de le perdre. Il aurait dû en prendre plusieurs quand même. Mais ce qui lui importait pour le moment, c'était de récupérer un feutre de secours. Et pour cela, il fallait qu'il en trouve, en espérant ne tomber sur personne.
Finalement, épuisé et essoufflé, il s'arrêta pour reprendre son souffle. Cela faisait au moins trente minutes qu'il courait ainsi. Et il n'avait rien trouvé. Il était frustré. Comment allait-il faire ? Et si jamais quelqu'un venait à lui adresser la parole, là, tout de suite, comment pourrait-il s'en sortir ? En courant encore plus ? Il ne pourrait pas jouer à ce jeu-là indéfiniment. C'est en portant son regard par hasard sur une des portes qui l'entourait qu'il tilta.
La salle d'Art.
Serait-ce la lueur d'espoir qu'il attendait tant ?
Pour Raphaël, cela semblait logique. Après tout, en art plastique, on utilise des crayons, des pastels, des feutres, et même des fusains. Et puis un doute s'installa. Utilisait-on vraiment des feutres Velleda dans cette salle ? Ce n'est pas un outil typique de l'artiste. Néanmoins, il ne tarda pas à se placer devant la porte de la salle. Il eût un moment d'hésitation. Peut être que quelqu'un était là. Si c'était le cas, il allait être mal. Mais sa peur s'envola lorsqu'il toqua dans la précipitation. Et maintenant ? Fallait-il qu'il attende une réponse venant de l'intérieur ?
Au bout de quelques secondes, il n'entendit aucune réponse. Peut être qu'il n'y avait personne. Ou alors la salle était fermée ? Il ne se rappelait plus d'ailleurs si les salles pouvaient être ouvertes à toutes heures de la journée. Afin d'être sûr, il attrapa la poignet et la baissa. C'était un signe que la salle était ouverte. Maintenant, il fallait qu'il rentre. Il respira un grand coup, et ouvrit la porte en grand.
Il afficha d'abord un sourire en croyant qu'il n'y avait personne. Puis celui-ci s'estompa en une fraction de secondes, laissant place à une grimace choquée.
Enora Clifford V E U V E ✝ N O I R E
Âge du perso : 21 yo [19 janvier] Activité : Arts Plastiques Spécialité : Dessin & Fusain Fonction : Universitaire (y3) Avatar : Suigintou ○ Rozen Maiden / Nox ○ AjgielDoubles-comptes : Le gros et le spaghetti (Méliès & Brendol) Messages : 383 Date d'inscription : 05/01/2015
Jeu 8 Jan - 15:46
Il lui arrivait par moment d’avoir des certitudes. Par exemple –et contrairement à Sherlock Holmes, quoiqu’on dise de l’évidence du fait- Enora sait que la Terre tourne autour du Soleil. De cela elle est sûre, au milieu de sa myriade d’illusions.
Mais parfois lui viennent des certitudes moins objectives et présentement germe l’idée que les profs sont payés à encourager tous les loosers que Volfoni se destinait –initialement, du moins- à accueillir.
Et malgré ce qu’elle tente de croire -ou faire croire- parfois, elle sait qu’elle est aussi pathétique que les autres. Sans doute, si elle veut se vanter un peu, peut-elle dire qu’elle est une névrosée pire que les autres. Ca doit être pour ça que son professeur d’arts plastiques lui a dit que ce qu’elle faisait était bien.
Enora a une autre certitude, celle que son devoir du moment est mauvais.
Et pour lui servir un sourire aussi niaisement aimable avec des compliments crédibles, son prof a du suivre une formation spécifique. « Volfoni – Apprenez à encourager vos élèves, parce que personne ne l’a fait auparavant. »
Elle râle, contre sa propre incompétence surtout, mais en son âme et conscience seulement. Elle est suffisamment folle pour qu’on n’y ajoute pas la mention « parle à ce qui semble être un ami imaginaire ». On lui a dit qu’elle commençait à aller mieux après tout. Elle ne voudrait pas être sûre que tout le personnel de Volfoni lui ment.
Son psy dirait qu’elle est paranoïaque. Il aurait sans doute raison.
Enora regarde son A0 insolemment étalé à ses pieds. Noir, carmin, les courbes torturées, un jour, elle se le promet, elle essaiera de varier les couleurs et les formes dans ses productions. Quelle idée de leur imposer un format pareil, franchement, comme si le bungalow était assez grand pour pouvoir travailler sur du 841 × 1189. Les enseignants devaient se douter qu’on leur demanderait de laisser la salle ouverte pour pouvoir travailler.
Quelques coups précipitamment jetés contre la porte de ladite pièce –fermée parce que l’art est privé, merci- lui font abandonner pour quelques instants les réflexions sur son projet. Allons bon. C’est juste une salle de classe dont les occupants sont partis puisqu’évidemment les cours sont terminés. Que le perturbateur entre si tel est son désir, Enora est trop occupée pour lui dérouler le tapis rouge – et dans son exagération permanente, elle ne s’en donne même pas la peine de répondre.
Elle sait que ce n’est pas elle qu’on vient chercher de toute façon.
A part les psys, personne ne vient jamais la prendre par la main.
Et le nouveau venu encore moins. Elle le jauge de haut en bas et de bas en haut, comme toutes les adolescentes superficielles savent si bien le faire –sans doute en est-elle une. L’observation est vite terminée, il n’y a pas énormément de surface à scruter chez son vis-à-vis… Et mademoiselle en retient deux choses : la bouche béante et le regard choqué.
— « C’est quoi ton problème ? T’as jamais vu de la peinture ? »
Elle a un pinceau enduit d’acrylique à la main, pas le glaive Vorpalin, merde. Ses yeux fulminent derrière son maquillage soigné ; Enora est plus agressive que nécessaire.
Invité Invité
Jeu 8 Jan - 23:32
Il ne savait pas s'il devait fuir ou rester. Mais la moindre des choses, c'était quand même de s'excuser ... sauf quand on est muet. Et c'était son cas, au Raphaël.
Ses quelques secondes de choc furent remplacés par une réalisation soudaine qui lui fit presque perdre tout son calme habituel, bien qu'il n'en avait pas beaucoup au départ. Il était en face de quelqu'un. Réellement. Ses jambes tremblèrent et il ne savait vraiment, mais alors VRAIMENT pas quoi faire. Car pour Raphaël, être avec quelqu'un qu'il ne connait pas, c'est un peu comme une visite d'une maison hantée, tu vois. Il ne sait pas à quoi s'attendre, et la moindre chose venant de l'extérieur le fait flipper comme une fillette de sept ans. Qu'est-ce qu'il devait faire, alors, dans ces conditions ? Qui plus est, la jeune fille qui lui avait adressée la parole semblait occupée avec sa toile posée par terre. Et elle n'avait pas l'air de bonne humeur à la vue de son arrivé. Cela se sentait dans sa voix, et se voyait même dans ses yeux. Il était tombé sur le pompon, le brun. Cela ne pouvait pas être pire pour lui.
Il tenta tout de même de chercher par de brefs coups d’œil l'objet de sa venue. Il y avait toute sorte de pinceaux, de pots à crayons, des verres encore remplis d'eau de couleurs quelconques, et même des tableaux sur leur chevalet, sûrement en train de sécher. Mais il n'y avait pas ce qu'il cherchait. Il était vraiment désespéré. Il serra son ardoise contre lui en essayant de trouver une solution qui pourrait le sortir de cet enfer interminable.
Et puis il eût la seule idée qui lui passa par la tête à ce moment-là.
Malgré sa timidité et le fait qu'il ne connaissait pas l'albinos qui se trouvait en face de lui, il aurait pu lui demander si elle avait vu un éventuel feutre qui trainait par là et qui aurait pu l'intéresser, même si lui demander aller relever de l'ingéniosité. Il s'avança alors à pas léger, gêné. Il était vraiment mal à l'aise. Cependant il ne fit que quelques pas avant de s'arrêter. Mieux valait ne pas trop s'approcher d'elle. Il observa d'abord ce qui semblait être son œuvre. Des nuances de noir, presque partout. Il trouvait cela un peu ... ténébreux ? Mystérieux ? ....... Sobre ? Néanmoins, ce n'était pas le moment de divaguer sur autre chose. Il savait que s'il ne faisait rien, elle allait sûrement s'énerver encore plus à la vue d'une personne qui ne lui répondait même pas.
Il la regarda alors. Ses joues devinrent rouge et, en tendant timidement son ardoise, il pointa du doigt une des faces blanches de celle-ci. C'était la seule chose qu'il pouvait faire en ce moment-même. Il ne savait pas si elle connaissait le langage des signes, et, de toute façon, il n'avait réellement jamais appris. Ce qu'il trouvait bien dommage, d'ailleurs. Il ne connaissait que quelques signes seulement. Il n'avait jamais eu l'occasion d'apprendre en profondeur, car dans son ancienne école, cela n'y était pas. Il se demandait d'ailleurs pourquoi il avait été dans une telle école auparavant.
Et maintenant, il attendait une .. une réponse. Il s'attendait à tout. Après tout, quand on se retrouve en face d'un garçon qui ne parle pas et qui est flou dans ses propos, comment peut-on réagir ?
Enora Clifford V E U V E ✝ N O I R E
Âge du perso : 21 yo [19 janvier] Activité : Arts Plastiques Spécialité : Dessin & Fusain Fonction : Universitaire (y3) Avatar : Suigintou ○ Rozen Maiden / Nox ○ AjgielDoubles-comptes : Le gros et le spaghetti (Méliès & Brendol) Messages : 383 Date d'inscription : 05/01/2015
Sam 10 Jan - 15:42
Empâté par un embarras évident, le nouveau fait quelques pas. Mais il s’arrête bien vite, le regard rivé sur Enora comme s’il avait peur de ce qu’elle pouvait lui faire.
Franchement, quelqu’un de frêle comme elle ? Systématiquement préjugée d’une situation physique inférieure, ne serait-ce que par son albinisme ? D’autant qu’elle a beau le jauger avec toute la méfiance désormais accordée au genre masculin, celui qu’elle juge vite comme un gamin n’a aucune raison de l’intimider. Et avant de venir à Volfoni, elle s’est promis de n’être dangereuse que lorsqu’elle est menacée ; parce que les secondes chances sont rares mais ce sont souvent les dernières, celles qu’il est catastrophique, plus que dommage, de gâcher.
Elle remarqua le regard en coin jeté à sa production et imagina aisément la perplexité engendrée. Comme d’habitude. Ses propres parents ne comprennent pas ; comment un inconnu le pourrait-il ?
A fortiori un inconnu en panique, désespérément accroché à ce qu’elle interprète comme le successeur d’un doudou –à son âge ? Mais lorsqu’il finit par tendre l’objet, elle se rend compte de ce dont il s’agit.
Et lève un sourcil, perplexe.
— « Oui, c’est une ardoise. Blanche. »
Est-il autiste ? Ou juste socialement inadapté ? Académie de loosers.
— « T’es venu jusqu’en salle d’art pour trouver quelqu’un capable d’apprécier sa beauté ? »
Cela ne s’entend pas beaucoup, mais Enora a tenté d’adoucir son ton.
Ou alors, pointer une face blanche est une façon dédaigneuse de lui dire qu’elle ferait mieux de toute recommencer. Cette pensée lui semble stupide, mais elle cadre pourtant bien avec l’idée plus que probablement infondée que le monde entier la méprise pour sa propre lâcheté projetée sur l’Humanité entière.
Elle se penche pour donner un dernier coup de pinceau –rageur. Avant de soigneusement le rincer et dénouer ses cheveux.
L’inconnu l’a convaincue de faire une pause.
Invité Invité
Mar 13 Jan - 22:07
Ce genre de réponses semblait si évidente. Tellement évidente que Raphaël aurait pu choisir de rire. Sauf que ce n'était pas le moment approprié.
Il baissa son ardoise, visiblement déçu de sa réponse. En même temps, fallait-il qu'il s'attende à ce qu'elle comprenne tout de suite ? Il n'était pas dans un monde où régnait la télépathie. Et ce n'est pas en parlant avec une personne inconnue que cela allait arranger les choses. Et même s'il était venu ici pour redonner éclat à son ardoise, encore fallait-il qu'il trouve de quoi écrire avec. Il devait trouver une autre solution. Et vite. S'il ne pouvait pas communiquer avec sa précieuse ardoise, il le ferait sûrement autrement. Et pendant que l'inconnue semblait en finir avec son œuvre, il tenta de trouver quelque chose sur lequel il pourrait écrire. Qu'importe, du moment qu'il pouvait lui répondre "normalement" ! C'est alors qu'il vit une pille de feuille. Blanches. Posées sur une table, attendant sûrement d'être utilisée. Avait-il trouvé un soudain espoir ? Des feuilles qui pourraient le sauver de ce silence qu'il ne pouvait stopper ?
Il se dirigea vers les feuilles. S'il en prenait une, cela ne causerait pas de soucis, n'est-ce pas ? Il aurait aimé demander mais ... mais il était muet. Il aurait presque envie de pleurer tellement c'en était insupportable. Il se demandait encore pourquoi il était entré ici, dans cette salle d'Art. Il se tourna vers l'albinos. Au final, il avait eu peur d'elle, mais il n'avait pas à avoir ce genre de réaction ; il estimait qu'elle n'était pas si .... dangereuse ? Il avait connu pire, c'est vrai. Mais les nouvelles têtes lui faisaient toujours peurs. Et même s'il l'a trouvait inoffensive malgré son ton énervé, il était quand même gêné. Gêné de déranger, d'être là, sûrement. S'il pouvait en finir rapidement, cela l'arrangerait. Il prit une feuille dans ses mains, et regarda la jeune inconnue. Il ne savait pas s'il devait lui refaire le coup du "je te montre des objets parce-que je ne peux pas parler" ou bien s'il pouvait écrire à sa guise sur les feuilles. C'est qu'il ne voulait pas trop l'énerver, l'albinos.
Petit +:
DISOULAY DU RETARD
Enora Clifford V E U V E ✝ N O I R E
Âge du perso : 21 yo [19 janvier] Activité : Arts Plastiques Spécialité : Dessin & Fusain Fonction : Universitaire (y3) Avatar : Suigintou ○ Rozen Maiden / Nox ○ AjgielDoubles-comptes : Le gros et le spaghetti (Méliès & Brendol) Messages : 383 Date d'inscription : 05/01/2015
Mer 14 Jan - 18:51
La déception, visible, évidente, étalée sous ses yeux même. Impossible de l’ignorer Enora sait qu’elle déçoit le monde entier, mais ne supporte pas s’en apercevoir. Merde, il s’attendait à quoi, à ce qu’elle soit extra-lucide en plus d’être albinos et dépressive ? Ca fait beaucoup pour une seule personne, non ?
— « Si c’que je dis te plait pas, t’as qu’à t’exprimer comme les gens normaux. » crache-t-elle avec dédain.
Pourtant, elle devrait comprendre, elle qui se retrouve parfois incapable d’appliquer la moindre vibration à ses cordes vocales, elle que sa voix rebute parfois car elle est un peu trop rauque, elle que la honte étrangle parfois tant qu’elle est incapable du moindre mouvement. Elle devrait comprendre qu'un silence d'une telle durée n'a rien de normal et en réfléchissant un peu, peut-être devinerait-elle d'où vient le problème.
Mais des complexes d’autrui, elle s’en lave les mains. On le lui pardonne, de toute façon.
Elle regarda l’autre prendre une feuille avec des hésitations dignes de film à suspense et en lâcha un soupir.
— « Elles sont à moi, ces feuilles. T’as pas idée du fric que ça coute, les études d’art. »
Ne commence pas à te plaindre, Enora.
— « Il faut payer le papier en trouzemille formats différents, le fusain, l’encre, la peinture, la colle en bombe... Et même la laque pour fixer ce qu’on fait ! J’utilise plus de laque sur les feuilles que pour mes cheveux, tu te rends compte ? »
Enora, je pense qu’il s’en fout. Mais genre, complètement. Mais t’arrives pas à montrer à quel point ta vie est naze autrement qu’en te plaignant à propos de tout et n’importe quoi, hein ? Alors, vas-y, fais ce que tu fais de mieux.
— « Même pour un projet insignifiant, il faut recommencer X fois et bouffer une tonne de matériel. Et même pas que l’académie nous fournirait quoi que ce soit, non, non, surtout pas, hein. »
Si tu recommences tant tous tes dessins, Enora, c’est parce que tu n’es jamais satisfaite de quoi que ce soit. Encore moins lorsque ça vient de toi. Pauvre ratée. Engoncée dans ta mauvaise foi et ton aigreur.
— « C’est juste du A4, t’as qu’à prendre quelques feuilles si c’est le prix à payer pour que t’arrêtes avec tes yeux de chien battu. C’est du brouillon. On travaille jamais sur ce format. La dernière fois que j’y ai touché, c’était au lycée. Trop… Etriqué. »
Comme ton esprit, Enora.
Elle sent ses cicatrices frémir sous les manches de dentelle ; et au final, se trouve vraiment pathétique. Réfugiée derrière des plaintes pour que les gens l’écoutent sans comprendre le pourquoi, cachée derrière l’animosité pour qu’on la punisse de sa profonde lâcheté.
