Hector - Stand des artistes

Affiches un sourire, fais comme si tout était parfaitement sous contrôle. Après tout, c’était elle qui voulait t’inviter ici. Elle était convaincue et ça a été suffisant pour m’intéresser, mais merde… Maintenant que j’y suis, je réalise que je n’en ai absolument.rien.à.faire de l’art! C’est tellement subjectif. Est-ce que c’est beau, est-ce que c’est laid? Je l’ignore, alors depuis tantôt je tiens un sourire niais qui n’affiche pas un réel bonheur, mais qui cache ma frustration d’être ici, dans une journée excessivement chaude, à regarder des pièces d’arts d’artistes qui ne valent même pas ce titre. Vraiment, j’ignore jusqu’où je serais prêt à aller pour impressionner une fille.

Je la suis alors qu’elle gambade parmi les stands malhabilement placé. Ça doit être un truc d’artiste, le désordre. Vraiment, je ne m’attarde pas au décor, mais plutôt à la demoiselle. Habillée d’une camisole dans laquelle ses seins débordent presque et une petite veste en laine qui ne couvre presque pas son cul (joliment habillé d’un minishort), je dois admettre qu’elle était la plus belle vue ici. Ses longs cheveux blonds sont attachés en queue de cheval qui se balade dans son dos alors qu’elle se promène, jetant quelque fois des regards derrière elle pour s’assurer que je la suis toujours. Oh, elle n’a pas à s’inquiéter, alors la vue que j’ai sur elle, elle peut être certaine que je la suis. Elle est jolie, vraiment, mais une chose me tape chez elle : elle n’aime rien d’autre que l’art et les chats. Je souris doucement quand elle se retourne vers moi et s’arrête sur place. Je m’arrête également, trouvant cette idée stupide puisqu’on est carrément en plein milieu du chemin, et elle s’approche de moi pour venir m’enlacer, ne quittant pas mes yeux des siens. Des grands yeux verts, et un sourire à tout rompre. Oui, elle est mignonne, mais tellement crédule. Toutefois, nous avons tous nos défauts et je les accepte pour aujourd’hui. Vais-je la rappeler demain? Certainement pas.

Ses bras toujours autour de ma taille, je me penche légèrement pour poser un léger baiser sur ses lèvres, sans toutefois enlever mes mains de mes poches de shorts. Quand on montre trop d’attention à ces filles, elles s’accrochent. Bref, elle me sourit et me dit « Oh aller, gros béta! On va regarder les œuvres, ça m’intéresse » Je ne réponds que par un rictus, alors elle se sépare de moi et reprend son chemin vers un stand de bijoux fabriqués à la main. Je la suis lascivement, sortant mon téléphone de mes poches. 7 messages non-lus. C’est toujours comme ça. Je suis occupé, tout le monde m’écris, mais quand je fais rien, c’est le traitement du silence. Bref, je regarde rapidement mes messages. Mon frère, qui me raconte qu’il expose, deux filles qui me demandent ce que je fais, ma mère qui me demande de venir souper avec elle, mon coloc, Vince, qui me dit de promener le chien ce soir et une autre fille qui me demande quand sera la prochaine fois qu’on se revoit. Je ne réponds à aucun message et range mon téléphone, m’approchant de Katy (la blonde que j’accompagne, vous vous en souvenez?) et passe mon bras autour de ses épaules alors qu’elle admire un collier de perle que je trouve, personnellement, très laid. Je ne passe aucun commentaire et me contente de mettre mes mains dans les poches arrière de son short alors qu’elle discute un prix. C’est un avantage d’être populaire, on dirait. Tout le monde s’en fou complètement de ce que je fais. Je pourrais être habillé en mascotte géante ou même baigner dans une piscine de crème fouettée, personne ne dirait mot. C’est un avantage pour ma part, puisque personne ici qui connait ma réputation, ne pourra dire qu’elle est ma copine. Je souris sur cette pensée et détourne les yeux vers les autres stands. Un stand de vêtement fait main, tissé sur place, dispose d’une photo de moi comme publicité. J’en ai un peu honte, mais la qualité de l’image est assez bonne pour me donner bonne mine. C’était la jolie rousse qui cousait les vêtements qui m’a demandée de faire une publicité pour eux dans laquelle je n’aborderais qu’un jean, des cheveux ébouriffés, mes tatouages et une écriture à l’encre noire sur mon torse qui dit clairement « je préfère aller nu que porter de la fourrure ». Elle militait contre le marché de la fourrure et à trouver l’idée « originale ». Je n’ai pas dit non, et voilà maintenant que ma photo est affichée au stand des artistes. Intéressant.

Katy se déplace une fois de plus vers un stand de peinture. Elle discute l’art pendant que moi, comme un gosse, je ne tiens pas sur place. Je m’éloigne quelques instants pour aller prendre une cigarette. Toutefois, mon chemin s’arrête quand mon regard croise une fille totalement mignonne qui s’approche du studio de tatouage. Des tatouages, faits ici? Bon, j’imagine qu’ils sont équipés. Je m’approche tranquillement, les mains dans les poches, à jouer avec mes clés qui se trouvent au fond, et vois que la demoiselle s’installe sur la chaise. Je lève les yeux sur la grande quantité de modèles qu’ils offrent à tatouer. Du tribal, des signes de tout genre et même des dessins très détaillés. Je ne connais pas les artistes, mais c’étaient certainement les seuls que je respectais dans cette journée horriblement humide.

La jeune femme explique ce qu’elle désire comme tatouage. Je me souviens encore de mon premier tatouage. Un truc tout simple, sur l’omoplate. C’était une écriture, que je chéris encore aujourd’hui, qui se lit comme suit : « I miss you ». Ça faisait du sens à l’époque, mais plus le temps passe et plus je me dis que, au final, on ne s’ennuie jamais de quoique ce soit si on y pense à tous les jours. Les deux mecs qui s’occupent du stand ont tout d’eux l’air de tatoueur. Bon, personnellement, je ne sais pas de quoi à exactement l’air un tatoueur, puisque je n’ai jamais vraiment eu le même, mais ils avaient le look qui allaient avec l’attitude. Relâchés, tranquilles, tatouages et piercings partout. À part pour celui dans ma langue, je n’ai pas de piercing. Par contre, je comprenais leur intérêt pour les tatouages. Tout comme moi, ils n’ont pas su arrêter après un seul en dirait bien. Je les regarde à l’œuvre alors que la demoiselle choisie encore le modèle qu’elle veut. Un petit émoi se fait entendre lorsqu’une fille rousse trébuche et manque de se casser la gueule sur les pieds d’un mec, plus loin derrière. Je me retourne quelques brèves secondes pour m’assurer que tout va bien, et Katy me saute dans les bras, se demandant ce que je regarde comme ça. Sans vraiment réfléchir, je réplique rapidement que je regardais la fille dans le stand de tatouage. Katy affiche cette expression placide que les filles ont habituellement quand la jalousie leur monte aux joues. Elle jette un regard sur la blonde assise sur la chaise, prête à recevoir son traitement d’aiguilles, puis soupir longuement. Je ne réplique rien, haussant les épaules. Comme si ça n’était pas assez, Katy lance un regard presque meurtrier à la jeune femme, se collant le plus sur moi possible. Mon dieu il fait chaud, c’est qu’elle est suicidaire! Je laisse mes mains dans mes poches alors qu’elle s’agrippe à mon bras, balançant sa queue de cheval derrière son épaule, soutenant toujours le regard de la fille du stand. Je devrais réagir, lui dire que de faire son territoire comme ça autour de moi, ce n’est pas saint, mais je ne fais rien. Au contraire, je ne fais que sourire à la jolie blonde, excitée à l’idée de se faire tacher à vie. Mes yeux ne la quittent pas, comme accrocher à elle. Katy l’a sûrement remarqué puisque son emprise sur mon bras semble s’être serrée. Je ne bronche pas, naturellement.