Tullio, raconte-moi des ragots ! [Dakota Emerson & Tullio Del Pilar]
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Lun 18 Jan - 21:26
Tullio, raconte-moi des ragots !
Tullio J. Del Pilar « Le roi des ragots a frappé »
Dakota Emerson « Je pourrais tous leur rouler dessus »
Sur le terrain, les gars étaient en train de jouer. Enfin, de jouer, c'est ce qu'il disait. Selon Dakota, ils s'amusaient plus à se faire prendre la balle et à se laisser écraser par leurs adversaires. De vraies couilles molles. Aucune détermination dans leur jeu, aucune stratégie, et ça dans les deux camps. Si elle était sur le terrain, elle aurait su remonter le score, c'était certain. Elle était bien plus douée que tout ces blancs-becs réunis. Soupirant bruyamment, elle passa sa main sur son visage, geste exaspéré alors qu'un joueur venait de se faire prendre le ballon.
« - Non mais bouge-toi un peu crétin ! Tu crois que c'est comme ça qu'on va gagner ?! hurla-t-elle en redressant la tête. »
Malgré les encouragements qui provenaient des gradins, c'était sa voix que l'on entendait le plus. Au pied des gradins, elle s'agitait dans tous les sens sur son fauteuil, montrant son irritation face à ce qui se déroulait en face d'elle. Elle leva la tête pour contempler quelques instants le ciel bleu, vide de nuages, envoyant un appel silencieux à Dieu ou une quelconque force supérieure si il en existait pour qu'il fasse en sorte de sauver ces joueurs.
« - Rah putain vous voyez pas qu'il l'a poussé là ?! Non mais tu fous quoi l'arbitre ?! enchaîna-t-elle en voyant un membre des Volfoni Knights se faire impunément bousculer par un des joueurs adverse. »
Elle souffla si fort qu'on la comparerait presque à un buffle hors de lui, près à tuer quiconque se mettrait sur son chemin. Bien qu'étant en fauteuil roulant, toutes les personnes présentes sur le terrain savaient pertinemment qu'il ne fallait mieux pas venir lui chercher des noises autrement il allait le payé très cher. A tous les matchs la brune se comportait comme ça, c'était plus fort qu'elle. Une façon pour elle de participer au match puisqu'avec ce foutu fauteuil elle ne pouvait pas. Dû moins pas encore. Elle espérait vraiment que l'entraîneur accepte un beau jour de la laisser jouer un match, autre qu'amical, d'autant plus qu'elle faisait ses preuves durant les entraînements. Le fait d'être en fauteuil n'était pas vraiment handicapant pour elle. Évidemment, ce n'était pas comme avant, où elle pouvait utiliser ses jambes comme bon lui semblait mais elle restait néanmoins efficace. A ses yeux, ce n'était pas rien, elle visait même le poste de capitaine, histoire de montrer à tous à quel point elle était douée dans ce sport. Parfois, elle s'imaginait en train de se faire acclamer par tous, ayant raflé des tonnes de trophées avec son équipe, avec une grande cérémonie organisée pour l'occasion, des confettis tombant en dessus de sa tête, sur un podium, avec ses fans qui crient dans tous les sens... Et elle finissait souvent la bave aux lèvres suite à ça. Sauf que là, ce n'était pas le moment de rêver.
« - Allez les gars ! Si vous perdez j'vous jure que vous allez le regretter bande de couilles molles ! s'égosilla-t-elle »
Où était Tullio quand elle avait besoin de lui ? Lui qui était présent à tous les matchs et qui lui soufflait tous les ragots sur les joueurs afin de soit les humilier, soit les faire se bouger un peu. Surtout qu'elle adorait parler avec lui, c'était vraiment un chouette gars et il égayait chacun des matchs, que l'équipe perde ou non. Regardant autour d'elle, elle finit par remarquer une tête blonde qui se dirigeait vers elle. Ah, enfin !
« Le plus grand plaisir dans la vie est de réaliser ce que les autres vous pensent incapable de réaliser. »
Tullio était en retard, terriblement en retard. Il n’était pas loin de trois heures et quart de l’après-midi, et le match des Volfoni Knights avait commencé voilà près d’une demi-heure auparavant. Ce n’était pas dans son habitude pourtant. Il prenait toujours grand soin d’arriver à l’heure pour fixer d’un œil critique l’équipe de l’académie au travail. Il les aimait bien, et même s’il se sentait profondément malheureux de ne pas pouvoir faire partie intégrante de l’équipe il avait tout de même toujours l’impression d’en être un des joueurs. Casé sur le banc de touche.
Aujourd’hui, il avait eu des tonnes de choses à faire. Ne croyez pas qu’un lycéen n’ait rien d’autre à branler de son samedi que dormir et flâner en ville : Tullio était un gars overbooké. Après un tour dans Arcadia qui s’étira sur trois heures durant sa matinée pour chercher de nouvelles fringues et un cadeau d’anniversaire pour sa grand-mère, il avait ensuite mangé un morceau avant d’aller bosser à la bibliothèque. C’est là qu’il n’a pas vu le temps passer, jusqu’à ce que ses yeux tombent par inadvertance sur l’horloge pendue au mur sur sa gauche.
D’un bond, il s’était levé en fourrant ses affaires, non sans en faire d’abord tomber la moitié par terre, dans son sac à bandoulière. Il avait couru le long des couloirs jusqu’à sa chambre dans laquelle il avait jeté ledit sac, attrapé son ballon orange, un bonnet, et était parti en claquant la porte derrière lui. Le terrain ne se trouvait qu’à quelques minutes en courant, heureusement. Il enfonça son bonnet multicolore sur sa tête et ralentit le pas en approchant du terrain. Il entendait déjà le bruit caractéristique du ballon rebondissant sur le sol. Les souffles des joueurs, leurs cris. Et enfin, le public. Il adorait l’atmosphère caractéristique des matches de basket. Une main fourrée dans son large sarouel noir et rouge, l’autre retenant le ballon sous son bras, il s’immobilisa quelques secondes en fouillant le public du regard. Il y avait surtout des élèves, amateurs du spectacle, quelques parents vaguement reconnaissables, et des inconnus. Il repéra sa cible et se mit à marcher tranquillement dans sa direction non sans avoir d’abord jeté un œil sur les joueurs. Adam venait de faire une remontée spectaculaire en direction du panier adverse, malheureusement contré par un colosse de l’équipe d’en face.
- Tch !
Dakota était comme de coutume à sa place au bas des gradins. Installée dans son fauteuil roulant, ça ne l’empêchait pas d’être la plus bruyante et la plus repérable des supporters parmi toute cette foule. Avec un sourire en coin, Tullio vint s’asseoir juste à ses côtés sur le banc de pierre. Elle lui avait certainement gardé la place, ou alors personne n’osait s’approcher d’elle de trop près de peur de se faire mordre. Tullio l’appréciait beaucoup, il savait d’ailleurs que c’était réciproque. Tout comme elle, il ressentait cette envie oppressante d’avoir un jour une chance de montrer une bonne fois pour toutes ce qu’il valait sur le terrain.
- Ils se font baiser ? Demanda-t-il en jetant un œil au tableau des scores. Non mais quelle bande de branleurs, un peu de nerf !!
Il se pencha en avant et déposa son ballon de basket à ses pieds, posant le gauche dessus pour ne pas qu’il roule jusqu’à le perdre. Il se redressa ensuite, rejetant en arrière les mèches blondes devant ses yeux d’un mouvement de sa large main. Ses pupilles suivaient déjà les échanges, et dans sa tête de nombreuses critiques se formulaient à l’égard de chacun des joueurs. Il était persuadé qu’à leur place, il aurait déjà marqué deux fois depuis son arrivée.
Tullio J. Del Pilar « Le roi des ragots a frappé »
Dakota Emerson « Je pourrais tous leur rouler dessus »
Elle observa le blondinet s'approcher d'elle, ballon de basket en main, comme la plupart du temps lorsqu'il se rendait à un match. La jeune fille était rassurée de le voir. Contrairement à ses relations avec les autres garçons, celle qu'elle entretenait avec Tullio était une véritable amitié. D'habitude elle ne traînait pas trop avec les membres de la gente masculine. Un peu trop misandre sur les bords, elle ne voit pas les gars d'un bon œil et leur fait comprendre. Néanmoins, il y a des exceptions à cette règle, la preuve avec le grand blond. Ce dernier observa le terrain et finit par grimacer, remarquant que l'équipe se faisait lamentablement écraser par leurs adversaires. S'installant sur le banc près d'elle, il cala son ballon sous son pied avant de l'interroger et d'en profiter pour encourager les joueurs de Volfoni. En lâchant un énième soupir, Dakota secoua le tête et désigna le terrain d'un geste vague de la main.
« - Comme tu peux le voir, y a rien de glorieux confirma-t-elle. Je ne sais pas ce qu'ils ont aujourd'hui mais si ils continuent comme ça, la défaite sera assurée. »
C'était clair et net. Leur jeu était des plus mauvais alors qu'en général, les Volfoni Knights s'en sortaient plutôt bien. Ce n'était pas les meilleurs joueurs de Floride mais ils arrivaient à gagner plusieurs matchs et savaient perdre avec panache. Alors, pour le coup, la brunette ne savait pas du tout ce qu'il leur arrivait en ce jour de grand soleil. Enfin, grand soleil, c'était toujours le cas à Arcadia.
« - J'ai presque crû que je te verrais pas pour ce match. T'as été retardé ? demanda-t-elle en tournant la tête vers lui. »
Étant tous les deux des accros du basket, ils faisaient en sorte d'être toujours à l'heur pour les matchs. Fouillant dans ses souvenirs, la lycéenne ne se souvenait pas l'avoir déjà vu arrivé en retard à un match. Ainsi, la question lui avait brûlé les lèvres quelques secondes plus tôt.
Son regard se reporta instinctivement sur le terrain alors qu'Emile, le capitaine de l'équipe, était en train de percer les défenses adverses pour se diriger vers le panier. Elle sera les poings, suivant chacun de ses mouvements, criant un « ALLEEEEEEZ » avant que ce dernier ne marque un panier. Pendant un instant, elle crut qu'elle allait se lever. Par réflexe, elle avait effectué une pression sur ses jambes pour pouvoir soulever le reste de son corps mais heureusement pour elle, elle se retint, restant collé à son fauteuil. Son corps s'emballa. Putain, vivement qu'elle dégage de son putain de fauteuil. Encore un an.
Puisqu'elle ne pouvait exprimer sa joie à l'aide de tout son corps, elle se contenta de lever les bras en l'air, un grand sourire sur le visage qui trahissait presque son stress.
« - Ouais ! Bravo Emile ! Allez les gars continuez comme ça putain, vous devez les niquer ces salauds ! »
Peut-être que ça allait remonter le morale des troupes ce panier et qu'ils allaient enfin se bouger le cul.
« - A nous deux sur le terrain on aurait déjà laminé ces cons ajouta-t-elle à l'adresse de Tullio. J'espère qu'ils vont nous refaire une belle action comme celle là. »
« Le plus grand plaisir dans la vie est de réaliser ce que les autres vous pensent incapable de réaliser. »
Tullio écouta la jeune fille lui faire le résumé désastreux de la situation tout en continuant de suivre le ballon des yeux. Durant les derniers entraînements auxquels il avait assisté il ne lui avait pas semblé que les joueurs étaient dans une mauvaise période. Et pourtant la preuve était là, aujourd’hui ils avaient clairement un sacré coup de mou. Il posa sa large main sur sa nuque et se la massa doucement en lâchant un soupir.
- Mmh… S’ils perdent, je les lamine.
Joignant ses mains, accoudé sur ses genoux, il se mit à se triturer les doigts sans lâcher le match des yeux une seconde. La question de Dakota ne le surprit pas, aussi se contenta-t-il d’hausser mollement les épaules quand elle lui demanda s’il avait été retardé.
- Ouais. Je bossais à la bibliothèque, et j’ai pas du tout vu le temps passer. Tu parles d’une plaie ! Je voulais terminer d’apprendre mon cours de physique. ‘suis en retard.
Notons que « en retard » chez notre bon ami a une signification un peu différente de celle des autres. Le prochain cours de physique ayant lieu la semaine suivante, n’importe qui bosserait plus tard. Mais Tullio étant un bosseur acharné, il préférait prendre de l’avance afin de pouvoir réviser sereinement la veille et tout décalquer ensuite. C’était un coup à prendre comme il disait, même si beaucoup s’évertuaient à essayer de le faire dévier du droit chemin en lui proposant des sorties en après-midi ou après les cours. Fort heureusement il possédait une mentalité à toute épreuve, et parvenait toujours à esquiver en promettant de faire quelque chose plus tard. Et il tenait sa parole, évidemment.
Attiré par la remontée d’Emile en direction du panier, il se redressa et se leva d’un bond en poussant un cri accompagné de ceux du public lorsqu’enfin un panier fut marqué. Il jeta un regard à Dakota au moins trois têtes au-dessous de lui et sourit de toutes ses dents : ils avaient l’air d’enfin se bouger le fion. Il remarqua vaguement au passage l’expression un peu étrange sur le visage de la jeune fille mais ne s’en formalisa pas.
- Et bah putain il était temps !! C’EST PAS TERMINE LES GARS DU NERF ! Ajouta-t-il avant de se rasseoir.
Il lissa rapidement son sarouel de ses mains et tourna la tête vers Dakota, émettant un rire clair à sa remarque. Ça pour les laminer, ils les auraient laminés. Il aimait ce côté de la jeune fille, aussi combattant que le sien.
- J’aurais placé un dunk plutôt qu’un deux points, à la place d’Emile. Mais c’était pas mal ouais !
Tout en reportant son attention sur les joueurs de l’équipe adverse qui avaient récupéré le ballon, il se mit à plisser les yeux. Il connaissait cette équipe, pour avoir joué avec quelques-uns des joueurs en match amical en ville. Et justement, dans ces moments-là… On entend parler de pas mal de choses. Un sourire en coin un peu carnassier s’étira sur ses lèvres : il avait des ragots. Ooh oui, il en avait. Et Dakota reconnaissait très bien cette expression sur son visage.
Tullio J. Del Pilar « Le roi des ragots a frappé »
Dakota Emerson « Je pourrais tous leur rouler dessus »
Dakota ne fut nullement étonnée d'entendre la raison du retard du blondinet. Bien que c'était la première fois qu'il arrivait en retard à un match, il avait toujours été un gros bosseur. Celui qui s'y prenait un mois à l'avance pour réviser un examen, c'était lui. La brune se demandait où trouvait-il autant de motivation. Elle, c'était tout l'inverse : elle révisait souvent à la dernière minute, préférant profiter de ses loisirs plutôt que de commencer à réviser ses cours une semaine à l'avance. C'était la raison principale pour laquelle elle avait des notes moyennes, voire même faibles. Tullio avait peut-être un secret... Si c'était le cas, il faudrait qu'elle l'accompagne un jour à la bibliothèque pour ses révisions, histoire de découvrir ce qui le motivait autant. Une question d'habitude peut-être ?
Ensuite, elle hocha la tête à la remarque de son ami quant à leur comportement s'ils avaient été sur le terrain. A eux deux, ils auraient déjà marqué pas mal de point. La lycéenne avait déjà eu l'occasion de voir le grand blond jouer au basket et en effet, il se débrouillait très bien. Lorsqu'elle se sera débarrassée de son 4x4 elle n'hésiterait pas une seule seconde à se mesurer à lui pour se prouver, une fois encore, qu'elle était la meilleure. Même en fauteuil elle pourrait rivaliser avec lui, comme avec tous les autres.
Son commentaire suivant lui dessina un grand sourire sur le visage. Il avait se regard qui en disait long sur ce qu'il s'apprêtait à lui dévoiler. Du croustillant, il en avait, c'était sûr. Dakota connaissait par cœur ce regard et adorait le voir sur la tronche de son ami. Ils allaient enfin pouvoir en humilier quelques uns.
« - Vas-y raconte-moi tout ! C'est qui cette fois ? Adam qui a ramassé la savonnette dans les vestiaires des gars ? Jordan – ouais on va arrêter de l'appeler Emile sinon il va nous botter le cul – s'est encore fait tabassé ? Avec qui Salvatore s'est-il prostitué cette fois ? Attends je sens que t'as du lourd là, du nouveau. Y a une meuf qui veut me pécho ?! »
Elle pouvait rêver, ouais. Avec ces deux dernières expériences de « couple », si elle pouvait appeler ça ainsi, elle n'avait rien à envier ni encore à espérer. Rien qu'en y repensant elle sentait une rage familière bouillonner en elle. Étrangement, depuis que ces deux salopes l'avaient largué, elle ne les croisaient plus dans le couloirs. A croire qu'elles l'évitaient, sachant pertinemment qu'elles risqueraient leur vie si elles la croisaient. Dans un sens, la brune était soulagée de ne plus voir leur tronche mais dans l'autre, elle était frustrée de ne pas pouvoir se défouler sur ces grosses putes, comme elle aimait les appeler.
« - Et d'ailleurs c'est quand que tu refais une soirée ? enchaîna-t-elle, mettant de côté ses pensées meurtrières. Avec ça on aura droit à encore plus de ragots. En plus c'est un peu mou en ce moment, y a rien de palpitant qui se passe. J'te jure ça me manque tes soirées. »
C'était beaucoup trop vrai. Les soirées de Tullio étaient toujours déjantées, durant tout un week-end parfois, avec une tonne d'invités tous aussi fous les uns que les autres. C'était bien les seules soirées auxquelles Dakota aimait assisté puisque avec son ami en tant que chef d'orchestre, les choses étaient tout de suite plus amusantes et plus intéressantes. Elle avait déjà eu l'écho d'autres soirées qui n'avaient rien d'intéressants si ce n'était l'occasion pour les gars comme les filles de pécho tout ce qui bougeaient. Bref, le genre de trucs qui finissent par la gaver.
Plongée dans ses réflexions, imaginant la future soirée qu'allait organiser le blondinet et également prête à boire le moindre de ses ragots, elle en oublia presque le match, ce qui lui arrivait très souvent lorsque son ami s'apprêtait à lui lâcher du croustillant.
