Glander en toute illégalité [Amiel Deno & Caleigh V. Febo Da Fozca]

Le ciel était gris, le genre de couleur qui vous donne envie d'aller chercher une corde, la neutralité même. J'ai toujours trouvé que les ciels nuageux avaient quelque chose de classe. Les formes que l'on imaginait dans les nuages, les faisceaux de lumières vagabond qui par moment parvenaient à percer ce voile opaque de coton. Même quand ils lâchaient de la pluie je n'arrivais pas à leur en vouloir, question d'habitude sûrement. D'ailleurs, je commençais  en payer le prix, le temps était fourbe dans ce coins de la cours. Il faisait suffisamment bon pour que j'oublie de prendre un manteau à capuche, résultat mes cheveux semblaient se venger en écrasant mon visage. J'avais beau les secouer toutes les cinq minutes, le cinéma reprenait de plus bel. Ce n'est pas par envie de vouloir soigner mon apparence que j'essayais de les essorer, mais surtout par ce qu'ils commençaient à être lourds. Alors là vous vous dîtes "Mais qu'est ce qu'il attend pour rentrer?", je vous emmerde. Oui, j'ai décidé de rester une heure devant ce portail en mode vigile au rabais pour contrôler les passages, ne vous trompez pas. Je ne demandais pas à n'importe qui si il avait cours où non, je ne faisais pas non plus de sélection particulière. J'étais simplement là, à les regarder en espérant voire certains d'entre eux stresser. Oui je cherchais le sentiment de culpabilité dans le fond de leurs yeux, peut être avaient-ils quelque chose à se reprocher. Peut-être pas.  Quoi qu'il en soit je trouverais ce qu je cherche, pourquoi est-ce qu'il baisse les yeux celui-là? Soit un homme soutien mon regard puis mange toi deux heures de colles merde!

Je faisais doucement rouler le filtre de ma cigarette entre mes dents pour finalement le comprimer entre mes deux incisives. Je commençais à être trempé bordel, je m'étais tapé la route à pied pour aller m'acheter ce paquet de cigarette, mais j'ai oublié le plus important. Le briquet, oui un fumeur sans feux c'est un peu comme un fumeur sans ... on se passera de la fin de cette expression douteuse. Après tout il y a des femmes fumeuses. Hein? Quoi? Bien sûre que je regarde la tête des élèves en espérant trouver un fumeur, vous pensiez vraiment que j'étais là pour les surveiller? Je veux bien être Cpe mais je reste humain vous savez? Je ne vais pas courir après les voyous, justes pour m'amuser. Du moins pas aujourd'hui, de toute façon même le papier de mon vice commençait à fléchir à force de voir des gouttes s'écraser sur lui. Il fallait tenter le tout pour le tout, trouver quelqu'un qui cherche à ce la jouer rebelle. Ou alors simplement un original, où un bourge qui tente de ce la péter. Rah mais ce genre de spécimen n'arrive jamais quand je les cherche, en revanche quand il s'agit de venir pleurer par ce qu'une bande de racailles complètement pétés leurs à explosés la tronche là ils arrivaient tous en courant. Il n'y avait pas de justice pour les fumeurs, sérieusement si il fallait que je compte le nombre d'emmerdes qu'un fumeur de base se coltine! Il me fallait un feux immédiatement, c'est là que j'ai capté son regard, oui elle était la chieuse finie dont j'avais besoin! Qu'importe son nom je le retrouverais en cours de route, de mémoire son chemin n'avait encore jamais croisé le miens, mais ça n'avait pas beaucoup d'importance. Elle n'avait qu'une chose à faire pour éviter que je ne lui pourrisse sa journée, me passer du feu!

Je secouais ma tête une dernière fois avant de m'approcher d'elle, je n'avais pas vraiment réalisé si elle sortait où entrait dans l'académie. Mais ça n'avait pas d'importance, il suffisait juste de m'allumer cette cigarette, j'en avais besoin. Si elle me donnait ce que je souhaitais, elle pouvait tuer un homme devant mes yeux en étant sûr que je les fermerais. Une fois assez proche je l’interpellai en souriant plus où moins sympathiquement:

-Hey! Salut Caly... Cathy...non. M'enfin bref, t'aurais pas dû feu? Cela serait réellement apprécié.


Mon sourire se faisait plus insistant sur la fin, j'en avais conscience mais impossible d'arranger ce dernier. Je devais avoir l'air d'un psychopathe sortant d'un très mauvais film d'horreur, mes vêtements collaient à la peau, les mèches de mes cheveux barraient mon visage traversant à moitié mes yeux, alors que ma clope menaçait d'imploser d'ici quelques minutes. De toute façon, celle-là n'était au bout de ses lèvres uniquement pour la thérapie, j’en allumerais une autre.

C'était quoi le problème de cette gamine? Premièrement son visage n'avait pas à approcher le siens aussi vite, secondement elle me refusait son putain de feux! Une pulsion meurtrière me parcourra l’échine, mes dents sectionnèrent le filtre imbibé de la cigarette avant que cette dernière ne s'écrase sur le sol. Dans ce genre de cas que suis-je censé faire? Lui arracher les deux perles coincées dans ses orbites, puis l'achever avec un pavé bien lourd? Non ce n'était pas très déontologique. Le pire c'est que dans le fond, je ne peux pas vraiment lui en vouloir, combien de fois avais-je envoyé chier mes CPE étant gamin? Trop de fois, quoi que peut être pas tant que ça finalement car ils ne fumaient pas eux. Qu'importe, l'exemplarité ne se jouait pas sur des détails aussi infimes que le fait de fumer, boire, où faire autre chose! Mais c'était bien dans les décisions, les valeurs... bref j'allais lui taxer son feux qu'elle le veuille où non. De plus, désormais je savais qu'elle en avait donc je n'allais pas la lâcher. Pour le moment il suffisait simplement d'être doux, oui rester calme et ne pas s'énerver en tentant de prendre l'ascendant psychologique. Il fallait respecter cette petite conne hautaine. Non, j'abusais là! Elle ne devait pas être si conne pour tenter de partir après m'avoir craché de telles paroles au visage, malheureusement pour elle je n'allais pas la laisser s'en tirer aussi facilement.

Mes lèvres crachèrent le bout de filtre que j'avais coincé entre mes dents, puis je repris ma route, rattrapant la jeune femme pour me remettre sur son chemin. J'avais eu le temps de remarquer que la pluie ne me faisait vraiment pas de cadeaux. Mais tant mieux, j'appréciais de plus en plus sentir l'eau glisser sur mon visage. L'eau était froide alors que mon corps bouillait d'envie, oui il désirait arracher la tête de cet élève avec un high kick. Donc autant profiter de cet instant de fraîcheur, d'humidité, refroidir mes pulsions était sûrement la meilleur chose à faire pour communiquer avec cette Caleigh. Caleigh... oui c'est ça son nom! Parfait, oui c'était juste parfait. Bon maintenant qu'il avait retrouvé son nom il pouvait faire ce qu'il voulait d'elle, enfin encore fallait-il être sûr que ça soit bien elle. Puis en y repensant, j'étais vraiment un adulte indigne, pas fichu de ma rappeler de son nom de famille. Même les profs y arrivaient au bout de quelques semaines, moi j'étais obligé de forcer ma mémoire, où alors demander simplement aux concernés. Mais quand ces derniers décidé de jouer les chieurs, forcément je me retrouvais comme un con à faire le canard. Bref j'allais la calmer et moi aussi par la même occasion:

- Caleigh c'est ça ? Je ne sais pas ce que la météo désire mais j'ai juste besoin d'un feu pour le moment. A moins que tu ne veuilles réellement me pousser à te rappeler cette notion surfaite qu'est le respect? Tu sais ce truc d'imbécile que tu dois aux personnels de cette académie?

Mon sourire se faisait plus froid, je sortis mon paquet de blondes puis en tira une cigarette que je percha aux bout de mes lèvres. Je savourais d'avance ce qui allait se passer. Allait-elle encore me tenir tête? M'avait-elle simplement reconnu?  En y réfléchissant la réponse était sûrement négative, sans prétendre être respecté, j'inspirais tout de même un certain sentiment d'appréhension aux élèves. Certes ils y avaient les purs gros durs qui tentaient de me tenir tête, mais avec ceux là j'avais en générale recours à des méthodes peu conventionnelles. Mais était-elle comme ça? Allais-je devoir user d'avantage de mon rang de CPE pour obtenir ce maudit feu? Où devais-je laisser ressortir ce vieux côté de jeune assoiffé de liberté pour lui faire comprendre qu'il n'était pas à prendre à la légère ? J'en frissonnais d'avance, essayer de deviner les actes des autres à l'avance était un petit jeu sans réel intérêt dans des situations comme celle-ci, mais ça occupait le temps!

Soudainement comme pour appuyer mes propos, presser le canon de mon flingue sur sa tempe histoire de voire si elle était du genre à s'emballer rapidement. Je laissais quelques mots glisser à travers mon sourire:

-Mais je doute que tu ais réellement envie de te prendre une remontrance pendant les heures de cours, à l’extérieur de ta salle de classe n'est-ce pas?

Mes yeux se plantèrent dans les siens, comme pour essayer de stimuler son cerveau, lui rappeler sa position et la mienne. Ok, j'étais en train de demander un briquet à une élève et j'en faisais toute une histoire, je partais dans un délire de psychopathe invétéré, pour un simple feu. Mais malheureusement pour elle, le feu était dans sa poche. Si elle lui avait donnée directement il n'aurait pas fais d'histoires. Mais là c'était trop tard, maintenant il allait s'amuser à la tester jusqu'à ce qu'elle craque. Ce n'était pas par plaisir, mais si elle avait des problèmes c'était souvent l'un de mes moyens les moins ennuyants pour les découvrir. Après il fallait faire de la déduction, s'intéresser, mais tout ça sans le montrer. Car oui si une élève commence à remarquer que vous vous intéressez à elle, dans 80% des cas vous pouvez être sûr qu'elle hurlera au pédophile. Mais bon on n'en était pas encore là.

Ok, elle avait du cran ça lui serait utile dans l'avenir, mais pas face à des connards comme moi. Pourquoi? J'ai vraiment besoin de vous l'expliquez? Bon puis ce que vous insistez, je vais essayer d'être clair et concis. Alors tenez-vous bien, je déteste qu'on pense pouvoir se jouer de moi, de plus je sais que je peux obtenir ce feu, pour finir, j'ai connu et affronter des gens par le passé beaucoup plus provocant qu'elle. Même si je ne lui enlevais pas cette fougue, mais elle allait bien vite se rendre compte que ça ne suffisait pas. Ho non, se lancer dans de tel jeu sans bagages de secours ne servait strictement à rien au finale, de plus tutoyer un membre du personnel en l'insultant revenait à un suicide scolaire assez expéditif. Si j'étais réellement une pourriture je n'avais qu'à monter un petit dossier, l'expédier aux supérieurs hiérarchiques et elle pouvait plier bagage pour partir d'ici deux jours. Mais ça serait trop facile, ce genre de procédé était tentant, mais je n’aimais pas céder aussi facilement face au défis du quotidien. Après tout les élèves de cette académie étaient sensés être spéciaux ? Bien, le personnel chargés de les encadrez devait l’être aussi ! Je baladais en riant la clope d'un coin de ma bouche à l'autre, me retournant pour aller marcher à ses côtés. Me narguer n'était réellement pas une solution très intelligente, j'avais bau y repenser, je ne voyais plus beaucoup de solutions. Ah moins qu'elle ne me passe son putain de feu, le temps qu'il allume sa clope. Non j'allais faire mieux! La contraindre de me le donner, après tout il en avait le droit, si elle résistait il était aussi en droit d'utiliser la force!

Mon poing cogna doucement ma tempe, comme pour me rappeler à l'ordre, m'empêcher de céder à mes pulsions non réglementaires. Je n'avais pas le droit de contraindre qui que ce soit par la force, sinon je me rabaissais au niveau des pourritures que j'essayais d'aider. Dur dilemme, bien que la seule réponse valable était celle de la sagesse encore une fois. C'est dans un faux soupir que je la rattrapai de nouveau restant à côté d'elle, j'allais jouer une nouvelle carte. Elle voulait sécher? Pas de problèmes, mais elle sécherait avec moi, je ne la lâcherais pas d'une semelle. Mains dans les poches les yeux regardant les alentours je marchais avec elle, bien que je sache obstinément qu'elle détesterait ça. Mais comment m'en vouloir? Ce n'est pas comme si j'aimais passer mon peu de temps libre avec des élèves comme elle non plus! Bien que la perspective de pouvoir en emmerder une me faisais horriblement jubiler, j'avais l'impression d'avoir un mini moi posé sur l'épaule, pointant Caleigh du bout de sa fourche en me murmurant des idées plus où explicable. Ce n'est qu'après lui avoir littéralement collé au cul, à la limite de l'épaule contre l'épaule, pendant plus de cinq minutes que je laissais quelques mots s'échapper de mes lèvres. J'affichais toujours un rictus de parfait enfoiré satisfait, ne laissant aucun où presque de ses gestes m'échapper:

-Tu te contrefous donc de ce genre de chose? Tu te fiches de savoir qu'un pauvre drogué à la nicotine, ait besoin cinq secondes de ton feux pour satisfaire son vice? Tu te fous de savoir que tu risques encore de te payer des emmerdes inutilement alors que pour une fois tout pourrait passer crème ? Drôle de gamine...

J'avais insisté sur le dernier, pas de façon forte et spontanée, mais ma voix s'était faite plus lente. Plus fourbe. Autant essayer d'attaquer sur tous les fronts, voir ce qui en découlerait. De toute façon, elle serait vraiment débile de perdre sa journée à se faire suivre par son propre Cpe alors que son but de base est de s'éloigner des cours non? Je veux bien que les gens de cette académie ne soient pas net, moi le premier mais faut pas abuser non plus! Je n'allais quand même pas devoir la suivre jusqu'à ce que la Lune se lève? Ah ça non, elle craquerait avant. Je le savais, elle le devait! J'avais prévu beaucoup d'éventualités, même si je devais avoir recours à des méthodes déchirant mon amour propre je devais l'user, l'énerver. La faire réagir un tant sois peu. C'est pourquoi, ce jour là, à cet instant précis j'ai décidé de me mettre à chanter sur un ton horriblement faux et rocailleux, sans exagérer non plus: "Im singing in the rain". J'allais même jusqu'à claquer des doigts, où prendre appui sur les lampadaires pour tourner autours comme dans la version originale. Ouais j'ai pris des cours de théâtre dans ma jeunesse, on avait dû parodier un classique et je vous laisse deviner sur quoi j'étais tombé. Bref, je la surveillais mais je faisais clairement attention à ne pas croiser son regard. Pas que je le craignais loin de là, mais il ne fallait pas que je vois ce qu'elle ressentait à l'instant présent. Même si c'était tentant, elle risquait de comprendre que je jouais l'usure. Pour le moment, elle ne devait voir qu'un sinistre abruti qui se mettait à chanter pour mériter son jouet.

Sans lui accorder le moindre regard, je passais devant elle en chantant de manière beaucoup plus rock. Un tube plus récent, un jeune groupe parodiant les années du Rock and roll avait reprit "Umbrella". Jamais je n'avais autant apprécié mes goûts de merde en matière musicale, sans parler de ma voix qui était sublimement dégueulasse. Mais tant pis pour elle, comme je l'avais dis, il fallait me donner mon feux! Maintenant elle allait payer le prix fort pour sa témérité. Je me permis une courte pause pour lui demander à une intersection:

-Si tu veux je peux aussi chanter "Smoke on the water"?

Ok ça allait de mieux en mieux, déjà j'avais réussi à obtenir son âge. Enfin non pas tout  fait, mais je savais qu'elle n'était pas mineur. Donc le scandale psycho pédophile n'était plus l'un des risques que j'encourais, il n'empêche qu'elle devait vraiment me prendre pour un dérangé. Même moi je réalisais à quel point j'étais débile de m'acharner sur elle, peut être que dans le fond ce n'était pas son feu qui m'intéressait? Non, c'était le feu que je voulais! J'allais l'avoir! En revanche le fait qu'elle me demande qui j'étais m'ennuya, je n'avais pas envie de lui dire la vérité à ce propos. Ca serait trop facile, il était entré dans une phase de jeu différente. Ma langue passa instinctivement dans le coin droit de ma bouche, laissant le bout de cette dernière caresser ma lèvre supérieur. Je savais déjà ce que j'allais faire! Oui? Je sais j'ai des tocs étrange, mais ce n'est pas ma faute alors on passe à autre chose maintenant! On en était où? Ah oui au fait qu'elle souhaitait que je me présente. Pure folie, sans le savoir mieux valait qu'elle ignore qui j'étais, du moins il fallait qu'elle l'ignore pour l'après midi. Non par ce que je ne sais pas si vous réalisez chers lecteurs, mais si vous êtes une femme, majeur, fumeuse, vacciné, et percée! Qu'un homme vous harcèle pour avoir vôtre feu pendant plus de dix minutes, qu'il se met à chanter et danser à côté de vous pour ensuite vous annoncez qu'il était vôtre Cpe... vous rigoleriez? Non, en fait vous auriez plutôt envie de pleurer à ce moment là. Ouais, le symbole du respect, le bras droit de l’autorité de l'académie, est finalement un simple abruti obstiné chantant faux. Navrant!

J'en étais conscient, je me ridiculisais souvent chaque jour, n'assumais pas totalement mon rôle, du moins je n'arrivais pas à le maintenir très longtemps sans déraper. La preuve était là, mon comportement vis à vis de cette jeune femme était désobligeant, mais je voulais absolument son zippo, je voulais allumer ma cigarette avec son briquet pas celui d'une autre personne mais elle! Ok, j'avais un problème, je devais être sacrément perché, j'étais un détraqué sexuel, un pervers ce n’est pas possible autrement. Même moi là pour le coup, je dois admettre ne pas bien comprendre mon propre raisonnement. Qu'est ce que j'essayais réellement d'obtenir de cette jeune femme aux yeux exaspérée par ma présence, merde j'étais en train de la regarder dans les yeux! Je m'étais dis d'éviter le contacte visuel direct, bon trop tard ce qui était fait était fait. Mais heureusement elle semblait vouloir faire celle qui vaut mieux que vous, donc elle n'avait sûrement pas fais attention à ça. L'heure des réponses était venue, j'avais une sacrée flemme mais let's go:

-Majeur? Wouah... si tu t'exprimais un peu plus posément ça saurait peut être plus facile de le réaliser. Et je suis un simple interne qui s'ennui alors j'avais donné rendez-vous à la pluie pour qu'on tue le temps ensemble, mais elle semble être encore plus gavée que toi par moi.

Je m'étirais tranquillement les bras sans raisons particulières, j'aimais simplement sentir mes os où mes muscles se détendre, pour finalement laisser quelque chose craquer sous la pression. La cigarette était encore une fois un peu mouillé, mais je la savais encore fumable. C'est là qu'une idée de génie m'est apparue, si elle avait un feu elle devait être une fumeuse, que cela soit occasionnel où non qu'importe! Dans un certain sens je devais la stresser, et la clope à tord bien entendu, était connue pour détendre. Si je lui en proposais une en échange de son briquet, peut être qu'elle serait plus aimable et plus disposé à me le céder? Je n'avais pas fait attention à sa remarque vis à vis de mes chants, ils étaient parfaitement faux! Puis elle n'avait pas tord, le temps commençait à devenir vraiment plus agréable. C'est comme si les nuages ne pouvaient plus se toucher, qu'ils partaient chacun dans leur sens bon gré mal gré. Il était temps de passer à la phase quatre du plan, mon ton se faisait faussement fourbe, comme si ma proposition n'était pas imaginable et sérieuse. Pourtant j'avais une nouvelle clope que je tenais entre mes doigts, qui passa rapidement sous son nez avant d'être rangé hors de portés des mains pleine de doigt de Caleigh:

-Une clope contre trois secondes de ton feu ça te va ?

Putain, si on m'avait dit qu'un jour je me retrouverais à marchander avec une gamine capricieuse pour avoir du feu! Puis, enfin je ne sais pas moi! Marchander avec des clopes c'était vraiment la preuve du pathétique abruti de CPE que je faisais, j'aurais pu au moins essayer de lui proposer du joint! Bon je n'en avais pas sur moi, en même temps je n'allais pas ramener des substances pareilles à l’intérieur de l'académie. J'imagine déjà le scandale, ça me ferait terriblement gueuler, même si au fond je pense que j'aurais très envie de rire. D'ailleurs, je me demande si certains de mes collègues ont cédés à la tentation? Dealer aux gosses pour arrondir les fins de mois, c'était une idée qui venait de me traverser l'esprit. Encore une terrible connerie! Je faisais quoi de l'exemplarité après? Je lui crachais dessus après m'être donné tant de mal pour en arriver là où j'en étais? Hors de question, d'ailleurs si je chopais un professeur en train de faire ça je ferais quoi? Mon regard s'orienta un bref instant vers le ciel, puis j'essayais de voire ce qu'elle pouvait bien regarder. Sûrement rien en particulier, mais je n'avais pas grand chose d'autre à faire:

-Ouais, autant aller en cours, si c'est pour passer le temps où tu es "libre" à te faire accoster par de sinistres inconnus. Surtout si c'est pour au finale déprimer en regardant le vide.

Ouais c'était pour la forme, j'avais quand même un boulot moi messieurs dames! Donc oui les cours ça pouvait être terriblement chiant, mais je n'allais pas encourager les élèves à sécher. Ne manquerait plus que ça, après avoir dealé...non mais stop j'ai jamais fais ça qu'est ce qui m'arrive?

Elle commençait à céder, bonne nouvelle, en revanche je n'allais pas la laisser dicter ses conditions sans poser les miennes. Il était hors de question qu'il lui donne la clope en premier, il lui serait trop aisé de ranger son feu après l'avoir allumé. Non, je n'allais pas faire la transaction de cette façon. Il y avait bien d'autres moyens plus sécurisé de procéder, j'en imaginais déjà un qui me semblait correcte mais j'allais devoir l'élaborer un peu, histoire de prévoir un plan de secours au cas où. En fait non je n'en avais pas envie, j'allais procéder ainsi mais je n'allais pas non plus planifier une opération commando juste pour assurer mes arrières. Je fis un tour sur moi même puis avança de trois pas en arrière, restant planté devant elle. Mes doigts firent tournoyer la clope quelques fois avant que je ne la pose délicatement sur le sol. J'avais envie de faire un peu de mise en scène, c'était ridicule et barbant mais au moins les choses n'allaient pas trop vite. Mes yeux s'attardèrent un instant sur son visage, elle n'était pas désagréable à regarder, mais ses piercings lui donnaient un air d'attardé. Enfin après c'était mon avis, je n'avais jamais adhéré au principe de se trouer la peau pour rajouter des bouts de métal où de plastique sur son corps. On possédait déjà suffisamment d'organes inutiles et moches à mon goût, sans en plus avoir à payer pour en rajouter. Mais bon, nôtre bonne société de la luxure et de la consommation elle ne voyait pas les choses de cette façon, bien au contraire. Bref, le problème n'était pas là.

Je fis une courte révérence au dessus de la cigarette m'écartant d'un pas sur le côté. Je commençais à sourire amusé par ma propre bêtise, j'étais décidé à obtenir ce feu au point d'employer des méthodes réellement stupide. Je n'allais jamais pouvoir user d’autorité au prêt de cette jeune fille, comment s'appelait-elle déjà? Caleigh? Sûrement, bref j'avais simplement besoin de ne pas avoir à l'appeler par son prénom, ainsi elle ne bouderait pas. Déjà qu'en voyant sa mine je comprenais bien qu'elle n'en pouvait presque plus, heureusement qu’elle n’était pas hystérique. Certes j'aurais trouvé ça drôle, mais qu'est ce que ça aurait jazzé! Bref il était temps de lui expliquer mes conditions:

-J'aimerais bien que tu arrêtes de me prendre pour un bleu. Bref je dépose ta cigarette ici, tu déposes ton feu sur le banc, sans essayer de sortir le briquet de son cache bien sûr. Tu où je donne un signal et on va chacun chercher ce qu'on désire. Ensuite je reposerais le briquet sur le banc et peut être que je te laisserais tranquille...

Mon sourire ce fit plus simple, ma proposition me semblait honnête. De toute façon je ne comptais pas lui voler son feu, étais-je déjà tombé aussi bas? Je ne pense pas, j'avais encore de la marge. L'idée de pouvoir lui dire que je le confisquais me traversa l'esprit, mais je n'y voyais pas de grands intérêts, j'aurais rapidement usé son zippo et je retournerais à la case départ. Car oui, il était hors de question que j'achète des pierres à briquets ainsi que de l'essence. Trop cher, pas rentable, de plus je voulais garder le peu qui me restait pour moi. Ouais, je ne me voyais pas faire a, puis dans le fond elle n'avait pas l'air de mériter ce genre de coup bas. Bien qu'elle soit une chieuse blasée, que je trouve ses deux putains de piercings ridicule, Caleigh ne semblait pas non plus être une trop mauvaise personne. Au contraire elle semblait essayer de faire sa route, ce qui en soit était préférable, non par ce que traîner en déprimant c'était vraiment agaçant. Pour la personne qui le faisait et pour moi qui la regardais faire, je n'aimais pas les dépressifs! Bien que Caleigh semble agacée pour le quart d'heure, j'avais bien compris qu'elle n'était ainsi qu'avec moi. Du moins c'est ce que j'espérais, sinon elle rentrait vraiment dans la catégorie de chieuses universelle.

Je mordillais instinctivement le bout de mon filtre, le faisant plier de haut en bas sans réel raison. J'attendais juste qu'elle parle, qu'elle réagisse, sa réaction allait sûrement décider de la tournure des événements. Elle devait s'en douter, puis de mon côté je parvenais tout de même à faire ce que je voulais, en plus de l'obtenir! Alors je n'allais pas m'en plaindre. Maintenant que mon esprit parvenait à se reposer quelques instants, je réalisais à quel point mes vêtements étaient humides. En soit ça tempérait mes ardeurs, mais le côté gênants de la chose, était dans l'amplitude que prenaient mes gestes. De plus, mon dessous étant blanc on pouvait très bien voir ce qu'on voulait. La théorie du pervers pédophile revenait soudainement dans mon esprit, donnait-il vraiment une image aussi scandaleuse de lui en approchant d'une jeune femme de l'académie?

Mes pas allèrent tranquillement vers le briquet tant convoité, ma cigarette comme si elle sentait l'heure de son allumage approcher se tordit entre mes dents. Un sentiment d'achèvement détendit les muscles de mon corps, une fois passé à côté d'elle. Je m'étais assuré qu'elle ne tente pas de voler mon paquet de cigarettes en se frottant à moi, gardant ce dernier dans ma poche, une main de fer accroché dessus. Mon regard n'avait pas quitté le sien avant que l'on ne se dépasse mutuellement. C'est à ce moment précis que les choses s’emballèrent pour moi, au lieu de m'arrêter et prendre le feu pour allumer ma cigarette, je ne pu m'empêcher de le regarder. Oui j'analysais chaque défauts, chaque traits du zippo, pourquoi m'intéressait-il soudainement ainsi? Ma curiosité naturel peut être, j'en avais vraiment bavé pour l'obtenir aussi, il était normale que je m'y intéresse un peu au finale. Mes doigts mirent quelques secondes avant d'aller saisir la carapace métallique de l'objet, puis finalement je pu faire apparaître une flamme qui caressante la touffe de tabac cylindrique, me permit d'aspirer une bouffée de fumée. Cette bouffée fut plus agréable qu'à l'accoutumé, oui le goût de la victoire était magnifique, une saveur qu'il redécouvrait d'avantage ces derniers temps. Bref il avait encore besoin d'accomplir sa parole jusqu'au bout, c'est en se retournant sans manières qu'il approcha de Caleigh, prenant l'objet du vice entre ses doigts après avoir absorber puis recracher un nuage qui me poussait plus rapidement que je ne pouvais l'imaginer vers les portes de la mort. Avec mon autre main, je jouet du briquet, le faisant tourner entre mes doigts, sans de nouveau la lâcher du regard en souriant:

-Les élèves m'appellent monsieur Deno, où sale sale con. Voire enfoiré de bas étage, où tout simplement le Cpe.

Mes yeux roulèrent malgré moi, se figeant quelques instants sur le ciel qui se dégageait, comme pour essayer d'aider les nuages je ne pu m'empêcher de souffler ma fumée dans la même direction. Je n'avais pas la moindre idée de ce que pouvait dégage mon regard à cet instant précis, je m'en fichais en fait, après avoir reposé ma langue quelques secondes je poursuivis en souriant de plus belle:


-La raison pour laquelle je désirais ton feux et pas celui d'un autre? Je savais que tu en avais un, j'étais moins sûr pour les autres tout simplement, puis j'avais pas mal de temps libre alors forcément, je me suis permis une petite pause à tes côtés. D'ailleurs je ne sais pas pour toi, mais moi j'ai du boulot.

Après lui avoir lancé son briquet, c'est dans une allure naturel, mais énergique que je fis demi tour en direction de l'académie. Pourquoi ne pas la forcer à venir avec moi pour la ramener en cours? Je n'en avais pas l'envie, de plus je n'avais pas réellement confiance en la tournure des événements. Autant rester sur une note plus où moins positive avec cette élève, peut être s'avérait-elle utile plus tard. Puis il avait habilement évité la question sous entendu, ce genre de choses pouvait être utile lors de manipulations diverses, mais il fallait savoir crever l’abcès au bon moment. Histoire qu'elle ne s'imagine pas des choses, pour finalement appeler des flics. Comment expliquer à des pseudos représentants de l'ordre, par les temps qui courent, qu'on a harcelé une jeune femme pour un briquet sans arrière pensées? Non il n'y avait pas moyens, fallait que je me casse et vite, ma cigarette n'était pas encore finie, j'allais pouvoir la garder le long du chemin. Je ne savais pas si elle tentait de me suivre où non, à vrai dire ça ne m'intéressait pas vraiment, si elle revenait elle ne ferait que me donner du travail en plus.