Comment l'aiguille retrouve-t-elle son chemin dans la botte de foin ? [Mikael Karjalainen-Makela & Adam Wiest]

« COMMENT L'AIGUILLE RETROUVE-T-ELLE SON CHEMIN DANS LA BOTTE DE FOIN ? »

Feat. Adam Wiest

La journée était bien entamée quand elle parvint devant le portail de l'académie Volfoni. Un portail bien commun quoiqu'un peu surélevé à son goût. Mikael se désespérait elle-même. Elle venait à peine d'atterrir aux États-Unis et la première chose à laquelle elle pensait c'était que le portail surplombait d'un peu trop les environs. La demoiselle laissa un soupir las s'échapper de ses douces lèvres roses qui contrastaient avec la blancheur de sa peau.

L'automne était déjà présent mais le soleil brillait toujours. La finlandaise se doutait bien que le climat n'était pas du tout le même ici qu'à Helsinki et regrettait déjà l'absence de neige dans cette région du monde. Pour elle qui abhorrait le soleil elle se questionnait sur son choix d'université. L'adolescente aurait pu trouver la même dans un pays d'Europe du Nord sans problème. Cependant, elle n'aurait assurément pas eut la liberté d'apprentissage que procure l'académie Volfoni.

En se rendant compte qu'elle restait planter tel un piquet qui tentait incurablement de prendre racine, la demoiselle fit fonctionner les muscles de ses jambes et pénétra dans la propriété. À sa naissance elle n'avait malheureusement pas été doté du sens de l'orientation, si bien qu'elle ne savait absolument pas où aller pour trouver l'administration qui était le point de départ de son intégration à l'académie. La demoiselle retint un second soupire, réajusta son sac de cours ainsi que celui qui, accroché à son dos, contenait sa basse et s'avança en traînant sa valise derrière elle. Ne sachant réellement où elle allait la jeune fille envisagea de demander son chemin à la première personne qu'elle croiserait, pour autant qu'elle croise quelqu'un. Mais en cette fin de samedi après-midi il y avait forcément un individu de présent dans l'académie ne serait-ce que pour l'entretenir.

Il ne fallut pas beaucoup de temps à Mikael pour s'apercevoir que droit devant elle se trouvait un jeune homme aux cheveux étrangement bleus qui ne pouvait être qu'une teinture. La jeune fille en vint à se demander quel en était l'intérêt mais ne se perdit pas plus de temps que nécessaire en réflexion et s'avança vers l'adolescent.

-Suokaa anteeksi, tulin vasta ja...

Sentant sa personne immerger dans la stupidité la plus profonde la demoiselle s'accrocha de justesse à la surface en soupirant. Maintenant elle était aux États-Unis et la langue qu'on y parlait n'était clairement pas le finnois. Son cerveau allait devoir s'habituer et très vite à ne parler qu'en anglais pour ne pas passer pour une extraterrestre d'une autre planète voir même d'une autre galaxie.

-Euh... excuses-moi, je viens d'arriver et... je suis un peu perdue...

Quelle absurdité son cerveau lui avait-il fait dire. Il était clair que la demoiselle n'était pas un peu mais irrémédiablement perdue, elle ne connaissait rien de l'endroit où elle se trouvait.

En temps normal, ou plutôt en cours d'anglais Mikael n'avait jamais eut de problème pour comprendre un texte écrit ou une conversation entre plusieurs anglais, encore fallait-il que ces personnes acceptent de ralentir leur moulin à parole ou de répéter quand cette dernière le leur demandait. Mais quand il s'agissait d'aligner des mots spontanément, c'était une toute autre paire de manche pour la demoiselle. Dans la vie elle n'aimait pas improviser, comme en musique d'ailleurs, tout devait être parfaitement calculé à la mesure près, et bien en langue c'était le même topo, il fallait qu'au préalable elle prépare ce qu'elle allait dire pour que les mots sortant de sa bouche soient fluides et aient un sens.